31 janvier 2009

Fracaso et torería


Séville, avril 2007
Il avançait sur le sable tel un spectre plein de vie intérieure, seul au milieu de la multitude vociférante, ses peones s'entrechoquant derrière lui dans leur difficulté à suivre cet être de vie et de néant dans sa procession ralentie. Il regardait le soleil la tête baissée, le menton, comme pendant la véronique, enfoncé dans sa poitrine. Il marchait sur la litière de coussins, passant par-dessus les premières ombres, sous les derniers rayons, sans rien perdre de sa gloire ; couvert d'or, de sueur, de lumière et de sang ; allant, sous la chute des astres, d'un pas lent, presque arrêté, à l'extrême limite du silence, de ce même pas qui, pour les hommes qui ne s'enveloppent pas d'un suaire, marque l'ascension vers le point le plus précieux de la vie.
L'échec s'évanouissait, telle la fumée d'un clop dans les songes, au fur et à mesure que l'homme disparaissait sous l'alignement de ses pas, laissant s'imprimer sur la rétine à demi-fermée, comme dans un rêve, le plus beau moment de torería de la féria.