30 janvier 2013

Prieto à Aire


Si l’on en croit la revue Semana grande, n° 825 du lundi 28 janvier 2013, ainsi que certains édiles locaux qui s’investissent dans l’organisation des corridas à Aire-sur-l’Adour, l’année 2013 devrait apporter son lot d’aficíon sur les bords du «plus beau fleuve du monde».

En effet, un lot de Tomás Prieto de la Cal est annoncé, le dimanche 16 juin 2013, à Aire. C’est sincèrement une excellente nouvelle après la bonne course cinqueña sortie à Céret en septembre dernier. Les Veragua sont rares et les dernières apparitions de l’encaste ont eu lieu à Céret (Prieto de la Cal) et Orthez (Fernando Palha et Aurelio Hernando), et ont souvent laissé de bons, voire de très bons, souvenirs (Palha à Orthez).

La nouvelle de cette venue de Prieto de la Cal à Aire est corrélative d’une évolution perceptible depuis plusieurs années dans la cité aturine. Ainsi, il semble qu’une poignée de passionnés ait décidé d’avancer la jambe pour proposer des lots de toros dignes d’intéresser les aficionados a los toros. Le chemin, comme partout, est long, qui plus est à Aire, qui n’a jamais brillé par une politique taurine du long terme. Néanmoins, les courses des pensionnaires d’Hubert Yonnet, de Baltasar Ibán et de Charlotte Yonnet témoignent d’un changement dans le bon sens et vers plus de toro.

Il ne reste plus qu’à souhaiter que les Aturins portent leur choix sur les quelques magnifiques cinqueños, que nous avons pu admirer sur photo, qui attendent à «La Ruiza» ; et dans ces conditions, nous serons nombreux à espérer avec impatience leur entrée en piste le 16 juin. 

¡Enhorabuena Aire!


Photographie Un berrendo en melocotón (chose rare) de Prieto de la Cal photographié en 2011 © Laurent Larrieu

28 janvier 2013

Estocade grecque


De retour d’un rapide voyage hellène, je vous ai rapporté un souvenir du musée de l’Acropole, authentique merveille datant de juste avant la crise…

Sur la photo jointe, un lécythe du Ve siècle avant J.-C. est illustré par ce dessin d’Héraclès accomplissant l’un de ses travaux. Il semble que le demi-dieu y soit en train de porter une estocade contraire à un toro negro hociblanco, littéralement terrassé par le coup d’épée.

Il ne s’agirait que de l’épisode du taureau blanc de Crète, qu’Héraclès se contenta de capturer et de ramener à la cour d’Eurysthée. Celui-ci le laissa terroriser les populations des alentours de Marathon après qu’Héra eut refusé de se le voir offrir en sacrifice (quelle garce !). Il fallut donc, selon la légende, que Thésée terminât le boulot en tuant le bicho. Le taureau en question n’est autre que le père du Minotaure, autre victime de Thésée.

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Abondance de biens ne nuit pas : pour illustrer pareille pièce, je vous propose un poème de Leconte de Lisle (1818 - 1894) tiré de ses Poèmes antiques (1852).

Hèraklès au Taureau

Le soleil déclinait vers l’écume des flots,
Et les grasses brebis revenaient aux enclos ;
Et les vaches suivaient, semblables aux nuées
Qui roulent sans relâche, à la file entraînées,
Lorsque le vent d’automne, au travers du ciel noir,
Les chasse à grands coups d’aile, et qu’elles vont pleuvoir.
Derrière les brebis, toutes lourdes de laine,
Telles s’amoncelaient les vaches dans la plaine.
La campagne n’était qu’un seul mugissement,
Et les grands chiens d’Élis aboyaient bruyamment.
Puis, succédaient trois cents taureaux aux larges cuisses,
Puis deux cents au poil rouge, inquiets des génisses,
Puis douze, les plus beaux et parfaitement blancs,
Qui de leurs fouets velus rafraîchissaient leurs flancs,
Hauts de taille, vêtus de force et de courage,
Et paissant d’habitude au meilleur pâturage.
Plus noble encor, plus fier, plus brave, plus grand qu’eux,
En avant, isolé comme un chef belliqueux,

Phaétôn les guidait, lui, l’orgueil de l’étable,
Que les anciens bouviers disaient à Zeus semblable,
Quand le Dieu triomphant, ceint d’écume et de fleurs,
Nageait dans la mer glauque avec Europe en pleurs.
Or, dardant ses yeux prompts sur la peau léonine
Dont Hèraklès couvrait son épaule divine,
Irritable, il voulut heurter d’un brusque choc
Contre cet étranger son front dur comme un roc ;
Mais, ferme sur Ses pieds, tel qu’une antique borne,
Le héros d’une main le saisit par la corne,
Et, sans rompre d’un pas, il lui ploya le col,
Meurtrissant ses naseaux furieux dans le sol.
Et les bergers en foule, autour du fils d’Alkmène,
Stupéfaits, admiraient sa vigueur surhumaine,
Tandis que, blancs dompteurs de ce soudain péril,
De grands muscles roidis gonflaient son bras viril.

Mundillesque


C’est tout nouveau, presque trop beau. Le site de la Plataforma por la diversidad de encastes a manifestement été créé dans l’urgence — celle qu’il y aurait, pour certains, aujourd’hui plus qu’hier, à œuvrer en faveur des encastes dits minoritaires. On passera sur l’absence de nombreux accents et sur les coquilles ; on regrettera (pour rester poli) les photographies de toros munis de fundas et de boucles d’identification…
Je laisse à d’autres l’analyse du contenu purement taurin pour m’attarder sur les différents liens mis à la disposition des internautes : Aplausos, Mundotoro, Tierras taurinas, Unión de criadores de toros de lidia… «Monsieur, la Plataforma ? — Heu, merci, très peu pour moi.»

25 janvier 2013

Le noir et blanc vous va si bien


Le noir et blanc vous va si bien, Maribel, et qu’importent les années… Le noir vous allait si bien, hier, quand il s’agissait de manipuler, de dominer ou bien encore d’empoisonner ; et le noir de vos cheveux, comme celui de vos lèvres — pur objet esthétique qui n’a nul besoin d’embrasser pour conquérir —, et le noir de vos pensées et complots ; le noir et blanc vous va si bien dans le Buenos Aires de carte postale et le Séville des années vingt, dans la prévenance et la perversion.

Cela vous étonnera-t-il, Maribel, de savoir qu’un jour de longue novillada de Moreno de Silva à Las Ventas la première chose qui me vint à l’esprit, quand Ugo me présenta son ami acteur, fut de lui demander s’il vous connaissait ? Le noir et blanc vous va si bien, Joaquín, quand vos novillos sont légers et vifs, prompts à la charge et combatifs en diable, quand ils ont trop à donner et à comprendre pour les toreros. Noir, blanc, cárdeno, qu’importe… Je me souviens de ces ports altiers et de ces mufles effilés de mantes religieuses querelleuses et rusées. Les novilleros, eux aussi, pensaient à vous, Maribel, tapie dans l’ombre de la chambre, digne de connaître les faiblesses et les échecs ou d’entendre les trois avis. Vous étiez ce rempart, cet arc-boutant contre tous les excès du désespoir, l’empathie même, un calice pour le chagrin… Et vous voici, hier, à l’affiche encore, inquiétante comme le sont parfois les femmes pour qu’on les aime : vénéneuse, irrésistible. C’était vous la mante religieuse, sauvage et déterminée, outrancière juste ce qu’il faut. Joaquín, me croirez-vous si je vous dis qu’hier, à la sortie de Blancanieves, j’ai pensé à vous, à Carcassonne et à Madrid ? À cette époque où vous ne sembliez pas gaver vos toros pour les amener à Céret, et ceux-ci nous renvoyaient à des temps que nous fantasmions déjà, ou encore. 

Le noir et blanc vous va si bien, à Séville, en silence et en mantille. Cette autre carte postale, où la photographie est souvent prodigieuse, dans les bois et les corrals, où l’interprétation est «templée», expressive, et le propos tragique, émouvant sans jamais perdre la nécessaire distance. 

Le noir, le blanc, Séville et Buenos Aires. L’estampe et vos cartes postales. 

L’émotion et le temple. La distance. 

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Si la hâte n’était pas l’apanage des voleurs et des mauvais toreros, je vous conseillerais, amis lecteurs, de courir voir Blancanieves, de Pablo Berger (avec Maribel Verdú !), sorti en France ce mercredi 23 janvier. Allez-y donc, mais d’un pas mesuré et déterminé.



24 janvier 2013

Bilbo’quet (II)


Autant nous sommes habitués ici à mettre en avant les programmations d’arènes modestes, non pas tant portés par les liens qui nous unissent avec certaines d’entre elles que par l’intérêt taurin qu’elles suscitent — Parentis, Céret, Orthez, Azpeitia, pour ne citer qu’elles —, autant il convient de saluer cette année l’annonce des ganaderías qui seront combattues à Bayonne, arène de première catégorie (même si la notion de 1re catégorie en France peut prêter à sourire, en particulier quand il s’agit de la présentation des astados).

Cela fait plusieurs années que la plaza basco-gasconne cherche sa voie dans un calendrier qu’il est juste de considérer comme complexe ; car Bayonne n’a pas de féria à proprement parler comme peuvent en avoir, par exemple, les voisines de Mont-de-Marsan, Dax ou Saint-Sébastien. De plus, les arènes sont excentrées et la concurrence aoûtienne est, on le sait, très rude : Dax, Saint-Sébastien, Parentis…

Bayonne est-elle torerista ou torista ? Voici la grande question bien absurde qui fait encore couler l’encre médiocre d’un certain chroniqueur taurin du lieu. Elle n’a pas à être l’une ou l’autre, elle se doit seulement, au regard de son histoire et de sa position dans un département où la corrida est réduite à la portion congrue, de présenter des corridas dignes de ce nom.

Après avoir réduit le nombre de courses ces dernières années, Bayonne a plus ou moins réussi à mettre en place des carteles assez équilibrés dans lesquels les figuras ne bouffent pas tous les postes, et où une attention particulière est portée au choix des toros. Cette dernière partie de l’équation sera encore plus vraie en 2013 : Fuente Ymbro, Joselito/La Reina, Cebada Gago et Dolores Aguirre Ybarra. Bayonne réussit à monter un plateau dans lequel on recherche autre chose que les Miura ou les Victorino, pour sauver la face des corridas dites «dures», et l’on évite les éternels Daniel Ruiz, Núñez del Cuvillo, Victoriano del Río et autres, pour le côté «vie en rose». Le bémol vient de la novillada d’Antonio Bañuelos qui fait regretter que l’empresa n’aille pas chercher des élevages plus originaux ou moins vus.

Le retour des Dolores Aguirre Ybarra est une nouvelle particulièrement réjouissante après une année 2012 incompréhensiblement blanche (une corrida à Pampelune) pour la ganadera basque.

Le meilleur de tout cela, pour en terminer avec les atermoiements concernant la plaza de Bilbao (ceci expliquant le titre de ce texte), est que ce lot de Dolores Aguirre était, paraît-il, initialement prévu pour Bilbao. Si l’on fait le compte, la plaza biscayenne a laissé passer les Dolores et les Cuadri, alors même que c’est la photo d’un superbe Cuadri (‘Ribete’) qui ouvre l’entête du site Chopera Toros (la famille Chopera étant gestionnaire des arènes de Bilbao), photo piquée sans demande préalable aucune à Campos y Ruedos.

Bref, ne reste plus à la plaza bayonnaise qu’à confirmer la bonne tenue de cet elenco ganadero en concoctant des carteles attractifs et en arrêtant aussi les fouilles systématiques à l’entrée des gradins — les bouchons en plastique sont interdits ici.

23 janvier 2013

Bilbo’quet


Autant les annonces des figuras concernant Séville polluent passablement la Toile taurine en ce moment et tout le monde semble se délecter de savoir si El Juli prendra les Miura de Séville, si le Victorino de Manzana sera gris, si Morante aura les cheveux plus courts en début de temporada — si, si, certains commentateurs taurins, pas les meilleurs certes, voire même les pires, se sont presque offusqués de la coupe dégingandée du torero de La Puebla del Río —, autant l’absence des Cuadri à Bilbao, qui se confirme ces jours-ci, n’a pas l’air d’émouvoir les sites de petites annonces taurines.

Et pourtant la noticia me paraît plus inquiétante que de savoir si Julián López tuera la course de «Zahariche» en avril. Ainsi, le fait que la Junta de Bilbao ait écarté les astados de «Comeuñas» devrait en inquiéter plus d’un sur les défaillances de l’organisation bilbaína depuis quelques années. La Bilbao qui fait encore mousser certains toristas enchaîne les programmations décevantes, et l’on cherche de plus en plus dans ses annonces de carteles ce piment qui pourrait attirer l’aficionado. Depuis des années, les mêmes noms de ganaderías se succèdent sur les bords du Nervíon : Fuente Ymbro, Alcurrucén, El Ventorrillo, Torrestrella, Victorino Martín, de temps en temps La Quinta et parfois Miura. 

En 2013, la venue des toros de Cuadri pouvait laisser espérer un renouveau, fût-il concentré sur cette seule course. Cuadri est actuellement l’élevage le plus intéressant de la cabaña brava, sortant régulièrement des toros de catégorie. Les dernières courses madrilènes en témoignent sans déni possible. Les voir fouler le sable — de moins en moins gris, malheureusement — de Vista Alegre était la promesse d’une course de toros digne de ce nom en un lieu qui incarne — faut-il utiliser le passé ? — au plus près l’essence de ce que l’on peut attendre d’un taureau de combat de première catégorie.

Las, les Cuadri restent à Trigueros. C’eût été l’occasion, peut-être, de proposer cette course à El Juli. Car, ne nous leurrons pas, nombre d’aficionados feraient finalement la route pour assister au combat d’un technicien de la catégorie d’El Juli face à la caste lourde des Cuadri des grands jours. En revanche, j’ai le sentiment qu’ils seront bien moins nombreux à venir observer son savoir face à un lot de Miura dont on connaît aujourd’hui la baisse de forme — même si avec cet élevage les surprises peuvent être nombreuses. Ce que les «entendus» de la chose taurine nomment «geste» fait sourire. Sans être un «taliban», comme il est de coutume maintenant de surnommer la «frange dure» des aficionados — cela ne veut rien dire mais celui qui l’écrit a l’impression d’avoir fait œuvre d’analyse approfondie de la situation de l’Afición actuelle, et les suiveurs ignares (ils sont nombreux) reprennent de concert —, il n’est pas interdit de penser que les gestes proposés par ces «figuras» relèvent plus de l’anecdote que de l’écriture de l’histoire taurine.

En 2013, faire un geste revient à affronter ou Miura ou Victorino. En 2013, dans une grande féria, la partie torista est occupée majoritairement par Miura ou Victorino et, parfois, c’est vrai, par Fuente Ymbro (warf !). La porte a été légèrement entrouverte, en particulier en France, à Escolar Gil, mais au-delà, rien, comme si tous les autres élevages n’existaient pas. Or, en 2013, des toreros comme El Juli ou Manzanares nous enchanteraient s’ils se mettaient au cartel (dans une grande arène) face à des Cuadri, des Dolores Aguirre, des Adolfo Martín, des Escolar Gil, aussi, des Palha, des Cebada Gago de cinq ans, des Murteira Grave, des Veiga Teixeira, des Moreno de Silva. Tous ces élevages sont marqués par l’irrégularité, certes, mais ces dernières années, ils ont aussi prouvé qu’ils étaient capables de tous fournir des toros ou des novillos très «encastés», parfois même très braves. 

Dommage pour Bilbao et pour El Juli, et pour les autres. Ils n’ont certes pas besoin de cela ; et puis affronter les Miura permet de se trouver des excuses faciles : «ils étaient intoréables», «ils ne baissaient pas la tête»… «Vous savez, ce sont les Miura, c’est comme ça.»

Nonobstant, croisons sincèrement les doigts pour qu’une grande arène française prenne rapidement contact avec la maison Cuadri pour récupérer ce lot… Sait-on jamais, certaines n’ont pas encore bouclé leurs choix…

20 janvier 2013

Parent’is good



Bonne nouvelle venue de la haute Lande : Raso de Portillo, Sánchez-Rico de Terrones et Paco Madrazo. Pas moins. 
À une époque où les corridas et novilladas dites « dures » se résument le plus souvent à Victorino, Miura et Escolar Gil, l’annonce des ganaderías qui seront combattues à Parentis en août 2013 donne du baume au cœur. 
Raso évidemment serait-on tenté d’écrire. Évidemment et heureusement. Madrazo aussi bien sûr. Mais ici, à Campos y Ruedos, l’excitation vient de découvrir au cartel l’élevage de Paloma Sánchez-Rico de Terrones (encaste Clairac), dont nous vous avions parlé il y a de cela quelques années. Souhaitons que ces novillos sortent tels que les conçoit la dueña de « Terrones », et alors la fête sera grande.


Le communiqué de l’ADA de Parentis

« L’Association des aficionados de Parentis-en-Born (ADA) et la commission taurine viennent de dévoiler les ganaderías retenues pour la prochaine féria de la Sen Bertomiu qui se déroulera les 10 et 11 août 2013. 

Le retour des Raso de Portillo le samedi 10 août
Le samedi 10 août à 18 heures, l’ADA a programmé le retour de l’élevage légendaire de Raso de Portillo. Cette devise, familière de Parentis, n’avait pu faire “lidier” son encierro en 2012 en raison des intempéries. 

“Journée Campo Charro” le dimanche 11 août

Les Sánchez-Rico de Terrones le dimanche matin
Le rendez-vous matinal du dimanche 11 août verra la présentation des novillos de la ganadería de Paloma Sánchez-Rico de Terrones, d’origine Lamamié de Clairac. Cet élevage mythique issu du Campo Charro fera sa présentation en France.

Les Santa Coloma de Paco Madrazo à l’affiche de l’après-midi
Venant également du Campo Charro (Ledesma), la ganadería de Paco Madrazo de la Vadima, d’origine Santa Coloma, reviendra à Parentis après l’excellent lot “lidié” en 2011 le dimanche matin. »


>>> Les photos des novillos sont visibles sur Adaparentis.com.

Photographie Un novillo de Sánchez-Rico de Terrones en 2008 — Laurent Larrieu/Campos y Ruedos

18 janvier 2013

Mots-clés (I)


L’auteur du blog Que c’est beau la photographie se livre régulièrement à l’exercice consistant à identifier les recherches Google par l’intermédiaire desquelles les visiteurs aboutissent à sa prose.

J’avoue que je n’y aurais pas pensé tout seul et que je n’y serais jamais parvenu non plus sans l’aide précieuse de Florent, mais j’étais depuis longtemps curieux de connaître les résultats que donnerait pareil exercice appliqué à notre propre blog.

Certes, ce n’est pas aussi croustillant que chez l’hilarant et infortuné photographe mais je tenais tout de même à vous faire partager ce modeste florilège :
— « comment saigner cochon » ;
— « estocada plaisir » ;
— « fanny leger » ;
— « merde dartiste » ;
— « chute jalabert 1994 » ;
— « calendrier nu cavaliere » et
— « drogue crocodile ».

Pour vous dire la vérité, j’ai vraiment beaucoup de mal à saisir le rapport desdites recherches avec ce que nous publions ici, même si nous avons la fâcheuse tendance à nous éloigner du monde des taureaux de combat. Si l’on excepte « estocada plaisir » (en passant allègrement sur le caractère pour le moins surprenant de l’association des deux termes) et « chute jalabert 1994 » (sans se soucier davantage de l’océan d’indifférence dans lequel nous plonge ledit matador), on ne laisse pas de se gratter la chevelure, ou ce qu’il en reste.

La recherche « comment saigner cochon » peut se comprendre par son aspect pratique évident, et celle concernant « fanny leger » par la curiosité, car, je vous le dis tout net, cette dernière m’est parfaitement inconnue. Un « calendrier » joliment agrémenté d’une « nu cavaliere » (sic) pourrait, ma foi, avantageusement remplacer celui illustré d’un chaton que La Poste m’a encore une fois vendu. Demeurent la « merde dartiste » et la « drogue crocodile »… Si parmi vous quelqu’un a une idée de ce dont, diable ! il pourrait s’agir, qu’il n’hésite pas à m’en faire part — je lui en serai éternellement reconnaissant.

Ah, tiens ! j’ai une photographie de Jean-Baptiste Jalabert… prise à Béziers, de surcroît ; que l’on ne vienne plus nous taxer de « toristas intégristes ».



Actualisation du message afin d’ajouter les mots-clés suivants (merci Florent) :
— « martin de vos enlevement d’europe » ;
— « le journalisme d’enquête » ;
— « fanny culetto arles » et
— « faire 1 lancement sur du chablis ».

16 janvier 2013

14 janvier 2013

Think different (IV)


Castellnovo, charmant village de la province de Castellón, marque le lancement de la nouvelle année des bous al carrer. La petite place du bourg peine à contenir la multitude d’aficionados venus passer leur samedi après-midi de janvier dans la fraîcheur des montagnes. Peu importe le froid et les kilomètres quand il s’agit de se retrouver avec le toro après un long sevrage hivernal. Je suis de la partie avec Albert, mais, dans notre désir de toro, nous débarquons une heure et demie avant le début des festivités. Lorsque nous nous adossons à la façade d’une bâtisse et que nous posons nos fesses sur le trottoir gelé, les petits vieux ont pris place sur les barrières depuis bien longtemps ; exit le café-cognac et la sieste du samedi quand on veut être certain de profiter du spectacle. Un jour, il faudra que je vous parle des petits vieux qui viennent au bous al carrer

Le cul meurtri par le béton glacé, nous assistons au remplissage de la coquette petite place de Castellnovo. Comme à l’habitude, un genre attire notre attention : le Photographus taurus sp. Je suis aussi un Photographus taurus sp., et mes semblables me fascinent. Depuis quelques années, ce genre prolifère dans le bous al carrer. Il n’y a que deux explications possibles : Internet et ses réseaux sociaux, et l’ère digitale, qui a l’avantage de nous montrer immédiatement sur écran LCD la médiocrité du cliché que l’on vient de réaliser. 

Pour choisir sa place, le Photographus taurus sp. essaie d’arriver tôt et se positionne invariablement aux mêmes endroits. S’il a été plus rapide que les petits vieux, il se perchera en haut des barrières afin de dominer la scène ; dans le cas contraire, il choisira la cage en face des cajones, qui lui offrira la meilleure vue sur la sortie du toro. Le Saint-Graal du Photographus taurus sp. se situe sur le cajón, là où s’installe la peña. Confortablement assis, il jouit du spectacle, persuadé d’y réaliser les meilleurs clichés. Pour celui qui foule le plancher des vaches, il faut jouer des coudes pour être le premier aux barreaux en brandissant son matériel de haute technologie et en arguant de sa page Internet, de son blog archiconnu ou, mieux encore, de ses connexions avec les magazines spécialisés.

Il ne faut donc pas s’étonner si, semaine après semaine, dans les fameuses pages Internet, l’on découvre des centaines de photos se ressemblant toutes : désespérément banales et ennuyantes. Bien entendu, dans le genre Photographus taurus sp. existent des exceptions qui savent rendre une copie originale et sublime de la fête du toro. Le résultat saute aux yeux ; la marque de fabrique est différente, le regard unique. Lorsque, avide de conseils, le commun du Photographus taurus sp. l’interpelle, le photographe avisé n’a que deux réponses possibles à lui donner : soit tu vends ton appareil, soit tu ouvres les yeux. Il n’y a pas si longtemps, j’ai décidé d’ouvrir les yeux.

13 janvier 2013

Thomas chez Pablo


Communiqué des Amis de Pablo Romero

Samedi 19 janvier 2013 à 18 h 30 | Espace Pablo-Romero - 12, rue Émile-Jamais à Nîmes | Entrée libre

>>> Les encastes minoritaires du taureau de combat 

Thomas Thuriès, animateur du site Terre de toros, nous fera visiter le campo brave. Il nous montrera l’évolution des différents encastes du taureau de combat et s’attardera sur les spécificités des encastes aujourd’hui minoritaires. Une soirée sous le signe du Toro avec un grand « T ». 

12 janvier 2013

Vic 2013 (II)


Les organisateurs vicois nous annoncent que la novillada du vendredi 9 août 2013 en nocturne proviendra de la ganadería de Valdellán.

11 janvier 2013

Vic 2013


Samedi 18 mai (18 heures)
Corrida concours internationale
Deux toros de La Quinta (Espagne), deux toros de Murteira Grave (Portugal) et deux toros de Robert Margé (France) pour Diego Urdiales et Javier Castaño. 

Dimanche 19 mai (11 heures)
Corrida de Hros. de D. José María Escobar pour Rafael Rubio ‘Rafaelillo’, Manuel Escribano et Paco Ureña. 

Dimanche 19 mai (18 heures)
Corrida de Hros. de D. José Cebada Gago pour Fernando Robleño, Fernando Cruz et David Mora. 

Lundi 20 mai (17 heures)
Corrida de Dña. Adelaida Rodríguez García pour Juan Bautista, Iván Fandiño et Alberto Aguilar. 


Photographie Un des deux toros de Robert Margé prévus pour la « CCI » — Étienne Barbazan/Club taurin vicois 

10 janvier 2013

Putes et toros dans le « Figaro »


Le Figaro n’est pas un journal pire qu’un autre lorsqu’il s'agit de parler bouquins, et voici qu’un ami m’envoie la brève critique qui illustre ce post et chronique Tartuffe au bordel d’Alain Paucard. Non, je ne me défausse pas, puisque je la publie ! Je n’ai pas lu le bouquin, mais la critique est tentante : « Alain Paucard se fait le défenseur d’une certaine idée du commerce de proximité contre la consommation de masse et l’esclavagisme sexuel. » J’ai un (autre) copain qui a même théorisé la chose en militant en faveur du statut de travailleur indépendant pour les prostituées, censé les protéger du milieu qui les exploite. C’est une idée !

Il semble que le thème taurin soit abordé dans le livre à titre d’illustration de l’hypocrisie ambiante, qui voit les ministres sainte nitouche prétendre interdire la prostitution, prenant part ainsi à la grande kermesse de l’effet d’annonce et de l’écran de fumée.

Allons donc lire ça de plus près… Plus d’infos sur le site des éditions Le Dilettante.

08 janvier 2013

Souvenir, « Alma herida »


Vous connaissez le concept de slow food ? Voici celui de slow photo. La slow photo, c’est prendre une photo avec un appareil argentique pour faire le malin et feindre la démarche, attendre de faire quelque chose d’autre de sa vie pour finir la péloche, envoyer les films à Aurélien, récupérer les films, les scanner, les ranger dans des dossiers et se dire « merde, les photos de Céret ! » le 15 septembre… L’avantage, et c’est bien le seul, est que cela permet d’approvisionner des stocks d’inédits dans lesquels puiser quand les frimas ont chassé les toros et que l’on n’a plus que des rumeurs de mundillo pour passer la journée. En hiver, à moins d’être solidement armé côté moral, il arrive que la vie se décline autour d’une page de blog continuellement rafraîchie sans constater le moindre changement. Et là, c’est triste. Mais grâce au stock de slow photo constitué avec patience, voilà, lecteur, que nul n’est plus besoin de passer au porno gratuit à haut débit pour que s’écoule la soirée. Campos y Ruedos y Punk y Motörhead est là pour te tenir cette main qui déjà s’agite… Bref, il est temps, quand on n’a rien à dire, de piocher dans les bons souvenirs comme tout vulgaire médium en panne d’inspiration !

À Madrid, en mai 2012, au-delà des cites de trente mètres de Fandiño lors de la course d’Adolfo, de l’âpreté de celle d’Escolar et du sérieux de celle de Cuadri, nous eûmes le loisir d’admirer l’expo « Alma herida » de notre amie Joséphine dans le couloir des arènes. Pour dire la vérité, le concept ne m’a pas sauté aux yeux, et il a fallu que Paco le développe un peu pour moi dans ce magnifique post d’août dernier. Mais, parmi les photos, la force de celle de Ferrera (qu’on ne me soupçonnera pas d’adorer pourtant) m’a donné à elle seule l’envie d’aller revoir ce gars. Une force invraisemblable se dégage de la photo elle-même, comparable à la formidable humanité du regard ! Il n’y a bien sûr pas qu’elle (Joselito, Alberto Aguilar, Perera…), mais, ce soir, c’est celle-là. 

Et allez surtout relire le post de François !

07 janvier 2013

Nick Kent not dead !


Un soir de beaujolais nouveau, mon ami Philippe, qui n’est pas celui que vous connaissez, avait réussi à soudoyer une caviste et à obtenir en avant-première un beaujo villages très buvable. Loin de Lyon pour une fois, nous nous apprêtions à passer aux agapes quand me vint le souvenir que Nick Kent dédicaçait son bouquin en bas à la librairie du coin. Philippe — qui a vu The Clash sur scène il y a plus de trente ans — fila ventre à terre, délaissant boutanche et dîner… Au fond de la petite librairie, un drôle de sexagénaire en bonnet enquillant café sur café envoyait un charabia anglo-français à l’assistance, traduit par son épouse quand il daignait lui en laisser le temps : Nick Kent, journaliste gonzo

Tout y passait, des mémoires rapportées de Keith Richards à la pompe à fric des Stones, en passant par les pubs d’Iggy Pop, le génie de la récupération de David Bowie ou la chaîne de vélo de Sid Vicious sur son dos trente-cinq ans plus tôt… Nick Kent commence sa carrière de journaliste à Londres à l’orée de la vingtaine et des seventies, délaissant les «auteurs morts» pour les chroniques musicales de Frendz, puis du New Musical Express. Très vite les rencontres s’enchaînent et tout le gratin musical de l’époque défile sous ses yeux, tour à tour ébahis, blasés, lucides, puis sérieusement stone : Led Zep’, les Stones, l’immense Iggy Pop, Bowie, Marc Bolan et une ribambelle de musiciens de l’époque passent à la moulinette de sa plume au fur et à mesure que celle-ci se cherche, s’aiguise, puis s’émousse tandis que les substances opiacées finissent de le conduire tout à fait dans la rue. 

Au-delà de la proximité exceptionnelle avec cette génération, l’originalité du témoignage réside dans le prisme par lequel Nick Kent décode la décennie. Totalement subjective, la démarche gonzo le conduit à s’immerger dans le courant qui agite le monde d’alors, lui-même devenant un acteur à part entière de cet univers, partageant les virées héroïnomanes de l’iguane de Détroit ou du champion toutes catégories qu’était Keith Richards, ou faisant partie de la première mouture des Sex Pistols. Le regard de Nick Kent est sans concession ni pitié pour les hippies crasseux défoncés d’amour par la grâce du LSD à la fin des sixties, les riches adolescentes «chair à rocker» de Los Angeles, les excès des groupes et de leurs entourages mafieux, l’apathie générale dans laquelle plonge la musique de la décennie camée à l’excès avant l’avènement salutaire du punk et de sa dégénérescence consubstantielle. Proprement hallucinante, la descente aux enfers du journaliste est aussi sidérante a posteriori que sa survie. Le ton général du bouquin n’a rien de franchement réjouissant ; il n’en reste pas moins un témoignage passionnant sur l’époque. 

#NickKentACyR
#CyRNoEstaMuerto
#DavidBowieTorero


>>> Nick KENT (traduit de l’anglais par Laurence Romance), Apathy for the Devil. Les Seventies. Voyage au cœur des ténèbres, Éditions Payot & Rivages, coll. Rivages rouge, Paris, 2012.

Photographie Punk attitude chypriote côté turc, Nicosie, mars 2012 — Frédéric ‘Tendido69’ Bartholin

05 janvier 2013

Céret 2013


L’Association des aficionados cérétans (Adac) vient d’annoncer les élevages du Céret de toros 2013.

Samedi 13 juillet
Corrida de Palha (Portugal)

Dimanche 14 juillet (matin)
Novillada d’Hubert Yonnet (France)

Dimanche 14 juillet (après-midi)
Corrida de D. José Escolar Gil (Espagne)

04 janvier 2013

À gerber !


« Si ceux qui ont le pouvoir ont la lâcheté et l’impudence de tuer les deux éléphantes Baby et Népal, malgré les nombreuses propositions envoyées par ma Fondation, reconnue d’utilité publique, pour les sauver et restées lettre morte, j’ai pris la décision de demander la nationalité russe afin de fuir ce pays qui n’est plus qu’un cimetière d’animaux », beuglait à l’instant la blonde idole en ruine du siècle dernier, madame Brigitte Bardot. La grand-mère amie à-tous-prix-des-animaux-et-pas-des-hommes a donc judicieusement choisi la terre d’asile de Russie, pays aux mille vertus démocratiques bien connues des journalistes et des divers opposants au régime totalitaire du nouvel ami des gloires françaises aux fesses molles. On n’aura d’ailleurs aucune peine à imaginer que ces mêmes victimes de l’horrible système stalinopoutiniste ont aujourd’hui plus que jamais des rêves d’éléphants tuberculeux, car on sait bien que Brigitte Bardot, désormais possible future citoyenne ruskof, n’est malheureusement pas connue pour s’être un jour émue du sort de son prochain… Au contraire, bien au contraire !

Ainsi, cette année 2013 semble démarrer sous le signe de la dignité et de la grandeur d’âme ; et d’ailleurs, vous, du petit peuple, qui êtes peut-être noirs, musulmans, pédés, pauvres, chômeurs et victimes des lamentables coïts vomitifs des grands de cette merveilleuse planète, je ne saurais trop vous recommander de vous changer en éléphant tuberculeux sans plus tarder. Vous n’en tirerez que plus d’estime et de considération de la part de toutes ces belles personnes que l’on prend pour le fleuron des arts et de la culture du grand monde !

Quant à moi, je dis bon voyage à Brigitte Bardot et, au fond, pas plus tard que tout de suite, il me semble qu’avec son souhaitable départ ma francitude reprendrait des couleurs !


Dessin Jérôme ‘El Batacazo’ Pradet

01 janvier 2013

« Bonne année mon cul »


La tradition a parfois du bon, alors, en 2013, on en remet une couche.


« Il était temps que janvier fît place à février. Janvier est de très loin le plus saumâtre, le plus grumeleux, le moins pétillant de l'année. Les plus sous-doués d'entre vous auront remarqué que janvier débute le premier. Je veux dire que ce n’est pas moi qui ai commencé. Et qu’est-ce que le premier janvier, sinon le jour honni entre tous où des brassées d’imbéciles joviaux se jettent sur leur téléphone pour vous rappeler l’inexorable progression de votre compte à rebours avant le départ vers le Père-Lachaise… Dieu Merci, cet hiver, afin de m’épargner au maximum les assauts grotesques de ces enthousiasmes hypocrites, j’ai modifié légèrement le message de mon répondeur téléphonique. Au lieu de “Bonjour à tous”, j’ai mis “Bonne année mon cul”. C’est net, c’est sobre, et ça vole suffisamment bas pour que les grossiers trouvent ça vulgaire. Plus encore que les quarante-cinq précédents mois de janvier que j’ai eu le malheur de traverser par la faute de ma mère, celui-ci est à marquer d’une pierre noire. Je n’en retiens pour ma part que les glauques et mornes soubresauts de l’actualité dont il fut parsemé. C’est un avocat très mûr qui tombe, sa veuve qui descend de son petit cheval pour monter sur ses grands chevaux. La gauche est dans un cul-de-sac. Mme Villemin est dans l’impasse, tandis que, de bitume en bitume, les graphologues de l’affaire qui ne dessoûlent plus continuent à jouer à Pince-mi et Grégory sont dans un bateau. Côté bouillon de culture, Francis Huster attrape le Cid avec Jean Marais. Au Progrès de Lyon, le spécialiste des chiens écrasés et le responsable des chats noyés, apprenant qu’Hersant rachète le journal, se dominent pour ne pas faire grève. Le 15, premier coup dur, Balavoine est mort. Le 16, deuxième coup dur, Chantal Goya est toujours vivante. L’Espagne — fallait-il qu’elle fût myope — reconnaît Israël. Le 19, on croit apercevoir mère Teresa chez Régine : c’était Bardot sous sa mantille en peau de phoque… Le 23, il fait 9 °C à Massy-Palaiseau. On n’avait pas vu ça, un 23 janvier, depuis 1936. Et je pose la question : qu’est-ce que ça peut foutre ? Le 26, sur TF1, le roi des Enfoirés dégouline de charité chrétienne dans une entreprise de restauration cardiaque pour nouveaux pauvres : heureusement, j’ai mon Alka-Seltzer. Le 27, l’un des trois légionnaires assassins du Paris - Vintimille essaie timidement de se suicider dans sa cellule. Ses jours ne sont pas en danger. Je n’en dirais pas autant de ses nuits. Le 29, feu d’artifice tragique à Cap-Kennedy. Bilan : 380 tonnes d’hydrogène et d’oxygène liquides bêtement gachées. Et le soir du 31, comme tous les soirs, Joëlle Kauffmann embrasse ses deux garçons. Et elle entre dans sa chambre. Elle est toute seule. Elle ne dort pas très bien. Enfin voici février. Sec comme un coup de trique et glacé comme un marron. Avec son Mardi gras qui nous court sur la crêpe. C’est le mois de saint Blaise, qui rit dans son ascèse, et de sainte Véronique, qui pleure dans les tuniques. C’est aussi le temps du carême, où les maigres chrétiens d’Ethiopie peuvent enfin jeûner la tête haute pour la seule gloire de Dieu. Les statistiques sont irréfutables : c’est en février que les hommes s’entre-tuent le moins dans le monde ; moins de tueries guerrières, moins de rixes crapuleuses, moins d’agressions nocturnes dans les rues sombres du 18e, où l’insécurité est telle habituellement que les Arabes n’osent même plus sortir le soir. Jusqu’au nombre des cambriolages qui diminue de 6 % en février. Et tout ça, pourquoi ? Après les enquêtes scientifiques les plus poussées, les sociologues sont parvenus à cette incroyable conclusion : si les hommes font moins de conneries en février, c’est parce qu’ils n’ont que 28 jours. Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m’étonnerait qu’il passe l’hiver. » Pierre Desproges, février 1986.

En 2013, donc, il y aura des toros braves, de grands moments avec les copains, du bon vin, encore de grands moments avec les copains, encore du bon vin, des virées au campo et tout plein de photos pseudo-artistiques…


Photographie Jérôme ‘El Batacazo’ Pradet