30 avril 2011

Albert de Juan



Albert de Juan, nous l’avons déjà évoqué et nous l’évoquerons à nouveau soyez-en certains.
Le travail photographique d’Albert est remarquable car il témoigne d’une façon profonde et assez inédite d’une tauromachie en marge, une tauromachie authentique, sans fard ni paillettes. Une tauromachie dans laquelle de jeunes hommes vont défier le seigneur toro, gratuitement, pour le plaisir, par afición. Ça se passe pas très loin de Castellón de la Plana. Les lieux de ces exploits se nomment La Vall d’Uixó, Beas de Segura, Massalfassar, La Pobla de Farnals, Massamagrell, El Puig, etc.

Oui, nous y reviendrons, c’est certain.

Pour l’heure notre ami Albert a débuté un blog (http://passioitradicio.blogspot.com), en complément de sa page Flickr — incontournable.

29 avril 2011

L'insoutenable immatérialité de l'être (Partie 2)


Le kitsch contre-attaque !

Une fois posée et à peu près éclaircie la fastidieuse question réglementaire du classement de la corrida au patrimoine culturel immatériel français, passée le temps des accolades, des indultos autoproclamés et mariconadas en tout genre, se pose une question toute simple... Et maintenant ? 

Maintenant ? Rien, circulez, il n'y a rien à voir : la France a inscrit et rangé la corrida dans un inventaire à la Prévert, aux côtés des Sugelli, de la fête des bergers à Aramits, de la dentelle au fuseau et autres pépites incontournables du patrimoine français. On peut se réjouir de la "confirmation" qu'a apporté Frédéric Mitterrand (ainsi que le fait Grand Gourou dans son édito du 29 avril) ou se dire que notre ministre a tenu à minimiser cet événement (en se désolant probablement de tant d'énergie dépensée pour si peu de chaque côté). Voici un extrait de la déclaration chopée dans Midi Libre :  

"Je n'ai pas de sympathie particulière pour la tauromachie, ni pour la chasse à courre, ni pour la mise à mort des animaux pour la fourrure, ni pour le transport des animaux dans des conditions dégradantes, même si je ne mets pas toutes ces pratiques sur le même plan." (...) "Il ne ressort pas du ministre de la Culture de prendre position sur ces problèmes de société qui relèvent des campagnes générales auprès de l'opinion et du Parlement." (...) "L'inscription de la tauromachie dans un simple inventaire patrimonial qui est fait chaque année par le ministère de la Culture n'a pas d'autre valeur que d'appartenir à un inventaire." (...) "Ça ne veut absolument pas dire que le ministère de la Culture soutiendra ou soutiendrait la candidature de la tauromachie au patrimoine immatériel de l'UNESCO. Ce sont deux choses différentes. Ranger ses rayonnages n'est pas fonder une bibliothèque."

Vous apprécierez "l'objectivité" des comparaisons choisies dans la première phrase et surtout dans la dernière, la délicieuse et diplomatique dichotomie rayonnages/bibliothèque ne manquant pas de sel (dommage que la Pasionaria argentée de Vieux-Boucau l'ait malencontreusement zappée de son édito du 29 avril...).

Alors quoi ? Eh bien rien, je vous l'avais dit. "UNESCO", "France", "reconnaissance", "ethnologues" et "scientifiques", "patrimoine immatériel" : tant de mots à rajouter au kitsch du vocabulaire quotidien de l'ONCT (pour l'obtention d'un nouvel édito, remuer et remettre tous ces mots dans un ordre différent, puis dresser avec emphase et indignation façon Michel Sardouille). 
"Au royaume du kitsch totalitaire, les réponses sont données d'avance et excluent toute question nouvelle"1 (Kundera). Alors voilà le champ lexical de l'ONCT et du Libertador qui s'étend, croît et se multiplie, de même que l'éventail des réponses toutes faites pour les hypothétiques et vains débats avec les "antis" : vous aviez déjà bien intégré les termes "Art", "Traditions", "Identité", "Liberté", "Picassoémingwé" ? En voici donc d'autres dûment approuvés et tamponnés par une commission gouvernementale et scientifique. Vous êtes certainement devenu un champion de la conviction (doublé d'un patriote culturel). Enjoy !!

A chacun son propre "kitsch", vous avez depuis longtemps une idée de ce qui constitue le nôtre, on se lasse presque de le rabâcher à longueur d'année. Il en vaut pourtant bien d'autres.

1 Pour l'occasion, j'ai quand même rouvert mon Kundera, en particulier la sixième partie "La grande marche" de l'insoutenable légèreté de l'être" qui aborde le thème du kitsch, je vous conseille d'en faire autant. 

Dernière minute Le 29 avril à 8h20 sur LCI, à la question : "Présenterez-vous la tauromachie à la candidature pour la liste du PCI de l'UNESCO ?", Frédéric Mitterrand a répondu : "Jamais ! J'ai beaucoup de respect pour les combats de Brigitte Bardot. Je suis allé à une corrida il y a 40 ans et je n'y suis jamais retourné."
Auparavant, il avait qualifié l'inventaire du PCI français d'inventaire "surréaliste" et précisé que les maires ont autorité pour autoriser ou interdire les corridas dans leur municipalité.

Photographie L'association de différents éléments kitsch dans une photo la rend-elle automatiquement kitsch ?

28 avril 2011

Voyages


"Pour voyager je me débarrasse de tout ce dont je pourrais être encombré et je fais une sorte de cure. A chaque fois.
Je voyage léger, un seul appareil photo, un seul type de pellicule, un seul sac.
Je dirais qu’il y a une sorte d’épure qui permet d’aller à l’essentiel, qui est mon essentiel à moi.
C’est une sorte de mise en péril, en étant justement fragile de par le fait que l’on ne s’arme pas et que l’on ne se crée pas une armure qui va faire que l’on sera tout simplement incapable de sentir ce que l’on traverse.
C’est surtout une manière de se mettre en disponibilité. Le but, je crois, est de trouver la manière adéquate pour être, en fait, poreux.
A partir du moment où on est complètement dans le voyage et complètement dans le présent du voyage, là les choses commencent à arriver, à devenir.

C’est très facile après de critiquer un certain style de voyage qui a eu lieu avec l’avènement du tourisme.
La caractéristique profonde du touriste est qu’il doit être dérangé le moins possible.
Il se crée une carapace. Le voyage, déjà, est pris en charge par quelqu’un d’autre.
L’efficacité du voyage tient au fait qu’il n’y a aucun moment perdu.
J’ai décortiqué des programmes de voyages touristiques et il y a toujours, quelle que soit la durée, une journée de libre. En général c’est plutôt une demi-journée qu’une journée de libre. Il y a une demi-journée de libre.
Donc ça veut bien dire que le reste du temps ce n’est pas de la liberté, c’est une contrainte majeure.
Pour moi la liberté est justement d’aller où je veux comme je veux. Mais en même temps la liberté suprême c’est aussi de se choisir sa propre contrainte."
Klavdij Sluban, photographe.

http://www.hdatoulon.fr/expositions/index.php

Photographie © François Bruschet

27 avril 2011

"Stéphane Hesselisez-vous !"


Il se trouve que là, tout de suite, l'envie de baisser les bras m'a traversé la caboche. Comme une énorme envie de m'en foutre, comme une envie pressante de dire : "Eh bé, tè... qu'ils se démerdent !"
L'exaspération vient quand l'espérance est vaine. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est tout le monde. Et il s'avère que moi, vous, nous, tout le monde donc, on s'exaspère de la malhonnêteté populiste ambiante à tous les étages. Celle qui s'est soudainement émue du sort des putes, celle qui n'en peut plus de tant d'immigrés dans son champ de vision, celle qui gerbe sur les pauvres, celle qui flatte les salauds de ce monde, avant de leur envoyer ses zingues supersoniques dans les gencives, celle qui mitone des lois pour débarrasser la société gentille des tarés qu'elle a elle-même engendrés, celle qui... bref, la liste est longue et indécente comme le chiffre du chèque de fin de mois d'un patron du CAC40.

Et vous, et moi, et nous, on subit tout ça, tous les jours, attérrés, consternés, exaspérés... avec nos petits moyens, nos petits quotidiens, "notre petite auto et notre petit chapeau", sans faire de bruit, bien droits, bien obéissants, bien mignons... Viendra le jour où l'on nous suppliera d'élire celui qui aura le devoir de nous guider, nous les simples mortels, à travers les ténèbres pendant 5 ans ou plus si affinités, et là encore, vous verrez que si vous me choisissez, votre vie sera enfin belle, et que si vous votez pour moi, vous serez enfin riches, enfin beaux, et enfin intelligents... ! La suite, vous la connaissez, en tous cas, vous pouvez commencer à la craindre...

Je suis fatigué des discours de ces insupportables trouducs qui s'offusquent du sort du malheureux lybien en arrosant le jambon-purée de bobonne au Château-Pétrus parce que y a plus que ça dans la cave. Epuisé des carambars molassons à gauche et des clowns pathétiques à droite qui ne cessent de nous dire que c'est comme ça, la vie, la vraie, et pas autrement, tout en citant Voltaire sans trop comprendre qu'ils l'insultent à trop se risquer à lui rendre hommage.

Moi, j'ai vraiment commencé à chanter le blues quand, par dessus le marché, mon affection pour les toros s'est vue elle aussi prendre un sérieux coup de parpin démago dans le dentier, en parfaite osmose avec la satire socialement mondiale, ou mondialement sociale, qui nous accable outrageusement depuis le début des années 2000, depuis deux atterrissages ratés sur des tours US trop hautaines.
Ainsi, comme vous, je me désole de l'image de ces inébranlables branleurs du Moun brandissant "benoîtement" des portraits de guerriers oubliés, parce que la "bien-pensance" locale avait préféré le baroque outrancier d'un professionel gominé incarné par la silhouette glamour d'une blonde cavalière, au désir de ce péquenaud de contribuable. Avouez que pareille garantie à la tête d'une telle entreprise, ça a quand même une autre gueule qu'un troupeau de jeunes cons en havaïanas, non ?
Comme vous, j'enrage de constater que le mundillo ne bougera pas un poil de cul et se complaira à mariner dans ce cloaque merdeux jusqu'à ce que mort s'ensuive, pendant que les incontournables du ruedo, au QI plus tendre que celui d'une pelle, s'obstinent à ne pas voir qu'il est grand temps de freiner velu sur leurs revenus galactiques et ne jurent que par le Parladé bubble-gum pour tourner en rond dans leurs muletas légères.
Comme vous, je me dis qu'il y a des coups de pieds au cul qui se perdent quand j'entends par ici que "les encastes disparaissent", que je lis par là-bas que "les toros ne les supportent plus", et que le fruit de la réflexion sur ce pathétique boxon ce résume à la conception d'une pique "frenchy" new génération, bonne à masser les dos et décoincer les nerfs (happy end comprise...) de ces tristes bestiaux plus marioles à l'heure de la gamelle qu'au moment de bastonner le peto... poil au dos.
Comme vous, je déplore l'air con qu'on leur inflige avec ces infâmes fundas, et ne sais toujours pas bien à qui profite le crime... Pourtant j'ai quelques hypothèses.
Comme vous, je sature de cette tauromachie nouvelle que l'on s'évertue à rendre "incontournable" pour la survie de je ne sais quoi, de ce marketing visqueux dont les oracles-gourous et autres chasseurs-aficionados se font les colporteurs quotidiens à coups d'éditos prévenants, d'opus splendides sur papier glacé et de récits envolés contant les batailles européennes et hauts faits d'armes contre l'ennemi de toujours, l'anti. Ces mêmes gens qui sifflaient dru quand le ciel était bleu, quand on chantait tous en choeur dans les ruedos gascons ensoleillés, allaient nous montrer qu'ils en avaient, eux, du savoir et de tout le reste, parce qu'incontestablement, eux, ils avaient les épaules et ils allaient la sauver, eux, la fiesta brava. Et même qu'il valait mieux pas y toucher !... Fallait les entendre et les voir brandir haut les badges.

Ces jours-ci, je me marre "jaune citron" de voir fleurir leur acné d'éloges "bisounours" à la gloire du génie visionnaire et incompris de l'infortuné Juan Pedro, et n'attends pas autre chose de leur part que des requiems dégoulinants et faussement pleurnichards préparant l'éventualité imminente d'un : Ci-gît la ganadería du brave Curé de Valverde... qu'elle repose en paix, ou encore : Nous n'oublierons jamais les patas blancas de Barcial, paix à leur âme, ou là-bas : Les toros de Guardiola ont livré leur dernier combat, ils peuvent enfin se reposer... Enfin bon, soyez sûrs que l'opus machin, toujours en vente, vous contera de jolies histoires d'autrefois, d'incroyables souvenirs de mayorales comme on n'en fait plus, avec de belles photos et des interviews exclusives de vieux maestros parkinsonisés !...
Car, point de doute, c'est bien en ces termes et en ce sens-là que tous les OCT de la planète travaillent à redonner un sens "noblasss" à notre passion chérie, en signant de glorieux traités européens pour préserver la tauromachie, LEUR tauromachie, la "moderne", la desgarbadesque qui pique fraîchement et indulte noblement pour mieux enterrer le grand Brave, rêche et rustique, qui ne va bien ni aux poignets trops savoureux ni aux publics festifs de dimanches triomphants. Bref, dans ce joyeux bordel, quid des notions fondamentales de Combat, de Lidia, de Caste et, vous allez rire, de Toro ? Belle foutaise, en fait, je vous le dis...

Ainsi, comme vous, je n'espère plus rien ni de nos incontournables cireurs de pompes, ni de cette afición "Madrange" ni de ce mundillo canaille, encore moins des OCT, tous trop décevants ; et pour parer à la morosité ambiante, je ne saurais donc trop vous conseiller de vous "Stéphane Hessel-iser", de vous indigner contre cette "génération Desgarbado" absolument triomphaliste, quitte à bouffer du foin et la ficelle autour, sans n'attendre rien de personne, surtout de ceux qui ont le pif dedans, qui signent des traités pour sauver un bras gauche endolori, et posent un pansement poli sur le droit qui est gangréné. Fini de bramer passivement, voici venu le temps de l'indignation, de l'auto-gestion, de la prise en main, de vous-mêmes par vous-mêmes, qui consiste à dire MERDE haut et fort. Ne vous résignez plus, et riez aux tarins de ceux qui ont usé et abusé de leur temps de parole. Comme toujours, le destin de l'Afición est entre les mains des seuls aficionados, et si vous êtes de ceux-là, décidez de faire la tauromachie de demain à votre image, en refusant ouvertement que l'on vous serve la soupe. Car Vous, consommateurs, clients, payeurs, amateurs, possédez le pouvoir de dire NON, le pouvoir de ne pas aller aux arènes, et donc de ne pas consommer bêtement, sans réflexion, sans parti pris ni convictions fortes. Parce qu'ici et ailleurs, les pages d'écritures ne suffisent plus, les souffles s'épuisent, les troupes se lassent, et pour autant, les choses ne peuvent pas évoluer que dans un sens. Sans cuica ni caxixi, offrons-nous une révolte silencieuse, en nous pointant simplement au rendez-vous en aficionados responsables, et offrons-nous nos propres alternatives, car à tout mal, répond un remède, comme toutes les Barcelone du monde ont leur Céret, comme tous les Casas/Sara du monde ont leur Escalier 6, comme tous les 'Desgarbado' du monde ont leur 'Camarito', comme tous les opus du monde ont leur terredetoros.com. Refusez, contestez, exprimez-vous, vous trouverez 35 tonnes de raisons de vous indigner, mais enfin, une bonne fois pour toutes, mettez le foutoir dans les tendidos. Après, seulement après, vous pourrez dire que vous avez quand même essayé de changer les choses.


A Stéphane Hessel, sa vie, son oeuvre et son déjà culte "Indignez-vous !".

L'insoutenable immatérialité de l'être (Partie 1)


D'Angkor Vat à la tarte tatin.

Aucun lien ? Pardi ! Une rue de Lyon, Patrimoine Moooondial de l'Humanité.
Le grand Timonier de l'ONCT nous a annoncé dans toute la splendeur de sa fierté, vendredi dernier (Vendredi Saint, Dieu est mort) le joli coup effectué par son machin : la corrida inscrite au patrimoine culturel immatériel... français (oin oiiin oiiiiin !) selon les "critères de l'UNESCO". On imagine le délire aux arènes d'Arles, "ma culture, ma liberté, mon identité" mais aussi, mon patrimoine culturel iiiimmmmatériel (PCI pour faire court) oui Môssieur ! C'est parti pour un concert de célébrations, une valse de protestations des z'antis, des dépêches qui se reprennent les unes les autres, le téléphone arabe et votre voisin de tendido qui ne devrait pas tarder à vous dire que la corrida est inscrite à l'UNESCO, façon Machu Pichu et Angkor ! OK, sauf qu'en l'occurrence et pour l'instant c'est le PCI tendance tarte tatin. Je m'explique. 
  • D'où sort le PCI ? 
Pour avoir tous les détails, je vous renvoie au site  de la mission ethnologie du ministère de la Culture et plus précisément à la page expliquant les différents aspects juridiques du PCI. En quelques mots : l'UNESCO a créé une convention en 2003 définissant le PCI (voir le texte sur le site de l'UNESCO). Cette convention a été ratifiée par de nombreux Etats qui, se faisant, s'engagent à "dresser, de façon adaptée à sa situation, un ou plusieurs inventaires du patrimoine culturel immatériel présent sur son territoire. Ces inventaires font l’objet d’une mise à jour régulière."
En France, c'est donc une commission à but ethnologique qui recense les différentes activités inscrites au PCI français avant éventuellement de soumettre certaines d'entre elles au comité de l'UNESCO en charge de dresser la liste du PCI de l'humanité (dont la liste des éléments "nécessitant une sauvegarde urgente").
  • Comment cela s'est il passé ? 
Joli coup, disais-je, car l'ONCT a monté son dossier loin des meutes antis et pros proférant des anathèmes ou des débats stériles en quatre colonnes dans les pages d'été de nos quotidiens, par le biais de cette commission scientifique, ainsi que son président l'explique dans son organe de presse personnel : édito "Historique !" du 22 avril 2011. Treize pages de fiche-type ratifiée par la commission sus-nommée et placée dans la catégorie "pratiques sportives". 
L'ONCT a donc fait son bonhomme de chemin depuis plus d'un an quand "une cinquantaine de villes du sud et du sud-ouest de la France ont constitué un dossier pour faire entrer la culture taurine au patrimoine culturel de l'UNESCO" et se sont aperçues qu'il fallait commencer petit, par le PCI français. (Voir l'article du Figaro d'alors.)
  • Joli coup ou joli tour ? 
A lire les différents articles traitant du sujet, il semble que l'ONCT, une fois son projet accompli a pris le soin d'annoncer la nouvelle qui s'est répandue comme traînée de poudre à travers les médias. Quid de la communication du ministère de la Culture ? Pas grand-chose à vrai dire, on lit çà et là quelques réactions minimisant la portée de ce recensement : "La tauromachie "a bien été recensée au patrimoine immatériel de la France par une commission ethnologique au sein du ministère de la Culture en janvier", au "même titre que la tarte tatin, le fest-noz, la tapisserie d'Aubusson, les parfumeurs de Grasse", a-t-on indiqué au ministère." (Sur le site lepoint.fr.)
Ou encore : "Pour les autorités, cette inscription au patrimoine français n'implique « aucune forme de protection, de promotion particulière ou de cautionnement moral1 ». Elle ne vise pas non plus « à proposer la tauromachie à l'inscription au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO », mais relève simplement « l'existence factuelle d'une pratique et d'un développement alentour d'un certain nombre d'éléments de nature culturelle ». Elles ajoutent que « la corrida, introduite en France au milieu du XIXe siècle sur la base de traditions taurines plus anciennes, est aujourd'hui présente dans quatre régions du sud où, chaque année, des spectacles sont organisés dans une quarantaine de villes »." (Sur le site de RMC.)

Sur le site du ministère de la Culture, jusqu'ici (mardi 26 avril 23h59)... rien : pas la moindre trace (recherche par mot clé : "tauromachie" ou "corrida", liste des communiqués de presse). On comprend donc, à travers les éléments dont nous disposons (en attendant la réponse éventuelle du ministère à mon courriel) que si une commission ethnologique a inscrit la corrida au PCI, il ne s'agit pas d'une volonté politique de la part des hautes instances de l'Etat. Donc, c'est plutôt un joli tour joué au ministère par l'ONCT !
  • What's next ? 
Comme nous l'avons vu plus haut, le but semble de toucher l'UNESCO (la tatin qui se rêvait Machu Pichu) mais pour ceci, la marche risque d'être un peu plus difficile à franchir puisque d'une procédure ethnologique nous allons passer à une procédure (éminemment) politique puisque la liste sur laquelle sont inscrits les éléments au PCI de l'humanité est établie sur... proposition des Etats parties concernés. 

À suivre...

1 Ce qui va à l'encontre de l'Article 13 : "Autres mesures de sauvegarde" et de l'Article 14 : "Éducation, sensibilisation et renforcement des capacités" de la partie III. "Sauvegarde du patrimoine culturel immatériel à l’échelle nationale" du "Texte de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel" que vous trouverez in extenso ici.
Vous êtes arrivés jusque là ? Une petite vidéo explicative de l'UNESCO pour vous récompenser.

26 avril 2011

Sale(s) temps


Lorsque je prends la direction de la Dordogne voisine et que je franchis le portail de la maison des beaux-parents, je sais par avance que j'y trouverai le journal Sud Ouest. Dimanche dernier, avant les tartines et le chocolat chaud, j'ai visé le salon et sa table basse ; il était là, quelque peu défait.

J'ai commencé par lire le récit de l'envoyé spécial à la «frontière» franco-italienne où des Tunisiens, «jouets» de deux gouvernements à peu près aussi grotesques et lamentables l'un que l'autre, rêvent de se reconstruire une vie dans un pays dont ils ne connaissent pas seulement la langue...

À la page «Toros», un article attire mon attention ; un court papier sur l'inscription par la France de la tauromachie à son patrimoine culturel immatériel dont je ne retiens que la fin : «Douce France, cher pays de mon enfance...» Alors, Zocato, plutôt Charles Trénet ou Rachid Taha ?

Vendredi 22 avril à Arles, le jour même de cette nouvelle (irréelle ?), El Juli faisait joujou avec un Garcigrande présenté deux fois au cheval... puis gracié !!! C'est bien ce que je disais : grotesque et lamentable.

Image Chez Jacinto Ortega © Laurent Larrieu

24 avril 2011

Campos y Ruedos 02, le bon de commande


Voilà... c’est parti...

Le second livre de Campos y Ruedos est imprimé, depuis hier, et sera façonné la semaine prochaine pour une livraison dans une petite dizaine de jours.

Pour ce deuxième volet, quatre invités se sont joints à l'aventure.
Jacques Maigne a pris la suite de Jacques Durand pour un texte inspiré sur la photographie d’un bar andalou.

Fernando Cuadri, lui-même, nous a fait l’honneur d'un texte écrit sur nous, un peu, rien que pour nous, enfin pour vous, et sur le campo évidemment ; un texte de Fernando entier et sans langue de bois qui est offert dans sa version bilingue.

Et les deux autres invités sont deux photographes, of course ! Joséphine Douet et Michael Crouser, que l’on ne présente plus ici, nous ont fait l’amitié d’accepter l'invitation.

Bien entendu, vous retrouverez tous les collaborateurs habituels du site : José Angulo, Frédéric Bartholin, François Bruschet, Laurent Larrieu, Philippe Marchi, Yannick Olivier, Jérôme Pradet et Thomas Thuriès.

Enfin, comme pour le premier numéro, vous pouvez imprimer le bon de commande avec des frais de port offerts jusqu’au 15 juillet prochain.

Allez ! On clique sur le bon de commande de Campos y Ruedos 02 !

Campo Pequeno, triste modernité


On ne part guère à Lisbonne en quête de modernité, mais plutôt pour y goûter la mélancolie d'un pays à ce point perdu dans le parfum de son passé qu'il ne semble plus daigner contempler son Océan. C'est un vieux magasin de bonbons pastels dans lequel on pénètre, aux armoires de bois verni et munis de vitres fines. Il semble que tout soit étiqueté à l'encre de Chine, soigneusement ordonné : un paradis pour vieux pas riches mais dignes derrière leurs cravates quotidiennes et leur dentelle d'antan. Ils sont partout. La nostalgie se vend encore bien de Chiado à Graça et le décor, de tramways en pavés et de vieilles en vieilles, lui tamponne le cachet authentique sur toutes les faces. On ne part guère à Lisbonne en quête de modernité, mais pour vérifier qu'en certains coins d'Europe, certaines capitales, le linge sèche toujours aux fenêtres, et le vélo au balcon. Tout a pris sa place et beaucoup d'éléments ici gommés ont préservé la leur. Je suis passé à côté, pendant trois jours, je n'ai pas bien saisi, je n'ai que la réductrice impression de n'avoir vu que des vieux, des parcs vides et tout juste une aimable movida perchée là-haut. J'étais venu y voir jouer Lyon, mais j'avais fini par fuir dans ce Lisbonne, fâché et fermé, promenant une guirlande de Nikon en guise d'inspiration et une humeur triste, agitée de doutes.
En ce dimanche de fin octobre, j'ai semé toute connaissance lyonnaise et flâné de Saldanha jusqu'au jardin de la Fondation Gulbenkian. Au salon de thé Versailles et à Lisbonne en général, le café n'est pas pire qu'en France et s'accompagne d'un pastel de nata soigneusement saupoudré de cannelle pour moins de deux euros. Lisbonne, sanctuaire du pouvoir d'achat pour le flâneur gourmand. Triste miracle du poids de l'Euro aux confins de ce que les marchés nomment désormais "les périphériques". C'est plus joli que les "PIIGS" de l'an dernier, même si en fait c'est moins bien1.
On ne part guère à Lisbonne en quête de modernité, disais-je, mais on finit par tomber sur un pan de celle-ci au détour d'une flânerie de Saldanha à Gulbenkian si l'on veut bien s'égarer par l'Avenida da República et les arènes de Campo Pequeno. 
Le coso rend près de 40 ans à Las Ventas et fut construit de briques en 1892 dans un style néo-mudéjar agrémenté de dômes. Et qu'y reste-t-il de toros ? Bien peu de choses noyées dans une galerie commerciale et une salle de spectacle multifonctions. On frémit à l'idée du programme taurin ! En ce dimanche après-midi, il n'y a rien d'ouvert autre que les cinémas peut-être et la grille de la Grande porte. Outre l'enceinte extérieure qui a conservé sa structure de briques (l'intérieur a été refait en béton armé), l'élément le plus ancien de l'ensemble doit être cette pellicule de TMax 3200 périmée depuis des lustres qui traîne dans mon Nikon et qui transforme le grain en graviers... Dans le désert ambiant, des distributeurs de boissons, des chaînes de restaurants et de petites barrières interdisant l'accès aux gradins. Au moment d'enjamber l'une d'entre elles pour jeter un oeil au ruedo (??) aujourd'hui couvert, je tombe sur le gardien qui m'interdit formellement de passer même pour un seul regard et me conseille de revenir une fois la saison taurine reprise.

D'ici le retour des touros et des forcados, les mauvaises occasions ne manquent pas pour jeter un oeil dans la salle (??), à voir la liste de concerts de mauvais rock affichée à l'entrée. A Lisbonne, la modernité offre, comme le futur, una cara bem feiosa2.

1 Dans la zone euro, le jargon des marchés financiers distinguait par le passé les pays "core", comme la France ou l'Allemagne, des "PIIGS" ("coochons"?) acronyme de Portugal Ireland Italy Greece Spain. Depuis la crise de la dette grecque, il y a un an, on a tendance à distinguer les "périphériques" (Portugal, Irlande, Grèce), dont les situations sont réellement préoccupantes, des "semi-périphériques" (Italie, Espagne) qui offrent de meilleurs atouts et plus de garantie dans leur économie.
2 Une bien sale trogne.

23 avril 2011

21 avril 2011

R Bonheur 1867


Des aurochs de Lascaux aux bisons d'Altamira ; des têtes de bronze de rat ou de porc d'un palais pékinois au Lion de Belfort de Bartholdi ; des canards (pendus) d'Oudry à l'oie de Segantini ; de l'hermine de Vinci aux bœufs (écorchés) de Soutine, Rembrandt et Bacon ; des chevaux de Degas à ceux d'Uccello ; des poissons de Braque aux moutons de Moore ; du rhinocéros de Dürer aux tigres de Delacroix et Richter ; des coqs (de combat) de Pignon aux oiseaux d'Audubon ; des vaches de Boudin à celles de Dubuffet ; du singe de Pisanello aux sangliers de Rebeyrolle et Fautrier ; des chiens de Crouser aux bœufs musqués de Munier (à suivre)... Des taureaux de Goya à ceux de Rosa.

Image Rosa Bonheur (Bordeaux 1822 – Thomery 1899) / Taureaux andalous, 1867 / Aquarelle, 33,8 x 46,2 cm © The Walters Art Museum, Baltimore

20 avril 2011

Il Torero Camomillo


S'il vous prend l'idée de montrer ça à Luigi Ronda, sachez que ça semble équivaloir à peu près à faire découvrir à un Français un épisode de "Bonne nuit les petits". Bref, c'est tout sauf une trouvaille pour nos lecteurs transalpins, mais comme je doute que ceux-ci soient si nombreux, voici une petite vidéo pour ceux d'entre vous qui êtes les transalpins des Italiens (vous suivez ?).


Il matador chi è ?
Torero Camomillo,
il matador tranquillo,
che dorme appena può.
Torero Camomillo
se il toro ti è vicino
tu schiacci un pisolino
e non ci pensi più.
Lallara lallara lallara lalla la olè !

Merci à Flo pour cette précieuse découverte !

19 avril 2011

BCN... Z


Le boucher. L’ultime et l’omega de la corrida. Ça doit finir là. La lettre Z achève l’alphabet et le boucher est immuable. C’est lui qui a le dernier mo(r)t.
Il eut été impossible d’entrer dans tous les bars. Les bars, c’est bien. En Espagne surtout. C’est le pouls d’un village, c’est le sang qui coule et qui fait vivre. Même dans les grandes villes modernes aux devantures internationales, façonnées, vues partout ailleurs. Même à Barcelone, les bars battent le rythme de la vie. Même sans entrer dans tous les bars, je prends le pari que bien peu au-dedans sentaient le toro. BCN ne sent pas le toro. Sur la Passeig de Gràcia, à Urquinaona, les odeurs n’en sont pas là où les néons des boutiques agissent comme du chlore. Carrer de Sant Pau, on a d’autres chattes à fouetter et l’on ravale sa dignité dans les encadrements salis de portes lissées par l’attente des talons aiguilles. Aux abords de la Monumental, Carrer de Lepant ou Carrer de la Marina, les mouettes chient, le regard vide, le cri troublé ; ça sent la mer... avec du chlore pour faire propre.
Las Arenas est restée ronde. Mario l’a vu ! Au centre du ruedo se croisent les sacs Desigual, les poches Macdo et les pompes Footlocker. C’est propre, c’est clean, c’est chlore. Lady Gaga s’habille en viande.

J’ai pas cherché ailleurs. J’ai pas été plus loin. BCN ne sent pas le toro. Je le savais avant d’arriver. Ils crient liberté à toutes les sauces, ils hurlent au déni démocratique. Mais Mario a raison et "les élus ont fait des choix, dans l’intérêt de la ville, des administrés et des commerçants... Ils ont été élus pour cela, non ?" BCN sent le chlore et se fout des toros. C’est son choix, en quelque sorte un droit. De toute façon, pour qui a quelque notion de géographie, Barcelone est fâchée avec l’Espagne, elle lui tourne le dos. Regardez une carte !

J’ai pas cherché ailleurs et j’ai trouvé au centre. La Boqueria. Des fruits partout, des touristes rosis par le soleil d’avril, des mendiants juste ce qu’il faut pour pas trop les gêner et au centre le boucher. L’ultime et l’omega de la corrida. L’immuable boucher comme la lettre Z, la fin, le bout du chemin, le noir du tunnel.
"Este año todavía tenemos toro." Au-dessus de l’épitaphe, Luis de Pauloba... de dos, on imagine une croix.

Photographies Reflets de Las Arenas sur les immeubles modernes et Luis de Pauloba chez le boucher au marché de La Boqueria © Laurent Larrieu / camposyruedos.com.

18 avril 2011

Barcelonatcheko


Ils ont commencé par s’ennuyer et venir de moins en moins...
Ils ont perdu un peu d’afición, trouvé d’autres préoccupations — la mer, le sport, le ciné, les voyages, la bouffe, la culture, les arrivages d’exotiques étrangères... Que sais-je ?
Les distractions ne manquent pas à Barcelone.
Les élus ont fait des choix, dans l’intérêt de la ville, des administrés et des commerçants... Ils ont été élus pour cela, non ?
Les affaires et la politique ont horreur du vide, hors ces arènes-là étaient si peu pleines et les autres plutôt vides...
Sur cette photo, l’air un peu... bête, je suis au milieu d’un ruedo (pour une fois...). Le ruedo de la vielle plaza de Las Arenas. C’est un choc à chaque fois de réaliser qu’un monde en chasse un autre, le mien en l’occurrence.
Il y a douze ans, lors de ma dernière visite, il restait un peu d’espoir... La vieille plaza n’était qu’envahie d’herbes.
Ils ont conservé la structure et son style néo-mudéjar en briques,  et ont rempli le vide par un centre culturo-gastronomico-commercial comme nous les aimons tant et inauguré fin mars. Tout chaud donc, et avec de l’allure, et des ascenseurs partout. Le sommet propose une promenade en terrasse à 360° qui permet d’admirer la ville jusqu’au bleu de la mer.
Le chauffeur de taxi en est fier, et il adhère emballé à l’idée que je lui tends sournoisement d’en faire un second à la Monumental et un troisième à la Sagrada Familia. Car, par exemple, ce week-end trois bateaux-villes ont accosté à Barcelone, soit douze mille personnes qui débarquent. C’est autrement meilleur pour les affaires que la « torture » (sic, le taxi) de six toros à Las Arenas.
Barcelone n’étant plus l’Espagne, il est content mon évolué pilote automobile.
Il va un jour se réveiller et comprendre que Barcelone... c’est plus trop la Catalogne non plus et que le catalan-courant n’est plus la langue la plus pratiquée si l’on en croit la croissance exponentielle des Starbucks-Coffee.
Puis j’ai pensé à Lachepaillet, futur centre branché Basco-Surf-Océan du B.A.B. avec ses restos designs, ses boutiques de luxe et ses boîtes people. Dans cinq ans... dix ans... ?
Question d’ennui, d’afición et de politique.
Mario Tisné

17 avril 2011

Ce samedi 16 avril


C’est 'Gargantillo' qui a gagné. Il en faudra plus que cet unique exemplaire pour redonner du lustre à la ganadería de Felipe Bartolomé Sanz mais 'Gargantillo' peut laisser toutefois espérer le ganadero. Les autres ont perdu parce que moins bons que 'Gargantillo' peut-être ou parce que les conditions de leur lidia ne leur auraient jamais permis de gagner, quoi qu’ils eussent fait dans le ruedo pour le mériter. Mais les prix importent peu et le principe du concours de ganaderías n’est à la fin qu’un prétexte pour voir le toro combattre. C’est déjà énorme par les temps qui courent. Et il y eut des toros à Saragosse ce samedi 16 avril 2011 ; aucun grand toro mais une franche rasade de bons toros, intéressants et chacun fidèle à ses origines.
Le problème des corridas concours est le choix des maestros chargés de combattre les six toros. Car au-delà de leurs qualités avérées ou non de torero, la vérité oblige à reconnaître ce que l’on oublie trop souvent : la lidia d’un toro débute dès la sortie du toril et s’achève avec la puntilla. Et cette lidia essentielle est menée par une équipe, une cuadrilla, qui se doit d’être au point. Ce samedi 16 avril, Serafín Marín et sa cuadrilla étaient prêts et même plus. Le diestro catalan a été excellent de bout en bout, intelligent, meneur d’hommes et de toros. A sa suite, sa cuadrilla brilla par l’économie de gestes et le sens de la lidia. En point d’orgue, il y eut ce spectacle rarissimissime d’un torero a caballo encore capable de piquer un toro brave ('Garboso' d’Adelaida Rodríguez) dans le morrillo... une fois, deux fois, trois fois, quatre fois et même cinq fois. Sur le programme était écrit : « Manuel Molina (grana y oro), pica el 5°. »
Mais Serafín Marín et sa cuadrilla démontrèrent en contrepoint qu’une corrida concours ne peut pas être confiée au premier torero local ou au protégé de l’empresa. Une corrida concours, si elle doit être organisée, se doit de proposer au cartel des toreros lidiadores, c’est une chose, mais avant tout et surtout, des toreros accompagnés d’une cuadrilla digne de ce nom. C’est triste à écrire mais c’est ainsi et, ce samedi 16 avril, Serranito et sa cuadrilla de mercenaires ont massacré (le terme « saigné » serait plus adéquat) un toro très intéressant (Juan Luis Fraile) et ont faussé le tercio de piques du dernier (La Reina) en étant incapables de contenir et de guider la charge encastée de cet animal.
'Gargantillo' a gagné parce qu’il était beau ! Ça compte. 'Gargantillo' avait du trapío. 480 kilos de trapío et de présence (la queue un peu courte peut-être). 'Garboso' (Adelaida Rodríguez) a perdu à cause de son asphyxie lors du troisième tiers (il n’a pu recevoir que 4 passes puis s’est couché longuement sur le sable), mais surtout parce qu'il était sans trapío. 581 kilos de non trapío. 'Sortijero' (Juan Luis Fraile), malgré d’indéniables qualités de caste et malgré un assassinat aux piques, n’aurait jamais pu gagner car il n’avait pas lui non plus de trapío avec ce cul étroit et cette colonne vertébrale mal tombée. 'Sedero' (La Reina) avait du trapío mais il n’a pas gagné car trop dans le concept moderne d’un toro fabriqué uniquement pour le troisième tiers (même s’il démontra une belle caste débordante pour Castaño). Et puis on ne gagne pas avec deux cornes éclatées ! Elles servent à quoi leurs fundas Monsieur Joselito ? 'Aviador' (Adolfo Martín) pesait 475 kilos. 'Aviador' était beau. Vraiment beau et vraiment con trapío ! Une "estampe". 'Aviador' n’a pas gagné car 'Aviador' s’est comporté comme un Albaserrada au cheval — j’y vais mais pas trop, j’y repars mais sans conviction — et comme un pu... de sa ra... d’Albaserrada au troisième tiers. Le truc qui charge avec allant mais l’œil sur les chevilles, les deux yeux même. Un Albaserrrada que l'on aimerait revoir plus souvent pour dire vrai. Le trapío, le poids... Eternel dilemme réglé ce samedi 16 avril par un Santa Coloma de 480 kilos et par un Albaserrada de 475 kilos ! Enhorabuena.
Alors oublions le Concha y Sierra, oublions les piques de tienta, oublions le manque de public et la moyenne d’âge cheveux blancs, oublions Castaño et surtout Serranito. Oublions tout cela. Ce samedi 16 avril, il y avait une bonne cuadra de caballos, deux bons picadors, un maestro et des toros de lidia.

>>> Retrouvez une galerie consacrée à cette corrida concours sur le site www.camposyruedos.com, rubrique RUEDOS.

Photographie 'Aviador' d'Adolfo Martín Andrés © Laurent Larrieu

15 avril 2011

Reseñas (imaginaires)


Demain samedi 16 avril aura lieu la traditionnelle corrida concours de Saragosse — la seule digne de ce nom de toute la temporada espagnole...
Demain, donc, concourront par ordre d'ancienneté 6 toros des élevages de Concha y Sierra (Vázquez), Herederos de D. Felipe Bartolomé Sanz (Buendía), D. Juan Luis Fraile y Martín (Graciliano), Adolfo Martín Andrés (Albaserrada), Dña. Adelaida Rodríguez García (Lisardo Sánchez) — seul élevage de la tarde à appartenir à l'AGL (Asociación de ganaderías de lidia) et non à l'UCTL — et La Reina (Domecq) — sans ancienneté.
Il fut un temps où les ganaderos étaient (estimés ?) conviés à dire quelques mots sur leurs toros. Les temps changent et nous en sommes réduits à imaginer...

'Solo' de Concha y Sierra (guarismo 7) :
« Il est salinero, mais ma femme me soutient qu'il est sardo. L'autre jour, elle est rentrée dans le cercado pour me montrer les taches noires ! J'ai eu beau crier : “Reviens, je les vois ! Reviens !”, rien n'y fit. Si le mayoral n'avait pas été là, elle y passait. Le soir, à la soupe, quand elle m'a dit que 'Solo' ne lui plaisait pas parce qu'il ressemblait trop à un Domecq, je peux vous assurer que je n'ai pas bronché. »

'Gargantillo' des Herederos de D. Felipe Bartolomé Sanz (guarismo 6) :
« C'est un miraculé que je soupçonne fortement d'avoir trucidé quelques-uns de ses frangins ! Le seul cinqueño qu'il me restait, mais voyez comme les choses sont bien faites, de toute ma vie de ganadero, je n'en ai jamais eu un d'aussi beau dans mon campo. Bon, pour être tout à fait franc, et parce que la perfection n'est pas de ce monde, je lui trouve la queue un peu courte... »

'Sortijero' de D. Juan Luis Fraile y Martín (guarismo 6) :
« Cet hiver, en rentrant dans le bureau de mon père, je me suis souvenu que, de tous les toros encadrés qui ont fait sa fierté, celui qu'il préférait avait le poil frisé sur le front et le morrillo. Il ressemblait beaucoup à ce 'Sortijero' algo acapachado et bizco. Costaud, très ramassé, il va me faire le plaisir de perdre quelques kilos d'ici le 16 avril. Croyez-moi, il sera alors redoutable. »

'Aviador' d'Adolfo Martín Andrés (guarismo 6) :
« Une personne de mon entourage m'a récemment dit qu'il avait les cojones aussi petites que ses cornes sont grandes. Et elle a rajouté : “'Aviador', ce ne sont pas des cornes qu'il a mais des ailes !” Moi, j'ai pensé tout bas qu'il était long comme un train... J'aime aussi son aspect rustique, et son côté ermite au campo. Depuis cette photo, il s'est affûté ; il sortira avec le “cul serré”. »

'Garboso' de Dña. Adelaida Rodríguez García (guarismo 7) :
« Que voulez-vous savoir ? Que voulez-vous que j'vous dise ? Ils sont arrivés sans prévenir ; ils étaient pressés, moi aussi ! J'ai envoyé mon mayoral faire des photos des toros, mais il est revenu tout penaud en m'expliquant que la batterie l'avait lâché. Il a juste eu le temps de prendre 'Garboso', qui ne leur a pas déplu. Je crois qu'ils s'en foutaient. Moi aussi ! Ah ! ah ! ah ! »

'Jaranero' de La Reina (guarismo 6) :
« Je tiens tout d'abord à rappeler que les fundas me permettent de ne plus être inquiété pour afeitado... Hum... L'autre jour, je discutais avec un vaquero qui m'avouait avoir un faible pour les toros dans lesquels on retrouvait les lignes veragueñas, et cette encornure vers le haut. “Et pourquoi donc ?”, lui ai-je demandé. Vous auriez dû voir avec quel air méchant il a répondu : “Parce qu'ils prennent des piques.” »

Image 'Aviador' : une « estampe » Albaserrada d'Adolfo Martín Andrés photographiée par © Costillares pour http://torear.blogspot.com/.

Recouvrons-le de lumière


Campos y Ruedos n'a pas vocation à se mêler de problèmes de société, encore moins de politique. Ici, il ne s'agit pas de politique, c'est bien plus vaste. Il est dans l'air, en France — pas en Espagne, pas non plus en Allemagne dont on nous rebat les oreilles chaque fois qu'il faut nous contrarier par un exemple contraignant —, il est dans l'air du temps, disais-je, de vouloir pénaliser les clients de prostituées. Rien à voir avec CyR, même pas avec l'OCT, l'autre, qui n'observe qu'au sud des Pyrénées.
Non, si Campos y Ruedos lève aujourd'hui un sourcil sur cette nouvelle et lamentable péripétie pré-présidentielle c'est que vient d'entrer dans l'arène un certain Philippe Caubère, celui-là même qui a interprété et donné vie au très émouvant "Recouvre-le de lumière" d'Alain Montcouquiol.

Et c'est dans Libé que Caubère est entré dans l'arène, machos très apprêtés, et avec la même paire de cojones qu'il a fallu à César Rincón pour affronter 'Bastonito'.

Seul faux pas à mon sens, l'évocation de Cantat... Passons.


Moi, Philippe Caubère, acteur, féministe, marié et "client de prostituées", et nous, nous  rajoutons aficionado.

Voilà qui change divinement du "faux-cultisme" ambiant. Vivifiant.

14 avril 2011

¿Usted habla triguereño?



Que dire de Cuadri, Trigueros et "Comeuñas" que nous n'ayons déjà dit ? A en croire Luis, il faudrait demander à José Escobar, dont les souvenirs de mayoral sèchent et s'affinent à l'âcre fumée havanaise, comme les meilleurs jamones dans les caves de la sierra voisine. Dans sa fantastique caboche, José Escobar tient le livre de la ganadería : vous le saviez déjà.

On ne passera pas cet après-midi, le ruisseau est en crue, les accès à Trigueros ont été coupés dans la matinée et je me demande comment le X5 a réussi à percer le rideau de pluie près de Séville. Bah, après tout... on verra bien. 
Ça passe... "Comeuñas" sent le feu de bois, les toits végétaux ont verdi, le campo frise le fluo, les pollens ne font plus frissonner ma narine.

— Putain, le pied, c'est beau ! C'est vraiment le paradis !
— T'as rien trouvé de mieux, là ?
— Ben non... pour quoi faire ?

Je sèche devant la campagne mouillée. C'est tout, rien à ajouter. Mon père disait qu'un écrivain commence à écrire sur une femme quand celle-ci commence à le faire chier (mais chier dans quel sens ?). Ici, les mots sont superflus ou ne suffisent pas, au choix. Vert multiple, campagne désaltérée et personne pour nous montrer les toros en cette fin d'après-midi. Quelques-uns jalonnent le chemin, on s'en contentera et on reviendra demain. 

Je suis resté poli 20 minutes peut-être : 
— Luis, lo siento pero no entiendo nada de lo que dices... 
— ¡Jajaja, es que no entiendes el triguereño!
— Pfff... cuando no estas en frente de mi o que estas hablando con otra persona, es verdad. ¡Nada!
— Aquí, se dice : "naa'a".
— Ah, pues si... "naa'a... Paa' naa'a !"

Le lendemain matin, la campagne est verte comme l'enfer et le vert plus fort que la mort. Les toros paissent avec leur dégaine indémodable depuis Altamira à nos jours. Ramassés, profonds comme les Mariannes, luisants comme la brillantine, tranquilles tel le Baptiste. On fait le tour des enclos, Luis nous demande notre avis (pfff... mais j'y connais quoi, moi ?!). Le lot de Zaragoza est parfaitement dans le type, celui de Madrid, aussi mais plus gros, beaucoup plus. Vous faites des autobus ici ? Pepina balade son grand sourire béat, quasi bêta. Martine à la ferme. 
Les yeux des vaqueros brillent de joie et d'une pointe de fierté à l'heure de nous montrer les toros. Un peu les leurs. Le lot de Madrid court dans l'immense enclos sur la droite en quittant la finca. On le longe par un chemin au bord duquel file un mur de pierre. On passerait des heures accoudé là à regarder les bestiaux et prendre 100 fois la même photo : un littoral campero, un genre de royaume dont le Prince parle une langue bizarre.

— ¿Usted habla triguereño?
— Pues, me encantaría... 

On clique sur la photo pour voir les oiseaux...

13 avril 2011

Le Cochon


Dans le ciel cévenol, à l'aube, par la cheminée du mas une colonne de fumée s'est échappée.
Les portes ont claqué. Quand quatre hommes sont venus le chercher il a grogné — l'un d'eux lui a ligoté une patte, un autre le museau. De son repère non sans mal ils l'ont extirpé. Sur le muret de pierres et de lauzes, par la force et sur le flanc, ils l'ont immobilisé. Clopes au bec ou bérets sur le chef, dans les volutes de fumée tous ont dit être prêts. Le seau on a approché ; dans le cou la lame a pénétré. Des entrailles les grognements ont jailli, et le sang a giclé — les mains, les bottes, le tablier il a salis. Saigné, les quatre pieds ficelés et rassemblés, pour la pesée les hommes l'ont suspendu. Sur deux bassines et une porte en bois son dernier souffle il a rendu. De la peau ébouillantée par panaches la fumée s'est élevée ; rasé de près au couteau, puis essuyé, sur un lit de paille fraîche on l'a couché. Tranchée, rincée, dans la montée d'escalier sa tête on a accrochée — réservée. Enième cigarette, nouvelle tournée et la pluie s'est mise à tomber. Attirés par l'odeur de viande chaude, la ronde des chiens a commencé. Sur un linge immaculé les cuisses on a déposées. Ouvert comme un livre — la tranche cassée — il a offert ses tripes au boucher. Le lard récupéré et la peau enroulée — les jambons encore à préparer —, de chair à saucisse les boyaux on a garnis ; de gras et de pâtés les bocaux on a remplis.
Dans la nuit cévenole, jusque tard, par la fenêtre du mas les paroles d'une chanson à boire s'envolent.

*  *  *  *  *  *  *

Entre 1966 et 1980, Jean Eustache (Pessac 1938 – Paris 1981), cinéaste étiqueté Nouvelle Vague, réalisa une petite vingtaine de films : des courts, des moyens, des longs et un très long métrages (La Maman et la Putain, Grand prix spécial du jury à Cannes en 1973). Samuel Brussel, éditeur et écrivain, se souvient que « Jean Eustache était un grand solitaire dont le malheur fut de n’avoir pas su s’accommoder du crétinisme ambiant de son époque (critiques, producteurs, etc.). Plus d’une fois, dans ces béates années 1970, j’entendis cet anathème qui le désignait “de droite”. Je crus comprendre qu’être “de droite” pouvait signifier, dans le meilleur des cas, ne pas avoir le talent de se prostituer. »

Image Capture du film Le Cochon de Jean Eustache & Jean-Michel Barjol / France / 1970 / Documentaire / Noir & blanc / 50 minutes © Festival du cinéma de Brive

11 avril 2011

6 Mois


C’est un pavé, un énorme pavé. Les parents de ce nouveau-né  sont Laurent Beccaria et Patrick de Saint-Exupéry, les mêmes qui furent à l’origine de l’excellente revue XXI.

Pour faire très court, un semestriel de 350 pages pour 25 euros, une qualité d’impression irréprochable, et le travail des photographes mis très en avant avec des portfolios de plusieurs dizaines de pages, le tout imprimé sur un papier dont la qualité est à la hauteur de l’ambition. Un luxe quoi, et un pur bonheur pour les amateurs de photographies, et les autres aussi.

Le fond, la forme, et 0 % de pub… Comme Campos y Ruedos quoi ;-)

Inutile de trop s’étendre, sinon vous engager à aller acheter l’objet, et citer cette phrase de Laurent Van der Stockt interrogé dans ce premier numéro : « Nous rêvons tous de publier dans une presse qui se servirait de l’image intelligemment, mais elle n’existe pas. »

6 Mois pourrait bien être celle-là… Croisons les doigts pour que la mayonnaise prenne.

C'est la faute à Dax !


La Peña Escalier 6 nous a transmis ce communiqué au lendemain de l’annonce officielle des carteles 2011 de la féria de la Madeleine de Mont-de-Marsan :

« A propos des principales férias du Sud-Ouest, un illustre chroniqueur taurin annonçait récemment : "Outre les vedettes habituelles, tarifs mordicus maintenus, il sera fait appel à la cohorte de légionnaires de service, les Padilla, Rafaelillo [...], Aguilar, Urdiales, etc.* Bref, ceux qui maintiennent à leur façon l'honneur d'un VRAI TORO DE COMBAT et savent, souvent à leur dépens (NDLR : pour le coup, c'est le moins que l'on puisse dire), ne pas transformer la corrida en pantomime."
L'absence de ces toreros, outre Alberto Aguilar qui est managé par Simon Casas, est le révélateur indiscutable de ce que Mont-de-Marsan souhaite faire de la tauromachie : une PANTOMIME...
* Il faut rajouter Julien Lescarret, Fernando Robleño et quelques autres... »

Dans l’édition Internet du journal Sud Ouest du 9 avril 2011 sont évoquées ces critiques de la Peña Escalier 6 mais également exposées les réponses de Madame la Mairesse de Mont-de-Marsan, Geneviève Darrieussecq, et de Marie Sara. Face à l’absence de corridas dites « toristas », il n’y pas de réponse sauf que l’équilibre aurait été trouvé entre torisme et torérisme ! Par contre, concernant l’absence de certaines figuras du « G10, Vidi, Vici » (c’est ça qui intéresse vraiment tout le monde... sauf nous), les deux sont unanimes : c’est la faute des Dacquois et des salaires prohibitifs qu’ils accordent à ces dites figuras ! Et la mairesse de regretter qu’il n’y ait pas de politique concertée sur les salaires offerts aux toreros. LOL !
La Peña Escalier 6 semble être la seule peña locale à regretter la disparition des corridas mal intitulées de « dures » à Mont-de-Marsan. Joint par mail, le président de cette peña avoue que leur intention était de « seulement mettre en évidence l'abandon pur et simple des deux corridas "toristas" exigées par le cahier des charges pour l'organisation de la Madeleine. Pas de doute pour celle de La Quinta (du fait de la seule présence du Juli ; les exemples ne manquent pas) ; pas vraiment non plus pour celle de Margé (du fait de celle de Castella et Tejela). Ne parlons évidemment pas des 3 autres... et de la novillada de Ponce ! » Il est évident que nous ne pouvons qu’acquiescer. Les Samuel Flores sont sous perfusion depuis des lustres et la perfusion se nomme Enrique Ponce, ami intime du ganadero. Sans lui, les samueles qui traversent un bache n’existeraient plus ou si peu. Quant aux La Quinta, il en va de cet élevage comme de celui d'Ana Romero : on voudrait nous le faire passer actuellement pour du « torista » pour la seule raison qu’il est d’encaste Santa Coloma. Or, personne ne sera dupe, on imagine aisément que c’est le Juli qui a choisi le lot qui sera combattu à Mont-de-Marsan.
La Madeleine 2011 est mauvaise en effet sur le papier malgré ce qu’en écrivent deux ou trois scribouillards dont un voudrait faire croire que la Madeleine serait le pendant torerista de la féria torista de Céret et que chacune devrait attirer les mêmes aficionados. RE-LOL !
La Madeleine 2011 est mauvaise car elle a oublié tout simplement un élément essentiel de la Fiesta : le TORO.
Pour achever, on peut s’interroger avec inquiétude sur le silence étourdissant du président de la commission taurine (elle existe encore ?), M. François Guillaume. Notre petit doigt nous dit qu’il serait trop occupé à repenser le tercio de piques au sein de l’UVTF ! Ne doutons pas que le Moun 2011 testera la puya française et « révolutionnaire » de Bonijol. RE-RE-LOL !

Photographie La Peña Escalier 6 lors de l'annonce des carteles de la Madeleine 2011 © Laurent Larroque

10 avril 2011

Sans conséquences…


Saint-Martin-de-Crau... Toro de Cebada Gago… López Chaves… Photographie Benjamin Hertz.

Michel Volle à Parentis


L'ADA de Parentis nous a envoyé ce communiqué pour annoncer une conférence et une exposition photo de Michel Volle :

"Notre ami Michel Volle, photographe taurin, et sa compagne Nadine Regardier, chroniqueuse taurine à Toro Mag, seront reçus le SAMEDI 16 AVRIL à 19h au centre administratif, salle René-Labat, place du 14-Juillet à Parentis-en-Born.
Cette conférence sera gratuite et ouverte à tous. Elle sera suivie d’un repas au Restaurant de la Poste moyennant une participation de 30 €.
Réservations au Restaurant de la Poste au 05 58 78 40 23 ou sur le répondeur de l’ADA au 05 58 78 45 34 avant le 9 avril dernier délai.
A noter que Michel Volle exposera ses œuvres à la médiathèque municipale du 16 au 30 avril prochains."

Avant de vous rendre à Parentis, vous pouvez toujours jeter un coup d'œil à la galerie que Michel Volle avait eu l'amabilité de publier sur Campos y Ruedos : galerie Michel Volle.

Photographie Un burladero de Céret © Michel Volle

09 avril 2011

Céret de Toros 2011, les carteles


L’ADAC a le plaisir de vous communiquer les carteles de Céret de Toros 2011 :

Samedi 9 juillet
11 heures
4 novillos 4 de IRMÃOS DIAS pour Miguel Ángel Moreno et Emilio Huertas (sobresaliente : Víctor Manuel Rodado).

18 heures
6 toros 6 de COUTO DE FORNILHOS pour Rafael Rubio 'Rafaelillo', Serafín Marín et Paco Ureña.

Dimanche 10 juillet
11 heures
6 novillos 6 de D. José Joaquín MORENO DE SILVA pour Sergio Blanco, Adrián De Torres et Cayetano Ortiz.

18 heures
6 toros 6 de D. José ESCOLAR GIL pour Fernando Robleño, Javier Castaño et Alberto Aguilar.

07 avril 2011

« Ton ami Charles »



Pour un jeune du Ribatejo, le Portugal des sixties était aussi chiche en emplois que celui des années 2000. Originaire du district de Santarém, Carlos Pereira Costa n'avait été retenu ni par l'administration ni par les champs ; le manque de diplôme et l'absence de soutien lui avaient fermé la première, tandis que les seconds n'avaient jamais été envisagé, du fait d'un rhume des foins tenace, et pour tout dire stupide, alors même que son travail le fascinait. La vingtaine, fiancé depuis quelques mois et un bébé bientôt sur les bras, Carlos avait reçu la lettre d'un cousin qui, mis dans la confidence par un oncle ou une tante, lui proposait de le rejoindre dans le centre de la France, à Montluçon.

La manufacture de pneumatiques (et de balles de tennis) embauchait des ouvriers, et Carlos ne tarda pas à rejoindre l'industrieuse et prolétaire sous-préfecture de l'Allier — Moulins misant sur le tertiaire, et Vichy, les pastilles. Traversée par le Cher et gérée par le PC, ce qui n'était pas pour lui déplaire, il y construisit sa maison, s'y fit des amis — des camarades, aussi —, et ses deux filles y trouvèrent chacune un mari. Dunlop payait suffisamment pour envisager un aller et retour par an au pays ; quand le CE et le syndicat, eux, permettaient à moindre frais d'envoyer les enfants en colonie de vacances — à cette époque, conscience de classe, progrès social et solidarité avaient encore un sens.

Pendant plus de trente ans, Carlos sua aux côtés de Pierre à l'assemblage ; autour des machines, ils se tuèrent à la tâche, se donnèrent du courage. A l'usine, au local syndical ou au bistrot, Carlos parlait tant du Ribatejo — le Tage, les chevaux, les paysages et les touros —, qu'une fois à la retraite Pierre n'avait pu faire autrement que s'y rendre avec sa femme. Quelques années auparavant, Carlos — les copains le taquinaient en l'appelant Charles avec une pointe d'accent bourgeois — avait écrit à son « Très cher ami », au 3 rue de la Lombardie, une carte postale de « L'entrée de Taureaux » dans sa très chère ville de Santarém. Pierre la garda précieusement dans son portefeuille, jusqu'à la fin.

Jusqu'à ce que ses fils la remettent à un cartophile de Saint-Pourçain... et qu'un bouquiniste de Lille la revende à un aficionado corrézien.

Image Carte postale (bilhete postal) sans date ni éditeur.