Un des événements de la féria de Bilbao 2006 aura été l’actuación d’Enrique Ponce face à un toro de Zalduendo. Le refus par Matías de la seconde oreille a provoqué une bronca magistrale et, chez les taurinos, des crises de nerfs délirantes. Il est clair que le président Matías indispose depuis déjà longtemps les professionnels et leur acolytes qui voudraient bien se débarrasser du plus sérieux président espagnol.
Il y a quelques années de cela, en lisant les compte rendus de Vicente Zabala père (le père eh ! pas d’ambiguïté ! Le fils ni hablar…) et ceux de Joaquín Vidal, j’arrivais à me faire une opinion sur une course à laquelle je n’avais pas assisté. Aujourd’hui, le niveau de la critique taurine est tel qu’il est bien difficile d’en tirer quelque conclusion que ce soit avant d’être renseigné par les copains qui y étaient. Heureusement, et une fois de plus, il nous reste Internet.
Voici donc ce qu’a écrit Pablo García Mancha dans son blog Toroprensa sous le titre de « Traité de tauromachie moderne » :
« … Si ce n’était parce que le sable est noir, parce que les toros avaient le poids et les cornes et que le président s’appelle Matías González, hier j’aurais été persuadé d’avoir assisté à une corrida à Benalmadena. Mais ça c’est passé à Bilbao.
Une corrida avec 8 toros de Zalduendo, deux ont été renvoyés aux corrales pour invalidité manifeste, quelques-uns sans pouvoir et nobles jusqu’à l’épuisement, c'est-à-dire, le prototype de toros que veulent les toreros de nos jours. Inédits face à la cavalerie et avec du souffle mais avec une charge suffisante pour être de dignes collaborateurs. Excellente corrida pour les toreros et pour ceux qui apprécient ce spectacle particulier.
Et face à ces animaux, il ne fait aucun doute que Ponce est le roi. Sa faena au 4° de l’après-midi peut être cataloguée comme « traité de la tauromachie moderne ». Il est vrai qu’elle fut de ce point de vue une faena d’anthologie. Les passes cadencées. Le temple une constante. Les petits pas entre les passes permettant au toro de reprendre son souffle, tout simplement spectaculaires. Les derechazos suaves et en composant la figure comme lui seul sait le faire. De l’extérieur vers l’interieur (de las afueras hacia los adentros). Des petits pas de danseur étoile et doucement positionné. Les redondos de face, et de dos. Les naturelles données une à une avec la muleta pliée géniales. Le tout effectué lentement à tel point que Matías lui envoya un premier avis avant qu’il ne débute les traditionnels doublements par le bas, made in Ponce, avec lesquels il finalise habituellement ses faenas. Il a demandé au président de rester calme et a continué son travail. Il a tardé à cadrer le toro et a frôlé le second avis. Une épée légèrement desprendida. Une faena magistrale si nous faisons fi de l’absence de profondeur. Mais qui se préoccupe de cela ? Délire, apothéose, et le public comme fou. Il cria, et cria pour obtenir de Matías la seconde oreille. Mais celui-ci ne fléchira pas face a la pression en "aguantant" une bronca démesurée. Deux tours de piste au cours desquels Bilbao est tombé dans les bras de Ponce. »
D'après Pablo G. Mancha