31 mai 2010

CyR à Carcassonne


Ce samedi, Camposyruedos sera à Carcassonne pour y présenter son livre. Nous sommes invités par la nouvelle direction des arènes à l'occasion de... Naaan, je déconne ! C'est évidemment en compagnie des membres de Carcassonne Toros que nous nous retrouverons. La rencontre aura lieu au café Saillan, siège du club, rue Albert Tomey, à côté des halles, à partir de 11h30...
A samedi !

Non aux fundas (IV)


Le samedi matin, vous auriez pu la voir égayer les tendidos vicois... « Vous auriez pu » car elle était en route pour la cité gersoise, bien au chaud dans un coffre de voiture. À 14h, elle n'a pas laissé indifférents les occupants de l'aire de pique-nique. L'après-midi, son concepteur la prêta gracieusement à cet inquiétant « barbu » qui ne manqua pas de la brandir à chacune des sorties des Escolar. Le lendemain matin, pour son dernier rendez-vous, elle se déplia à trois reprises avant l'apparition dans le ruedo de ceux qui avaient porté ces affreuses* fundas au campo. Ne nous racontons pas d'histoires, l'objectif avoué n'était ni de lancer le débat dans les tendidos, ni de montrer clairement aux ganaderos le mécontentement de l'Afición, ni même d'interpeler l'organisation au moment de choisir ses élevages. Non non non, notre intention c'était juste de faire les mariolles !

* Répondant à Veragua au sujet des fundas, Fernando Cuadri** déclare : « C'est inesthétique. Nous ne supporterions pas d'aller à la finca et de voir les animaux. Et même s'il s'agissait de l'unique raison, elle serait suffisante. »
** Qui a vu un de ses toros, le superbe 'Frijonero' (photo de Paloma Aguilar), 626 kg (eh oui !), glaner le prix Taurodelta (ah ! ah !) au meilleur toro de la San Isidro 2010.

Image & banderole Seul, désespérément seul... © Camposyruedos

30 mai 2010

Nîchmoiserie anonyme


Sur le moment j’ai décidé de ne pas l’annoncer. A CyR nous goûtons peu l’anonymat. D’un autre côté, quoique anonyme, la chose a pignon sur rue. Il ne s’agit pas d’un anonymat jeté à la va-vite en commentaire sur le travail des autres. La démarche est contestable, mais il y a démarche. Et puis un blog taurin nîchmois anonyme, nul doute qu’ici ça va faire causer et causer. Politique ? Proche du pouvoir taurin ? Les deux ? Quelqu'un que ça démange en tout cas.
Quelqu’un d’impliqué, cela semble couler de source. Encore qu'en pareille matière on ne puisse jurer de rien. Quoi qu’il en soit, une fois passé l’effet de surprise, une fois la chasse à l’homme engagée, il faudra que le ou les anonymes soi(en)t capable(s) de faire preuve d’une régulière pertinence ou impertinence pour entretenir l’illusion et faire naître l’habitude. Pas évident. Personnellement, je pencherais plutôt pour un politique. Mais comme je ne fréquente ni de près ni de très loin ce milieu, je me dis qu'au pire nous risquons de rire...
Ah oui, c’est par là : http://sitioysitio.blogspot.com.

Photographie sans paroles (XXII)



29 mai 2010

San Isidro 2010


¿Madrid se quema?C'est terminé.

Novillada de Moreno de Silva, corridas de Dolores Aguirre Ybarra et des fils de Celestino Cuadri...


¿Se quema Madrid?

28 mai 2010

Le meilleur de Vic, Julito Aparicio...


Tu vas écrire sur Vic toi ?
Moi, non, nous nous sommes juste ennuyés, pas de quoi fouetter un chat, malgré certaines cornes imprésentables pour la concours, et un toro à peine adulte pour cette même course (avec tout ce qui traîne au campo !).
Ce sont finalement les matadors qui ont sauvé la féria de l’ennui total : les deux Aguilar, David Mora, notamment.
Et puis Philippe s’est lancé. Alors le débat est lancé.
Eh bien, mon cher Philippe je diverge avec toi sur un point et même sur deux.
Le premier c’est le flingage du petit Aguilar. Si, si, tu le flingues je trouve ! Moi il me plaît. Vulgaire ? Certes pas artiste, loin de là, mais dévoré d’envie, une envie de novillero, bullidor, une envie de se bagarrer, une vraie générosité. Je trouve ça rare. J’en redemande et je retournerai le voir. Evidemment, il faudra qu’il murisse et se pose, ne devienne pas un zébulon quoi. Mais en l’état des choses, je le prends tel qu’il est, et sans rechigner. Nous avons bien le temps de voir ce que l’avenir nous réserve. Après, évidemment, chacun ses goûts.
Le second point sur lequel je diverge c’est l’appréciation sur l’opportunité pour les Vicois d’avoir programmé une corrida de Palha.
C’est un peu facile a posteriori. Car il est clair qu’avec deux courses à Madrid et une à Bilbao Vic n’aurait pas le premier lot. Logique et prévisible, avant, et sans que les choses soient scandaleuses à la sortie loin s’en faut.
Ce qu’il a manqué à cette course ce n’est pas la façade, c’est l’émotion de la puissance, la force, c’est qu’il sorte un 'Guarapito', ou un cousin de 'Bastonito', ou des trains comme ceux vus à Madrid ces deux dernières années. Des machines à dessouder les chevaux. Et la tentative bouffone de vouloir sortir le mayoral en triomphe n’y changera rien.
Sinon oui, la féria de Vic 2010 fut ennuyeuse. D’ailleurs, c’est bien simple, pour moi, le meilleur de la féria de Vic, cela aura été Julito Aparcio... à Nîmes.
En vous proposant mon éloge du pétard, l’an passé, j'étais à des années lumières de penser qu'Aparicio était à ce jour capable de ça, toréer ainsi, de manière aussi aboutie et complète. Enfin, enfin nous avons vu toréer.
Et comment ne pas sourire de contentement lorsqu'un petit jeune est venu me dire qu'il n'avait jamais vu faire ça.
Evidemment, selon l'âge, il est possible qu'il n'ait jamais vu ça, qu’il n’ait jamais vu vraiment toréer. Antoñete a dit : "Il y a des faenas qui durent quatre minutes, et trop qui durent dix. Mais dans aucune grande faena il n’y a plus de vingt passes parfaites".
C'est sûr qu'à force de s'avaler à longueur de courses des Castella, des Perrera et des types dont je ne connais même plus le nom, et les voir s’éterniser dans leur verticalité interminable et ennuyeuse il doit bien y avoir toute une génération, voire deux, qui doit être persuadée que toréer et écouter sonner des avis ne font qu’une seule et même chose.
Il y a peut-être une, voire deux générations qui n'ont pas idée de ce peut être le toreo classique et pur, le toreo inspiré. Mais jeudi dernier, à Nîmes, Julio Aparicio a toréé, inspiré et pur. Amen.
Ce jour-là, Julio Aparicio a donné la distance, s’est enroulé le toro, sans jamais se faire accrocher la muleta, le toreo de haut en bas, très bas, le toreo tout en courbes, varié, profond, essoufflé mais heureux.
Et ne riez pas, pas avec un demi-toro, non. Car la corrida de Núñez del Cuvillo est sortie avec son piquant et sa caste. Demandez à Talavante, et à Castella. Pas la réincarnation de 'Bastonito' évidemment, mais quelque chose de plus qu'acceptable question force et race pour ce genre d'artiste inspiré. Encore faut-il être artiste et inspiré, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Demandez à Talavante, et à Castella.
Donc Vic, Julito Aparicio...
Et à propos de Nîmes, enfin de Vic, et de tentatives bouffones, le plus agaçant pour moi, cela aura été ces présidents supposés défendre l'orthodoxie taurine mais qui se répandent en distribuant des vueltas à des toros uniquement parce que le matador vient de leur couper deux Oreilles. Tout à fait comme à Nîmes d’ailleurs, mais sans Julito. Alors à quand le premier indulto vicois pour festoyer un matador ? Un peu comme à Nîmes quoi. Putain, c'est d'une complexité tout ça. A force de se croiser les pinceaux, il se pourrait bien un jour qu’on finisse par ne plus y retrouver nos petits.

27 mai 2010

Orthez 2010


Vous pouvez aller sur le site de la commission taurine d'Orthez. On vous y montre les exemplaires qui seront combattus cet été. Ici un novillo de Saltillo... C'est par là...

« Bientôt, on n'ira plus aux arènes »


Arènes Joseph-Fourniol de Vic-Fezensac, dimanche 23 mai 2010

Le matin, lors de la corrida concours — il s'agissait bien d'une corrida concours —, deux exemplaires seulement m'auront impressionné par leur présentation : le María Luisa et l'Alcurrucén1. Imprésentables (en tous points) étaient les Santa Coloma de La Quinta (cornes « explosées ») et de Rehuelga (né en mai 2006 !), sin cuajo les représentants de Fidel et de Dolores : deux toros con trapío, donc, et... un seul avec du poder et un soupçon de caste !!! Madame Aguirre, merci. Quand le toro fait défaut...

L'après-midi, six Palha faiblards à l'allure plus que quelconque
2, et pour tout dire indignes d'une plaza telle que Vic — quel intérêt de choisir un fer sortant deux fois à Madrid cette année ? —, me plongèrent dans un état proche de l'hypnose à peine troublé par le vaillant Aguilar, gâté au sorteo et pourvu de la panoplie complète du torero pueblerino. Quant à la grotesque vuelta accordée dans l'instant à son second, mieux vaut en sourire. Et qu'on fiche une bonne fois pour toutes la paix à ces braves mayorales...

Nous en étions aux saucisses à l'échalotte et les bouteilles tournaient bien plus vite que nos caboches. Il profita d'un improbable silence entre deux verres de chablis
3 pour asséner, avec calme, une vérité intime que chacun de nous avait jusqu'ici toujours pris soin de ne jamais exprimer vraiment. « Bientôt, on n'ira plus aux arènes », il a dit. Même à Vic ? Vic la rurale qui ne saurait ni choisir son bétail ni « voir un toro »... Vic qui se polisse chaque année davantage. Vic qu'on aime, pourtant...

Pendant ce temps, Madrid célébrait un lot de Cuadri : la bonne nouvelle d'un dimanche de m... de mai sans
toros.

1 Le Núñez était cinqueño et le Pedrajas avait presque 6 ans, d'où la grosse — et inadmissible — ration qui lui a été infligée lors de la première pique !
2 Un Palha ça joue les gros bras en montrant ses « tatouages »...
3 Les vins de Chablis.

Images © Camposyruedos
«
Dont le culte pour le toro de lidia... » & Deux Cuadri pour Vic, pardon, pour Madrid.

Silence


Andalousie, Gerena, Mirandilla. Une fin d’après-midi du mois de mai, au cœur du campo, juste après l’averse. Le moteur est arrêté, les portières ouvertes. Le silence, la sérénité d’un instant comme une parenthèse, loin de tout. Fabrice sait qu’il va venir le vieux semental, malgré notre présence. Peut-être pas si vieux d'ailleurs. Mais c'est mieux de l'imaginer vieillissant. Ça accentue le sentiment d'éternité. Il arrive, tranquillement, hésitant, nous observe de loin quelques minutes et s’approche enfin. Il n’y a rien à dire, ni à faire, juste une photo pour le souvenir, puis se taire, regarder et profiter. Surtout ne rien dire. Profiter.

26 mai 2010

Vic 2010... Corrales


C'est parti, on conjugue tous ensemble :

Présent de l'indicatif
Je ne pose pas de fundas
Tu ne poses pas de fundas
Il ne pose pas de fundas
...
...
...

Retrouvez sur www.camposyruedos.com, rubrique RUEDOS la galerie des toros de la féria de Vic 2010 aux corrales.

Photographie 'Canario' de José Escolar Gil © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com

Vous me le copierez 100 fois !


Indicatif
Présent
je pique dans le morrillo
tu piques dans le morrillo
il pique dans le morrillo
nous piquons dans le morrillo
vous piquez dans le morrillo
ils piquent dans le morrillo

Passé composé
j'ai piqué dans le morrillo
tu as piqué dans le morrillo
il a piqué dans le morrillo
nous avons piqué dans le morrillo
vous avez piqué dans le morrillo
ils ont piqué dans le morrillo

Imparfait
je piquais dans le morrillo
tu piquais dans le morrillo
il piquait dans le morrillo
nous piquions dans le morrillo
vous piquiez dans le morrillo
ils piquaient dans le morrillo

Plus-que-parfait
j'avais piqué dans le morrillo
tu avais piqué dans le morrillo
il avait piqué dans le morrillo
nous avions piqué dans le morrillo
vous aviez piqué dans le morrillo
ils avaient piqué dans le morrillo

Passé simple
je piquai dans le morrillo
tu piquas dans le morrillo
il piqua dans le morrillo
nous piquâmes dans le morrillo
vous piquâtes dans le morrillo
ils piquèrent dans le morrillo

Passé antérieur
j'eus piqué dans le morrillo
tu eus piqué dans le morrillo
il eut piqué dans le morrillo
nous eûmes piqué dans le morrillo
vous eûtes piqué dans le morrillo
ils eurent piqué dans le morrillo

Futur simple
je piquerai dans le morrillo
tu piqueras dans le morrillo
il piquera dans le morrillo
nous piquerons dans le morrillo
vous piquerez dans le morrillo
ils piqueront dans le morrillo

Futur antérieur
j'aurai piqué dans le morrillo
tu auras piqué dans le morrillo
il aura piqué dans le morrillo
nous aurons piqué dans le morrillo
vous aurez piqué dans le morrillo
ils auront piqué dans le morrillo

Subjonctif
Présent
que je pique dans le morrillo
que tu piques dans le morrillo
qu'il pique dans le morrillo
que nous piquions dans le morrillo
que vous piquiez dans le morrillo
qu'ils piquent dans le morrillo

Passé
que j'aie piqué dans le morrillo
que tu aies piqué dans le morrillo
qu'il ait piqué dans le morrillo
que nous ayons piqué dans le morrillo
que vous ayez piqué dans le morrillo
qu'ils aient piqué dans le morrillo

Imparfait
que je piquasse dans le morrillo
que tu piquasses dans le morrillo
qu'il piquât dans le morrillo
que nous piquassions dans le morrillo
que vous piquassiez dans le morrillo
qu'ils piquassent dans le morrillo

Plus-que-parfait
que j'eusse piqué dans le morrillo
que tu eusses piqué dans le morrillo
qu'il eût piqué dans le morrillo
que nous eussions piqué dans le morrillo
que vous eussiez piqué dans le morrillo
qu'ils eussent piqué dans le morrillo

Conditionnel
Présent
je piquerais dans le morrillo
tu piquerais dans le morrillo
il piquerait dans le morrillo
nous piquerions dans le morrillo
vous piqueriez dans le morrillo
ils piqueraient dans le morrillo

Passé première forme
j'aurais piqué dans le morrillo
tu aurais piqué dans le morrillo
il aurait piqué dans le morrillo
nous aurions piqué dans le morrillo
vous auriez piqué dans le morrillo
ils auraient piqué dans le morrillo

Passé deuxième forme
j'eusse piqué dans le morrillo
tu eusses piqué dans le morrillo
il eût piqué dans le morrillo
nous eussions piqué dans le morrillo
vous eussiez piqué dans le morrillo
ils eussent piqué dans le morrillo

Impératif
Présent
pique dans le morrillo
piquons dans le morrillo
piquez dans le morrillo

Passé
aie piqué dans le morrillo
ayons piqué dans le morrillo
ayez piqué dans le morrillo

Participe
Présent
piquant dans le morrillo

Passé
piqué dans le morrillo
piquée dans le morrillo
piqués dans le morrillo
piquées dans le morrillo
ayant piqué dans le morrillo

Vic-Fezensac, picadors


25 mai 2010

Tout doit disparaître


Au fin fond du campo, en Extrémadure, ou en Andalousie, le nom de Carcassonne raisonne.
Amusez-vous, l'air de rien, à prononcer le nom de la cité audoise devant quelques taurins en train de se préparer pour un tentadero, et vous verrez. Le résultat est immédiat. Les visages se figent, les yeux s'arrondissent, les regards se font soupçonneux, presque inquisiteurs.

— Carcassonne, tu es de Carcassonne toi ?
— Moi non, lui oui…

Silence.
— Ça sort fort là-bas…
— Ben ouais… Mais rassure-toi, c'est fini !

Jusqu'au fin fond du campo, Carcassonne, sans peut-être vraiment le vouloir, s'est faite un nom, notamment depuis qu'un novillo de Moreno de Silva a renvoyé dans le callejón la totalité des cuadrillas et des novilleros, abandonnant seul en piste un picador avec pour mission impossible de détruire le diable.
Carcassonne, Moreno de Silva, 'Diano', la caste, tout ça c'est fini. Tout doit disparaître.
Une bonne partie du mundillo n'en veut plus, et les politiques s'en foutent. Un changement de municipalité et les choses se meurent dans l'indifférence générale. Place à la douceur. Nous n'irons plus à Carcassonne.

Madrid, lundi 17 mai 2010. Arènes de Las Ventas.
Dans les chiqueros, six novillos de Joaquín Moreno de Silva attendent trois inconnus.
Les habitués des lieux se partagent entre gourmandise et contrariété.
Trois des novillos prévus font juste trois ans. Les années passées, ils approchaient plutôt les quatre. Il se murmure que le ganadero serait inquiet des conséquences de tant de caste face à des novilleros trop inexpérimentés. Vérité ou simple rumeur, ça crée l'ambiance, ça écrit un peu l'histoire, et ça fait parler.
Trois ans tout juste pour trois d'entre eux mais une allure irréprochable, typique de la maison. C'est du sérieux. Les craintes et contrariétés d'avant-course sont immédiatement balayées par la caste de ces Saltillo. Ça commence fort : trois avis pour Paco Chaves dès le premier novillo, puis trois autres pour Miguel Hidalgo au cinquième. Ça avance pied au plancher. La caste parle. La acorazada de picar agit. Il y a longtemps que nous n'avions pas vu une course se faire piquer à ce point.
C'est excessif, destructeur et rageant, mais quelque part ça justifie que tout cela existe. Lidias inexistantes, chaotiques, catastrophiques. Seul Domingo Navarro, en ange gardien salvateur, survole l'après-midi. Et c'est tout.
Les novilleros sont impuissants, incapables, ballotés d'un bout à l'autre de la grande piste que les novillos ne se fatiguent pas de parcourir dans tous les sens.
A la fin du spectacle, Paco Chaves, pas mécontent de lui, se laissera aller à déclarer que pareils élevages ne devraient même pas exister.
Je ne lui en veux même pas à Chaves. Je l'imagine juste assez stupide pour aller oser répéter tout haut ce qu'il doit entendre dire tout bas à longueur de journées dans les milieux autorisés.
L'ennemi de l'intérieur. Si vous aviez un doute, en voilà une démonstration par l'absurde tristement évidente, à défaut d'être éclatante.
Qu'avait-elle de si terrible cette novillada ? Eh bien rien justement, juste de la caste, de la mobilité. Rien de terrorifique, d'assassin ou de malsain. C'était simplement une course variée, brave ou mansa, souvent noble, et toujours animée de cette fameuse mobilité et de ce souffle devenus denrées rares.

Après la course, sur le parvis des arènes, au pied de la grande porte, une ganadera vient nous saluer. A voix basse, comme un secret un peu honteux, elle nous ouvre sa main, nous montre quatre doigts.
— Quatre. Des six j'en ai aimé quatre… mais je parle à voix basse car je suis accompagnée de la fiancée d'un des novilleros…
— Et nous,
señora ganadera, nous avons aimé les six, même les deux mansos !

Villanueva del Río y Minas, quelques jours plus tôt. Finca Valdevacas.
Le contraste est saisissant. Le sentiment que dans ce campo exubérant se meurt en silence un morceau d'histoire : Isaías y Tulio Vázquez.
On se demande même si le vieux gardien, pas si vieux que cela au demeurant, qui prend le frais avec ses chiens à l'ombre du cortijo a encore quelque chose à faire de ses journées.
Dans le 4x4 qui nous ballotte d'un bout à l'autre d'un campo aussi superbe que désespérément vide de toros tels qu'on les rêve, je me risque à demander au mayoral qui n'appelle plus les sementales que par leur numéro pourquoi le nombre de vaches est si limité et pourquoi la camada de l'année est aussi modeste.
— Hombre… porque eso va muy mal…
Je ne sais pas trop s'il parlait de Tulio en particulier, ou de la Fiesta en général. Peut-être un peu des deux.

19 mai 2010

Palha pour Vic 2010...


C'est un mois important pour la ganadería de Palha qui, après la mauvaise corrida de Séville en avril, va sortir pas moins de trois courses dans des arènes d'importance : Bilbao, Vic et enfin Madrid. Pour ceux qui traîneront leurs basques du côté du Gers en ce week-end de pentecôte, voici les photos des toros qui composeront le lot de Palha : à voir sur camposyruedos.com à la rubrique CAMPOS.


Et pour ceux qui auraient envie de découvrir le livre de Camposyruedos ou tout simplement de venir nous rencontrer pour passer un moment sympa (et accessoirement acheter ce livre...), n'oubliez pas que l'équipe de Camposyruedos dédicacera son livre à l'Esplanade des arènes sous un chapiteau le dimanche 23 mai 2010 entre la corrida-concours et la corrida de Palha. Cette séance de dédicaces se fera en compagnie de Joaquín Vidal hijo, fils du grand critique taurin dont les chroniques taurines viennent de sortir en traduction française. Venez nombreux ! Laurent Larrieu

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Au même moment, dans Nîmes que nous abandonnons, nous ne saurions trop vous suggérer de participer au plus grand événement sérieusement taurin du Gard depuis le concert de Leonard Cohen aux arènes en août dernier : Joséphine Douet présente son exposition de photos "PEAJES - En la carretera con José Mari Manzanares" à l'Espace 14 (14, quai de la Fontaine). C'est juste en face de l'Imperator et ouvert tous les jours de 14h à 19h. De plus, il semble que cela constituera la seule occasion du printemps de voir Manzanita à l'oeuvre. Frédéric 'Tendido69' Bartholin

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C'est en repensant au mois de mai de l'an passé, et à son lot de veilles, que l'idée de vous renvoyer vers les trois textes que j'avais consacrés au premier tiers a germé ; c'est en réalisant que Vic débutait dans moins de trois jours qu'elle s'est finalement imposée. Les mots sont exactement les mêmes qu'il y a un an car les maux du tercio de varas n'ont pas changé... Cela étant dit, nous ne nous lasserons jamais de soutenir les ganaderos pour qui force, puissance et agressivité constituent bel et bien les qualités premières d'un toro de lidia digne de ce nom, puisque seuls ces éleveurs maintiennent non seulement l'intérêt mais la raison d'être de ce moment clé du combat d'un toro /// Premier tiers (I) /// Premier tiers (II) /// Premier tiers (III) /// Philippe Marchi

Images © Camposyruedos & © Asociación EL TORO de Madrid

Domingo Navarro


En attendant le récit sans doute épique de la novillada de Moreno de Silva sortie à Madrid, un hommage en forme de photographie à ce grand "sub-nada", pour reprendre l'expression de Bastonito.
On peut apprendre plus sur la torería et la lidia en observant attentivement Domingo Navarro pendant une course qu'en assistant aux prestations des cadors de l'escalafón pendant toute une saison.

18 mai 2010

Photographie sans paroles (XXI)


campo

Petit con !


2 août 1914

"... J'ai embrassé mes camarades et le sergent tout à l'heure, au départ. Combien reviendront ? (...) Si je ne me battais pas, je souillerais à jamais toutes mes heures futures. Plus de joies pures, plus d'enthousiasme, plus d'exaltation pour le Beau. Car je rougirais d'avoir tremblé pour ma vie ! Pour oser regarder le soleil mourir sur la mer, il faut avoir osé soi-même regarder la mort en face (...) ce sera terrible car à tout ce que nous faisons nous prévoyons une chaude affaire. J'ai le coeur gros mais j'attends toujours confiant, nous prévoyons le coup prévu avant dimanche. Si tu n'avais pas de mes nouvelles après ce jour, c'est qu'il me sera arrivé quelque chose, d'ailleurs tu en seras avertie par un de mes camarades. Il ne faut pas se le dissimuler, nous sommes en danger et on peut prévoir la catastrophe ; sois toujours confiante malgré cela parce que tous n'y restent pas."
Maurice Maréchal (poilu de la Grande Guerre...)

Voilà, c'est ça la Peur : magnifique moteur de la Raison qui remet chacun à sa place honorable d'Homme. Ni plus, ni moins.

17 mai 2010

"No pasa nada, salgo con moral y yo lo que busco es una tauromaquia de profundidad y de querer torear bien y con ésto es imposible", para quien "ganaderías de éstas no debían ni de existir o por lo menos si existen que no exijan pegar un muletazo a un toro sino andar con ellos."
Paco Chaves (novillero de "mucha pena" et suffisant de surcroît)

Voilà, ça, c'est juste une paire de coups de pieds au cul qui s'est perdue, hier soir, du côté de Ventas.

17 mai 2010

CyR en Vic !


A l’occasion de la féria de Vic-Fezensac 2010 (du samedi 22 mai au lundi 24 mai 2010), l’équipe de Camposyruedos a le plaisir d’organiser une séance de dédicaces du livre Campos y Ruedos 01.

Cette séance aura lieu sous un chapiteau de l’esplanade des arènes le dimanche 23 mai 2010 entre la corrida concours (11h) et la corrida de Palha (18h).

L’intégralité de l’équipe (si tout va bien) sera donc enchantée de vous accueillir pour causer de toros, boire un verre (ou plusieurs)... passer tout simplement un bon moment. Venez nombreux, seul, en famille, en bus ou en charter... Venez ça sera sympa !

Nous vous rappelons que le livre Campos y Ruedos 01 est toujours commandable sur ce blog en cliquant sur le bon de commande.

Nous vous attendons nombreux ce dimanche à Vic !

Misericordia !!!


C'est pétillant, frais et plein de saveurs, une pertinence à toute épreuve, avec l'envie de bien faire et l'inspiration qui pousse au surpassement. On en est fier et on va le montrer, l'afficher à en péter d'orgueil. Pas de doute, le Toro pamplonais est là, claquant de toute sa race et de sa présence à la gueule de celui qui croiserait son regard. Envoûtant, terrifiant, fier et Navarrais, c'est le cartel de la Feria del Toro de Pamplona 2010 par Antonio Seguí, et c'est joli comme un cadeau de la fête des mères pétri de bonnes intentions, et dégueulant de mauvais goût.

MISERICORDIA !!!...

12 mai 2010

Z'ont voulu voir Firmin



Et ils ont eu Firmin !


C'est bien connu, le Pamplonais vénère son saint, la cavalcade des mozos et le noir du toro, le rouge et le blanc, la danse des Géants...

Image Cette affiche a un je-ne-sais-quoi des années 70... El capote de San Fermín © Koldo Villarreal Armendáriz

11 mai 2010

C'est du passé


ANTÓNIO JOSÉ DA VEIGA TEIXEIRA

Avant de partir à la rencontre d'António da Veiga Teixeira, nous écoutions son ami Fernando Palha évoquer, entre autres savoureuses histoires celle de la vache 'Chinarra', un temps pas si lointain où il avait côtoyé le père, António José da Veiga Teixeira (1926-2007). « Un homme... Un homme... » Il écarquillait les yeux et arrondissait les lèvres, comme s'il allait siffler, tout en rapprochant les mains sur sa poitrine pour tenter d'exprimer ce que les mots ne pouvaient dire : le respect dans les yeux, l'admiration sur les lèvres et toute l'affection pour un ancien — ganadero qui plus est — dans le creux des mains...

Je connais plutôt mal l'histoire du Portugal mais les quelques pans arrivés à ma connaissance suffisent à m'expliquer, forcément à grands traits, le pourquoi de cette vaporeuse mélancolie dans laquelle les Portugais rencontrés m'ont donné l'impression de flotter. Il règne sur ce bout de terre faussement occidental une atmosphère où tout semble en suspens, où le présent paraît prendre son temps pour ne pas avoir à distancer un passé « objet » de toutes les convoitises — avouées ou non. Nostalgie d'un Portugal à l'étroit dans ses habits, comme tant d'autres pays, d'une grande hauteur de vues, bien entendu.

En tout bon passé qui se respecte, celui d'António da Veiga Teixeira renferme ses moments de joie et ses zones d'ombre. Il était inutile d'attendre et nous n'avons pas tardé à l'apprendre. Il lui fallait en parler vite et avec détachement pour que nous sachions qui il était vraiment. António soigne depuis trente-quatre ans une plaie qui ne cicatrisera jamais : la mort violente du frère. Il vit dans le souvenir pudique de ce jour de 1976 où la brutalité a parlé et le sang a coulé ; celui de son cadet Francisco, vingt ans, qui au péril de sa vie protégea ce qu'il avait de plus cher : des chevaux. Ceux-là mêmes qui font la fierté d'António.

Les Veiga Teixeira possèdent des lusitaniens de grande lignée et la présentation au pied levé d'un superbe étalon, sorti spécialement de son box peu avant notre départ, nous aura impressionnés — à l'égal de cette vallée du Sorraia bénie des Dieux à qui les troncs torturés des chênes-lièges donnent toute sa majesté. La pluie, tombée en abondance au cours des quinze derniers jours, avait contraint le ganadero à mettre les sabots de sa camada de toros au sec, en la déplaçant de la finca historique de « Pedrógão », paradisiaque croit-on savoir, aux environs de Biscainho. Il en était visiblement contrarié.

Depuis le temps qu'il n'avait pas reçu la visite de « journalistes » français pour un reportage qu'il aurait souhaité complet ! Avec un sens de l'hospitalité aux antipodes de celui de Rita Vaz Monteiro, António a bien essayé de nous retenir en nous invitant, au choix, à déjeuner en sa compagnie avant un entraînement de forcados, ou à assister à une tienta sans pouvoir me rappeler quand exactement. Si vous lisez ces lignes, cher António, sachez que tout ce que je n'ai pu voir ce jour-là, pour cause de météo agitée, de reliefs escarpés ou de rendez-vous programmés, nourrit la promesse de se revoir sans tarder.

Tandis que les fundas n'émeuvent déjà plus grand monde, et ce jusqu'au sein même du cercle restreint des aficionados dits a los toros, je suis prêt à parier gros que lors d'un retour prochain sur les terres de Veiga Teixeira pas une seule tête en sera affublée — il faut avoir lu l'effroi sur le visage d'António pour entendre ma conviction. A propos de retour, il n'en finit plus d'espérer celui en corrida de toros... Où vous voudrez mais pas à Nîmes, cette plaza de tercera dont la cuisine peu ragoûtante l'a durablement refroidi — il raconte l'amère expérience avec le même dégoût mâtiné d'incompréhension qu'il y a dix ans !

Patient, António patiente. Francophile, António parle français avec bonheur. Eleveur de toros, António élève des toros sérieusement présentés qui, pour la plupart, n'apprécient guère la présence d'un 4x4 dans les parages et profitent d'un terrain particulièrement vaste et accidenté pour fuir ou briller par leur absence : de la trentaine de toros de saca, nous n'en aurons aperçu qu'une petite dizaine. En nombre toutefois suffisant pour se faire une idée plus que bonne de la beauté du bétail, ainsi que de l'attachement viscéral d'António pour ses protégés — au moins aussi tangible que celui de Fernando pour les siens.

Le 4x4 se mit à descendre jusqu'à un point au-delà duquel notre hôte aurait vraisemblablement perdu le calme et la distinction que son visage poupon supporte en toute circonstance. C'est alors qu'il braqua d'un coup sec et judicieux pour entamer un demi-tour salvateur. Soulagés, presque détendus, une vision vint soudainement nous secouer de la tête aux pieds ; là-haut sur la butte nous guettait une estampe de toro. Comme Fernando se remémorant António José, nous écarquillâmes les yeux tout en chuchotant son matricule : « 206... 206... » Sa puissante silhouette nous hanta toute la soirée — on en parle encore.

Ses origines ? Sans surprise, les Veiga Teixeira sont à ranger dans le tiroir « Pinto Barreiros », puisque nous avons affaire à un élevage portugais et que les élevages de ce coin d'Ibérie ont très souvent quelque chose de Pinto Barreiros en eux. Dans son Tierra Brava (2003), Jean-Louis Castanet précise l’ascendance des solides masses noires : « Essentiellement axée sur le traditionnel Parladé portugais par Pinto Barreiros, à savoir Gamero Cívico-La Corte sur fond de Santa Coloma-Félix Suárez. S'y ajoutent de l'Oliveira (même sang) et une tentative Alcurrucén (Carlos Núñez). » Félix Suárez ? La part Santa Coloma des Cuadri...

>>> Retrouvez sur le site, rubrique CAMPOS, les quelques Veiga Teixeira que nous avons pu approcher ce jour-là.

Images © Laurent Larrieu/Campos y Ruedos

10 mai 2010

Con fijeza


Non, je n'ai rien vu d'hier. Une antenne récalcitrante et tout est dépeuplé. J'ai attendu pourtant. Ça devait marcher. "Un quart d'heure", il disait le taulier... "Juste un quart d'heure, le temps que j'appelle Madrid, et c'est bon"... Les autres arrivaient aussi, posaient leurs frusques avant même que de jeter un oeil sur l'écran inerte, puis leurs derches empressés là où il y avait matière, et engageaient un appel en direction du camarero pour une bière automatique qui légitimise souvent la station dans ce rade sans saveur aux effluves grasses, le temps de 6 toros, parfois 7, des fois 8. Mais finalement dans le temps et l'espace, la stupeur les figeaient comme des épagneuls flairant la bécasse, lorsqu'il découvraient l'écran définitivement mort...
J'en connais certains, de vue... d'autres à qui j'adresse un bonjour poli, et puis celui-là, en particulier, dont je me souviens amèrement qu'il s'était régalé de nous appuyer la gueule dans le sable le soir des Palha de Sevilla, en nous mettant devant nos propres responsabilités de baltringues "toristes" analphabètes, n'ayant goût pour rien, pas même pour la vie, surtout pas pour celle de ceux qui daignent encore se foutre devant pareilles carnes... Nous étions des sots, et cela nous claquait au museau dans chacun des regards compatissants qu'il nous lançait, nous qui tentions désespérément de trouver une once de bonté dans ce lot lusitanien improbable, dérivant pitoyablement sur notre radeau de la Méduse à nous. En vain...
De toute évidence, Monsieur, que je ne connaissais pas, n'aimait pas ces toros-là, ceux qui offrent en théorie le piquant que les 20 autres courses des cycles sévillans et madrilènes oublient parfois de mettre dans les valises, celles des figuras et leurs cortèges de précautions habituellement en tête de défilés.
Bref, non, Monsieur n'a pas d'estime pour ces toros-là, qui se "vautrent lamentablement par terre", disait-il, n'ont "pas une passe dans le bide", sont des "assassins" pétris de genio, de sentido, de mauvaises pensées, dont le regard louche de "filho da putas" en dit long sur les intentions... Non, Monsieur estime que ces conneries, ces monstruosités sont d'un autre temps, et pense qu'il serait peut-être temps que les amateurs de ce genre de bouffonneries, se ravisent un peu sur leur vision barbare de ce que doit être le Toro Bravo. Monsieur pense sans doute que la "Bravitude" se mesure au degré de résistance d'une bête jamais rassasiée de faire des tours en rond entre les jambes de bellâtres gominés et empesés. Le désormais incontournable toro nigaud, viardesquement appelé "moderne".

Evidemment, le soir des Palha, on aurait pu disserter la nuit entière, mais il valait mieux fermer sa gueule, et bouffer son os, dans son coin.
Aujourd'hui, après tout ce qui se lit, se dit, se murmure, s'entend quand à ces toros lidiés hier à Ventas, je voudrais tant vous croiser, Monsieur, pour jouir du plaisir vicieux mais si délicieux de vous expliquer à mon tour ce que sont les toros con CASTA Y FIJEZA !

Mais l'antenne n'a rien voulu savoir... et vous avez échappé à ça, Monsieur. Vos certitudes sont donc saines et sauves, quant à la Caste, la vraie, la "desgarbadesque", celle qui ne vous pose aucun problème, n'oblige à aucune réflexion, n'interpelle aucune connaissance et cultive votre enthousiasme benoît devant la corrida "jolie"... Acceptez au moins que je vous plaigne.

09 mai 2010

Baile de corrales


Ou Vrac d'un dimanche soir ordinaire (II)

« En mai fais ce qu'il te plaît » claironne généreusement le dicton que les vétérinaires de Madrid semblent avoir pris au pied de la lettre. En effet, depuis le début du mois, il a l'air de s'en passer de belles dans les corrals madrilènes. Non, Camposyruedos n'a pas de taupe à Las Ventas — Manon n'est pas une taupe — et donc aucun scoop à publier sur ce remue-ménage corralero (salutaire ?) :
— le 1er mai, la course d'Adelaida Rodríguez fut intégralement remplacée par un encierro de Guardiola Fantoni ;
— la corrida goyesque du lendemain fut complétée pour moitié par trois Conde de Mayalde ;
— deux José Luis Osborne s'invitèrent chez les Bañuelos le 8 et
— aujourd'hui sur le coup de midi, un Fernando Peña Catalán en fit de même chez... les Dolores Aguirre !

Eh oui, événement suffisamment rare chez Dolores Aguirre pour que l'on ne s'y attarde pas un instant. Doña Dolores que l'on imagine toujours vexée à l'heure qu'il est, voire furibarde — les oreilles des vétos vont leur siffler pendant encore un moment. Une ganadera qui risque bien d'avoir toutes les peines du monde à justifier ce qui ressemble fort à un camouflet... sinon à une espèce de traquenard monté par l'empresa Taurodelta, via ses veedores, et dans lequel elle serait lamentablement tombée ? On n'ose y croire.
« Où est le Toro de Madrid ? » demandent en chœur les compères Arse&Azpi — eux qui arpentent le campo en long en large et en travers — avant de répondre de la manière la plus juste et concise qui soit : « AU CAMPO » !

« Voilà, c'était juste comme ça, histoire de... Bref, Dolores Aguirre. » (voir ci-dessous)

Image En 2005, pelea de Miura dans les corrals de Las Ventas. Une miurada qui sortit incomplète © Juan 'Manon' Pelegrín

Vrac d'un dimanche soir ordinaire


Nous n’y étions pas, mais deux trois coups de fils et les avis convergent. Alors je vous le dis. Madrid, dimanche 9 mai 2010, une après-midi entretenue, des toros souvent nobles, le dernier assassin. De la puissance, de l’émotion. Et Rafaelillo qui confirme l’excellente impression laissée à Arles devant les Miura pas plus tard que le mois dernier. Bref, ils ne se sont pas ennuyés, loin s'en faut.
Sinon, Fabrice Torrito, 500 kilomètres plus au sud, vient de nous dire qu’en ce moment le campo est tout simplement « exubérant » mais que ça ne va pas durer. Alors il faut y aller. Nous allons y aller.
Du côté de New York il fait beau également mais on s’en fout, car il n’y a pas de campo et nous n’y sommes pas. Enfin, Fred oui, mais là aussi, ça ne va pas durer. Dans ce vrac sans queue ni tête d’un dimanche soir ordinaire, la photo ci-contre c’est un énorme morceau de Dolores Aguirre qui décolle dans le ciel de Madrid.
Espérons que les avions de Ryanair auront la bonne idée de faire de même en début de semaine. Nous n'allons tout de même pas nous laisser emmerder par un volcan, islandais qui plus est !
Et le matador, sur la photo, c'est Domingo Valderrama. Mais ce n’était pas aujourd’hui, c’était il y a longtemps. Je l'aimais bien Valderrama. Voilà, c’était juste comme ça, histoire de... Bref, Dolores Aguirre.

Annulation à Aire-sur-l'Adour (II)


L'affaire tourne quelque peu à la polémique depuis l'annulation de la novillada des Arsouillos du 1er-Mai 2010. A lire les différents communiqués, à entendre les arguments des uns et des autres, il est difficile de se faire un avis un poil objectif sur les conditions de cette annulation. Toujours est-il que nous avons diffusé ici même, il y a de cela quelques jours, le communiqué de l'empresa Caltoros et que par souci d'équité nous publions celui de la "Junta des peñas aturines" qui nous a envoyé le texte qui suit :

"L’ensemble des membres de la Junta des peñas aturines regrette et conteste les conditions de l’annulation de la novillada du 1er-Mai.
Ils ne sont ni responsables ni coupables ni complices de cette décision prématurée non conforme à l’éthique taurine et aux dispositions du règlement taurin municipal.
Pour autant, ils souhaitent que la dynamique satisfaisante engagée lors de la temporada 2009 ne soit pas remise en cause pour la temporada 2010 et au-delà. A cet effet, ils mettront tout en œuvre avec le concours de l’empresa pour répondre à l’attente des aficionados lors de la journée taurine du 20 juin. A cette occasion, la corrida de Baltasar Ibán sera précédée le matin d’une novillada sans picadors de Casanueva (qui fera sa présentation en NSP) organisée par la Junta qui proposera ultérieurement sa journée traditionnelle au mois d'août.
Cordialement,
Le bureau"

Photographie sans paroles (XX)




08 mai 2010

Aurore campera : El Gustal de Campocerrado


A T.T. (comme Entêté)

Gustal de Campocerrado, 8h30 ou quelque supplice du même acabit...

Pour ceux qui pensent que le campo, c'est les vacances, sachez qu'au détour d'une conversation chez un éleveur, vous encourez toujours le risque que le programme déjà chargé s'alourdisse d'une étape qui vous coûtera une heure de sommeil et vous sucrera le café. En novembre, cela donne l'occasion de voir le soleil se lever sur le Campo Charro, tenter de percer les nuages menaçants, fracasser le pare-brise pour venir frapper mes pupilles endormies. Sois maudit Thomas Thuriès !
Devant la finca, Fernando et son pantalon de velours attendaient, incrédules, dans le frais matin salmantin.
- Bueno, encantado. Pero... ¿Os puedo preguntar cómo habéis encontrado?
Une couche au moins centenaire de bonne éducation avait gommé les jurons emphatiques qui auraient pu appuyer l'étonnement légitime du maître des lieux de nous trouver là, un vendredi de novembre.
Tu m'étonnes ! Putain, mais qu'est-ce qu'on fout là dans ce coin introuvable ? Pensais-je in petto.
C'était à croire qu'il ne voulait voir personne : le numéro dans l'annuaire de l'Asociación était faux... La ganadería elle-même est planquée au cul de chez Rekagorri, à l'abri derrière 3 ou 4 portails et quelques kilomètres de brousse. Bien après là où tout un chacun se contenterait de faire des photos de gros Atanasio pour vite retourner à la civilisation et boire enfin un café. Mais il a fallu que le petit de chez Pilar Población balance le bon numéro la veille... Sale gosse !

Un frais matin salmantin donc, une estampe de ganadero interloqué et compatissant devant nos visages creux décide de nous récompenser de nos efforts : nous voici en route pour les cercados et mon humeur s'éclaircit. Le campo reste un miracle !
Les enclos ne sont pas immenses mais bien tenus, les idées sont claires, le discours déterminé. Le romantisme de la démarche n'a rien de surrané ou décati, le sentiment se porte clairvoyant et vigoureux par ici. Vaches, toros, placita, añojos, l'héritage de Manuel Arranz affiche sa santé et les paroles du ganadero nous mettent le moral au zénith. Anecdotique adorno pour rétamer les derniers vestiges de crasse paresse matinale : ici, c'est le fiston qui tiente ; c'est qu'avec les professionnels, on est parfois un peu dupés...

Retrouvez tous les renseignements sur cet élevage d'origine Manuel Arranz sur Terre de toros.

Photographies Un novillo du Gustal de Campocerrado et un carnet campero © Frédéric 'Tendido69' Bartholin/Camposyruedos.com

07 mai 2010

Prem's !


Trop fort. Le premier Français à avoir Un día en Las Ventas entre les mains est... un membre de Camposyruedos. Il faut dire que nous n'avons pas grand mérite. Le mérite revient en fait à la Boutique des Passionnés à Arles, qui s'affirme chaque jour un peu plus comme LA librairie taurine incontournable. Ça tombe très bien, au demeurant, car je ne me voyais pas expliquer à Ryanair que le carton pesant le poids d'un âne mort que je voulais embarquer en cabine c'était pour la bonne cause, et qu'ils ne pouvaient décemment pas surtaxer à ce point le prix de mon billet !
A peine déballé du carton, une première prise de contact dans les rues d'Arles, en commençant par un petit bonjour à l'Ecole nationale de la photographie.

Nous reviendrons bien sûr plus longuement sur la première production de notre ami Juan Pelegrín.

¡Un abrazo Juan y enhorabuena!

Non aux fundas (III)



Nîchmes, au-delà du cosmos


A Nîchmes il faut s’attendre à tout. Il y a quelques jours, certains sites taurins français, en chœur et en cadence, ont mis en ligne un communiqué de la direction des arènes de Nîmes annonçant, je cite : "Le Directeur des Arènes Simon Casas a eu ce jour un contact téléphonique avec Salvador Boix, apoderado de José TOMAS. Ce dernier a demandé à Simon Casas d'attendre le début de la semaine prochaine pour procéder au remplacement éventuel de José TOMAS, reconnaissant qu'il y a de fortes possibilités qu'il soit dans l'incapacité de se produire à Nîmes pour la prochaine féria, mais laissant toutefois une espérance motivant d'attendre quelques jours avant de procéder à son remplacement."
Ni une ni deux, direction les sites espagnols, souvent mieux informés il faut bien l’avouer. Rien, pas le moindre écho du communiqué nîmois, pas la moindre petite reprise. De ce côté-ci des Pyrénées ça n'a visiblement pas ému grand monde. Par contre, il semblerait que le replacement de José Tomás à Cordoue pour le 26 mai soit déjà officiel (sic). 
Donc, à l’heure où nous parlons, et en recoupant toutes les informations, il est possible d’annoncer sans rire que José Tomás n’aura pas encore repris le 26 mai à Cordoue, mais qu’il sera peut-être présent à Nîmes le 20, même si c'est peu probable. Restons prudents. Vous pouvez donc continuer à passer à la taquilla acheter vos places.
José ! Nîchmes c’est plus fort que toi. La force du cosmos tout de même...

06 mai 2010

Joaquín Vidal par Jacques Durand


On clique sur l'article pour le lire tranquillement puis on peut se connecter sur le site des Fondeurs de Briques : Joaquín Vidal, Chroniques taurines, Les Fondeurs de Briques, 2010, 14 €.

05 mai 2010

Une vie de merde

centralparcweb

Nîmes, samedi premier mai 2010, stade Kaufmann.
Bruno Doan ouvre ses cartons, étale ses livres : Camposyruedos, Flamenco en flammes, Conversations avec Claude Viallat, Traje de luces et, bien sûr, In Vino.
Il fait gris, frais, les gens arrivent sans se presser. Je fais la connaissance de Jacques Maigne, qui fut l’auteur avec Jacques Durand de L’Habit de lumière et Guadalquivir.
Je ne le connaissais pas, et nous nous découvrons un intérêt commun et vif pour les vins bourrés de fruit, les vins vitaminés et naturels. Ça tombe plutôt bien. La journée s’annonce prometteuse.
Au passage, ne vous dispensez surtout pas de vous plonger dans ses conversations avec Claude Viallat, le peintre. Vous y croiserez des personnages que vous connaissez sans doute. Un vrai rayon de soleil bien de chez nous. Un régal de livre.
Je m’assois, tripote négligemment mon stylo tout en me disant que les vignerons auront logiquement bien plus de succès que ma pomme.
A cet instant, sans prévenir, comme sorti de nulle part, débarque un type, grand, imposant, que l'on pense timide. Il serre dans ses bras un sac plastique, m’aborde un peu circonspect.
- C’est vous ça ? Campos y Ruedos.
- Euh, oui, c’est moi. Enfin nous sommes plusieurs.
Sourire. Et sans autre forme de préambule :
- Môssieur ! J’ai une vie de merde ! Des clients de merde ! Ma femme me fait chier ! … Heureusement, j’ai un ordinateur ! Je vous lis tous les jours ! Plusieurs fois par jour même. Surtout continuez ! Si un jour je divorce, il se peut que ce soit un peu de votre faute… Alors voilà… Ça fait un peu groupie, mais lorsque j’ai su que vous étiez là, je suis venu avec mon livre, que j'ai commandé, pour que vous me le dédicaciez.
J’en suis resté sans voix, éberlué. Et j’ai oublié de demander à notre lecteur fidèle quel était son métier, et le prénom de sa moitié.
Pas grave, car finalement nous avons tous, quelque part, une vie de merde.

Presque au même moment. New York, Manhattan, Central Park.
Regardez ce cadre new-yorkais. Lui aussi il doit avoir des clients de merde. Une vie de merde à manger des burgers, sauter en courant dans des taxis jaunes. Alors, le week-end, direction Central Park, son ground zero des Beatles, son Jacqueline Kennedy Onassis Reservoir, ses pelouses et son soleil pour s'y détendre et lire Camposyruedos. Si ce n’est pas le début de la gloire ça. Nous sommes presque riches les filles.
Et je vous brinde ce post cher lecteur inconnu, et à vous aussi aussi cher New-Yorkais pressé.

Novillada de Prieto de la Cal à Parentis

Sur le site de l'ADA Parentis, voici ce qu'on peut lire :

"Manquer à sa parole !!

Après Del Álamo, Duffau, Oliver, c’est au tour de Thomas Joubert de nous indiquer qu’il ne viendrait pas affronter la novillada de Prieto de la Cal qu’il avait pourtant accepté dans un premier temps.

Au vu de la novillada de Prieto de la Cal de Saragosse le dimanche 2 mai, le novillero aurait indiqué à son apoderado qu’il n’était plus question qu’il soit candidat pour tuer celle de Parentis le 8 août prochain. Nous y voilà donc !! Quatre novillos encastés de Prieto de la Cal ont perturbé ce garçon au point qu’il se ravise et revienne sur sa parole…

Curieuse prise de position ! Comprenne qui pourra ! Cette volte-face ne contribue pas à valoriser l’image d’un novillero sur lequel de nombreux aficionados avaient fondé de solides espoirs. Qu’ils sachent désormais que celui-ci s’est dédit… Cela devrait suffire pour relativiser les futurs succès que malgré tout nous lui souhaitons !"

Jusqu'à récemment, on pouvait encore se tourner vers l'escalafón novilleril pour trouver un semblant, ou un minimum de torería. Il semble que désormais cela ne soit même plus le cas à l'étage des aspirants, qui jouissent dès leur plus jeune âge, sans rien avoir prouvé, de la protection des grands. Il suffit que l'un d'entre eux commence à susciter l'intérêt des aficionados pour que ces derniers s'en trouvent privés par le refus catégorique que la plupart des novilleros opposent aux propositions de combattre des adversaires sérieux.

Et lorsque sort dans le ruedo un novillo encasté, seuls restent en piste les plus humbles et les moins expérimentés. Ce n'est bien évidemment pas contre eux qu'il faut diriger notre courroux, ni même, serais-je tenté de croire, vers les protégés évoqués plus haut, mais en direction d'un système qui permet ce type de comportement ; un univers où les figuras au statut desquelles ces jeunes rêvent de parvenir n'offrent plus depuis longtemps l'exemple qu'ils devraient avoir à cœur de suivre. Qui, parmi le public, cela intéresse-t-il encore ?

Cela ne nous empêchera pas de suivre cette course avec tout l'intérêt qu'elle mérite.

Image
Novillo de Prieto de la Cal combattu en 2009 à Parentis-en-Born à l'occasion de la novillada concours © Camposyruedos

04 mai 2010

Prolongations...


Evidemment, vous êtes tous au courant de la parution du premier livre de Campos y Ruedos. Ne me dites pas que la chose vous a échappée ! Pour l'heure, en guise d'offre de lancement, nous faisons cadeau des frais d'envoi, ce qui fait le livre à 29€50 franco de port.

Attention ! Cette offre est encore valable pour tout le mois d'avril. Mais comme à Camposyruedos nous sommes vraiment trop sympas, nous jouons les prolongations... Vous avez donc jusqu'au 15 mai pour nous faire parvenir votre chèque de 29€50... et recevoir, chez vous, le livre Campos y Ruedos au prix de 29€50 au lieu de 33€50. Si c'est pas formidable ça... Après, ce sera vraiment terminé !!!

03 mai 2010

Alberto Aguilar


Saint-Martin-de-Crau, avril 2010.
Alberto Aguilar se prépare à citer, toquer. C’est le début d’une histoire, d’une série. Toute l'arène est tendue, suspendue dans l'espoir de passes liées, enchaînées. Déjà, la préparation, la distance donnée, le choix du terrain, la muleta plane, en disent beaucoup, révèlent les intentions. Aguilar ne triche pas. C’est tellement évident. Les jours passant les souvenirs de Saint-Martin murissent, s’épaississent, prennent une autre dimension. L’émotion première, viscérale – et elle fut forte – est retombée, les choses se sont apaisées, les idées se sont parfois précisées. Et l’envie de recroiser la route d’Aguilar comme lui se croise avec ce Prieto de la Cal se confirme et grandit. Ça tombe bien, nous le reverrons, à Vic puis à Céret. Il en a visiblement très envie. Et c’est tellement évident, qu’on a envie de le partager avec lui, et l’accompagner. Etre témoins, en jouir, vibrer. Il est bien difficile de prédire quoi que ce soit. Mais après Saint-Martin, l’afición aussi a très envie que l’histoire soit belle et s'enchaîne, ici et ailleurs. ¡Ojalá !

albertoaguilar

02 mai 2010

Dans le cercle du Minotaure


Dans le cercle du MinotaureJ’ai charrié tant de sang, tant de chair et de feu que le soleil n’aveugle plus mes yeux.
Face à la peur et au silence, dans les volutes de poussière, je suis le monstre qui se dresse au centre du disque solaire.
Seul, dans le tumulte d’un monde où dansent l’ombre et la lumière.
Je suis venu vendre ma peau, cher.
J’avance en suivant l’empreinte du temps, la mémoire du sable, la trace de l’absolu frappé par l’éphémère.
Seul, je ressasse chaque pas depuis les entrailles de la terre et j’avance vers la lumière.
J’ai déchiré la chrysalide qui ne me protégeait de rien, ni de la peur, ni du silence, ni de la douleur de la chair.
J’avance l’âme nue, seul, vêtu de lumière.
J’avance dans ce reflet du monde où ne peut vivre que le feu.
J’avance, lame nue pour pénétrer ta chair.

Toro, il est temps que la corne croise enfin le fer dans un ultime corps à corps entre les ombres et la lumière.
Le cercle se referme. Lequel mordra la poussière ?
Si ce n’est toi, c’est donc...

Tuer ! Tu es ce monstre solitaire.



Le Minotaure et Picasso par Juan Pablo Etcheverry.

Illustration Dans le cercle du Minotaure © JotaC/Campos y Ruedos

Annulation à Aire-sur-l'Adour


Alors que naît actuellement la polémique sur cette annulation de la novillada des Arsouillos à Aire-sur-l'Adour (malheureusement, par le passé, d'autres annulations avaient déjà agacé les aficionados qui, pour certains, font de la route pour se rendre à Aire...), l'empresa Caltoros nous demande d'avoir l'obligeance de diffuser ce communiqué :
"Remboursement des places pour la novillada : toutes les personnes en possession de billets pour la novillada annulée hier 1er mai à Aire-sur-l'Adour pour cause de pluie peuvent téléphoner à partir de lundi 3 mai 9h au 06 27 81 60 61 pour les modalités de remboursement. Avec tous mes remerciements ! Pierre Henry Callet, SARL Caltoros"

De toute façon José Tomás est déjà une légende (II)


Le texte qui suit a été publié par Rubén Amón dans El Mundo, la semaine dernière. Il raconte la première cornada gravissime reçue par José Tomás, déjà au Mexique. On se croirait dans un roman de García Márquez, sauf que nous sommes dans la vraie vie, celle de José Tomás.
Rubén Amón nous a très gentiment autorisés à traduire son texte, alors je me suis lancé.
Comme me l’a glissé JotaC : "La légende est plus qu’en marche..."

José Tomás : deuxième avis

Ce n’est pas la première fois que José Tomás se vide de son sang. Ni la première fois qu’il tutoie la mort dans un bloc opératoire mexicain. C’est un fait, José Tomás est vivant grâce à l’intervention d’un médecin qui s’appellait Francisco del Toro — naturellement —, et à l’hémoglobine qu’ont pu donner au maestro quelques novilleros mexicains.
Il est difficile de trouver un exemple plus éloquent de dévotion et de respect. Les torerillos offrirent leur sang, littéralement, pour ressusciter le colosse mourant.
On aurait probablement trouvé d’autres volontaires, mais ces quelques gamins débutants se sont offerts en priorité et avec ferveur. Plus ou moins comme s’il s’agissait d'une communion, d'une transe eucharistique.
Le coup de corne a été reçu dans l’arène reculée de Autlán de la Grana (Jalisco) le 18 février 1996.
José Tomás n’était pas encore consacré en Espagne mais il était déjà une idole dans les arènes aztèques.
Il prit l’alternative dans les arènes de Mexico des mains de Jorge Gutiérrez le 10 décembre 1995 et apprit là-bas les secrets du temple. Il avait amené de chez lui son courage de spartiate, bien qu’un toro du fer de Begoña fût sur le point de briser prématurément sa carrière de jeune torero.
Le toro lui infligea le coup de corne tandis qu’il toréait à la cape et le sang commença à couler à flots. Sur le chemin de l’infirmerie, son apoderado d’alors, Santiago López, essaya de boucher la plaie avec ses mains, et fut surpris — scandalisé — de constater que le médecin des arènes, en état d’ébriété avancée selon les témoins, ait pu lui soutenir que le fort et brutal coup de corne « n’était rien ».

Le bloc opératoire manquait des moyens et des solutions élémentaires. A peine un brancard, quelques gazes et un éclairage mortuaire.
Pendant ce temps, Santiago López se disait que la vie de José Tomás s’échappait de la blessure.
Heureusement que se présenta à l’infirmerie un « véritable » médecin. Providentiel. Sans que quiconque ne l’ait appelé.
Il n’avait pas l’autorisation de s’occuper du patient, mais il décida qu’il était urgent de le transférer dans une clinique de confiance. Il s’appelait, nous l’avons déjà dit, Monsieur Del Toro, et il affréta une ambulance afin que le torero agonisant puisse être soigné dans les meilleures conditions.

Ils opérèrent José Tomás pendant qu’une femme donnait la vie à son fils dans le lit voisin. Ils étaient seulement séparés par un paravent, un rideau. Dans la salle d’attente, les novilleros mexicains patientaient et Santiago López s’impatientait. Il ne put cacher au père du matador ni la gravité de la situation ni l’importance de la blessure.

Le docteur Del Toro apparut alors. Serein quoique modérément optimiste.
— « Je crois lui avoir sauvé la vie, c’est la première fois que j’opère un torero mais j’ai l’habitude de m’occuper des gens blessés à l’arme blanche. Il y a eut un moment très critique. »

Difficile à tel point que, dans Un torero de légende, Carlos Abella raconte comment José Tomás, victime d’un arrêt cardiaque, eut la sensation de s’en aller, de flotter, ses sens endormis dans une nébuleuse, sur le lit de l’hôpital mexicain.
Le matador fut transféré dans un petit avion à Guadalajara. L’appareil était plus remuant qu’un Victorino et les passagers, parmi lesquels José Tomás, transpirèrent comme si venait Jugement dernier, bien que, finalement, ils parvinrent à atterrir, après quoi une ambulance se présenta en bout de piste pour les récupérer.
Ce ne sera pas le dernier vol de l’appareil. Croyez-le ou non, le lendemain Tomás Campuzano toréait à Autlán et fit le geste d’offrir un toro au gouverneur parce qu'il avait facilité tous les moyens pour son compagnon blessé.
Le problème fut que le toro blessa le diestro sévillan et qu’il fut nécessaire de le transférer à Guadalajara, dans le même petit avion !
Campuzano et José Tomás partagèrent l’hôpital et l’assistance sanitaire. Pris en charge par Francisco del Toro qui n’avait jamais opéré un torero de toute sa vie. Et voilà qu’en 48 heures il prit en charge deux d'entre eux. Ce ne serait pas son nom ?
Rubén Amón