La corrida est le type de spectacle le plus abouti du monde taurin. On a tendance à l’oublier, l’habitude aidant. Mais avant d’arriver à ce stade, les hommes comme les bêtes ont dû franchir, un à un, tous les tests qualificatifs. C’est ainsi que, pour un toro remplissant les critères les plus élitistes, d’autres naîtront les cornes basses, dissymétriques, auront une corpulence trop maigre, une taille trop haute, etc. Et d’autres encore succomberont à la maladie, aux loups, s’abîmeront les cornes au campo, dans les corrales ou seront éliminés par leurs frères. La corrida est une finalité pour un toro brave et non un aboutissement logique.
Outre la fatalité, les novilladas entrouvrent une porte de sortie pour ce bétail de rebut ou du moins « imparfait ». Les affiches espagnoles le rappellent parfois en notant la mention : « desechos de tienta y defectuosas » (rebut de tienta et bétail défectueux). Mais les novilladas permettent aussi à l’éleveur de faire des essais grandeur nature, afin d’approuver tel étalon ou tel rafraîchissement de sang. Elles sont également une étape dans l’évolution d’un jeune élevage, ou le lieu des remises en question pour des ganaderías sur le déclin. Enfin, la novillada peut constituer le spectacle idéal utilisé par les empresas afin de tester des choix plus audacieux et a fortiori plus porteurs de risques, tout en limitant ces derniers.
Nous pourrions approfondir davantage les différences, ou les complémentarités, des deux types de spectacles, mais ce succinct inventaire permet déjà de mettre en évidence qu’en matière de choix de bétail, des dissemblances sont à envisager entre les corridas et les novilladas. L’opinion générale confère à ces dernières une mission d’expérimentation, en conséquence de quoi on considère souvent, à tort ou à raison, que les novilladas offrent plus diversité en terme d’origines du bétail combattu. Voyons ce qu’il en est véritablement en analysant les données chiffrées disponibles.
En reprenant les synthèses ébauchées précédemment on obtient le tableau suivant :
Novillada
Parladé / 80,7 % / 8 encastes
Vistahermosa influence parladeña / 10,4 % / 2 encastes
Autres / 8,9 % / 7 encastes
Corrida
Parladé / 80,1 % / 9 encastes
Vistahermosa influence parladeña / 14,2 % / 6 encastes
Autres / 5,7 % / 8 encastes
Sans entrer dans les détails, contentons-nous de constater qu’il n’y a pas plus de diversité en novillada qu’en corrida. Du moins dans le sens d’une alternative au Parladé, lequel constitue, comme nous l’avons vu, le tronc ultramajoritaire. S’il est plaisant de constater que la novillada fait une plus large place aux « autres » encastes que le pur Parladé, on ne peut que déplorer pour la promotion de la diversité que se soit au détriment des mélanges visathermoseños-Parladé et non du pur Parladé.
Autre remarque : on comptabilise en novillada seulement dix-sept encastes différents, tandis que les corridas en proposent vingt-trois. Des chiffres compréhensibles eu égard au nombre de bêtes analysé : 2401 novillos contre 5873 toros.
Cependant, à y regarder de plus près, cette différence présente un aspect intéressant. On remarque, en effet, que les encastes absents des novilladas sont les suivants : Albaserrada, La Corte, Cuadri, Miura et Gamero Cívico-Saltillo. Ils s’agit dans chaque cas d’encastes portés par un nombre d’élevages très restreint, voir unique. A savoir : Victorino Martín, Conde de la Corte, Cuadri, Miura et Araúz de Robles. Des élevages qui profitent de l’absence de concurrence pour réserver leur bétail exclusivement au marché des corridas.
Passons à présent au schéma détaillé, en ne conservant que les encastes au-dessus de la barre des 4 %, comme nous l’avions fait dans l’analyse II. Le tableau ci-dessous récapitule les chiffres, en mettant en évidence les hausses (en vert) et les baisses (en rouge) relatives :
Outre la fatalité, les novilladas entrouvrent une porte de sortie pour ce bétail de rebut ou du moins « imparfait ». Les affiches espagnoles le rappellent parfois en notant la mention : « desechos de tienta y defectuosas » (rebut de tienta et bétail défectueux). Mais les novilladas permettent aussi à l’éleveur de faire des essais grandeur nature, afin d’approuver tel étalon ou tel rafraîchissement de sang. Elles sont également une étape dans l’évolution d’un jeune élevage, ou le lieu des remises en question pour des ganaderías sur le déclin. Enfin, la novillada peut constituer le spectacle idéal utilisé par les empresas afin de tester des choix plus audacieux et a fortiori plus porteurs de risques, tout en limitant ces derniers.
Nous pourrions approfondir davantage les différences, ou les complémentarités, des deux types de spectacles, mais ce succinct inventaire permet déjà de mettre en évidence qu’en matière de choix de bétail, des dissemblances sont à envisager entre les corridas et les novilladas. L’opinion générale confère à ces dernières une mission d’expérimentation, en conséquence de quoi on considère souvent, à tort ou à raison, que les novilladas offrent plus diversité en terme d’origines du bétail combattu. Voyons ce qu’il en est véritablement en analysant les données chiffrées disponibles.
En reprenant les synthèses ébauchées précédemment on obtient le tableau suivant :
Novillada
Parladé / 80,7 % / 8 encastes
Vistahermosa influence parladeña / 10,4 % / 2 encastes
Autres / 8,9 % / 7 encastes
Corrida
Parladé / 80,1 % / 9 encastes
Vistahermosa influence parladeña / 14,2 % / 6 encastes
Autres / 5,7 % / 8 encastes
Sans entrer dans les détails, contentons-nous de constater qu’il n’y a pas plus de diversité en novillada qu’en corrida. Du moins dans le sens d’une alternative au Parladé, lequel constitue, comme nous l’avons vu, le tronc ultramajoritaire. S’il est plaisant de constater que la novillada fait une plus large place aux « autres » encastes que le pur Parladé, on ne peut que déplorer pour la promotion de la diversité que se soit au détriment des mélanges visathermoseños-Parladé et non du pur Parladé.
Autre remarque : on comptabilise en novillada seulement dix-sept encastes différents, tandis que les corridas en proposent vingt-trois. Des chiffres compréhensibles eu égard au nombre de bêtes analysé : 2401 novillos contre 5873 toros.
Cependant, à y regarder de plus près, cette différence présente un aspect intéressant. On remarque, en effet, que les encastes absents des novilladas sont les suivants : Albaserrada, La Corte, Cuadri, Miura et Gamero Cívico-Saltillo. Ils s’agit dans chaque cas d’encastes portés par un nombre d’élevages très restreint, voir unique. A savoir : Victorino Martín, Conde de la Corte, Cuadri, Miura et Araúz de Robles. Des élevages qui profitent de l’absence de concurrence pour réserver leur bétail exclusivement au marché des corridas.
Passons à présent au schéma détaillé, en ne conservant que les encastes au-dessus de la barre des 4 %, comme nous l’avions fait dans l’analyse II. Le tableau ci-dessous récapitule les chiffres, en mettant en évidence les hausses (en vert) et les baisses (en rouge) relatives :
Que ce soit en novillada ou en corrida, la photographie des encastes majoritaires comporte cinq composantes et non six, comme dans la photographie générale. Ceci donne à chaque spectacle des traits grossiers et particuliers, la diversité s’en trouvant affaiblie.
Une des distinctions notables provient du groupe Albaserrada / Santa Coloma, qui agit comme une balance. Penchant du côté Santa Coloma en novillada (0 % / 9,3 % ) et du côté Albaserada en corrida (5,7 % / 3,2 % ). Le bloc étant dans sa globalité homogène. Ces chiffres s’expliquent de la façon suivante :
La race des toros Santa Coloma est très vive et particulièrement délicate à canaliser ; le marché des novilladas - l’âge gommant les aspérités - est donc particulièrement propice ou du moins favorable à ce bétail. A ce facteur principal s’ajoute la conformation morphologique de l’encaste, qui est de nature relativement modeste, notamment au niveau des cornes. Ceci, dans la conception tauromachique actuelle et de surcroît en ce qui concerne les arènes de première catégorie, constitue un frein, et même parfois un barrage, à son accès à l’échelon ultime : celui de la corrida.
Pour l’encaste Albaserrada, il pourrait en être de même, ses caractéristiques, tant physiques que mentales, étant semblables aux Santa Coloma, mais sa rareté et sa réputation font sa différence. En effet, seulement trois élevages disposent de l’origine Albaserrada, ce qui supprime toute concurrence. D’autres encastes sont aussi rares, mais aucun n’est porté par la plus prestigieuse des étiquettes actuelles : Victorino Martín. Un grand nom qui porte le marché de l’encaste et lui procure de sérieuses facilités de ventes, justifiant que ce bétail soit lidié presque exclusivement en corrida. A titre comparatif, l’encaste Albaserrada détient actuellement une représentativité plus forte que tous les autres élevages non Parladé réunis. Cependant, il ne faut pas si tromper, ce phénomène est fortement lié à l’effet Victorino Martín, qui dépasse à lui seul la barre des 4 % !
L’encaste Santa Coloma, quant à lui, est équilibré. Doté d’une répartition homogène, il n’y a pas d’élevage dominant. L’aspect publicitaire mis à part, ce fait est garant d’une belle diversité au sein de son morphotype et assure sa pérennité dans le temps.
Un autre encaste profitant des novilladas pour accroître son importance, est celui de Núñez.
Lui aussi désavantagé par son physique ramassé et des armures mesurées, l’encaste Núñez accède de plus en difficilement au marché des corridas ; de fait, sa représentativité est beaucoup plus importante en novillada. A ce sujet, il est noter que de plus en plus d’éleveurs de l’encaste Núñez dénaturent le morphotype de leurs toros, pour en accentuer le volume et la tête. Ces pratiques sont en train de donner lieu à une mutation de l’encaste. Tout du moins, sans entrer dans les extrêmes, la tendance du type Núñez s’accentue dans la ligne Villamarta, l’autre ligne traditionnelle de l’encaste, celle de Rincón étant de moins en moins visible. Comme pour le toro de Santa Coloma, mais à un degré moindre, la vivacité de la caste Núñez, qui pose de réelles difficultés aux toreros, est également à prendre en compte pour justifier sa désaffection des spectacles majeurs. Néanmoins, reste l’élevage d'Alcurrucén, l’une des devises les plus courues en nombre de toute la cabaña brava (2,6 % en corrida). Il est devenu l’étendard de l’encaste, sans véritable concurrence.
A l’inverse, l’encaste Atanasio Fernández a très bien su tirer parti de son physique. Doté naturellement d’une forte ossature et d’armures très développées, ce toro s’est imposé en corrida avec la mode du torazo. Son caractère tempéré, sans excès mais aussi sans carence majeure, ne lui fait pas obstacle et lui permet une belle représentativité au grade des corridas. Mais il ne faut pas s’y tromper, c’est principalement le physique du toro d’encaste Atanasio Fernández qui fait sa force commerciale. Côté élevage, les fers de la famille Fraile (Valdefresno et Puerto de San Lorenzo) dominent (4,7 % du marché des corridas à eux deux), leurs concurrents étant loin derrière. A noter qu’il s’agit là d’un encaste situé presque exclusivement dans le Campo Charro (Salamanque), ceci ayant également un impact sur le marché (chauvinisme, langue bleue, etc.).
Quant au groupe Domecq, il est constant, voire légèrement supérieur en novillada ; 55,9 % contre 53,9 % en corrida. Point donc de fluctuation significative ici entre les deux types de spectacles ; simplement une écrasante domination, sans concession. Vous étiez-vous fait une idée différente ?
Enfin, venons-en à la segmentation : la photographie comparative des corridas et novilladas. Pour le spectacle majeur, le négatif nous révèle la présence significative de deux encastes, le Domecq évidement mais aussi l’Atanasio Fernández. Le reste n’est que sédiments.
Quant aux novilladas, elles donnent une image quelque peu plus variée, avec l’existence notable de deux encastes, Santa Coloma et Núñez, à côté de l’ultra dominant Domecq.
Cependant, le spectacle mineur n’en est pas pour autant plus diversifié, car si on englobe les Albaserrada et Santa Coloma dans un même groupe, on obtient le même schéma, quel que soit le spectacle considéré, à la différence près que s’inter-changent les encastes Núñez et Atanasio Fernández.
A ce stade d’échelle grossière, tout prête à croire que la novillada n’offre pas une diversité d’encastes supérieure, mais permet d’entrevoir un encaste différent, l’encaste Núñez.
Entrons maintenant dans une trame plus fine, à savoir l’étude des encastes mineurs.
En rapportant les fluctuations d’un encaste à sa proportion, on obtient un ratio qui exprime son évolution proportionnelle suivant le type de spectacle. Cette partie de l’analyse étant consacrée aux encastes minoritaires, c’est-à-dire à des portions faibles, il est obligatoire d’établir un ratio qui tienne compte des proportions, afin d’obtenir une dispersion des résultats. Les interprétations qui en découlent seront réelles, mais à rapporter au stade des minorités, soit à une influence minime sur le schéma général.
Le tableau ci-dessous, ne retient que les encastes présentant une disparité très importante entre les deux types de spectacles. Fluctuations supérieures à quatre fois sa taille pour la première partie et supérieure à deux fois pour la seconde.
Une des distinctions notables provient du groupe Albaserrada / Santa Coloma, qui agit comme une balance. Penchant du côté Santa Coloma en novillada (0 % / 9,3 % ) et du côté Albaserada en corrida (5,7 % / 3,2 % ). Le bloc étant dans sa globalité homogène. Ces chiffres s’expliquent de la façon suivante :
La race des toros Santa Coloma est très vive et particulièrement délicate à canaliser ; le marché des novilladas - l’âge gommant les aspérités - est donc particulièrement propice ou du moins favorable à ce bétail. A ce facteur principal s’ajoute la conformation morphologique de l’encaste, qui est de nature relativement modeste, notamment au niveau des cornes. Ceci, dans la conception tauromachique actuelle et de surcroît en ce qui concerne les arènes de première catégorie, constitue un frein, et même parfois un barrage, à son accès à l’échelon ultime : celui de la corrida.
Pour l’encaste Albaserrada, il pourrait en être de même, ses caractéristiques, tant physiques que mentales, étant semblables aux Santa Coloma, mais sa rareté et sa réputation font sa différence. En effet, seulement trois élevages disposent de l’origine Albaserrada, ce qui supprime toute concurrence. D’autres encastes sont aussi rares, mais aucun n’est porté par la plus prestigieuse des étiquettes actuelles : Victorino Martín. Un grand nom qui porte le marché de l’encaste et lui procure de sérieuses facilités de ventes, justifiant que ce bétail soit lidié presque exclusivement en corrida. A titre comparatif, l’encaste Albaserrada détient actuellement une représentativité plus forte que tous les autres élevages non Parladé réunis. Cependant, il ne faut pas si tromper, ce phénomène est fortement lié à l’effet Victorino Martín, qui dépasse à lui seul la barre des 4 % !
L’encaste Santa Coloma, quant à lui, est équilibré. Doté d’une répartition homogène, il n’y a pas d’élevage dominant. L’aspect publicitaire mis à part, ce fait est garant d’une belle diversité au sein de son morphotype et assure sa pérennité dans le temps.
Un autre encaste profitant des novilladas pour accroître son importance, est celui de Núñez.
Lui aussi désavantagé par son physique ramassé et des armures mesurées, l’encaste Núñez accède de plus en difficilement au marché des corridas ; de fait, sa représentativité est beaucoup plus importante en novillada. A ce sujet, il est noter que de plus en plus d’éleveurs de l’encaste Núñez dénaturent le morphotype de leurs toros, pour en accentuer le volume et la tête. Ces pratiques sont en train de donner lieu à une mutation de l’encaste. Tout du moins, sans entrer dans les extrêmes, la tendance du type Núñez s’accentue dans la ligne Villamarta, l’autre ligne traditionnelle de l’encaste, celle de Rincón étant de moins en moins visible. Comme pour le toro de Santa Coloma, mais à un degré moindre, la vivacité de la caste Núñez, qui pose de réelles difficultés aux toreros, est également à prendre en compte pour justifier sa désaffection des spectacles majeurs. Néanmoins, reste l’élevage d'Alcurrucén, l’une des devises les plus courues en nombre de toute la cabaña brava (2,6 % en corrida). Il est devenu l’étendard de l’encaste, sans véritable concurrence.
A l’inverse, l’encaste Atanasio Fernández a très bien su tirer parti de son physique. Doté naturellement d’une forte ossature et d’armures très développées, ce toro s’est imposé en corrida avec la mode du torazo. Son caractère tempéré, sans excès mais aussi sans carence majeure, ne lui fait pas obstacle et lui permet une belle représentativité au grade des corridas. Mais il ne faut pas s’y tromper, c’est principalement le physique du toro d’encaste Atanasio Fernández qui fait sa force commerciale. Côté élevage, les fers de la famille Fraile (Valdefresno et Puerto de San Lorenzo) dominent (4,7 % du marché des corridas à eux deux), leurs concurrents étant loin derrière. A noter qu’il s’agit là d’un encaste situé presque exclusivement dans le Campo Charro (Salamanque), ceci ayant également un impact sur le marché (chauvinisme, langue bleue, etc.).
Quant au groupe Domecq, il est constant, voire légèrement supérieur en novillada ; 55,9 % contre 53,9 % en corrida. Point donc de fluctuation significative ici entre les deux types de spectacles ; simplement une écrasante domination, sans concession. Vous étiez-vous fait une idée différente ?
Enfin, venons-en à la segmentation : la photographie comparative des corridas et novilladas. Pour le spectacle majeur, le négatif nous révèle la présence significative de deux encastes, le Domecq évidement mais aussi l’Atanasio Fernández. Le reste n’est que sédiments.
Quant aux novilladas, elles donnent une image quelque peu plus variée, avec l’existence notable de deux encastes, Santa Coloma et Núñez, à côté de l’ultra dominant Domecq.
Cependant, le spectacle mineur n’en est pas pour autant plus diversifié, car si on englobe les Albaserrada et Santa Coloma dans un même groupe, on obtient le même schéma, quel que soit le spectacle considéré, à la différence près que s’inter-changent les encastes Núñez et Atanasio Fernández.
A ce stade d’échelle grossière, tout prête à croire que la novillada n’offre pas une diversité d’encastes supérieure, mais permet d’entrevoir un encaste différent, l’encaste Núñez.
Entrons maintenant dans une trame plus fine, à savoir l’étude des encastes mineurs.
En rapportant les fluctuations d’un encaste à sa proportion, on obtient un ratio qui exprime son évolution proportionnelle suivant le type de spectacle. Cette partie de l’analyse étant consacrée aux encastes minoritaires, c’est-à-dire à des portions faibles, il est obligatoire d’établir un ratio qui tienne compte des proportions, afin d’obtenir une dispersion des résultats. Les interprétations qui en découlent seront réelles, mais à rapporter au stade des minorités, soit à une influence minime sur le schéma général.
Le tableau ci-dessous, ne retient que les encastes présentant une disparité très importante entre les deux types de spectacles. Fluctuations supérieures à quatre fois sa taille pour la première partie et supérieure à deux fois pour la seconde.
La première remarque qui s’impose, c’est que pour l’intégralité des encastes ayant subi des mouvements très importants, les inégalités penchent dans le même sens. Pour tous, les corridas sont un débouché au minimum quatre fois moins important que les novilladas.
Ensuite, il convient de remarquer qu’il s’agit d’encastes mineurs, inscrits dans les groupes 1, 2 et 3 (cf. analyse II). Des encastes qui n’ont pas les faveurs du moment, certes, mais qui sont aussi dans une très mauvaise passe. Là est certainement la justification du phénomène, car ces encastes présentent tous un bétail très sérieusement présenté mais qui pêche actuellement par un mental trop irrégulier. Ainsi, les novilladas sont une sorte de jauge d’étalonnage, palliant le caractère encore plus aléatoire de l’échelon supérieur.
Dans le second tableau, où les mouvements seront qualifiés d’importants, il n’y a pas de prédominance, les ascendances s’inclinent coté corrida comme côté novillada. L’analyse ici se borne à remarquer que les encastes présents en corrida sont tirés par des locomotives telles que Baltasar Ibán, Palha ou Samuel Flores. Et bien évidement les encastes pâtissant d’une grosse baisse de forme se retrouvent en novillada.
En conclusion, entre novillada et corrida point de révolution. Les segmentations sont comparables avec une dominance constante de l’encaste Domecq (environ 55 %) et trois portions moindres mais tout de même représentatives : Albaserrada/Santa Coloma, Núñez et Atanasio Fernández.
Cependant s’il n’y a point de révolution il y a quelques évolutions.
Dans la case « autres », autre que Parladé, la part de Vistahermosa influencé Parladé tend à diminuer en novillada (14 % contre 10 %) et la part des encastes vierges de tout sang Parladé augmente (9 % contre 6 %).
Côté encaste, dans la partie visible, les Núñez jouissent d’une bonne représentativité en novillada et, à l’inverse, les Atanasio Fernández se révèlent en corrida.
Moins visible mais notable, d’autres encastes voient leur proportion s’amplifier suivant le type de spectacles, et particulièrement en novillada, comme pour les Saltillos, Pedrajas, Vazqueños et Urcola. Mais tous sont des encastes extra-minoritaires et, bien que leur évolution relative soit forte, leur valeur réelle reste trop faible pour impacter la représentation générale.
Ces phénomènes, bien que réels, sont trop marginaux pour être considérés comme une preuve de diversité. Il y a donc bien des distinctions entre les schémas des novillada et des corridas, mais ceux-ci tiennent plus compte de particularités que d’une réelle distinction.
Quant à ces particularités, il y a bien sûr la segmentation naturelle du qualitatif. Les encastes les plus prometteurs étant réservés en toute logique aux corridas, les novilladas rassemblant un bon nombre d’encastes en méforme. Mais on peut également constater des dérives du qualificatif qualitatif, notamment sur le plan de la présentation. Il semblerait qu’un certain type de toro soit devenu canon. Un toro qui est bien entendu imposant, fort et armé. L’exigence est bien normale, de surcroît en places de première catégorie où ne doit être retenue que la fine fleur de chaque classe. Mais cette exigence doit toujours être mise en perspective avec la réalité, être cohérente avec l’existant et surtout ne pas oublier la notion de classe. C'est-à-dire tenir compte du fait que la présentation d’un toro doit être en rapport avec sa race. Imposer des critères généraux, pour tous les toros, soit pour tous les encastes, revient à écrêter la palette originelle et réduit, inévitablement, la diversité. Il faut être exigent, certes, mais il faut aussi éviter de se préfigurer un toro particulier, sinon ceci nous conduira à l’extinction ou au dénaturemment des encastes.
La présentation du bétail est un des facteurs façonnant les traits des visages des corridas et novilladas, le second provient du marché en lui-même. Les lois commerciales donnent en effet une valeur particulière à ce qui est rare, à plus forte raison lorsqu’il est de qualité. Ainsi de nombreux encastes mineurs, détenant un élevage de grande qualité, comme les Albaserrada, survivent, et spécialement à l’échelon le plus exigeant : la corrida. Ceci maintient une certaine diversité au plan de la corrida. La même diversité vivant en novillada avec les encastes malades.
Mais ne nous y trompons pas, un encaste ne peut reposer sur une seule devise, sous peine de courir un grand risque d’extinction. La situation actuelle en terme de diversité génétique peut paraître inquiétante mais celle de demain l’est d’autant plus. Car aujourd’hui seuls quatre encastes (Domecq / Atanasio Fernández / Núñez / Santa Coloma) ont un avenir assuré, celui des autres, et notamment bon nombre d’encastes encore représentatifs, repose seulement sur leurs étoiles. Et si ses étoiles venaient à tomber, la diversité génétique de la corrida deviendrait bien pauvre. La novillada, quant à elle, conserverait son schéma actuel, en accueillant de nouveaux encastes malades.