Je vous avais annoncé une bonne surprise dans la foulée du festival Flamenco de Nîmes. Voici, Ludovic Pautier 'Le Ciego' sera notre complice sur Camposyruedos le temps de vous entretenir de ce que nous avons vécu ici. Ludo n’était pas à Nîmes. Alors je lui ai fait parvenir au fil des jours quelques photographies, en lui faisant part de mon ressentiment très personnel sur ce que j’ai pu photographier. Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, Ludo c’est Le Ciego de Los Pinchos del ciego, un fondu de flamenco, de cante jondo et de baile. Un fondu qui, à notre différence, possède une véritable culture de la chose qu’il a bien voulu nous faire partager...
Rocío Molina
Bonsoir Ludo,
Voilà, nous venons d’achever notre festival Flamenco nîmois, avec « Mujeres » qui nous a offert trois générations de danseuses : Merche Esmeralda, Belén Maya et Rocío Molina. Je regrette simplement de ne pas avoir eu l’occasion de voir Israel Galván la veille. Tous les échos que j’ai pu en avoir ont été très enthousiastes.
Voilà, nous venons d’achever notre festival Flamenco nîmois, avec « Mujeres » qui nous a offert trois générations de danseuses : Merche Esmeralda, Belén Maya et Rocío Molina. Je regrette simplement de ne pas avoir eu l’occasion de voir Israel Galván la veille. Tous les échos que j’ai pu en avoir ont été très enthousiastes.
Comme tu le sais j’ai un immense faible pour Rocío Molina après l’avoir découverte l’an passé ici même. En 2009, bis repetita, j’ai été littéralement scotché. A mes yeux et à mes sens elle éclipse tout le reste.
Je suis définitivement et irrémédiablement amoureux de Rocío Molina ! Ce soir j'étais avec Manuela qui en plus adore la danse contemporaine. Et pour elle aussi, comme pour la première fois ce fut un choc. Arriver à moderniser ainsi et conserver cette émotion intense et profonde, c'est hallucinant. Evidemment je regrette de ne pas avoir pu photographier. Otra vez… En contrepartie j’étais confortablement installé, avec plusieurs fois cette envie de gueuler "Ooooolé !" Mais gueuler tu sais ! Vraiment gueuler, comme à Las ventas. Pas le "Olé" chuchoté et raffiné des flamenkitos pendant leurs actuations. Non, un "Ooooolé" puissant et brutal qui te sors des tripes, un "olé" de sauvage que je dois être ! ¡Viva Rocío Molina! Ensuite, tu as vu, sur le blog un intervenant de passage, d’un ton un tantinet condescendant, a laissé entendre que c’est du « commercial ». Peut-être, mais franchement je m’en fous. Tu me diras.
Ah, une dernière chose. J’ai croisé très peu de gens du monde des toros pendant ce festival. Plus le temps passe et plus je constate que les deux univers ne sont pas aussi intimement liés que ce que nous pourrions le penser.
Un abrazo,
François
- - - - - - - - -
- - - - - - - - -
François,
Personnellement, pour avoir vu Rocío à Mont-de-Marsan, elle m' a impressionné. Elle est dans la lignée de ceux qui veulent "rompre les moules". Alors peut-être que certains tenants de la pureza, ne sachant comment appréhender cela, la taxent de commerciale. Je n'y crois pas un seul instant. Elle est de la trempe des Israel Galván, bien que je considère ce type comme un génie. (Il a réussi à retourner tout le monde ou presque. Ce qui n'était pas gagné. Tu sais, les mêmes tenants d'une même pureza ont fermé leur bouche quand ils ont vu que ce type était considéré par le fils du grand Terremoto de Jerez. L'hérésie ne pouvait se trouver au sein du temple. Les pharisiens tombèrent les masques. Et Diego Carrasco, et l'immense bobote qui l'adoube en jouant sur scène avec lui ! C'est grandiose.)
Ensuite il faudra voir comment elle évolue. Israel a fait avec "La edad de oro" un grand pas en maintenant son "discours", sa faena, tout en l'incluant dans un dispositif et un respect des codes les plus traditionnels . Aucun artifice, cante devant, guitare et danse. Et lui qui balance son baile à faire hurler les pseudos puristes ! ¡Ole sus cojones!
Donc pour moi, Rocío est de la rosée du matin qui vient. Puisse-t-elle ne pas s'évaporer.
Quant aux gens des toros... Beaucoup voient un baile et disent "Javier Conde". Alors évidemment, le chant est tellement hors de la sphère des canons binaires de la musique occidentale qu’on peut concevoir qu'ils n'y entendent que fausseté et distorsion. Il y a pourtant beaucoup de parentés (réelles d’ailleurs, voir Cagancho ou Gitanillo de Triana), je te laisse un lien.
Et il y aussi un livre de Jean-Marie Lemogodeuc (épuisé et ancien hélas) et un nouveau qui vient de sortir chez L'harmattan. Et je m'en voudrais de ne pas citer mon ami Mathieu Sodore, puits de savoir dans les deux arts.
Un abrazo,
Ludo
PS : un lien vers Jean-Marie dont le livre a en fait été édité en 2002. C'est chez Atlantica :
http://www.priceminister.com/offer/buy/1058457/Lemogodeuc-Jean-Marie-Flamenco-Et-Tauromachie-Catharsis-Et-Discours-Amoureux-Livre.html
L'ouvrage auquel je faisais référence était un vieux Puf (sur le flamenco) dans lequel il abordait déjà flamenco et toros :
http://www.chapitre.com/CHAPITRE/fr/BOOK/lemogodeuc-moyano/le-flamenco,877567.aspx
Chez L'harmattan c'est Sandra Alvárez qui a écrit sur le thème. Je ne l'ai pas lu, je compte le commander mais en cherchant sur Internet, regarde ce que j'ai trouvé :
http://crec.univ-paris3.fr/membre.php?membre=ALVAREZ%20Sandra