"Capharnaüm inintelligible" ou "Hommage à Bruno"
On lui avait pourtant dit de pas se croiser autant face à ces mansos de la selva colombiana... Pas à dire, en Amérique du Sud, on n'a pas les mêmes garanties qu'en Europe ! Une fois, deux fois et paf, la cogida... sévère ! On le lui avait bien dit que c'était dangereux de s'exposer à ce point ; d'aller croiser sur ces routes peu sûres : "¿El toro de la carretera?" Non, pas vraiment... S'en est suivi un genre d'énorme bâche, une éclipse à la José Tomás : disparaître pour mieux se faire désirer, laisser les autres parler de soi et bâtir sa légende à l'écart du mundillo.
"EU vivia isolado do mundo..."
L'abandon total de soi en guise de projet d'engagement : 6 années passées à épurer son style de ces quelques adornos encore superflus : le collier de perle et la coupe au carré des beaux quartiers - si certains toreros semblent perpétuellement vivre leur Passion, et que d'autres paraissent traverser le désert depuis des lustres, son truc à elle ce fut la plongée involontaire dans le dénuement et l'affliction jusqu'à devenir une estampe de mater dolorosa. On peut comprendre. Le thème de la souffrance toujours et encore : Dolores y Soledad en la Selva, ça n'était pas le titre d'un roman-photos avec torero guapo et triangle amoureux, ou alors, un fascicule de quelques clichés trash. Des images de loin en loin, rien de plus, de la matière à inquiétude. Le débat faisait rage au sein de l'Afición : cet engagement suicidaire, est-ce un credo acceptable, même pour ce genre de sacerdoce ? Vouloir changer le monde, reconquérir ces terrains impossibles, à tout crin, au point de donner sa vie ou tant d'années de celle-ci ? Moi, ca me semble un brin "limite". Je ne suis qu'un aventurier de salon, pas même "práctico", je ne dois pas être en mesure de comprendre.
Les choses se terminent bien, parce qu'une main invisible a su duper et embarquer les mansos, con temple y mucho mando o con mucha pasta quizás... Tu parles d'une auberge espagnole ! Des Colombiens, Israéliens, Américains, Vénézuéliens, Equatoriens et des Français. En un mot, un beau bordel, du genre des fastueux de l'OCT dont nous parlions il y a quelques jours, avec offre internationale, s'il vous plaît. Ça semble clean, mais faut peut-être pas trop gratter. "Comment tu peux te foutre là-dedans ?" - "Bah, tu sais, d'une façon ou d'une autre tu payes toujours, alors, forfait ou prestation...". Apparemment, c'est bien ça, on paye toujours.
Pendant ce temps, l'autre con gratouille et chante, enfin... façon de parler. "Ça y est, ils l'ont libérée !" - "Bonne nouvelle... par contre maintenant, va falloir mettre le paquet sur les toros !" C'est toujours ça de pris : au XXIè siècle apparemment, on ne fait toujours pas changer grand-chose avec des chansons : même des mauvaises ou des bien "pompier" qui en font des tonnes avec guimauve et engagement facile. Tremendisme et suerte chargée face à un carretón aféité : efficacité minimale, tu crois qu'on écoute ChérieFM dans la jungle colombienne ? Et ben, au campo non plus ! Et dire que certains voulaient négocier avec ce genre de gars, donner de la considération à ses sophismes, tendre une main là où on répugnerait à mettre le pied. Faut négocier avec les talibans de la rive gauche et de la selva ? On reviendra bientôt sur le sujet afghan, si, si !
Allez, vivement Céret ! Pour y voir plus clair, j'ai parfois l'impression que loin des toros, mes idées s'embrouillent.
Sans rapport aucun : le genre de photo tendre qu'on aime trouver après une longue détention. Une photo elle-même sortie de l'oubliette où l'avait plongée notre despote éclairé, Solysombra.