Lorsque je dis « rien », évidemment sont arrivées jusqu’à nous les clameurs provoquées par les naturelles du Cid et l’émotion suscitée par le novillero El Payo. Mais après presque un mois de féria, c’est quasiment rien... Pour en revenir à la course d’hier, c’est un autre blogger Pablo G. Mancha qui prend le relais de Bastonito et nous parle du toreo de Morante. Les photos sont d’un troisième blogger, Manon, également webmaster de Las-ventas.com. Je vous laisse avec Pablo. Y Te pido perdón por la traducción Pablo.
Le toreo de Morante de la Puebla ignore les stratégies, les traits calculés ou les élucubrations. Le toreo de Morante de la Puebla surgit d’un moi intérieur qui répond seulement à une passion lumineuse, un équilibre humain insondable, magnifique et délibérément beau. Morante est la vaillance même, l’entrega. Il base son toreo sur une valeur intransigeante, une valeur assise sur un concept immatériel et sublime. C’est pour cela que son toreo n’a pas d’équivalent, qu’il est le reflet fidèle de ce moi intérieur qui illumine une tauromachie essentiellement intime, qui cherche à satisfaire son âme créatrice.
Morante est en outre parvenu à maturité car il conjugue cet équilibre compliqué entre inspiration et pouvoir, entre vouloir et pouvoir et il se laisser aller, sans frein, mais sans perdre la tête, bien que nous puissions, nous, la perdre, lorsqu’il se mue en torero, lorsqu’il plie un peu la jambe pour ces passes de poitrine qui lui sont propres et qui semblent être des clichés de Baldomero y Aguayo, comme surgis de temps anciens. Nous disions que le toreo de Morante ignore les stratégies car son toreo ne peut pas se calculer, ni se mesurer, ni se compter. Son toreo se raconte, se sent et, parfois, comme cela est arrivé dans cette San Isidro, se rêver. 'Cubano' a été un grand toro, mais pas exceptionnel, ce fut un véritable toro avec du poder qui, lorsqu’il s’est senti soumis par le Sévillan, s’est éteint, à l’abri des planches. Et Morante s’y est mis à nouveau, al natural, et s’est étiré avec cette harmonie qui lui est propre et qui est une pure archéologie taurine. Car Morante est vaillant, très vaillant, et encyclopédique, sublime et imprévisible
Son toreo avec la cape est d’une rare subtilité, tout son corps accompagnant le mouvement ; ça ne le gêne pas de reprendre la muleta, à gauche, malgré un avis, et il le fait car il sait qu’il domine le temps, qu’il est capable de l’arrêter, de faire durer une passe une éternité. C’est Morante, qui porte en lui le sentiment intime de la tauromachie.