09 décembre 2007

Rome, ville à fermer


Puisqu'il est de bon ton de narrer ses vacances sur ce blog dont la décadence n'est plus à prouver depuis sa diversification en site de petites annonces, faisant l'apologie de la luxure, et autre évocation de Céline Dion, je tiens à exprimer le choc subi lors d'un voyage à Rome il y a deux mois et à réclamer solennellement aux députés européens de la déclarer, non plus "ville ouverte", comme en 1944, mais qu'en lieu et place de son évoction par Rosselini et la Magnani, elle soit déclarée "ville fermée aux mineurs de 16 ans". Je m'explique...

Pour commencer, je vous renvoie aux écrits de Pierre Dupuy (je crois) sur les Borgia, famille dont le blason était un taureau et qui fit donner des combats de taureaux lors de l'élection du premier pape de la dynastie : Rodrigo Borgia, père de 4 enfants et élu sous l'"apodo" d'Alexandre VI, le 11 août 1492 (quelle année décidément pour l'Espagne ! ne leur a manqué que le Mondial de foot)... Cf. un Toros d'il y a quelques années (désolé, ma collection est actuellement dans des cartons).

Ci-dessus les armes de Rodrigo Borgia, une fois devenu le pape Alexandre VI et dont on remarque le taureau représenté en petit emprunté au blason de la famille Borgia (ci-contre) : "D'or, au taureau de gueules, sur une terrasse de sinople, à la bordure du champ, chargée de huit flammes du troisième" - Plus de détails et des armoiries en veux-tu en voilà (pour les fans de l'héraldique) sur le très exhaustif site : http://www.heraldique-europeenne.org/Regions/Italie/Borgia.htm.

J'épargne à votre sensibilité déja mise à mal par l'évocation de la plus controversée famille de prélats de l'histoire, les sordides descriptions des puntillazos barbares du culte de Mithra que l'on trouve représentés en statues de marbre et autres bas-reliefs un peu partout à Rome (notamment au musée du Capitole)... Je ne ferai que survoler le bilan comptable de la féria de Rome de l'an 80 où, pour l'inauguration du Colisée (qu'on appelait à l'origine Amphithéâtre Flavien), on donna des jeux qui, en 100 jours et 100 nuits, virent passer de vie à trépas pas moins de 5000 animaux. Quelques années plus tard, Trajan célébra sa victoire sur les Daces (peuples de l'actuelle Roumanie) par 117 jours de jeux au cours desquels périrent 10 000 animaux et 9000 Gladiateurs (tous les chiffres sont issus du Lonely Planet Rome)
Dans le cas présent, ce bas-relief de Mithra est conservé au Louvre.

En arrivant dans la très baroque Basilique St-Pierre-de-Rome, un peu écrasé par la monumentalité des lieux, me voici face aux 4 immenses statues de saints gardant les piliers délimitant le choeur de l'édifice et soutenant la coupole. Quel choc de constater que l'une des statues représentait l'improbable (elle n'apparaît pas dans le Nouveau Testament mais seulement dans les évangiles apocryphes) Sainte Véronique !! Je me demande encore comment des millions d'enfants ont pu survivre à cette représentation de celle qui donna son nom à la passe fondamentale du toreo de cape, ici représentée en train de "torchonner" un capotazo...
J'enquêtais alors un peu plus avant sur cette drôlesse : il apparaît que l'étymologie du nom Véronique résulte de "Vera Icona" - "vraie image" et celle-ci est connue pour avoir parlé et échangé chiffons avec le Christ lors de différents épisodes... dont le plus connu est sans nul doute celui du chemin de Croix, lors de l'ascension au Golgotha, celle-ci aurait essuyé la face du Christ d'un voile qui serait resté mystérieusement imprimé du visage de Jésus.

Le site http://www.spiritualite-chretienne.com/ nous livre quelques données historiques supplémentaires : "Les preuves historiques de l'histoire du voile remontent au VIII° siècle, au cours duquel le pape Jean VII le plaça dans un oratoire qu'il fit construire au Vatican. Exposé au XII° siècle au Latran, le voile fut transféré au début du XVII° à la Basilique Saint-Pierre-de-Rome, où il fut l'objet d'une dernière ostension en 1854. Il n'a fait l'objet d'aucune étude scientifique, mais les copies conservées à Rome et à Gênes rappellent l'image du Saint Suaire."

Il convient de bien distinguer le Saint Suaire du Voile de Véronique, le Saint Suaire étant le linceul dans lequel le Christ fut enveloppé lors de sa mise au tombeau et qui est conservé à Torino (la ville où le club traditionnel est surnommé le "Toro" - mais c'est un vrai "Da Vinci Code" !).

Voilà pour la petite histoire... je n'apprendrai à personne que la "Véronique" tire son nom de la similarité de cette passe avec le geste de Sainte Véronique essuyant la face du Christ - déja sévèrement châtié - au Golgotha.

Toujours sur le site de http://www.spiritualite-chretienne.com/, j'ai trouvé une représentation plus académique de ce geste par un anonyme flamand du XVe siècle qui est conservé au Prieuré de Brou, dans l'Ain et qui peut en effet rappeler quelque peu la passe fondamentale du toreo de cape.

La plupart des informations de ce post provient des sites Spiritualité chrétienne et Moyen Age en lumière.