05 avril 2007

Imprésentables


Cinq heures, cinq. Cinco horas. C’est le temps qu’il aura fallu à un grand-père barcelonais pour approcher les guichets de la Monumental de Barcelone le lundi 2 avril 2007, pour finalement y acquérir cinq gradas ou andanadas, je ne sais pas trop, au prix de 25 euros pièce.
Le grand-père barcelonais n’est pas amateur de corrida. Mais pour son petit-fils, Cérétan et aficionado, il s’est fait évidemment un devoir de prendre la queue, attendre, piétiner, pour finalement pouvoir repartir, cinq heures plus tard, avec cinq places de corrida. Le grand-père barcelonais s’est étonné de l’importance de cette foule et de l’engouement suscité.
Il faut dire que le grand-père barcelonais est allé faire la queue le lundi 2 avril 2007, le jour où étaient mises à la vente les places pour le retour de José Tomás. Son petit-fils et ses amis verront donc le retour du phénomène, depuis les hauteurs, mais ils le verront.
Le problème c’est que tout le monde n’a pas un grand-père barcelonais et que personne, absolument personne, n’avait prévu ce qui s’est passé en Catalogne le lundi 2 avril 2007.
Il y a ceux qui ont pensé acheter en ligne, depuis le site de la Caixa. D’après ce qu’on m’en a dit les cartes bleues françaises n’ont pas été acceptées. Tu parles d’une Europe !
Il y avait aussi ceux, heureux possesseurs d’une tarjeta espagnole, mais qui ont trop tardé. Les places ont été vendues et épuisées en une petite journée. La réaction première est de se réjouir, se féliciter de la réponse et de la réaction de l’Afición catalane à cette offre. Seulement les choses sont beaucoup moins claires qu’il n’y paraît.
Et puis il y a pire encore. Un fidèle lecteur de Camposyruedos, qui vit à Barcelone, qui est abonné à la Monumental, qui y a ses entrées, nous a confié la difficulté extrême et les complications pour obtenir le précieux sésame. Il sera visiblement plus facile de payer le prix –très – fort à la revente de Séville que de passer par le chemin, normalement officiel, de la taquilla. Car visiblement très peu de tendidos ont été mis à la vente, pour ne pas dire aucun. Et même si José Tomás s’est réservé un quota très important de places, ceci n’explique pas tout.
Le plus triste dans cette histoire c’est que je connais de nombreux aficionados qui pour l’occasion vont rester sur le carreau. Des aficionados qui vont aux arènes régulièrement et pas uniquement pour les événements. Dans le contexte actuel, et plus encore en Catalogne, dans une arène que l’on peut craindre en sursis, et à l’occasion de cet événement exceptionnel, les taurinos professionnels n’ont rien trouvé de mieux que de traiter l’Afición par-dessous la jambe. Ils sont et resteront "unos impresentables" desquels l’Afición n’a pas grand-chose à attendre. Quant à la suite des événements, on se dit que si la question ganadera est traitée avec autant de délicatesse...