La temporada avance et j'ai beau chercher, je ne me souviens pas d'une tarde à même de me laisser un souvenir digne de figurer sur la première page de Burladero ou Mundochoto : des toreros a hombros accompagnant un mayoral, ivres de triomphe. Depuis début 2009, je vois parfois des toreros, parfois des toros, mais toujours dans un bal où l'on se frôle sans jamais se rencontrer.
Mu par la foi qui déplace les aficionados, me voici en terre basque un 15 août face à un dilemme : Roquefort, Dax, San Sebastián, Bayonne ?* Tout le monde semble s'être donné rendez-vous samedi autour de Morante à Bayonne. Je sais que la belle ne viendra pas, mais j'y file tout de même, car on n'a pas toujours la force d'avoir l'esprit de contradiction. Antonio Bañuelos a déployé 6 toros comme ça face à Aparicio, Manzanita et Miguel Tendero remplaçant "l'irremplaçable" Morante. A posteriori, il est facile de dire que personne ici ne jouait sa place face à quelque concurrent que ce soit : le "liant" Morante entre Aparicio et Manzanita a fondu sous la canicule remplacé par une brique réfractaire. Précautionneusement installés à l'ombre sous la protection du clergé en soutanes noires, très cinéma italien d'antan, nous avons assisté à ces courses au kilomètre dont je ne lis plus les comptes rendus. Sosería, démotivation... Ennui, malgré l'entrain clérical du rang au-dessus. Sous le soleil de Satan ce jour, le journal du torero de campagne n'avait rien de l'ouverture de la mer rouge un jour de retours de vacances et les murailles de Bayonne et de Jéricho ne frémirent que d'ennui. Que venaient faire ces 3 personnes en ce lieu ? Bonne question. Profiter de la magnifique musique ? Tendero, inédit pour moi, me laissa une très vilaine impression de vulgarité pueblerina : toreo pa' fuera, pico, seul un temple droitier à sauver. Insupportable. Festival de bajonazos ovationnés, rideau ! Puni là où j'ai péché.
Dimanche pluvieux autour de Bayonne, cap sur Bilbao ensoleillée par l'autoroute Gran Turismo qui serpente, monte et descend de la frontière à la capitale de Biscaye. D'attendu le Fundi encore malheureux la veille, passera au statut d'absent regretté. Florent comptait 6 accidents divers cette année pour celui de Fuenlabrada.
Le soleil inonde le casco viejo, puis se voile à l'heure de rejoindre Vista Alegre à travers le canyon urbain de l'autre rive du Nervión. La plaza de toros constitue toujours une véritable rédemption pour ce lieu.
Antonio Barrera substitue le Fundi comme un autre remplaçait Morante la veille. Sur le mâchefer, le costume du Sévillan, rouge "reliure cuir de Toros" offrait un contraste extraordinaire, une véritable splendeur. C'est déja ça. La Quinta avait envoyé un lot cuajado, présenté, dont la caste tenta de faire oublier la faiblesse : la corrida tint debout mais les toros eurent tendance à baisser physiquement. Barrera lassa plus de dix minutes à chaque faena. Sergio Aguilar se présentait. Il fit face à un second toro peut-être affublé d'un défaut de vision, plutôt presbyte que myope mais qu'il toréa de près. Peu croisé au 5ème, coletero, calcetero, faible mais brave, il persista dans sa tauromachie étouffante et courageuse alors que le toro attendait qu'on lui offre la distance pour donner plus. Si Tendero avait des allures de pute créole dans un bordel de la Nouvelle-Orléans, Aguilar évoque plutôt une Infante d'Espagne du XIVè allant prendre le voile dans un sombre couvent Castillan. Iván Fandiño sauva la course au 3ème qui ne supportait guère que 3 ou 4 passes par série. Sans fioritures, classique et sincère, il coupa une oreille grâce à deux séries droitières de classe avant et après avoir changé l'épée. Le 6ème n'offrait rien d'autre qu'un triste final. Certainement le pire du lot.
Même les trains de nuit n'attendent pas. Au moment de sortir, les vieux étaient accoudés à la rambarde filant le long de la rue qui monte au dessus des arènes. Les photographes sérieux se régalent à Bilbao.
>>> Vous pouvez d'ailleurs retrouver sur le site, rubrique RUEDOS, les galeries des corridas bayonnaises d'Ana Romero (8 août) et d'Antonio Bañuelos (15 août).
* Je sais que tous ces lieux ne sont pas stricto sensu au Pays basque.
Mu par la foi qui déplace les aficionados, me voici en terre basque un 15 août face à un dilemme : Roquefort, Dax, San Sebastián, Bayonne ?* Tout le monde semble s'être donné rendez-vous samedi autour de Morante à Bayonne. Je sais que la belle ne viendra pas, mais j'y file tout de même, car on n'a pas toujours la force d'avoir l'esprit de contradiction. Antonio Bañuelos a déployé 6 toros comme ça face à Aparicio, Manzanita et Miguel Tendero remplaçant "l'irremplaçable" Morante. A posteriori, il est facile de dire que personne ici ne jouait sa place face à quelque concurrent que ce soit : le "liant" Morante entre Aparicio et Manzanita a fondu sous la canicule remplacé par une brique réfractaire. Précautionneusement installés à l'ombre sous la protection du clergé en soutanes noires, très cinéma italien d'antan, nous avons assisté à ces courses au kilomètre dont je ne lis plus les comptes rendus. Sosería, démotivation... Ennui, malgré l'entrain clérical du rang au-dessus. Sous le soleil de Satan ce jour, le journal du torero de campagne n'avait rien de l'ouverture de la mer rouge un jour de retours de vacances et les murailles de Bayonne et de Jéricho ne frémirent que d'ennui. Que venaient faire ces 3 personnes en ce lieu ? Bonne question. Profiter de la magnifique musique ? Tendero, inédit pour moi, me laissa une très vilaine impression de vulgarité pueblerina : toreo pa' fuera, pico, seul un temple droitier à sauver. Insupportable. Festival de bajonazos ovationnés, rideau ! Puni là où j'ai péché.
Dimanche pluvieux autour de Bayonne, cap sur Bilbao ensoleillée par l'autoroute Gran Turismo qui serpente, monte et descend de la frontière à la capitale de Biscaye. D'attendu le Fundi encore malheureux la veille, passera au statut d'absent regretté. Florent comptait 6 accidents divers cette année pour celui de Fuenlabrada.
Le soleil inonde le casco viejo, puis se voile à l'heure de rejoindre Vista Alegre à travers le canyon urbain de l'autre rive du Nervión. La plaza de toros constitue toujours une véritable rédemption pour ce lieu.
Antonio Barrera substitue le Fundi comme un autre remplaçait Morante la veille. Sur le mâchefer, le costume du Sévillan, rouge "reliure cuir de Toros" offrait un contraste extraordinaire, une véritable splendeur. C'est déja ça. La Quinta avait envoyé un lot cuajado, présenté, dont la caste tenta de faire oublier la faiblesse : la corrida tint debout mais les toros eurent tendance à baisser physiquement. Barrera lassa plus de dix minutes à chaque faena. Sergio Aguilar se présentait. Il fit face à un second toro peut-être affublé d'un défaut de vision, plutôt presbyte que myope mais qu'il toréa de près. Peu croisé au 5ème, coletero, calcetero, faible mais brave, il persista dans sa tauromachie étouffante et courageuse alors que le toro attendait qu'on lui offre la distance pour donner plus. Si Tendero avait des allures de pute créole dans un bordel de la Nouvelle-Orléans, Aguilar évoque plutôt une Infante d'Espagne du XIVè allant prendre le voile dans un sombre couvent Castillan. Iván Fandiño sauva la course au 3ème qui ne supportait guère que 3 ou 4 passes par série. Sans fioritures, classique et sincère, il coupa une oreille grâce à deux séries droitières de classe avant et après avoir changé l'épée. Le 6ème n'offrait rien d'autre qu'un triste final. Certainement le pire du lot.
Même les trains de nuit n'attendent pas. Au moment de sortir, les vieux étaient accoudés à la rambarde filant le long de la rue qui monte au dessus des arènes. Les photographes sérieux se régalent à Bilbao.
>>> Vous pouvez d'ailleurs retrouver sur le site, rubrique RUEDOS, les galeries des corridas bayonnaises d'Ana Romero (8 août) et d'Antonio Bañuelos (15 août).
* Je sais que tous ces lieux ne sont pas stricto sensu au Pays basque.