30 décembre 2007

Leopoldo Pomès


Elles existent par hasard, comme tant de choses belles.
Il ne courait pas les toros à l’époque, il aimait juste un peu ça et puis on lui a passé commande, le genre qui se refuse difficilement. Ernest Hemingway remplissait de mots le blanc du papier ; lui, Leopoldo Pomès, à peine connu, déjà catalan, granulait de noir le blanc des photos. C’était le contrat, la mission, un deal qui jamais n’alla au-delà du rêve de départ. Le manuscrit de l’Americano se serait perdu, va savoir… mais les photos existent, depuis 1957, depuis le départ. Elles sont d’autres photos sur le monde de la corrida, des "encore" serait-on tenté d’écrire avant de pénétrer ce recueil de clichés publié conjointement en 1995 par la Junta de Andalucía et par le Centro andaluz de la fotografía. Une fois ouvert, ce ne sont plus des "encore" ou des "toujours pareil" qui remplissent les yeux ; pour cause, Pomès n’était pas et n’est toujours pas un photographe taurin (si ce terme et cette fonction ont réellement un sens). Il était là par hasard, sur commande et a shooté pile ses sensations. Il n’y a rien chez lui de pédagogique, rien de technique taurinement parlant ; ne restent, nappées d’un grain parfois zélé, que les photos qui lui ont sauté aux yeux. Il y a peu de toros mais surtout ceux qui meurent, il y a des toreros mais souvent sans toro, il y a surtout le peuple et les plus populaires.

Il y a évidemment ce guardia civil, du venin dans les yeux, le menton redressé de sa casquette brune, qui, page 56, brûle de faire de ces "Goyescos" insoumis page 59 l’anathème parfait sur l’autel de Franco. Il y a donc une époque dans ce si mal titré Toros de Leopoldo Pomès, une civilisation, un monde presque mort.

Et puis, et puis, il y a trois pages ou quatre ou cinq ou plus qui annoncent Crouser ou font penser à lui. Et page 88, le bonheur, presque trouble de honte (photo prise en 1957), de ce dos nu d'une brune inconnue qu’un képi ridicule semble effleurer du venin de ses yeux...

>>> Leopoldo Pomès, Toros, Junta de Andalucía y Centro andaluz de la fotografía, 1995.

http://www.paginadigital.com.ar/eventos/expo/pomes/galeria.html

28 décembre 2007

Titín III


Ohé ! y’a quelqu’un ? Non, pas un chat. Du coup, j’en profite pour pointer le bout du museau et "poster" illico cette magnifique photo de Justo Rodríguez à laquelle je tiens, et que j’avais mise en lien dans le message ci-dessous... Un lien qui restait désespérément fermé. J’ai donné ma langue au chat mais j'ai trouvé cette parade.

Dans "la cage" 2007, l’avant (delantero) a croqué l’arrière (zaguero). Si l’on se réfère au palmarès du Cuatro y Medio, le contraire aurait constitué une vraie surprise. Depuis 1989, seules 3 txapelas sur 19 ont couronné un arrière : Galarza III en 1993, Arretxe en 1996 et Barriola en 2001. Dans la liguilla 2007, Abel Barriola était l’unique représentant zaguero.

À noter aussi, via l’indispensable blog manista dosparedes.com (un peu long à s’afficher, deux murs quand même !), la présentation du Campeonato de Parejas 2008 qui débutera le 4 janvier prochain.
— Bien, bien, mais qu’est-ce que ça vient faire là ?
— Ben... parce que dans une paire y’a un avant et un arrière, tu vois ?

Mais que tout le monde se rassure ; je n’ai ni l’intention ni la compétence (surtout pas) de transformer Campos y Ruedos en Cuatro y Medio ! Et puis, les félins veillent au grain...

Image Superbe attitude de Titín III lors de la finale 2007 du 4 ½ © Justo Rodríguez

24 décembre 2007

« La cage », combat à mains nues


Le 2 décembre dernier, dans l’arène surchauffée du Frontón Ogueta de Vitoria-Gasteiz, Augusto Ibáñez Sacristán "Titín III" est devenu à 38 ans le premier pelotari riojano vainqueur du Cuatro y Medio, épreuve individuelle professionnelle de pelote à main nue, aussi surnommée "la cage" en raison des dimensions réduites de la cancha — toute pelote retombant derrière la ligne jaune Pasa est hors jeu.
Dans le temple de "la jaula", donc, rugissant de 2.300 aficionados à la pelota a mano, l’avant de Tricio a remporté par 22 à 15 le combat qui l’opposait à Barriola, son jeune compère navarrais chez Aspe1 — défait en finale pour la deuxième année consécutive mais déjà consacré txapeldun2 dans cette discipline en 2001.
Forcément de Navarre, serait-on tenté d’ajouter, tant la domination de ses manistas est insolente. Depuis 1989, date de la première finale, ils ont décroché la bagatelle de 17 titres sur 19 possibles ! Avant Titín III, seul le Guipuzcoano Unanue (1999) avait réussi la prouesse de leur confisquer la txapela3 du 4 ½.

1 Empresa de pelota a mano profesional basée à Eibar (Guipúzcoa), l’autre étant Asegarce de Pampelune.
2 En basque, "champion".
3 Large béret noir brodé porté ici par Olaizola II vainqueur du Campeonato Manomanista 2007 au dépend de... Barriola !

En plus
En 1997, Titín III disputait sa première finale, restée mythique dans le monde pelotatzale (afición à la pelote), face au non moins mythique et granitique Retegi II (43 ans). En guise de cadeau de Noël, j’offre, rien que pour vous, la première séquence (prise d’antenne, paseíllo et partie jusqu’à 2-0) de l’événement qui en compte 10 ! Pour visionner les suivantes, rien de plus simple ; il vous suffit de rechercher Esku Pilota 1997 4 Terdiko Finala Retegi II-Titín III 2/10 (puis 3/10, etc.) dans le menu déroulant de droite — « Vidéos similaires » — et de cliquer ;
Un article sur le championnat 2007, avec la présence de deux Français (Aspe) aux portes de la liguilla (dernier carré où chaque pelotari s’affronte une fois), Yves Sallaberry "Xala" & Sébastien González ; ainsi qu’un court montage de la finale où les volées de Titín III font merveille.

Image Titín III à la mise en jeu lors de la finale 2007 © Justo Rodríguez (cliquer pour d'autres clichés)

21 décembre 2007

François Simon (II)


Aaah... si seulement les critiques taurins « officiels » pouvaient avoir la moitié des cojones de François Simon... Donc, François Simon chez Hélène Darroze, acte II...
D’après un commentaire anonyme laissé ici : nouvelle critique sur Hélène Darroze mais cette fois en vidéo sur le blog de François Simon et uniquement sur son blog... La rumeur dit que la chaîne Paris Première ne l'a pas diffusé après intervention de la chef...

20 décembre 2007

Erratum


Un collaborateur zélé, compteur impénitent de nos saisons taurines, relève une erreur par omission dans le texte intitulé "Pooouuusssez! poouuuusseez!". Mea culpa !

En effet, l'élevage de Partido de Resina a bien fait lidier des toros en 2007 à Antequera en Andalousie. C'était le 22 août et le cartel était composé de Curro Díaz, de Martín Antequera et de Manuel Escribano.

Dans l'anonymat de plus en plus lourd qui habille ce troupeau patrimoine, il est précieux de ne pas jeter aux oubliettes les rares sorties des ex-pablorromeros.

Photographie François Bruschet

19 décembre 2007

Pooouuuuuussez ! Pooouuuuuussez !


"Pousse toujours , tu m'intéresses..." doivent se dire les piqueros modernes bien peinards sur la muraille matelassée qui leur sert de cheval. Et les toros poussent et s'époumonent silencieusement sous un bas-ventre équin qui leur plie les dorsales. La pique actuelle, si dévoyée, si critiquée, si vilipendée et tout cela à juste titre, n'est plus qu'un assassinat dans certains cas, une mascarade grotesque d'autres nombreuses fois. La suerte de varas n'existe pas écrivait il y a peu Philippe et l'on ne peut qu'aller dans son sens en lisant le court texte mais hautement éducatif du vétérinaire taurin Renaud Maillard sur le site Terre de toros. Au-delà de l'explication scientifique du professionnel, l'auteur enfonce encore une fois le clou d'une évidence, à très forte raison, selon laquelle tout le petit monde intéressé par le combat des toros gagnerait énormément à respecter la logique de la lidia et, donc, à faire piquer correctement les toros en leur évitant cette vaine et lamentable lutte de la monopique interminable au cours de laquelle la majorité des cornus s'épuise au sens littéral du mot. "En piste, il faudrait que le toro reçoive des piques bien placées et surtout appliquées pendant une courte durée. Tout le monde y serait gagnant : le ganadero (qui jugerait mieux de la bravoure de ses pupilles sur trois piques), le public, qui verrait le toro venir de loin sur plusieurs piques avec émotion, le maestro et ses compagnons de cartels qui pourraient offrir plusieurs quites vibrants". Dans sa démonstration, le vétérinaire laisse clairement supposer que ce n'est pas en changeant la taille actuelle de la puya que le tercio de piques retrouvera son attrait certain. Sans bouleverser le débat autour du changement nécessaire du tercio de piques, M. Maillard permet au moins de le recentrer sur l'essentiel et d'en écarter les scories avancées par d'autres, tenants d'une réduction de la taille de la puya (voire utilisation de piques de tienta en spectacle officiel) qui serait gage de futures profondes transformations du moment des piques. C'est en poussant trop longuement que le toro souffre le plus, qu'il se tue contre un obstacle insurmontable et surtout voué à l'immobilisme. Que les toros aillent mal actuellement est une évidence maintes fois confirmée, mais il faut bien avouer que ce tercio de piques contemporain ne fait que l'enfoncer un peu plus dans sa décrépitude.
Mais la saison 2008 est déjà lancée avec sa horde de pronostics, de souhaits et de courses revées. Les premières combinaisons voient le jour, les camadas sont peu à peu distribuées et les choses changent... si peu.

Dans cet amas d'informations sans aucun intérêt, certaines nouvelles n'arrangent pas la morosité ambiante. A titre d'exemple, l'élevage de Partido de Resina, auquel tiennent les aficionados malgré l'hideuse utilisation des capotes à pitón, ne donnera aucune corrida de toros en 2008, comme ce fut le cas en 2007. Les suites de la brucelose semblent être la cause de cette absence des ruedos (pour les cuatreños car il y aura cependant des novilladas). Ces toros de Pablo Romero connaissent une éclipse maintenant trop longue mais qui devient presque le symbole d'un monde qui disparaît. Disons simplement que les partidoderesinas n'ont pas (encore ?) su faire oublier la beauté et la combativité des vieux pabloromeros. En 1961, la corrida de Pablo Romero de Séville fut une des belles course de la Feria. Trois toros se mirent en valeur lors de cette course, 'Roscón', n°25 qui s'envoya 4 puyazos en grand brave, 'Barquero', n° 53, qui eut également l'appétit pour quatre et enfin 'Procurador', n° 18, adepte de ce chiffre pair lui aussi. Le revistero de la revue El Ruedo (n° 883 de mai 1961) mentionne que le cinquième, 'Yeguerizo', n° 37, eut les honneurs de la vuelta al ruedo car il fut "ideal para los toreros"... Le nombre de lignes accordées à 'Roscón' par rapport à celles offertes à 'Yeguerizo' laisse comprendre que le premier était un toro exceptionnel, car son caractère s'était révélé lors du tercio le plus essentiel pour juger si oui ou non un toro mérite l'apodo "de lidia". La seconde photographie saisit l'instant ou 'Roscón' envoie sur orbite caballo et piquero... Dur métier, dur métier... parfois... des fois...

18 décembre 2007

Il Palio di Siena


La Banca Monte dei Paschi di Siena est considérée comme la banque en activité la plus ancienne du monde, elle fut créée comme Mont de Piété en 1472 à Sienne. Aujourd'hui, le groupe MPS gère différentes filiales parmi lesquelles la Monte Paschi Banque en France. L'une des succursales à Paris près de l'opéra, affiche en vitrine quelques reproductions de peintures anciennes qui fleurent bon les Quattrocento et Cinquecento italien, la Renaissance et les premières heures de cette banque (avez-vous lu les aventures de "Vasco" en BD ?).

Quand on est un minimum obsédé par les toros et amateur d'Italie, on se retrouve en arrêt devant cette reproduction d'une peinture que je n'ai pu identifier et qui représente la fameuse Piazza del Campo de Sienne où se tient deux fois par an (2 juillet pour la Visitation et 16 août lendemain de l'Assomption) depuis 1650, le Palio. Le Palio est une course de chevaux qui oppose 10 des 17 contrade (quartiers) au cours de laquelle les cavaliers montent à cru et en costume d'époque Renaissance (merveilleux pays que l'Italie qui a su conserver ses traditions, comme le Palio ou le si poétique et délicat "calcio storico" à Florence).

Les 10 cavaliers doivent faire 3 tours de piste et sont autorisés à utiliser leur cravache pour leur cheval, ceux de leurs concurrents mais également pour les cavaliers rivaux eux-mêmes. La mise en place est un énorme casse-tête, la place n'est pas géométrique et la piste glissante. La contrada qui l'emporte est celle dont le cheval termine premier en conservant ses ornements sur la tête intacts sans nécessairement que le cavalier soit encore en selle (il gagne "scossi", dit-on alors)... Les associations de défense des animaux viennent mettre leur grain de sel dans cette manifestation afin de dénoncer les mauvais traitements dont seraient victimes les destriers. La course s'avère dangereuse pour les cavaliers comme pour les chevaux qui peuvent eux-mêmes chuter (certains virages sont anguleux et la place accidentée, ce qui implique une partie en pente).
On a du mal à imaginer la passion que déchaîne le Palio à Sienne, et ce qu'il représente dans l'identité de la ville. Sienne était lors de la Renaissance l'une des nombreuses et puissantes cités-état dont était parsemée l'Italie (Florence, Venise, Rome, Gênes entre autres...). De même qu'en ce qui concerne la tauromachie, ce que semblent ne pas comprendre les associations de protection des animaux dans ce cas, c'est la dévotion dont les chevaux font l'objet au sein des contrade. Le cheval est tout d'abord béni dans l'église du quartier qu'il représentera et s'il gagne le Palio, il (oui, la monture !) préside le banquet donné pour célébrer la victoire.
Si l'on veut établir d'autres parallèles un peu plus fumeux avec la tauromachie, on peut remarquer que le mundillo qui gravite autour du Palio semble se délecter d'arrangements en tous genres, les chevaux étant tirés au sort, certaines contrade savent dès l'attribution de leur cheval qu'elles ont peu de chance de l'emporter et passent des accords avec d'autres quartiers pour gêner certains concurrents.
Le site ilpalio.org propose une version en français qui explicite la dimension symbolique de la course. J'aime beaucoup la formule inaugurale :
"C’est à une fête violente et aussi vraie que la vie, loin de tout folklore oléographique, que les Siennois ont confié le mythe de la grandeur d’un État qui n’est pas tout à fait mort. Du jour où, au milieu du XVIe siècle, la République tomba et où prit fin l'orgueilleuse indépendance siennoise, les Contrade se firent un devoir de représenter les Compagnies militaires qui avaient cessé toute activité et dans lesquelles ils constituaient en milice leurs habitants aptes au service armé."
Mais j'en arrive aux détails de la peinture en question...

La forme "moderne" du Palio date de 1650 et vient ponctuer une longue évolution des jeux donnés sur la Piazza del Campo... Le Palio succède à des courses à dos d'ânes, dérivées de Bufalate ou courses à dos de Buflonnes (!), qui avaient elles-mêmes succédé à l'interdiction des combats de taureaux par le concile de Trente.
ilpalio.org donne quelques détails sur les différents jeux ayant eu lieu sur la Piazza Del Campo, et notamment sur la Caccia dei Tori (littéralement "Chasse aux taureaux") : de 1499 à 1597 ces "chasses" furent données 17 fois à Sienne. Elles commençaient par des chasses au lièvre, renard, blaireau, porc-epics et cerfs sur lesquels on envoyait une meute de chiens au son des cors de chasse, puis les taureaux étaient lâchés et tués sur la place (sans plus de précision). On dressait lors de la sortie des taureaux une table au centre de la place autour de laquelle de jeunes garçons prenaient place et pouvaient gagner 10 écus d'or à condition de garder les mains sur la table lors de la chasse. En cas d'attaque des taureaux, les ragazzi pouvaient se défendre avec une épée. Un collègue italien me signale que la région de Sienne, la Maremme, est connue pour ses élevages de bovins, qui sont particuliers à cette zone.
On retrouve cette scène de la tavola sur l'un des deux détails du tableau...



Les informations contenues dans ce message proviennent de Wikipédia et du site il palio.

16 décembre 2007

Facundo


C’est toujours un grand plaisir de recevoir des e-mails de notre ami Facundo. Pour ses vœux de fin d’année il a agrémenté son message d’un dessin dont il a le secret : La corrida de Fuente Ymbro des Sanfermínes 2007.

14 décembre 2007

Rectificatif de Marc Roumengou à "Miura à Bilbao !"


Suite à la mise en ligne de Miura à Bilbao ! (3 décembre 2007), Marc Roumengou nous a envoyé le rectificatif suivant :

« MIURA À BILBAO

Rectificatif au texte de même titre paru sur Campos y Ruedos le 3 décembre 2004 (note de CyR : lire 2007) et publié par "Philippe".
Ce texte concernait le compte rendu de la corrida du 25 août 1963 à Bilbao, fait par "El Tío Pepe" (revue TOROS n° 729 du 8.9.1963) et une photo de cette même corrida parue en couverture du n° 1636 (14.9.2000) de la même revue.

LES YEUX DES CHEVAUX DE PICADORS.-
Début du texte : « Comme il paraît que l’on ne peut pas tout avoir dans la vie, la pique immortalisée par ce cliché n’est pas portée dans le morrillo et le cheval à l’œil droit caché. »
L’auteur déplore que le cheval ait l’œil droit caché, et il le déplore comme chose non réglementaire au même titre que la pique hors du morrillo.
Effectivement, la photo atteste de ces deux choses. Mais pour l’œil droit « caché », il n’y a rien-là que de parfaitement légal. Les règlements prévoient que l’œil droit seul soit bandé et, par conséquent, que l’œil gauche soit libre : l’actuel règlement espagnol des spectacles taurins (REST) dit (art. 72.2) « … Le picador veillera à ce que le cheval ait le seul œil droit couvert… »
La photo ne nous permet pas de savoir ce qu’il en est de l’œil gauche dans le cas particulier. Quoi qu’il en soit, couvrir les deux yeux de ces chevaux ne change rien du point de vue tauromachique et leur évite des douleurs inutiles.
En effet, là où l’on exige que l’œil gauche soit libre, il y a intervention de la picaresque :
« Quand il en est ainsi, on applique sur l’œil découvert une lentille opaque en matière plastique, dont l’usage entraîne des lésions oculaires. Dans d’autres cas, le remède est plus cruel car ce qui se fait est d’asperger le globe oculaire du cheval avec de l’eau oxygénée, d’où une perte de vision de quelques heures, mais que l’emploi continu de cette pratique convertit en définitive. » Consejo General de Colegios Veterinarios de España : Entre Campos y Ruedos — Saragosse, Ibercaja, 1991.

PICADOR DE RÉSERVE.-
Plus loin, l’auteur reproduit le compte-rendu de ce premier tiers dans lequel on peut lire : « Pedrosa change le toro de place et l’amène devant le deuxième picador », après quoi il commente et écrit : « Quand on lit que Rafael Pedrosa amena ce dernier devant le picador de réserve » Voilà qui est curieux.
Quant "El Tio Pepe" écrivait le deuxième picador, il savait parfaitement ce qu’il faisait. À cette époque-là et depuis le Reglamento oficial de las Corridas de toros novillos y becerros, approuvé le 20 août 1923, il existait bien des picadors de réserve, engagés par l’organisateur en sus de ceux des cuadrillas :
- par son article 53, ce texte en prévoyait 2, de même que le REST du 12.7.1930 (art. 64) ;
- le REST du 15.3.1962 mentionnait « les picadors de réserve que devra procurer l’entreprise [organisatrice] » (art. 90). S’il n’indiquait pas un nombre précis, il contenait la marque du pluriel et l’on peut donc considérer que ces picadors-là devaient encore être au nombre de 2.
Dans tous les textes précités, il était bien spécifié qu’ils ne devaient intervenir que si l’un des picadors de la cuadrilla "en service" (esp. : picadores de tanda) venait à être désarçonné ou blessé ; ils devaient se retirer dès que les circonstances de leur intervention cessaient ou disparaissait (art. 58 de 1923, art. 66 de 1930 et art. 90 de 1962). Cependant, depuis 1962, dans les novilladas, les picadors de réserve pouvaient donner le premier coup de pique, à condition que le novillero concerné l’autorise : c’était encore une époque où même les novillos prenaient régulièrement plusieurs piques.
Les picadors de réserve ont été supprimés de facto par le REST promulgué le 28 février 1992. Sauf erreur de ma part, il n’en a jamais été prévu dans le Règlement taurin municipal (RTM). Néanmoins, dans des relations françaises de corridas ayant lieu depuis cette date, nous voyons encore qu’il est fait mention de picadors de réserve !
~ ~ ~
Cela dit, revenons à l’époque où se situe l’épisode en cause. Le matador ayant ses deux picadors dans l’arène, il lui était habituel et normal de conduire le taureau de l’un à l’autre, et éventuellement, si le taureau refusait les piques dans tel terrain, de faire déplacer l’un des picadors, voire les deux. Ce changement de terrain est maintenant impossible à faire dans les cas trop nombreux où, en infraction au règlement (espagnol ou français ; les deux disent la même chose) les deux raies concentriques ne sont pas tracées sur le sable de l’arène, comme c’est systématiquement le cas en France, dans les corridas concours d’élevages. Je n’ai pas connaissance que l’UVTF ait pris des sanctions contre les arènes où il en est ainsi, pas plus que contre celles où les raies ne sont espacées que de deux mètres au lieu de trois.
~ ~ ~
Postérieurement à la disparition du picador de réserve, les picadors de cuadrillas se sont entendus pour piquer chacun un taureau (aujourd’hui, l’un le premier, l’autre le second, et à la corrida suivante on inverse le tour) et ils ont imposé cela à leurs patrons. Plus tard ils ont pu imposer cette pratique dans le texte du règlement (espagnol ou français, c’est pareil). Comble d’absurdité, ce règlement maintient la présence de 2 picadors dans l’arène et place l’inactif devant le toril* ce qui ajoute la provocation à l’absurdité.
La présence de ce second picador se justifie d’autant moins que si son collègue est mis hors de combat, ce n’est pas lui qui doit le remplacer, mais le plus jeune picador présent lors de cette corrida-là :
« Quand par suite de quelque accident, l’un ou les deux picadors de la cuadrilla en action ne peuvent poursuivre leur tache, ils seront remplacés par ceux des autres cuadrillas, en suivant l’ordre inverse de l’ancienneté » REST, art. 74.
« Lorsque pour un accident quelconque, l’un ou les deux picadors de la cuadrilla en piste ne peuvent continuer leur prestation, ils seront remplacés par ceux des autres cuadrillas par ordre d’ancienneté inversé » RTM, art 75.
Marc ROUMENGOU – 10.12.2007

* En réalité, le REST (art. 72) dispose que : « Celui qui doit intervenir se situera où le détermine le matador et de préférence dans la partie la plus éloignée du toril, l’autre picador se situant dans la partie de l’arène opposée au premier. » ce qui revient bien à placer le deuxième picador devant le toril. »

En tant qu’auteur de l’article visé, je me permets d’apporter quelques précisions :
LES YEUX DES CHEVAUX DE PICADORS.-
« L’auteur déplore que le cheval ait l’œil droit caché, et il le déplore comme chose non réglementaire » — Je regrette mais Marc Roumengou a mal interprété mon propos. En effet, mon idée était simplement d'utiliser ce cliché pour dire qu’à mon sens la "vérité" du premier tiers pouvait s’y trouver condensée ; la pique dans le morrillo et les yeux des chevaux découverts en sus — non seulement le gauche mais également le droit ! Sans me préoccuper le moins du monde des règlements en vigueur ;
« il le déplore comme chose non réglementaire au même titre que la pique hors du morrillo » — Marc Roumengou semble insinuer, notamment en précisant par la suite « Mais pour l’œil droit « caché », il n’y a rien-là que de parfaitement légal », que la pique portée dans le morrillo serait, elle aussi, légale. Or, il n'en est rien puisque l’actuel REST (1996), tout comme celui de 1962, et au contraire du RTM : « Le picador devra piquer dans le haut du morrillo », ne mentionnent pas le morrillo et ne disent mot sur la localisation de la pique ! ;
« Quoi qu’il en soit, couvrir les deux yeux de ces chevaux ne change rien du point de vue tauromachique et leur évite des douleurs inutiles. » — Le côté lapidaire (sentencieux ?) de ce passage me laisse pour le moins perplexe ; pourrait-on avoir de plus amples explications ? Dois-je signaler, sans craindre un rectificatif (?), que Lumière !, premier message personnel pour le blog, était consacré à cette question ? Quant au recours à la « picaresque » (sic) « là où l’on exige que l’œil gauche soit libre » (ah bon, mais alors, s’il vous plaît, donnez-nous des noms afin que j’y coure !), j’avoue ne pas savoir quoi en penser ;

PICADOR DE RÉSERVE.-
Sur le sujet, le rectificatif, qui porte bien son nom, se révèle fort passionnant et instructif.
J’ai écrit : « Quand on lit que Rafael Pedrosa amena ce dernier devant le picador de réserve » et Marc Roumengou a poursuivi : « Voilà qui est curieux ». Non, ce n’est pas curieux, c’est tout bonnement archifaux ! Au regard de la pertinence des nombreux arguments avancés, force est de reconnaître que j’ai abusivement employé l'expression « picador de réserve » ;
« après quoi ["Philippe"] commente » — Désolé de chicaner, mais là encore il me semble que Marc Roumengou, peut-être irrité par ce qu’il a pris, à tort, pour du culot, interprète librement. De toute évidence, Jean-Pierre Darracq « savait parfaitement ce qu’il faisait », et le paragraphe final de "Miura à Bilbao !" ne visait ni l’explication, ni l’observation malveillante.

Toujours trop jeune, ignorant et utopique, la tête pleine du fracas des batacazos bilbaínos, je me suis vu, le temps de quelques lignes, tenir la cape profonde de Rafael Pedrosa, lire la grande peur sous les castoreños de tanda, et conduire de l’un à l’autre dans la tempête la Bête surpuissante et brutale ; comment faire autrement quand tout vacille ?

Merci à Marc Roumengou pour sa lecture attentive.
Philippe MARCHI

Image L’alguacilillo « Marc Roumengou conduisant le paseíllo à Toulouse dans les arènes du "Soleil d'or" (années 60) » © FSTF

Alberto Herráiz, Paris


Un peu de gastronomie… ibérique mais à Paris. Eh oui, nous avons des Parisiens dans nos lecteurs (majoritaires même !) et même un collaborateur, mais chut.
J’ai découvert ça en lisant le bouquin de Nossiter : Le goût et le pouvoir. Dommage qu’il ne s’intéresse pas à la chose taurine Nossiter... Avec le dixième du bordel qu'il a mis dans le monde du vin je pense que les taurinos l'auraient pendu aux grilles !

Le Fogón donc, où malgré une carte des vins critiquable, l’Américain bourguignon sans terroir nous vante sans retenue cette adresse. Le chef est Alberto Herráiz, natif de La Mancha. La carte des vins serait donc axée sur des modernités assez putassières mais propose un blanc de La Rioja de Viña Tondonia d’une quarantaine d’années (j’écris en lettre pour qu’il n’y ait pas de malentendu !) qui vaudrait le détour. Nos Parigos sont donc priés d’aller tester !

El Fogón /// 45, quai des Grands-Augustins /// 75006 Paris /// 01 43 54 31 33

12 décembre 2007

Casta Navarra


En complément des liens fournis par Laurent dans son article ci-dessous consacré à l'élevage de Aranda, vous pouvez également consulter le site de l'association culturelle "Amigos de la Casta Navarra".

09 décembre 2007

"Loin des ruedos..." Ganadería El Ruedo


On a du campo bravo, comme de tout ce dont on rêve en hiver et plus tard, une image idéalisée. De garrochistas lancinants fuyant loin le regard en toros sapés de violettes, d’alcornoques toqués de vent en encinas centenaires, la tête est pleine d’un voyage qui déteste l’attente. On a du campo bravo ce sentiment que l’Espagne est un infini où l’on chercherait les toros de l’oeil, du tympan, de la peau. Quand on en rêve, le campo bravo, ça parle comme Gabin disait la Chine à Bebel dans un « Singe en hiver ». Ça en jette, c’est bat ! Et puis au campo, ben y’a les toros, on y va pour eux et c’est d’eux qu’on rêve, en hiver, plus tard. Et le campo sans les toros... c’est « une paella sans coquillage, un gigot sans ail, un escroc sans rosette : quelque chose qui déplaît à Dieu ! ». Ça existe ça, le campo sans les toros ? Oui ma mie, et pas loin même (de chez moi en tout cas), quelque part le long d’un fleuve qui n’est pas le Yang-Tsé-Kiang et qui traverse pépère l’austère buste de l’Ibérie. Sur les cartes et dans les têtes géographes, ça s’appelle la Ribera del Ebro. En vérité, il ne s’agit rien moins que d’un monde sur lequel règnent de courtes amazones aux cornes torturées. Une légende réelle version bovine. Y’a que des vaches ici, petites comme leur enclos, rouges comme une terre mouillée, entassées ; des cailloux les occupent.
Les descriptions morphologiques des toros de combat que l’on trouve dans de nombreux ouvrages évoquent souvent les caractéristiques du regard. On peut y lire que tel encaste a un regard vif, provocateur. C’est difficile de traduire un regard, d’en donner un rendu intelligible. Les toreros y font souvent référence mais comme un ressenti fulgurant qu’eux seuls peuvent percevoir finalement. Au campo, le regard des toros est dans la majorité des cas indifférent ; parfois clairement agacé par la présence d’observateurs. Ils ont l’expression de la curiosité quelques instants puis ils foutent le camp pour qu’on les laisse en paix ; ils partent l’œil bas, ils passent leur chemin. La vivacité supposée de leur regard qui permettrait de les identifier à un encaste propre n’est finalement que la conséquence de leur réaction à l’autre, l’inconnu.
A Villafranca (sud Navarre), chez Jesús Aranda (fils de Nicolas, fondateur de la ganadería), les vaches rouges ont le sang vieux mais chaud. A 10 mètres, à 50 mètres, à 2 kilomètres, elles vous matent droit devant, le cou tendu, en ébullition. Elles ont dans leurs rétines l’envie de cogner clairement affichée.

Le sang navarrais existe-il encore ? Evidemment Jesús Aranda nous a soutenu que oui et que son élevage était à 85 % marqué par cette origine qui semble remonter à la nuit des temps tauromachiques. Toujours est-il que ces petites choses furieuses sont d’un type bien à part dans la cabaña brava actuelle et qu’il est sympathique de les imaginer descendre, presque directement, d’un XVII° siècle au cours duquel un certain Marquis de Santa Cara entama l’édifice de l’encaste navarrais.
Vous ne verrez pourtant pas les fils de ces "petites brutes" d'El Ruedo jouer leur vie dans une arène. Jesús Aranda ne sélectionne ses animaux que dans l’optique de ce que l’Espagne nomme les "festejos populares" (encierros, recorte...). A travers ses mots, l’on sent tout de suite que cela lui plairait de voir ses mâles combattre en corrida mais, et il ne le sait que trop bien, le monde taurin actuel (et passé, il faut aussi le souligner) ne veut pas de cette fougue rouge. Seuls les Cérétans tentèrent il y a quelques années l’expérience du navarrais en novillada non piquée (El Ruedo, La Bomba)... Les souvenirs de ceux qui en furent ce matin-là sont pleins, encore aujourd’hui, des couleurs de l’effroi...

- Pour éclairer quelque peu vos lanternes sur l'encaste navarrais, rendez-vous sur le site de La Cabaña Brava : http://populares.toroszgz.org/Castanavarra/indicecastanavarra.htm.
- Rendez-vous également sur le site Terre de toros pour découvrir plus en détails la ganadería El Ruedo de Jesús Aranda : http://tthuries.free.fr.
- Enfin, vous pouvez aller consulter sur le site récemment mis à jour de l'ADAC une vidéo présentant les novillos (il s'agissait d'une non piquée !) de la ganadería El Ruedo combattus à Céret en 2003 : http://www.ceret-de-toros.com/historique/hist03/videos2003.htm.

Evidemment, retrouvez sur Camposyruedos la galerie de notre visite chez Jesús Aranda...

Rome, ville à fermer


Puisqu'il est de bon ton de narrer ses vacances sur ce blog dont la décadence n'est plus à prouver depuis sa diversification en site de petites annonces, faisant l'apologie de la luxure, et autre évocation de Céline Dion, je tiens à exprimer le choc subi lors d'un voyage à Rome il y a deux mois et à réclamer solennellement aux députés européens de la déclarer, non plus "ville ouverte", comme en 1944, mais qu'en lieu et place de son évoction par Rosselini et la Magnani, elle soit déclarée "ville fermée aux mineurs de 16 ans". Je m'explique...

Pour commencer, je vous renvoie aux écrits de Pierre Dupuy (je crois) sur les Borgia, famille dont le blason était un taureau et qui fit donner des combats de taureaux lors de l'élection du premier pape de la dynastie : Rodrigo Borgia, père de 4 enfants et élu sous l'"apodo" d'Alexandre VI, le 11 août 1492 (quelle année décidément pour l'Espagne ! ne leur a manqué que le Mondial de foot)... Cf. un Toros d'il y a quelques années (désolé, ma collection est actuellement dans des cartons).

Ci-dessus les armes de Rodrigo Borgia, une fois devenu le pape Alexandre VI et dont on remarque le taureau représenté en petit emprunté au blason de la famille Borgia (ci-contre) : "D'or, au taureau de gueules, sur une terrasse de sinople, à la bordure du champ, chargée de huit flammes du troisième" - Plus de détails et des armoiries en veux-tu en voilà (pour les fans de l'héraldique) sur le très exhaustif site : http://www.heraldique-europeenne.org/Regions/Italie/Borgia.htm.

J'épargne à votre sensibilité déja mise à mal par l'évocation de la plus controversée famille de prélats de l'histoire, les sordides descriptions des puntillazos barbares du culte de Mithra que l'on trouve représentés en statues de marbre et autres bas-reliefs un peu partout à Rome (notamment au musée du Capitole)... Je ne ferai que survoler le bilan comptable de la féria de Rome de l'an 80 où, pour l'inauguration du Colisée (qu'on appelait à l'origine Amphithéâtre Flavien), on donna des jeux qui, en 100 jours et 100 nuits, virent passer de vie à trépas pas moins de 5000 animaux. Quelques années plus tard, Trajan célébra sa victoire sur les Daces (peuples de l'actuelle Roumanie) par 117 jours de jeux au cours desquels périrent 10 000 animaux et 9000 Gladiateurs (tous les chiffres sont issus du Lonely Planet Rome)
Dans le cas présent, ce bas-relief de Mithra est conservé au Louvre.

En arrivant dans la très baroque Basilique St-Pierre-de-Rome, un peu écrasé par la monumentalité des lieux, me voici face aux 4 immenses statues de saints gardant les piliers délimitant le choeur de l'édifice et soutenant la coupole. Quel choc de constater que l'une des statues représentait l'improbable (elle n'apparaît pas dans le Nouveau Testament mais seulement dans les évangiles apocryphes) Sainte Véronique !! Je me demande encore comment des millions d'enfants ont pu survivre à cette représentation de celle qui donna son nom à la passe fondamentale du toreo de cape, ici représentée en train de "torchonner" un capotazo...
J'enquêtais alors un peu plus avant sur cette drôlesse : il apparaît que l'étymologie du nom Véronique résulte de "Vera Icona" - "vraie image" et celle-ci est connue pour avoir parlé et échangé chiffons avec le Christ lors de différents épisodes... dont le plus connu est sans nul doute celui du chemin de Croix, lors de l'ascension au Golgotha, celle-ci aurait essuyé la face du Christ d'un voile qui serait resté mystérieusement imprimé du visage de Jésus.

Le site http://www.spiritualite-chretienne.com/ nous livre quelques données historiques supplémentaires : "Les preuves historiques de l'histoire du voile remontent au VIII° siècle, au cours duquel le pape Jean VII le plaça dans un oratoire qu'il fit construire au Vatican. Exposé au XII° siècle au Latran, le voile fut transféré au début du XVII° à la Basilique Saint-Pierre-de-Rome, où il fut l'objet d'une dernière ostension en 1854. Il n'a fait l'objet d'aucune étude scientifique, mais les copies conservées à Rome et à Gênes rappellent l'image du Saint Suaire."

Il convient de bien distinguer le Saint Suaire du Voile de Véronique, le Saint Suaire étant le linceul dans lequel le Christ fut enveloppé lors de sa mise au tombeau et qui est conservé à Torino (la ville où le club traditionnel est surnommé le "Toro" - mais c'est un vrai "Da Vinci Code" !).

Voilà pour la petite histoire... je n'apprendrai à personne que la "Véronique" tire son nom de la similarité de cette passe avec le geste de Sainte Véronique essuyant la face du Christ - déja sévèrement châtié - au Golgotha.

Toujours sur le site de http://www.spiritualite-chretienne.com/, j'ai trouvé une représentation plus académique de ce geste par un anonyme flamand du XVe siècle qui est conservé au Prieuré de Brou, dans l'Ain et qui peut en effet rappeler quelque peu la passe fondamentale du toreo de cape.

La plupart des informations de ce post provient des sites Spiritualité chrétienne et Moyen Age en lumière.

07 décembre 2007

Toros en Amérique du Sud


Il se dit beaucoup de choses sur la fiesta en Amérique du Sud, le trapío insuffisant des toros, leur souffle inépuisable, les triomphes mystérieux de certains toreros ici médiocres, là-bas extraordinaires… Difficile de savoir.

Un lecteur de Camposyruedos, qui pour l’instant préfère garder l’anonymat, est allé sur place et nous a ramené quelques clichés très révélateurs. En voici un. Nous sommes bien conscients qu’en les publiant nous risquons de faire divorcer nombre d’aficionados qui chaque année font le voyage, sans leur femme.

Mais à CyR nous ne reculerons devant aucun sacrifice pour vous informer des conditions de lidia en Amérique du Sud. Pour ce qui est du trapío… rien à redire ! J’espère simplement qu’elles n’ont pas moins de 16 ou de 15...

Enfin euh... pfffff...


Saint-Martin-de-Crau


A l'occasion de l'inauguration des nouvelles arènes de Saint-Martin-de-Crau la Féria de la Crau sera exceptionnellement avancée aux 12 & 13 avril 2008... nous informent les organisateurs...

06 décembre 2007

Moins de seize... heu quinze !


Une proposition de loi « tendant à interdire l’accès aux courses de taureaux aux mineurs de quinze ans » a été mise en distribution ce jour et rendue accessible sur le site Internet de l’Assemblée Nationale.

Ce texte, présenté par MM. Jean-Pierre Brard, Jean-Jacques Candelier et Daniel Paul, députés respectivement de la septième circonscription de Seine-Saint-Denis, de la seizième circonscription du Nord et de la huitième circonscription de Seine-Maritime, a été déposé sur le bureau de l’Assemblée le 27 septembre 2007 et renvoyé à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République.

L’exposé des motifs est on ne peut plus succinct, totalement dépourvu de la moindre justification objective et, même s’il reconnaît implicitement la légitimité des courses de taureaux dans les conditions prévues par le législateur, témoigne d’une méconnaissance désarmante du phénomène taurin. Je vous laisse en juger par vous-mêmes :

« Les courses de taureaux comportant la mise à mort des animaux ne sont pas un sport [sic] comme un autre. Le spectacle d’une mise à mort programmée et parfois longue est de nature à heurter des sensibilités particulièrement celles des enfants.

C’est pourquoi, si le législateur a accepté une dérogation à la loi pénale au bénéfice des courses de taureaux, il convient d’en préciser et d’en limiter la portée en interdisant leur accès aux mineurs de quinze ans.
»

D’un point de vue purement formel, nous sommes assez loin des envolées lyriques de la Cour d’appel de Toulouse1, et il conviendrait de porter à l’attention de nos chers députés qu’une application stricte de leur texte interdirait l’accès aux arènes seulement aux mineurs de quinze ans, et non à ceux de moins de quinze ans. Et dire que ces personnes votent nos lois.

L’article unique de la proposition de loi est rédigé dans les termes suivants (en reprenant la « boulette » mentionnée plus haut) :

« Après la première phrase du septième alinéa de l’article 521-1 du code pénal, sont insérées deux phrases ainsi rédigées :

"Toutefois, l’accès aux arènes ou tout autre lieu où est organisée une course de taureaux comportant la mise à mort d’au moins un animal, est interdit aux mineurs de quinze ans. Est puni des peines prévues au présent article, le fait, pour le gestionnaire du lieu où se déroule la course de taureaux et pour son organisateur, d’enfreindre cette interdiction."
»

Il ne s’agit nullement ici de minimiser la menace que constituent les démarches entreprises par les militants anti-corrida, et ce particulièrement depuis que des personnes moins limitées intellectuellement sont devenues plus actives. Mais comment, à la lecture de cette proposition, en étant instruit des expériences récentes et surtout du sort réservé à des propositions de lois plus sérieuses, ne pas être tenté de s’exclamer : "Tout ça pour ça !"

Comment ne pas non plus constater un net recul des revendications par rapport à la proposition enregistrée le 8 juin 2004, beaucoup plus (sinon mieux) argumentée et présentée par un nombre autrement plus significatif de députés menés par Mme Muriel Marland-Militello, ayant pourtant abouti à un échec cuisant ?2

Sans vouloir raviver la polémique, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous poser encore une fois (car nous ne sommes pas butés) la question de savoir s’il était opportun d’entrer dans ce débat. Et notre conviction est claire est sans ambages : la réponse est non ! Tout en restant vigilants et concernés, il nous paraît indispensable de ne pas lâcher de terrain, encore moins quand la soi-disant menace est si inoffensive. Il n’est pas nécessaire d’être devin pour anticiper le sort de cette nouvelle proposition de loi.

Dans ces conditions, nous ne voyons vraiment pas où était l’intérêt de, spontanément et de notre propre initiative, proposer un compromis qui plus est dangereux à court ou moyen terme et, partant, inacceptable. A la lumière de la manifestation du danger matérialisé aujourd’hui par cette proposition, la demande faite au Président de la République nous paraît pour le moins singulière. En admettant qu’il ait compétence en la matière, eût-il fallu se réjouir qu’il accède à la demande ainsi formulée, alors que cette tentative est vouée à finir sa trajectoire dans la poubelle de l’hémicycle ? Et même si, par extraordinaire, la menace avait été plus réelle, n’eût-il pas mieux valu agir de manière ferme et concertée, en utilisant tous les arguments issus de l’avis des experts (cf. notamment les lettres de psychiatres recueillis depuis lors par la FSTF) ?

Espérons que tout cela est à ranger au rayon des souvenirs désagréables, et que nous allons enfin pouvoir nous concentrer sur les dangers qui nous rongent de l’intérieur.
Erratum : comme me le fait justement remarquer l'un de nos lecteurs dans un message ci-dessous, ce ne sont pas les trois députés qui ont commis une boulette en demandant l'interdiction des arènes aux "mineurs de 15 ans", mais bien moi en affirmant à tort que cette formulation limiterait l'interdiction aux enfants de 15 ans, à l'exclusion de ceux qui seraient mois âgés. Merci de nous l'avoir signalé.

1 « Il ne saurait être contesté que dans le midi de la France, entre le pays d’Arles et le pays basque, entre garrigue et méditerranée, entre Pyrénées et Garonne, en Provence, Languedoc, Catalogne, Gascogne, Landes et Pays basque, existe une forte tradition taurine qui se manifeste par l’organisation de spectacles complets de corridas. » Arrêt de la 1ère chambre de la Cour d’appel de Toulouse du 3 avril 2000 ; Assoc. Las Ferias en Saves c/ Assoc. Sté nat. pour la défense des animaux. Président : M. Mas.
2 A noter, déjà, l’accent mis, sans plus de justifications scientifiques et objectives, sur la protection de l’enfance : « En encourageant des cruautés exercées en public, on pervertit l’éthique à transmettre à nos jeunes. Amener un enfant à un spectacle qui accoutume à la souffrance, à la vue du sang, exalte ses passions nocives en les couvrant d’apparats. Le masque de la beauté, beauté revendiquée par les aficionados, ne saurait occulter la cruauté. N’est-ce pas une perversion de l’éducation artistique que de la déconnecter de l’esprit de compassion ? N’est-ce pas une perversion du mythe de l’héroïsme que d’inciter les jeunes « à se jouer la vie » ? Sur le plan pédagogique, la corrida fait perdre tout repère à l’enfant. Comment peut-il comprendre qu’il est autorisé, voire splendide, de planter des harpons sur le dos d’un taureau mais qu’en revanche il est interdit, voire affreux, de le faire sur le dos d’un cheval ? L’absence de repères est à son comble lorsque l’enfant suit une initiation dès l’âge de 7 ans. Dans les écoles de tauromachie l’apprentissage à la cruauté s’exerce parallèlement à des exercices pratiques sur des veaux et des vachettes : est-ce vraiment le meilleur moyen d’enseigner aux enfants l’amour pour les animaux ? Une tradition ancienne doit-elle transgresser l’éthique et les valeurs humanistes actuelles que l’on doit inculquer à nos enfants ? »

03 décembre 2007

Langue bleue


A lire sur le site de la FSTF, un bref état des lieux de la langue bleue depuis la découverte de nouveaux foyers venus en particulier d'Europe du Nord. L'analyse est signée Renaud Maillard, membre et ancien président de l'Association des Vétérinaires Taurins Français...

Le moins que l'on puisse en dire, c'est qu'en 2008 les certitudes n'ont pas encore pointé le bout de leur nez...

Photographie : toro de Cuadri à Comeuñas en 2005

"Miura à Bilbao !"


Comme il paraît que l’on ne peut pas tout avoir dans la vie, la pique immortalisée par ce cliché n’est pas portée dans le morrillo et le cheval a l’œil droit caché... En revanche, prêtons attention un instant à l’allure de la monture1, au peto dénué de manchons et froissé par la corne, à la main gauche du picador broyée par la corde ; mais aussi à l’impressionnante extension du cheval provoquée par la non moins impressionnante poussée du miura romaneando2 con poder ! Ces petos, qui n’emprisonnaient pas encore exagérément les chevaux, « permettaient aux toros d’accrocher, de suspendre et de renverser les équidés [...] Cependant, ces actions si prisées des anciens aficionados, ne sont que des réminiscences de l’époque antérieure à l’apparition du peto ; puisque lors d’un déroulement correct de la suerte de vara, le toro ne doit jamais atteindre la monture. » (Luis Barona & Antonio Cuesta, Suerte de vara). Autant que faire se peut, serait-on tenté d’ajouter ! N’empêche, si seulement les matadors et les picadors pouvaient renouer avec cette exigence première ; si seulement nous pouvions, nous autres aficionados, reconsidérer nos représentations de la suerte de vara. Le père Noël pourrait faire un geste, c’est le Toro qui le lui demande !

Ce dantesque tercio de varas remonte au 25 août 1963 ; autant dire une éternité ! Cette photographie laisse à croire qu’à cette époque le toro pouvait lutter "équitablement", car il combattait dans sa catégorie. Ce jour-là, il semblerait qu’il n’ait été question ni de piques interminablement traumatisantes pour le physique et le moral du cornu, ni de cariocas, ni de quites abusivement retardés, ainsi que de tout ce qui pourrit l’existence de ce si beau et essentiel moment de la lidia d’un taureau de combat. Comment je le sais ? Jean-Pierre Darracq "El Tío Pepe" y était et voici son compte rendu — enfin, une partie — paru dans le n° 729 de la revue TOROS et repris tel quel :

« Le plus beau toro de lidia que j’aie jamais vu. Enorme avec ses 597 kg., mais long, haut, d’un type admirable : retinto en castaño, meano, bragado, ojo de perdiz, avec des cornes longues et redoutables. Son arrivée fait sensation. Rafael Pedrosa va au-devant de lui et dessine à ce monstre cinq véroniques de rêve, et le toro suit jusqu’à la demie finale, très serrée. Entrée des picadores. Dès la mise en suerte, le Miura s’élance. A peine le picador a-t-il planté que l’éléphant envoie dans les airs cheval et picador. Tout le monde au quite. On recommence. Cite du picador. Aussitôt le toro bondit et c’est, dans la seconde même, la deuxième chute monumentale. Remise en suerte. Cite. Le châtain n’attend pas. Troisième chute énorme. Les trois fois, le picador a atterri sur le dos. Il est à moitié assommé. Pedrosa change le toro de place et l’amène devant le deuxième picador. Aussitôt, le Miura s’élance et envoie en l’air le cheval et l’homme. Imaginez l’effet produit ! le public est debout, hurlant d’enthousiasme, un peu haletant aussi. Cela va-t-il durer ? Oui ! A la cinquième pique, le toro bondit encore et envoie de nouveau le groupe équestre au tapis. On croit rêver. Pedrosa fait signe au picador de se placer près des tablas pour éviter une sixième chute et parce qu’il faut bien que ce toro soit piqué, ce qui n’est pas encore le cas. Le toro fonce, accule le cheval contre les planches. Le picador a bien planté et tient le coup. Ovation au picador. Septième pique enfin, le toro poussant relativement peu. Le tercio de varas a duré plus de vingt minutes. Vingt minutes d’émotion et d’enthousiasme fantastiques. »

Vingt minutes et une vingtaine de lignes, rien que pour rendre compte du premier tiers de la course du cinquième miura ! Quand on lit que Rafael Pedrosa amena ce dernier devant le picador de réserve ; on peut légitimement imaginer qu’il a agi ainsi davantage pour soulager celui de turno que pour "briser" le pachyderme de Zahariche ! Quand on lit qu’il fit signe à son picador d’aller « se placer près des tablas » ; on frémit pour ces dames en barrera ! Que voulez-vous, les temps changent3...

1 Los caballos de picar (faut pas être sujet aux vertiges !) de Heyral et Bonijol sont également des croisés au type "trait" marqué, sans doute bien dressés mais, eux-aussi, trop massifs et surprotégés. Le règlement prévoit tout ça ; les picadors ont toujours su s’y prendre pour se faire entendre.
2 « Romanear — Verbe tiré par les professionnels du mot romana [balance]. Il revient à suggérer, en style imagé, que le taureau "pèse" le cheval, quand il le soulève de ses cornes ou le reprend au sol pour le rejeter. Le fait de romanear décèle la force et la bravoure d’un animal. » (Claude Popelin, La Tauromachie).
3 Sont-ce mes yeux ou je ne vois personne dans le callejón...

Image N° 1636 du 14 septembre 2000 © Revue TOROS

01 décembre 2007

Il faut sauver le chapeau espagnol


La crevette espagnole est sauvée ! Le coup est passé près comme une balle qui siffle en pointe à vos oreilles, filant dans le vide béant de votre adrénaline, manquant sa cible. José Tomás Román "a gagné" son pari, le monde peut à nouveau avancer à reculons. La morcilla va bien aussi. Merci. D’après nos correspondants, évidemment bien informés et sévissant dans les profondeurs diaphanes de la fierté catalane, le cours du boudin ibérique serait en train de faire peau neuve, si l’on peut dire. Ouf !!! L’Espagne a frémi, elle peut maintenant rissoler.
Pour autant, le gouvernement espagnol reste inquiet au sujet d’une crise qui pourrait bien se tourner dans un futur proche vers d’autres secteurs essentiels de son économie. Selon des sources proches du pouvoir que nous ne pouvons évidemment pas citer ici sans encourir le risque de leur sécurité, l’année 2008 pourrait bien être une année décoiffante voire décoiffée. En effet, l’industrie ibérique du chapeau serait actuellement au plus bas dans les cotations de la bourse de Morón de la Frontera, capitale historique, un brin mythique, de la fabrication du si fameux chapeau espagnol. Les édiles cravatés de noirs (un signe peut-être) des couloirs de la Moncloa s’alarment depuis deux ou trois ans de la chute des ventes de chapeaux espagnols et affirment que Morón serait même, ô comble, la première touchée. L’affaire serait si grave que nos cols blancs ceints de noir en perdraient jusqu’à leur tête… On en rirait presque dans cette histoire de couvre-chef. Au terme d’une enquête des plus minutieuse établie au péril de toutes nos convictions tauromachiques, il semblerait que les inquiétudes des hautes sphères de l’Etat voisin s’avèrent fondées. De fait, l’on a constaté sur place une recrudescence alarmante de cas de surchauffe céphalique clairement dus à l’absence de port de chapeau en un pays où cognent fort les rayons d’un soleil bien viril, et, se manifestant bruyamment par d’atroces vociférations gutturales implorant l’"Induuuulto !!!" ou le "No lo mate, no lo mate"… Effrayant ! Des rumeurs qui seraient sur le point de ne plus l’être évoquent même la présence d’autres cas aux quatre coins de l’hispanie. Face à ce qu’il est convenu de qualifier d’épidémie, le pouvoir en place, soutenu pour une fois par des partis d’obédiences contraires, a tiré la sonnette d’alarme et prévoit un plan de sauvetage du chapeau espagnol et des cerveaux qui vont dessous en 25 points ; plan élaboré sur les mêmes bases que le sauvetage de la crevette espagnole. Ainsi, il a été fait appel à un illustre torero soi-disant retiré des ruedos et capable à lui seul de relancer l’industrie du "capeou", un torero vénéré, adulé, attendu… Le sémillant Morante de la Puebla. Dans l’urgence, l’annonce de cette tentative désespérée n’a même pas été faite depuis Madrid mais depuis Mexico City où ledit torero passerait des vacances bien méritées après une saison stoppée net aux prémices de l’été. Une telle hâte de médiatiser pareille initiative démontre bien l’étendue d’une crise qui voile de tremblements l’ensemble de l’économie espagnole. Morante sera-t-il à la hauteur de José ? Sera-t-il le héros flamboyant du chapeau espagnol ? Nul ne le sait encore mais force est de constater qu’il en est déjà un des plus fervents hérauts, n’hésitant pas à couvrir sa brune crinière d’un canotier début XX° sur les tendidos de la Real Maestranza de Caballería de Sevilla. Morante revient donc comme une lumière infime perce l’ombre sous un chapeau de paille, tous disent "chapeau bas"…
A l’heure où nous bouclons, il semblerait qu’une autre nouvelle risque de faire vaciller taurinos et mundillo. Un de nos informateurs les plus sérieux nous apprend par pigeon voyageur que l’immense, le gigantesque Antoñete serait sur le point d’annoncer lui aussi sa vuelta. D’après ce qu’il est en mesure de savoir (mais nous l’avons déjà écrit, il s’agit d’une personne très sérieuse), un ministre aurait discrètement contacté le maestro pour l’inciter à reprendre les trastos en tête de gondole d’un plan de sauvetage des cosmétiques espagnols. Oui, qui mieux que ce géant du toreo à la mèche faussement blanche (il se faisait des couleurs paraît-il) pouvait porter l’étendard des célèbres cosmétiques ibériques ? Personne d’autre sans nul doute car lui seul le vaut bien. De toute évidence, le gouvernement espagnol a décidé de frapper un grand coup et la jurisprudence Tomás sur la crevette espagnole a donné force idées aux technocrates madrilènes. Il ne serait pas étonnant que l’année 2008 soit celle des grands retours. De fuite en indiscrétion, nous sommes en mesure de savoir qu’une liste d’une bonne demi-douzaine de grands matadors retirés traînerait de bureau en bureau.

Beaucoup de secteurs de l’économie espagnole sont aujourd’hui touchés par les effets pervers de la mondialisation et l’heure est à la réaction. C’est à prendre évidemment au conditionnel mais cette liste afficherait les noms de Curro Romero, Rafael de Paula, El Cordobés, Ruiz Miguel et Simon Casas pour un plan de sauvetage des exportations des célèbres balances espagnoles…Juan José Padilla aurait été contacté récemment mais aurait bruyamment décliné l’offre de sauvetage des parcs d’attractions espagnols arguant du fait qu’il n’était pas encore retiré… Il y en a qui n’ont vraiment pas la fibre patriotique…

La seconde photo est extraite du blog : http://www.morantedelapuebla.blogspot.com/.

Marc Merolli...


... nous a transmis de nouveaux tableaux. Nous y reviendrons évidemment. En attendant les Gardois pourront le rencontrer les 1er et 2 décembre à la cave de Collorgues de 11h à 18h tout en dégustant quelques produits locaux.

30 novembre 2007

Merci l'ANDA


Bon, on aurait pu délirer, remercier nos parents, nos femmes, nos maîtresses, nos voitures, enfin délirer quoi... Mais non. Pour fêter notre prix décerné par l’ANDA, nous l’avons fait discrète, entre nous, en toute intimité autour de quelques bonnes bouteilles dont la liste est ci-contre. Mmmmm... Le pire ? C’est que cette dégustation a réellement eu lieu... ou va avoir lieu plus précisément. Oui ça existe, mais pas à Camposyruedos je vous rassure. Pas encore ! Le lieu et l’endroit ? Je n’ai pas le droit de les communiquer !

Le duende de Manon (II)


Si le message de Solysombra vous a mis en appétit et si, pendant cette période creuse, les photos de Manon vous manquent, vous pouvez admirer une autre facette de son talent en visitant le site Internet de la Casa Patas, rubrique "Galería de Fotos". La plupart des superbes photographies qui y sont présentées sont de notre ami. Voici le lien : http://www.casapatas.com/index.asp.

Bonne visite.

Image Belén López, à la Casa Patas © Juan Pelegrín

Margé - Parentis


Toujours les photos de Nadège...



29 novembre 2007

Raso de Portillo - Parentis


Nos lecteurs continuent à nous envoyer des photos. Ici celles de Nadine prises à Parentis le jour de la novillada du Raso de Portillo primée par l'ANDA.



25 novembre 2007

Venise, terre taurine


On a coutume de dire que les voyages forment la jeunesse. Rien n’est moins sûr à la vérité. Car les taurins, ces êtres étranges venus d’une autre planète sont partout. Leur destination : la Terre. Leur but : en faire leur univers. A Camposyruedos nous les avons vus. Tenez, par exemple, prenez une ville, a priori épargnée : Venise.
Pour moi, tout a commencé par un après-midi brumeux, dans les méandres des couloirs de la Fondation Peggy-Guggenheim, une bâtisse au bord du Grand Canal, solitaire en ce mois de novembre, alors que trop fatigué pour continuer la visite de cette sublime fondation, je cherchais, dans les jardins, un banc pour me reposer, un banc que je n’ai jamais trouvé.
Cela a commencé par cette statue isolée, et par un touriste que le manque de sommeil avait rendu trop las pour continuer sa visite. Cela a commencé par la vision de cette statue, au cœur de ce jardin. Cet objet dont vous avez la photographie au début de l'article est d’une violence rare. Un trident camarguais surmonte une immonde créature accompagnée d’un squelette représentant une tête de taureau. Je n’ai pas osé le photographier, mais on peut distinguer clairement sur le dessus du crâne un énorme trou, symbolisant sans doute un ultime et fatal coup de lance venant achever l’animal en lui perforant le crâne. Si ce n’était la forme des cornes, et le trident, j’aurai sans doute songé à une évocation du Toro de la Vega de Tordesillas. L’auteur de cette monstruosité, de cette évocation taurine d’une insupportable violence, se nomme Germaine Richier (1902 – 1959). Et cette œuvre (?) a vu le jour en 1959, autant dire le Moyen Age.
Je n’étais pas au bout de mes peines. A peine venais-je de réaliser la brutalité et la sauvagerie de cette représentation que deux enfants, mineurs, honteusement abandonnés par leurs parents, probablement irresponsables, et qui se désaltéraient, à trois mètres cinquante de là, à la cafétéria, sont venus contempler, sans être accompagnés, sans que personne ne soit en mesure de leur donner la moindre explication, cette œuvre absolument traumatisante pour leur âge. Et là, je dois bien avouer que face au trouble provoqué par la puissance de cette vision j’ai été incapable de prendre cette scène en photo, trop impressionné pour cela.
Et ça n’était pourtant qu’un début. Ce ne sont que quelques heures plus tard que j’ai compris à quel point, cette ville, Venise, peut être traumatisante et dangereuse pour des mineurs non accompagnés. Vous sortez de la Fondation Peggy-Guggenheim, vous prenez un vaporetto croyant remonter tranquillement le Grand Canal vers la Ca d’Oro, ou Piazzale Roma, vous croyez être sauvé, à l’abri, et subitement, sans la moindre mise en garde, sans la moindre explication, sans la moindre prévention, vous saute au visage, le Palazzo Grassi, et cette monstrueuse tête de mort faite de boîtes de conserves géantes et dont l’ombre, effrayante et sinistre, se projette sur la façade de ce palais, comme pour l’engloutir et le dévorer.



En vérité je vous le dis, Venise est une ville affreuse et effrayante, qui devrait être interdite aux mineurs non accompagnés, une ville qui sent le passé, la mort et mille choses plus horribles les unes que les autres.
A Venise, même la gastronomie porte en elle quelque chose d’effrayant, de passéiste et de violent, oui, de violent. La gastronomie vénitienne est violente.
Ces gens-là, des barbares sans doute, ont une spécialité culinaire particulièrement insupportable : les moeche. Les moeche sont des crabes. Et ces pauvres crabes sont capturés, sans la moindre compassion, au moment de leur mue. Ils sont donc mous, sans défense, et ces barbares en profitent pour les faire paner, et les dévorer ainsi, entièrement. Je n’ai pas osé photographier les crabes ainsi assassinés mais je vous ai tout de même rapporté un cliché exclusif, alors qu’ils sont encore vivants sur un étal du marché du Rialto. Déjà pêchés, mais pas encore massacrés.
Je l’ai vécu et je peux témoigner. Je ne sais pas si vous imaginez bien le traumatisme qu’un tel plat, méditerranéen, peut engendrer chez des mineurs normaux, non accompagnés, habitués aux rondeurs rassurantes d’un hamburger MacDonald, ou à la forme rationnelle, répétitive et linéaire des cubes de poissons panés et surgelés. Je n’ose imaginer quel traumatisme pourrait engendrer chez ces mineurs la vision d’Italiens dévorant ces moeche, entiers, les yeux, les pattes, le corps, tout, absolument tout le corps de ce pauvre animal ainsi livré à la folie des hommes.
En vérité je vous le dis, Venise devrait être interdite aux mineurs non accompagnés. D’ailleurs c’est bien simple ! Je n’en n’ai pas vu ! Cela est bien la preuve de ce que j’avance.
Maintenant à Camposyruedos nous savons, les taurins, la mort et la barbarie sont à Venise, ils ont pris forme humaine et il nous faut convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé !

NDLR En fait moeche c'est du vénitien pas de l'italien et c'est le pluriel de moleca mais la lettre "l" est à peine prononcée en vénitien, donc parfois on simplifie l'ecriture en "moeca". Le pluriel est "moleche" ou "moeche", et bien sûr le "c" reste dur (prononcer : mo-é-ké). C'est un pote vénitien qui éclaire notre lanterne... Non mais !