Collioure, 15 août : sous les rochers, le sable et sur le sable 6 Coquilla 6.
Parentis, une semaine plus tôt, le numéro 83, un novillo du même fer clôt la novillada concours. L’animal laisse deviner des qualités. Il s’engage avec bravoure, prend trois piques, raccompagne aux planches les banderilleros et charge dans la muleta avec noblesse. Une seule ombre au tableau, sa faiblesse. Rien de transcendant, juste une de ces bestioles qui s’immisce sournoisement dans un crâne aficionado. Une lancinante étincelle, la lueur d’espoir qui pousse à caracoler de plazas en arènes et d’arènes en plazas.
- Tu ne vas quand même pas y aller ?
- Où ça ?
- Ben, à la novillada !
- Et pourquoi pas ? Pour une fois que ça se passe à un jet de banderille ! La voiture peut rester au parking et on arrive en train.
- Mais enfin, c’est une arène de plage !!!
- Et Parentis, c’est la banlieue de Clermont-Ferrand ?
- Parentis ? Rien à voir ! C’est l’océan, c’est… grand, c’est sérieux. Alors qu’ici, c’est… la plage de la mer.
- Et les coquillas de Sánchez Arjona, les frangins du 83, c’est petit ça ?
- D’accord… Vamos a la playa…
Samedi 15 août, 17h00, départ d'Argelès. Une ligne droite, un virage, un tunnel, le TER commence à freiner. Sitôt retrouvé la lumière du jour, il stoppe net. La placita métallique installée à l’année jouxte la gare. Les portes s’ouvrent quasiment au milieu du ruedo. Un voyage de 5 minutes, dès la descente on est dans le bain !
Les chevaux sont attachés, au frais, à des anneaux ancrés dans un mur qui longe le quai. Les picadors choisissent leurs palos tranquillement et montent les piques en papotant. Aucun stress. L’alguazil détend sa monture. Déambulations et salutations d’usage. ¡Hola Javier! ¿Como estas? Gentiment, l’éleveur nous donne le sorteo : 71, 82, 81, 88, 78 et pour finir le 84. ¡Suerte! Les premières cuadrillas arrivent, à pied, depuis l’hôtel en face. On signe quelques autographes en posant pour les photographes. On ne se bouscule pas au portillon. Cinq cent mètres plus bas, c’est l’effervescence du sea, sex and sun estival conjuguée à l’ambiance bodega, feria, Catalunya.
Sur les tendidos, pour le « 5ème Trophée de l’Anchois », on n’est pas serrés. Excellent choix, l’anchois ! Ça va nous changer de la sempiternelle sardine qui alimente le vivier des chroniques dernièrement…
Le paseo débute. Les chemises vives des monosabios tachettent la piste. Rude journée pour la cuadra Bonijol : Roquefort, Béziers, Bayonne, San Sebastían, Bilbao… Il va falloir cavaler, les gars !
Les novilleros défilent lentement, laissant filer leurs pensées vers le large. Il est trop tard pour les doutes. Trop tard Marco ! Comme à Riscle, il y a quelques jours, Marco Leal n’entend pas. Sa tauromachie se cantonne dans l’incertain et l’approximatif. Juan Luis Rodríguez, plus classique et posé, tire partie de ses deux adversaires. Il coupe une oreille à chaque novillo, remporte le prix et sort en triomphe. Le plus novice, Miguel de Pablo compense son inexpérience par une envie exubérante. Il coupe l’oreille de son second. Le palco restant ferme face à la pétition appuyée d’un public en partie néophyte.
C’est le bétail qui a ôté toute saveur au « 5ème Trophée de l’Anchois ». Côté trapío, rien à dire. Les trois derniers novillos sont supérieurs à tous ceux présentés dans cette arène depuis quelques marées d’équinoxe. Les cornes paraissent cependant bien courtes, bien rondes, plus bigorneau que Coquilla. Soit, ils ont toujours eu peu de tête dans cet encaste… Désormais, ils n’ont plus de jambes. A peine sept piques ou picotazos. Quelle faiblesse ! De la caste comme fond de sauce mais le plat reste fade.
L’intention des organisateurs est pourtant bonne. Impossible de s’égarer en présentant ce type de ganadería qui contente les aficionados. Autant poursuivre sur cette voie.
Pour tous les autres… Vamos a la playa…