Et puis je n'ai pas tellement envie d'écrire ce soir, alors voilà juste une photographie de la "matière première" et indispensable, pour ceux qui oublieraient à quoi cela ressemble...
30 janvier 2007
Les choses simples
Et puis je n'ai pas tellement envie d'écrire ce soir, alors voilà juste une photographie de la "matière première" et indispensable, pour ceux qui oublieraient à quoi cela ressemble...
29 janvier 2007
Message... perso
... une fois n'est pas coutume.
Tout d’abord, nous sommes à la recherche de quelqu’un capable de nous expliquer comment faire profiter aux visiteurs de ce blog, ou du site, d’une musique que nous voudrions mettre en ligne.
Ensuite les e-mails envoyés à Rouy-Caum sont systématiquement renvoyés... Impossible donc de vous joindre...
28 janvier 2007
Campo de la verdad
Vendredi soir, nous étions au Théâtre de Nîmes pour y écouter une pointure actuelle du flamenco : Enrique Morente qui, pour faire un lien avec les toros est le père de Estrella Morente... la femme de l’autre... La soirée fut très agréable, les débuts un peu froids, longue à se mettre en route mais la fin fut endiablé - on ne serait pas parti...
Et tout ça me fait penser, toujours pour en revenir aux toros, et à ce José Tomás qui nous manque, qu’une autre pointure, le guitariste Vicente Amigo, a créé une bulería : "Campo de la verdad" en hommage au torero de Galapagar.
C’est depuis l’excellentissime blog Toroprensa que j’ai pu écrire ces quelques lignes.
Tomás avait brindé un toro au guitariste à Madrid en lui disant « por la verdad que nos une ». Et Vicente Amigo de déclarer dans une interview : « El título tiene un doble sentido. Hay un barrio en Córdoba que se llama ‘Campo de la verdad’, donde se batían los hombres hace muchos años. Es un barrio humilde y tiene un nombre con mucha riqueza. Me acuerdo una vez que le pregunté a Curro Romero dónde vivía y el me respondió: “En el campo, donde está la verdad”. Y todo coincide porque este tema lo pensé para el torero José Tomás. Él es un torero de verdad. Todo lo que he vivido con él es esencia. Ha marcado la historia. Es un personaje maravilloso y yo tenía la necesidad de regalarle una faena que quedara ahí para mucho tiempo para la gente que escucha mi música. Es una manera de agradecerle lo que él me ha dado en las tardes que he ido a verlo. La amistad para mí es muy importante. »
Dès que je peux, je vous mettrai ici en ligne ce "Campo de la verdad". En attendant...
27 janvier 2007
Pour les toros et... les dos nus
Vous allez dire que j'en fais partie... eh ben non ! Vous allez dire que je leur fais de la pub sur ce blog... eh ben... oui... Pourquoi pas après tout puisque quand je les lis, je comprends ce qu'ils écrivent et je suis d'accord avec pas mal de leurs positions (pas toutes - cf. ici même mon post sur le palmarès 2006). J'ai reçu aujourd'hui La Lettre de l'ANDA de décembre 2006/janvier 2007, sorte de bilan de l'année taurine écoulée, vitriolé à la libre parole. Ça me fait pareil que la lecture du Canard enchaîné le mercredi, j'adhère avec le sourire mais à la sortie, ça donne envie de tatanner la gueule de tous les troufions d'abuseurs, de maraver leur face de pet, de mettre la "chetron" en chou-fleur à tous ces trucs exacerbants de mauvaise foi et d'injustice. Ça fout les nerfs quoi ! Pareil avec La Lettre de l'ANDA, ça énerve parce que leur point de vue montre ce qu'est devenue la tauromachie : une mode, un machin tendance pour "prout-prout" endimanchés, pour pseudo-critiques "marie couche-toi là" et empresas pinochettes aussi capées d’imagination que le moustachu le fut d’humanité. Les club taurins ? Hein ? C’est quoi ce truc ? Des débits de boisson non ? Des sortes de restos du cœur très chers, éphémères (ouf), dans lesquels il est de bon ton de venir piailler fort pour dire : « Ah, mon cher, quelle faena sublimissime, huuuuuuuuuuuuuuuuuu, j’en défaille… Mon Dieu mon verre de cava » (précision : c’est aussi plus tendance, en ces lieux, de boire du cava espagnol que du champagne).
Si vous voulez revivre cette scène, en live, rien de plus facile, rendez-vous sous l’immense tente qui jouxte les arènes de Mont-de-Marsan durant chaque Féria de la Madeleine. Avec un peu de chance, vous pourrez même applaudir avec vos nouveaux amis super gentils un ou deux critiques taurins, internationalement reconnus, unanimement adulés (la majorité des personnes qui les écoute ne savent même qui ils sont) et unilatéralement à baffer, critiques qui vous expliqueront, rougeauds, que vous êtes un gros con de persifleur par rapport à eux, connaisseurs d’Andalousie (la référence suprême) et gardien de l’âme (gas)conne (pour le Moun mais ailleurs c’est pareil). En lisant l’ANDA me sont revenus tous ces trucs oubliés depuis octobre qui pourrissent la corrida et qui vont recommencer en pire en 2007. J’avais en effet oublié que « Bayonne, à la différence de Mont-de-Marsan l’an dernier, n’envoie pas la police municipale dans les gradins. La tactique est plus subtile. Les placeurs de l’escalier 11 font office de police ! Au nombre de 5-6, ils remettent à leur place tout spectateur qui se permettrait de manifester son désaccord ou son mécontentement. Le groupe ou l’un des membres se permettant par ailleurs de leur lancer des « T’as qu’à y aller », « Si t’es pas content, rentre chez toi », « T’as qu’à aller à Dax ! » Une autre manière de maintenir l’ordre public sur les tendidos ! Moi, je serai une mule d’arrastre, je me mettrais en grève pour concurrence déloyale, soyons clair. Et encore, je me demande si parfois les mules ne sont quand même pas plus fines et si l’expression « être con comme une mule » n’est pas quelque peu infondée s’agissant de ces braves animaux. Je me demande. Pour ceux de l’escalier 11, non ! C’est bien fondé, des mètres de béton de fondation qui plus est.
J’avais aussi oublié qu’en certaines plazas la coutume est de ne surtout pas chagriner une météo clémente. Jugez plutôt. A l’entrée des arènes, on vous demande d’enlever le bouchon de la bouteille d’eau de 50 cl que vous venez d’acheter 300 euros (plus ou moins) pile en face de votre entrée. « Non Monsieur, faut laisser le bouchon ici.
– Mais pour quelle raison, brave portier ?
– C’est pour pas jeter sur le matador, décision municipale, y suis pour rien moi ! »
En vérité, je suis persuadé que c’est pour éviter que certains chagrins s’amusent à faire la pluie brutalement, à coup de capuchon de plastique inoffensif, sur ce beau temps incarné par un soleil en forme d’oreille de bovin. C’est pour ça ! Je vous le dis, des pinochettes !
J’avais aussi sorti de ma mémoire qu’à Dax, par exemple, « il est de bon ton, depuis deux-trois ans, d’adhérer, de participer sans émettre de jugement critique palpable. Déjà le scandale de la corrida du Pilar n’avait suscité aucun commentaire officiel des clubs. Il n’est pas bon d’être mal vu. Il est mieux vu de courir au consensus vague. Les chefs de peñas manœuvrent, supputent, naviguent et roulent pour eux. Ici c’est Nîmes en plus petit. Palha ou Pilar...
Les critères aussi évoluent, l’aficionado chez nous est beaucoup moins exigeant dans son gradin que devant la télé espagnole qui retransmet Albacete. On ne laisse rien passer à Albacete, mais on sait être tolérant à domicile et « avoir du cœur » quand sonne l’heure des mouchoirs. Le buen toreo à géographie variable est une invention de ces aficonados qui adaptent leur tauromachie à l’entourage qui les observe. Autant d’opportunisme fatigue et nous avons lâchement quitté une partie qui va se poursuivre avec d’autres « vilains » que nous puisque la nature a horreur du vide. Les modérés d’hier seront les méchants de demain.
La féria, la convivialité, l’enthousiasme, les sous, le voyage annuel sont autant de prétextes à convenir contre vents et marées que la fête est belle et qu’il faut qu’il en soit ainsi, car ailleurs - on le sait - ça n’est pas mieux. Car ne pas adhérer revient à s’exclure, à être banni des cercles, des réseaux, de la reconnaissance, de la con-si-dé-ra-tion.
N’oublions pas au passage « France Bleue Gascogne », la Radio pour les bleus, le quotidien Sud Ouest avec son collaborateur Zocato pas contrariant, et la chaîne cablée Alegría avec son Hervé Touya émerveillé et ses invités bénis-oui-oui, journalistes résolus à n’être que les agences publicitaires des municipalités organisatrices. Ajoutons au décor tous ces toros autocollés au cul des voitures ; ajoutez aussi deux doigts de Vino Griego et une lichette de Agur Jaunak et vous obtenez un cocktail qui risque d’être servi quelques années encore. C’est la loi des modes et des cycles dans une société où chacun déplore le manque de profondeur mais s’en contente confortablement ».
Ah ! la critique !... taurine... coquine... mesquine... et... riquiqui, ridicule, navrante, aux ordres, méprisante, prétentieuse et minable. Nulle et morte... cachée derrière un callejón, le portable allumé, dos rond face à la piste et le bide rempli ! Mais, j’ai oublié tant de choses et je ne parle même pas des toros... Mon dieu, mais c’est bientôt que tout ce cirque reprend ! J’irai malgré tout car j’aime les taureaux de combat, c’est devenu la seule et ultime raison... la plus valable d'ailleurs et puis aussi pour les dos nus... n’est-ce pas Bruno ? Rendez-vous dans le Gers en mai...
26 janvier 2007
22 janvier 2007
Corridas concours
La reseña de la corrida concours d’Almería publiée par Solysombra a semble-t-il rencontré un certain succès auprès de nos lecteurs. L’un d’entre eux, de Tarragona, et que nous saluons au passage, soulève des questions intéressantes mais auxquelles il est malheureusement aisé de donner les réponses qu’il ne souhaite pas connaître.
Il suffit pour cela de lire ou relire « Verdad Y Mentira De Las Corridas De Concurso », l’excellent ouvrage de Luis Fernández Salcedo1. On pourra ainsi constater que le dévoiement de ce type de course, qui devrait représenter le summum de ce que peut attendre l’aficionado, est loin d’être nouveau. Jean-Pierre Darracq 'El Tío Pepe' s’en émouvait déjà, semble-t-il à juste titre, dans les années 1960. Rien de neuf, donc, sous le soleil de nos chers ruedos.
1 La lecture des nombreux ouvrages que comporte la bibliographie taurine de cet auteur, petit-fils de Vicente Martínez, célèbre éleveur de Colmenar Viejo, est très fortement conseillée. On y trouve notamment, sans que cette liste soit exhaustive, La Vida Privada del Toro, Tres Ensayos Sobre Relatividad Taurina, Los Cuentos del Viejo Mayoral et El Toro Bravo. Tous présentent un grand intérêt.
20 janvier 2007
Marqués de Riscal
Un peu de gastronomie pour changer... Voici quelques clichés pris sur le web du célèbre Marqués de Riscal. Il s’agit du centre construit chez ledit marquis par le célèbre architecte Franck O. Gehry, celui-là même qui a réalisé l’époustouflant Musée Guggenheim à Bilbao. Chez Riscal les chambres sont à 300 euros (faut avoir vraiment envie de bien dormir...) et le complexe propose un restaurant dirigé par Francis Paniego, le chef du Echaurren de Ezcaray, un centre de vinothérapie et tout et tout. Pour en revenir au Guggenheim de Bilbao, n’hésitez pas à réserver au restaurant du musée. Le rapport qualité/prix y est excellent, comme la cuisine. Il faut dire que le lieu est tenu par le second de Martín Berasategui.
19 janvier 2007
L'affaire à suivre
L’ANDA vient de faire partir un courrier par lettre recommandée avec accusé de réception à la mairie de Nîmes concernant l’affaire que vous savez. Je vous le livre ici.
Monsieur le Maire, Monsieur l’adjoint à la culture et à la tauromachie, Monsieur le président de la CTEM,
Les jours et la trêve des confiseurs ont passé depuis le communiqué du professeur Sautet du 19 décembre 2006 concernant les résultats des analyses de cornes prélevées à Nîmes lors de la temporada 2006.
Le renommé vétérinaire y précisait : « Je tiens à la disposition de toute personne intéressée le contenu intégral de ce rapport sous réserve de la présentation d'une autorisation préalable individuelle accordée par le commanditaire de l'expertise, la Mairie de Nîmes. » Comme nous ne voyons rien venir de votre part, nous vous demandons par la présente une autorisation permettant à l’ANDA de publier ces résultats. Nous profitons aussi de l’occasion pour vous demander de vous prononcer, sans attendre une réunion début février comme annoncé dans le Midi Libre du 16 décembre 2006, sur la sanction à appliquer à l’élevage El Pilar afin que, le cas échéant, votre prestataire puisse réserver un lot de remplacement à la hauteur des ambitions des arènes de Nîmes.
Dans cette attente, recevez nos cordiales salutations aficionadas.
Vous remarquerez que c’est courtois, bien élevé... mais je suis inquiet. Je ne sais pas si quelqu’un qui a du mal à compter jusqu’à 6... Enfin, nous verrons bien.
La suite et d’autres éléments sur le site de l’association.
18 janvier 2007
Terre (neuve) de toros (www.terredetoros.com)
Bon, nous à Camposyruedos on devrait peut-être baisser la tête et se regarder les bouts de pieds, genre les cancres face au bon élève de la classe quand on rend des copies. Vous voyez tous ce que je veux dire par là...
A dévorer...
17 janvier 2007
El Pana
Vous avez sans doute entendu parler de la faena du Pana à Mexico. Voici son brindis, qui vaut son pesant de cacahuètes, la vidéo et quelques liens utiles.
Brindis
"Brindo por las damitas, damiselas, princesas, vagas, salinas, zurrapas, suripantas, vulpejas, las de tacón dorado y pico colorado, las putas, las buñis, pues mitigaron mi sed y saciaron mi hambre y me dieron protección y abrigo en sus pechos y en sus muslos, y acompañaron mi soledad. Que Dios las bendiga por haber amado tanto."
Liens utiles
Chapu Apaolaza : Un abogado para El Pana.
Toroprensa : "El Pana o el torero abandonado".
"Torero de la miel y la hiel", en El Universal.
"Ya no estamos para que nos den sino para elegir", dice 'El Pana' en La Jornada.
"Le gustaría a 'El Pana' morir como lo hizo Manolete" en El Mundo Hispano.
"Un romántico del ruedo", en El Yucatan.com.mx.
"El presidente de la República le felicita y lo invita a su residencia de Los Pinos" en El Universal.
16 janvier 2007
Rekagorri, le nom qui a changé ma vie
Lundi 1er janvier 2007
Le téléphone sonne. Au bout du fil, de l’autre coté des Pyrénées, l’ami catalan a l’accentuation délicate et l’humeur parfaite. Six mois que nous ne nous sommes ni vus ni parlés, mais la conversation coule, prolongeant nos derniers mots achevés dans l’émotion traditionnelle des clôtures de Céret de Toros. Cette journée de clôture est assurément la plus triste de l’année, difficile de rebondir après quelques jours irrationnels, mélange de tradition, de valeurs, d'amitié et de Toros sous les couleurs sang et or de la Catalogne endiablée par les sardanes. Quoi de plus beau ?
Sa voix est claire, stable, aucun indice ne me laisse présupposer la terrible nouvelle qu’il tourne depuis quelque jours dans sa tête et qu’il s’apprête à m’exposer. Ce lourd secret, il l’a gardé pour sa personne afin de me permettre de passer de bonnes fêtes, preuve s’il en était de son amitié. Mais il ne peut tenir plus encore ses lèvres, et la sentence tombe : « A Céret, en 2007, corridas de Valverde, Rekagorri et novillada de Zaballos. »
Quelque secondes de silence suivent la nouvelle. Je ne bouge plus, comme assassiné, je tombe dans un gouffre sans fin, la phonétique de « Rekagorri » revenant sans cesse.
Cette nuit-là, j’ai très mal dormi. Comme les suivantes...
Puis la raison revint, si l’ADAC a choisi ces carteles, il y a forcément une bonne raison :
- Valverde : le simple souvenir de 'Jiroso' justifie cette déraison ;
- Zaballos : premier hic. Si les origines et l’élevage intéressent, où est donc la touche d’originalité cérétane. Enfin bon, passons, personne n’est parfait ;
- Rekagorri : incompréhensible !
La confiance en mes amis cérétans est infinie, je cherche donc l’explication. La première qui me vient à l’esprit naît de l’existence d’une seconde origine de la devise. Un sang forcément exotique, jalousement tenu secret mais qui n’a pas résisté aux formidables aficionados fouilleurs de campo de l’ADAC. Soulagé, je m’écris « Ah ! Ils sont forts à l’ADAC ! » Puis les instants qui suivirent me ramenèrent à la raison. Cette seconde branche n’existe que dans ma tête. « Rekagorri, c’est du vulgaire Valdefresno ! » Mais mon optimisme n’a d’égal que mon afición, alors si l’ADAC les a choisis « c’est qu’ils sont Cérétans ces Rekagorri ». Les cornes doivent être terrorifiques et les morrillos semblables à des montagnes. Non ! non ! et non ! Le physique ne peut suffire au risque de transformer nos ruedos en salon de l’agriculture. De plus, j’ai fait de la présentation du toro hors type mon cheval de bataille, je ne peux pas me compromettre, même au profit de mon meilleur ami, de surcroît lorsqu’aucune épice généalogique n’agrémente la sauce.
Je peux argumenter sans peur, les Vaz Monteiro, les bichos de Luis Terrón ou de La Bomba, mais ceux de Rekagorri j’en suis incapable. Je ne retournerai pas le couteau dans la plaie en remémorant le comportement du sobrero sorti dans le ruedo céretan l’année passée ni le novillo sorti dans le ruedo vicois un peu plus tôt. Je laisse ces tourments à ma mémoire et mes désormais cauchemars quotidiens. L’ADAC est morte ? Telle est la question qui me hante. La nuit dernière je me suis réveillé en sursaut, je manifestais en compagnie de mes amis les plus chers, devant la porte des arènes au moment de la corrida présupposée au son de « Avant, à Céret, il y avait des toros ! »
Mes amis, s’il vous plaît, redonnez-moi mes nuits et ne taguez pas vos affiches. Il est encore temps, l’impression n’est pas faite !
15 janvier 2007
Regarde... C'est un peu d'Amérique...
Chivay, Péru
Le jour vacille dans le canyon comme une feuille à l’automne agonise, oubliée ; il fraye dans les rainures noires des volcans sacrés ; il va faire froid cette nuit.
C’est la fête. Un village en fête comme partout ailleurs où il fait chaud en ce moment. Le noir piquant habille peu à peu leur ciel de couleurs et déjà cette vieille dame sur le banc n’a plus que son chapeau blanc pour dire qu’elle est là. De loin, on dirait un ciel ivre de joie et de mélancolie. Tout à l’heure, les enfants tapaient dans un ballon rond devant la fontaine aux arrêts, sourds aux bruits parasites. Maintenant, les enfants ont disparu comme le jour, sans qu’on y prête vraiment attention. Ils doivent regarder le spectacle depuis un coin de place, cachés dans cette nuit froide qui s’installe, chez elle. Une rue gronde plus que les autres, tout au fond de notre regard amusé. Ils sont des centaines à lui marcher dessus et elle tangue, la rue, elle zigzague, elle titube là-bas, et se reprend devant la petite maison bleue, à droite, ici. Ils ont l’air saouls, une mer d’hésitations. Les yeux fuient dans un ailleurs veiné de pourpre, l’obscurité victorieuse dissimule les corps qui s’écartèlent en mouvements esquissés de shamans. La rue bouge et se tort devant nous, au centre du remou. Je suis le dernier à les avoir vu. « Ça te rattrape, bordel » me glisse C., un ami. Ils étaient à gauche, face à la petite maison bleue, étouffés par ce flot de bras fous et de têtes béates. Trois, une équipe au rabais. Face à face. Ils ont dû sentir que leurs vêtements de lumières grises, surréalistes ici, ne nous étaient pas inconnus. Pas un mot pour traverser la rue, seulement cette rencontre à pas chassés, dans cette houle humaine. Trois bouilles rondes et mates, deux toreros au fond d’un pays trop loin. Deux rêves inachevés dans un diaphragme, intouchables certainement, et les autres qui dansent, saouls.
Des regards sans les mots…
Santiago, Chile
Ils lui ont bâti un miroir gigantesque. Sous la chape grise qui annonce les pleurs de ce Sud du Sud, la vierge au visage d’enfant, une rose à la main, s’observe dans le puzzle de verre, au-dessus de la plaza de Armas. La voie piétonne qui mène à elle, le Paseo Ahumada, donne de Santiago une image de partout comme ailleurs. La rue bave de commerces déjà vus, dans d’autres capitales, sous d’autres « tristes tropiques ». Les Chiliens passent, glissent, s’évanouissent entre les lettres trop lumineuses de la consommation de masse. Au carrefour du Paseo et de la calle Monjitas, le bitume devient lit pour un cul-de-jatte posé là. Plus de cannes, deux bras évidemment trop longs, le tout collé sur des draps lisses de goudron sale, il ne voit que le sol et ces milliers de pompes qui lui susurrent, odieuses, ce qu’il n’est plus. La plaza de Armas. Pas belle, pas laide, au cœur, des palmiers mal fagotés la rendent limite exotique. Sous les reflets éclatés de la dame à la rose, un monde lève le point. Sur un estrade des plus sobres, chacun y va de son discours, décibels au taquet, un sismographe énervé dans la gorge.
Il y a 33 ans, le temps d’un Christ, la dépouille souillée du chanteur Victor Jara était retrouvée aux abords du cimetière métropolitain de Santiago del Chile. Artiste engagé, proche du Président Salvador Allende, Victor Jara devint une cible de premier choix quand une nuit d’effroi poinçonna l’âme chilienne. C’est le 11 septembre 1973 que débutèrent les réjouissances du coup d’état d’Augusto Pinochet, un moustachu capé de sombre. Convié à la grande sauterie sise à « l’Estadio nacional » pour raison de place et vraisemblablement parce que les stades et les vélodromes ont la faveur de tous les enfoirés du globe quand ils veulent péter plus haut que leur derrière et bien le faire sentir, Victor, qui ne goûtait que très peu ce genre de mondanités, eut les honneurs des attentions du lieutenant-colonel Mario Manriquez Bravo, peut-être moustachu, et fut même un des clous de la « bringue des vestiaires ». Guitariste, l’on fit de ses mains de vulgaires confettis que même le vent refusa d’emporter. C’était pourtant jour de fête ! C’est fou ce qu’un militaire arrive à faire avec la crosse d’un fusil reluisant. Le 15 septembre 1973 - était-ce l’aube, le crépuscule ? -, les canons se retournèrent, lui dos au mur, on imagine, et remplirent sa chair de souffrance de trente-quatre petits trous (pas un de moins), trente-quatre gouffres où se perdait le Chili pour de longues années. Eux, donc, lèvent le point et leur regard caresse ce « Cerro Huelen », cette colline qui veut dire « tristesse » en langue Mapuche. Les autres, beaucoup plus nombreux sur cette plaza de Armas, fuient en silence le long des pierres rêches de la cathédrale trop lourde - on dirait des serpents aveugles et amnésiques. Eux chantent, au futur évidemment, « El pueblo unido jamás sera vencido », Victor sourit à pleines dents sur une grande banderole noire et ces milliers s’échappent, le besoin d’oublier bras dessus bras dessous de la honte, 34 trous de mémoire accélèrent les pas et ferment les regards. Au-dessus de tout ça, de nous, la vierge, une rose à la main, fait du gringue droit dans les yeux au señor Valvidia, fondateur de la colonie espagnole qui allait devenir le Chili. Il trône sur son canasson, sûr de lui comme le capé sombre sur les photos, et contemple depuis des lustres les traits doux du puzzle, lui qui termina en carpaccio lors d’une bataille aujourd’hui sans mémoire
Des regards et des mots…
De Bogota (Colombia) à Madrid (España)
Et lui s'en va. Il l'a annoncé, 2007 sera l'année de sa despedida. Ce petit corps arrondi par les ans qui passent quitte à pas lents les lieux immenses de son triomphe. Las Ventas, dans son murmure éternel, dira tout bas longtemps son nom, comme Antoñete, Joselito, comme José Tomás. Madrid pleurera certainement quand César prendra sa distance, ce qu'il fit sans cesse face aux toros. C'est surtout cela que la mémoire collective de l'afición inscrira en lettres de jade dans les recoins des souvenirs, la distance, la jambe qui avance, l'engagement... Les classiques sont éternels comme des diamants ciselés au plus pur. Enfant de Colombie, César Rincón est aujourd'hui de partout et d'ici, au-dessus, bien au-delà de cet ethnocentrisme sous-jacent des Ibères modernes… et passés.
Cependant, il reste de là-bas. C'est dans les yeux tout ça.
En exil sur les allées de la gloire, derrière un burladero, le menton calé dans le bois rouge, il attend le toro d'une seconde à l'autre. Le visage se tend et le regard se plisse, comme quand il sourit, il devient une fine ligne noire. Deux amandes, un fil noir et des toros partout. Comme les toreros de Chivay, il doit voir tous ses rêves en cinémascope, ça doit aider à ouvrir le chemin d'une vie. De Bogota à Las Ventas del Espíritu Santo, comme au cinéma, une vie bien réelle, entre le possible et l'achevé.
Et il s'en va… Faut bien une fin, comme au cinéma...
Merci à Y.O. pour la photographie de César Rincón.
Au pied Milou !
Janvier.
L'afición vivote, accrochée à l'annonce des carteles des premières courses de l'année, aux combinaisons d'espérance ou de désarroi des grandes férias chéries. Pour ne rien arranger, il ne fait pas froid et l'on aurait envie d'y être, déjà.
Et pendant ce temps-là... à Sevilla... la nouvelle tombe, rassurante, traînant avec elle un soulagement tant espéré.
On a retrouvé Tintin !
Il y a peu (en novembre), j'évoquais ici même la grandeur de ses pérégrinations au "pays des toros", perdu sous quelque alcornoque, entre deux rangées de cactus, orphelin du barbu râleur et du génie à mémoire de fleur.
Tintin is back !
Ouf.
Dissimulé certes, discret toujours comme un agent secret, il se tapit aujourd'hui derrière un grand burladero et je parierai mon caleçon à fleurs (ça, ça remonte à plus longtemps) qu'il sera difficile de ne pas l'apercevoir dans les rues de Sevilla durant les mois qui viennent.
C'est Manuel Quejido qui l'a retrouvé, la Real Maestranza de Caballería de Sevilla s'est chargée d'offrir la nouvelle au monde. Merci Maestranza !
Malheureusement, personne n'a pu donner de nouvelles de Milou, le truc frisé de notre impétueux reporter qui semble pourtant lui gueuler, planqué derrière la talenquère : "Au pied Milou ! C'est pas une Miloute la grande chose noire..."
12 janvier 2007
Almería
Nous sommes très satisfaits de pouvoir vous proposer le compte rendu, en espagnol, de la corrida concours d'Almería rédigé par Gabriel Moreno Merino, un excellent aficionado digne de la plus grande confiance. Si une âme charitable a le courage de tout traduire... Nous publierons :-) En tout cas voilà qui nous change de ce que l'on a pu lire ailleurs sur le net. Ici au moins vous prendrez connaissance des conditions, du trapío et du comportement des toros d'une corrida... concours... Bonne lecture.
Almería, 7 de enero de 2007. Corrida concurso de ganaderías.
Plaza de toros de Almería, corrida concurso de ganaderías perteneciente a la denominada “Feria de invierno”, cuatro y media de la tarde, temperatura muy agradable, casi primaveral. Más de tres cuartos de plaza.
Los toros tuvieron, en general, una presentación irregular, debido principalmente a la amplia variedad de sangres del encierro, donde estaban representados la mayoría de los encastes existentes hoy en día (Cabrera, Gallardo, Vázquez-Veragua, Santa Coloma, Urcola, Parladé, Pinto Barreiros, Saltillo, Albaserrada…) En cualquier caso, y a pesar de esta diversidad genética, y por lo tanto morfológica, y de no resultar exagerados en la romana (entre los 467 kgs. del de sangre vazqueña, a los 540 kgs. del de Miura), la presentación no fue deficiente en absoluto, especialmente comparada con el trapío al que nos tienen acostumbrados en plazas de esta categoría, con la excepción del toro acochinado que envío Partido de Resina. Si algún otro “pero” habría que poner a la presentación, ésta se refiere a las defensas de algunos de los astados, ya que predominaron las cabezas acapachadas, incluso en ganaderías donde no es usual este tipo de defensas, como el Albaserrada de Adolfo Martín. Es éste un aspecto que tendrían que mejorar ampliamente los ganaderos para próximos años, ya que aunque fuera de las fechas habituales de la temporada, y en una plaza de segunda, pero no deja de ser ésta una CORRIDA CONCURSO, donde se mide de forma especial la presentación junto al comportamiento de todas las reses que acuden.
Miura: 540 kgs. 12/01. Lo lidia Luis Francisco Esplá.
Toro bajo, más de la cuenta para la casa, y no demasiado despegado del suelo. Capa negra, sin demasiada cara, aunque bien hecho en general.
De salida, mostró cierta fijeza y codicia por ambos pitones, encelándose en el percal en los pases de brega iniciales. En el caballo, embistió con fijeza, sin hacer sonar el estribo y apretando fuerte con los cuartos traseros en las tres varas que tomó de lejos, con buen tranco y yendo de menos a más. En el segundo tercio, al banderillear los tres matadores por el mismo pitón, el izquierdo, Esplá, antes del último par, hace un par de recortes habilidosos y oportunos para reducir cualquier posible resabio del astado, cuadrando su par en la cara. Con la muleta, lo saca al tercio a media altura, y le endosa algunas tandas de derechazos de perfil, sin moverse, aunque sin dar demasiada distancia al animal. Con la izquierda, saca alguna otra serie de naturales, pero en esta ocasión sin quedarse nunca en el sitio.
Cuadra en la suerte contraria, bastante cerrado en tablas, y mata con una estocada casi entera de mucho oficio, sin tirarse, quedando la espada levemente desprendida. Corta el matador una oreja, la única de la tarde.
Este toro se llevó el premio al mejor toro. Este matador también se llevó el premio a la mejor lidia.
Partido de Resina: 527 kgs. 02/02. Lo lidia Fundi.
Toro cárdeno, acochinado y regordío, especialmente del tercio posterior, con poca cara. Mejor hecho del tercio anterior, con morrillo prominente y muy hondo. Derrota en los burladeros, aunque ya de salida se aprecia un trotecillo cochinero muy en línea con sus hechuras. Frente a la ráfaga de esperanza del año pasado, en este mismo festejo, con un toro muy bueno, no parece, ya de salida, que nos vayamos a encontrar algo así este incipiente 2007.
Le recibe Fundi por chicuelinas tras haberlo sacado a los medios. Blandea tras la primera vara, a media distancia, sin demasiada fuerza. La segunda vara no suscita un mayor interés, quedando algo traserilla. En el segundo tercio no muestra más alegría las cuatro veces que pasan los matadores (Curro Vivas pone de nuevo su par al no haber dejado ningún garapullo), y sigue sin transmitir en el último tercio, donde Fundi lo pone casi todo y lo va encelando con la voz. Da la impresión de ser un mansurrón con más genio que casta, que cuando puede busca las tablas, y que si no se raja es por el buen hacer del matador, que le deja siempre el trapo en la cara, sacándole alguna tanda aunque bastante sosa. Además, elige muy bien los terrenos, comenzando la faena en los medios, yéndose hacia el tercio conforme avanza ésta, y rematando en las tablas, conforme pedía la querencia del “pablorromero”.
Pincha arriba, tirándose, en la suerte contraria, tras lo que le endosa un pinchazo hondo, casi media desprendida y un certero descabello.
Prieto de la Cal: 467 kgs. 12/02. Lo lidia Curro Vivas.
Precioso toro jabonero, muy en el tipo de la casa, sin demasiada caja ni demasiado grande, acaramelado de pitones, que fue aplaudido de salida, principalmente por la capa que lucía. Derrota con fijeza, y se vuelve con rapidez en la larga cambiada de rodillas y el resto de lances de recibo.
Aguantó tres varas muy bien, con gran fijeza, arrancándose de largo, y es muy bien picado, tanto en el sitio del castigo, como en la duración de cada puyazo, para evitar agotar la bravura del cornúpeta. La fijeza del animal en este tercio hace intuir a parte del público, incluido a los ganaderos, que se hubiese tragado algún puyazo más con clase, si bien el presidente cambia el tercio entre algunas protestas. En el segundo tercio, mantiene la clase y la fijeza en los pares que le ponen los tres matadores, saliendo incluso algo apurado Curro Vivas tras cuadrar en la cara, y ofreciendo un buen espectáculo en los otros dos pares, bien ejecutados, que llegan a los tendidos. Con la muleta, lo saca el matador como puede, sin estirarse, y comienza la faena lleno de dudas, sin darle la distancia que requiere el vazqueño, sin llegar a entenderlo por ninguno de los dos pitones. Muestra falta de oficio y demasiadas dudas ante un toro que, lo único que ofrecía era fijeza, casta y clase, pero al que había que aguantarle, en lugar de dudarle. Además, no le baja la mano ni le da el toque fuerte en cada pase, por lo que no le puede en absoluto y se deja perder la pelea.
Intenta matar en la suerte contraria, endosando 2 pinchazos caídos, sin tirarse, y una estocada también desprendida. Se llevan al toro entre aplausos, ya que el público ha detectado que con una vara más, y bien toreado en el último tercio, quizás se hubiese llevado el premio, ya que tenía codicia, clase, fijeza y bravura. Desgraciadamente, Curro Vivas ha acusado lo poco que torea, frente a un toro bravo (¡que Dios te libre!). El toro ha sido muy bien picado por Manuel Montiel, quien de hecho se llevó el premio a la suerte de varas mejor ejecutada.
Celestino Cuadri: 505 kgs. 01/03. Lo lidia Luis Francisco Esplá.
Toro negro, hondo, también muy en el tipo de la casa. Acapachado de pitones, con badana, aunque sin mucho cuello.
Lo recibe por verónicas cerrado en tablas, corrigiendo la postura de las piernas en cada una de ellas, sin echar “la pata palante”. Acude al caballo en la primera vara desde el tercio, andando y sin demasiada alegría, aunque mete bien los riñones y aprieta, pero con la cara arriba. Para la segunda vara lo ponen a más distancia, yendo con más alegría, y le dan un castigo más fuerte. En el tercer encuentro en el caballo, se arranca desde muy lejos, señalando el picador con la puya. En el segundo tercio, Esplá pone algún buen par de banderillas, cuadrando en la cara y apretando el toro de salida, con un tercer par muy ajustado en tablas. Lo saca a los medios correctamente, aunque en la segunda tanda, ya en los medios, le enseña el hueco entre muleta y torero, y se cuela el toro. Tras el susto, se va quedando más cortito, y le saca al toro lo que tiene, sin mayor lucimiento.
Mata de un estoconazo trasero, también con mucho oficio, sin tirarse, algo perpendicular, que resulta muy eficiente. Fuerte petición de oreja de parte del público (no la mayoría, pero una minoría muy ruidosa).
Murteira Grave: 476 kgs. 11/02. Lo lidia Fundi.
Toro negro, bragao y meano. Badanudo y enmorrillado, muy hondo.
Lo recibe el matador con verónicas y 2 medias de remate. La primera vara cae algo trasera, empleándose, aunque no es demasiado bien picado. Segunda vara también algo trasera, queriéndose quitar el palo y haciendo sonar el estribo. Muy tardo para la tercera vara, intentan ponerlo en varias ocasiones, cada vez más cerca, pero duda y tarda muchísimo. Cuando se decide, hace sonar el estribo y sale suelto pronto, no realizando en general una buena pelea en varas. En el segundo tercio, banderillea el matador, apurando hacia los adentros en el primer par, en la misma cara. Bien puestos también los otros dos pares. Tampoco muestra bravura en este tercio, doliéndose, no haciendo por el matador tras el encuentro, etc. En el último tercio, cabecea desde los lances de salida, cuando le obligan por bajo. Tiene una embestida violenta y con genio, quedándose muy corto. El matador consigue meterlo en el canasto con mucho oficio, fajándose con él, y pegándose un arrimón muy de verdad y muy meritorio. Al final de la faena, se dobla con él por bajo, macheteando y pudiéndole. Ha sido una lidia con aires antiguos, muy acertada, adecuada, bien ejecutada, y digna de torero con mucho oficio, como es éste.
Mata de media estocada caída y algo delantera, que degüella al astado y le provoca un vómito de sangre. Estocada más eficiente que estética. Se echa en las tablas.
Adolfo Martín: 491 kgs. 01/02. Lo lidia Curro Vivas.
Toro cárdeno, no muy alto, largo, bien hecho aunque demasiado acapachado de cabeza, no muy propio de lo de Albaserrada.
Lo para andando para atrás, aunque de salida ya blandea el toro. Tras marrar el del castoreño en el primer intento, vuelve a mostrar blandura de remos cuando acierta con la garrocha. La segunda vara la toma algo más lejos, aunque va al paso, sin demasiada alegría. El toro no ha terminado de apretar en ninguno de los dos encuentros, pero le han dado duro en las dos varas y en la primera le han tapado la salida. Es éste el único toro banderilleado por la cuadrilla, que pone pares sin demasiado acierto, aunque el toro no hace por ellos a la salida de los pares. Tercio soso por parte del toro y de los de plata. Con la muleta, aunque mete bien el animal la cabeza, arrastrando el hocico como es habitual en su encaste, no transmite emoción, a pesar de tener clase. Algún lance, al encelarse en la flámula, es menos soso, pero en general no llega a los tendidos. Rebaña y busca las zapatillas a partir de las siguientes tandas, no se sabe si más por condición propia del animal, o por una lidia inadecuada que le ha enseñado a recortar el viaje. Aunque desarma una vez, tiene demasiada nobleza para llegar a los tendidos y dar sensación de peligro, a pesar de la fijeza del animal. Al final, lo único que llega a los tendidos es que nadie ha dicho nada, ni toro no torero.
Tarda demasiado en cuadrar al toro, para al final entrar seis veces y marrar otras tantas veces, tras lo que coge el verduguillo y acierta con éste en el mismo momento en que sonaba un aviso.
Toro triunfador: Miura. Debía haber quedado desierto este premio, aunque de haber llevado al caballo alguna otra vez al de Prieto de la Cal y haberlo entendido en el último tercio, podría haber merecido éste el premio al mejor toro. En cualquier caso, el de Miura no ha hecho una mala pelea en varas, con 3 encuentros yendo a más, arrancándose de largo y con alegría.
Mejor lidiador: Luis Francisco Esplá. Consideramos que quien mejor lidia ha realizado, sobre todo en el nada fácil quinto, ha sido Fundi.
Mejor ejecución de la suerte de varas: Manuel Montiel, de la cuadrilla de Curro Vivas, al tercero de la tarde. Nada que objetar, aunque afortunadamente se han visto algunas otras varas también buenas.
De nuevo y al igual que en años anteriores, este festejo ha sido una gota de aire fresco en la Andalucía taurina, dominada por "miarmas", hordas de rocieros, aplaudidores, y señoritos del clavel. Sin exagerar, pero una gota de aire fresco, con el toro como protagonista. Además, es de agradecer la excelente entrada en estas fechas tan poco taurinas, y con la televisión autonómica retransmitiendo “casi” en directo (con una hora de diferencia).
Granada, 8 de enero de 2007
Gabriel Moreno Merino
10 janvier 2007
Escalier 6
La Peña Escalier 6 de Mont-de-Marsan nous a fait parvenir ses vœux accompagnés de cette photographie. Il aurait été dommage de ne pas vous en faire profiter. Et si nous militions pour la suppression du peto ? Noooon !! Allez je blague. Quoique...
09 janvier 2007
Trêve des confiseurs ou faux-semblants ?
Lorsque Y.O. avance que la blogosphère taurine est peu fournie on pourrait lui répondre qu’il s’agit là d’un doux euphémisme. Sans trop de risques de se tromper on pourrait avancer que les dix doigts des deux mains suffiront, sans doute, à faire nos comptes. Les antis ne sont pas plus reluisants me direz-vous. Peut-être, mais là n’est pas le sujet. Les antis ne peuvent être le sujet de Campos y Ruedos ou d’un site taurin. Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos aficionados. Si faire vivre un site Web demande un minimum de compétence et de travail, créer un blog est un jeu d’enfant. C’est sans doute ce qui explique, outre leur côté convivial et interactif, l’explosion de ceux-ci. Et quand je dis explosion... Ce n’est pas pour rien que le très sérieux Time a désigné les blogeurs Homme de l’année. Prenez par exemple la gastronomie, un sujet qui passionne également les animateurs de Campos y Ruedos. Ayez la curiosité de chercher des blogs sur le sujet et c’est une véritable galaxie, un univers parallèle que vous allez découvrir, et parfois des bloguers gastronomes extrêmement pointus. Et j’imagine que le phénomène doit être comparable pour d’autres activités ou disciplines. Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos aficionados. Où sont-ils sur la blogosphère ? Mystère. Il serait d’ailleurs intéressant de recenser ici les blogs taurins français. Mais quel que puisse en être le nombre j’ai la certitude qu’il sera quantité négligeable. L’aficionado serait-il une race en voie de disparition ? Certains éléments peuvent tendre à nous le faire penser malgré les lauriers tressés par le mundillo espagnol à l’afición française (Il faut dire qu’avec les prix que nous leur payons la marchandise il ne manquerait plus qu’en plus ils nous crachent dessus.) Prenez par exemple les dernières péripéties nîmoises. Le Midi Libre publie sur quasiment une page entière un scandale gros comme ça. On nous annonce 30% de toros manipulés, et une manipulation des chiffres par la municipalité dénoncée par le propre expert qui a réalisé les analyses. Tous les éléments sont réunis pour que le scandale éclate. Or, mise à part l’ANDA, rien, pas une réaction des clubs taurins, pas le moindre petit mouvement de foule. Un peu comme si tout le monde détournait pudiquement les yeux, baissait la tête. Bon, je sais qu’il est délicat pour le toutou de venir mordre la main de celui qui le nourrit (callejón, palco, places en CTEM, mondanités, etc., etc.) et que nous sommes en pleine trêve des con... fiseurs... mais tout de même.
08 janvier 2007
Le discours de Salamanque
Si la blogosphère taurine n’est pas des plus fournies, il en va tout autrement de celle consacrée à la littérature, et les contributions que l’on peut y lire sont parfois de très haute tenue.
Salamanque, ce n’est pas que le campo charro et La Glorieta ; c’est aussi et avant tout sa prestigieuse et vénérable université qui, après tant d’autres faits historiques, fut le témoin du fameux « discours de Salamanque », prononcé par Miguel de Unamuno le 12 octobre 1936.
L’évocation de ce thème par Pierre Assouline dans « La république des livres » le 30 décembre 20061 a donné lieu à une démonstration de la solidarité dont savent faire preuve les blogueurs, et des avantages que l’on peut tirer de ce nouveau mode de communication.
L’écrivain se lamentait à juste titre du fait qu’il n’existât aucune version intégrale de ce texte à conserver précieusement à l’usage des générations futures, seuls quelques versions tronquées et des témoignages affectés par le temps demeurant disponibles. C’est alors que l’un de ses lecteurs s’est lancé à la recherche de toutes les bribes existantes de ce texte, parvenant à le reconstituer dans son intégralité en castillan et le faisant parvenir à Pierre Assouline. Ce dernier communiqua le texte à Michel del Castillo, qui le traduisit en français.
C’est ce texte que je vous propose de découvrir ci-dessous, ou, mieux, que je vous invite à lire dans sa version contextualisée sur le blog de son talentueux traducteur2 :
“Vous êtes tous suspendus à ce que je vais dire. Tous vous me connaissez, vous savez que je suis incapable de garder le silence. En soixante treize ans de vie, je n’ai pas appris à le faire. Et je ne veux pas l’apprendre aujourd’hui. Se taire équivaut parfois à mentir, car le silence peut s’interpréter comme un acquiescement. Je ne saurais survivre à un divorce entre ma parole et ma conscience qui ont toujours fait un excellent ménage.
Je serai bref. La vérité est davantage vraie quand elle se manifeste sans ornements et sans périphrases inutiles. Je souhaite faire un commentaire au discours, pour lui donner un nom, du général Millan Astray, présent parmi nous. Laissons de côté l’injure personnelle d’une explosion d’invectives contre basques et catalans. Je suis né à Bilbao au milieu des bombardements de la seconde guerre carliste. Plus tard, j’ai épousé cette ville de Salamanque, tant aimée de moi, sans jamais oublier ma ville natale. L’évêque, qu’il le veuille ou non, est catalan, né à Barcelone.On a parlé de guerre internationale en défense de la civilisation chrétienne, il m’est arrivé jadis de m’exprimer de la sorte. Mais non, notre guerre n’est qu’une guerre incivile. Vaincre n’est pas convaincre, et il s’agit d’abord de convaincre ; or, la haine qui ne fait pas toute sa place à la compassion est incapable de convaincre…On a parlé également des basques et des catalans en les traitant d’anti-Espagne ; eh bien, ils peuvent avec autant de raison dire la même chose de nous. Et voici monseigneur l’évêque, un catalan, pour vous apprendre la doctrine chrétienne que vous refusez de connaître, et moi, un Basque, j’ai passé ma vie à vous enseigner l’espagnol que vous ignorez.
(Premières interruptions, « Viva la muerte ! » etc)
Je viens d’entendre le cri nécrophile « Vive la mort » qui sonne à mes oreilles comme « A mort la vie ! » Et moi qui ai passé ma vie à forger des paradoxes qui mécontentaient tous ceux qui ne les comprenaient pas, je dois vous dire avec toute l’autorité dont je jouis en la matière que je trouve répugnant ce paradoxe ridicule. Et puisqu’il s’adressait au dernier orateur avec la volonté de lui rendre hommage, je veux croire que ce paradoxe lui était destiné, certes de façon tortueuse et indirecte, témoignant ainsi qu’il est lui-même un symbole de la Mort. Une chose encore. Le général Millan Astray est un invalide. Inutile de baisser la voix pour le dire. Un invalide de guerre. Cervantès l’était aussi. Mais les extrêmes ne sauraient constituer la norme Il y a aujourd’hui de plus en plus d’infirmes, hélas, et il y en aura de plus en plus si Dieu ne nous vient en aide. Je souffre à l’idée que le général Millan Astray puisse dicter les normes d’une psychologie des masses. Un invalide sans la grandeur spirituelle de Cervantès qui était un homme, non un surhomme, viril et complet malgré ses mutilations, un invalide dis-je, sans sa supériorité d’esprit, éprouve du soulagement en voyant augmenter autour de lui le nombre des mutilés. Le général Millan Astray ne fait pas partie des esprits éclairés, malgré son impopularité, ou peut-être, à cause justement de son impopularité. Le général Millan Astray voudrait créer une nouvelle Espagne- une création négative sans doute- qui serait à son image. C’est pourquoi il la veut mutilée, ainsi qu’il le donne inconsciemment à entendre.
(Nouvelles interruptions » A bas l’intelligence ! « etc.)
Cette université est le temple de l’intelligence et je suis son grand prêtre. Vous profanez son enceinte sacrée. Malgré ce qu’affirme le proverbe, j’ai toujours été prophète dans mon pays. Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas. Vous vaincrez parce que vous possédez une surabondance de force brutale, vous ne convaincrez pas parce que convaincre signifie persuader. Et pour persuader il vous faudrait avoir ce qui vous manque : la raison et le droit dans votre combat. Il me semble inutile de vous exhorter à penser à l’Espagne. J’ai dit. »
Miguel de Unamuno n’était pas un grand aficionado devant l’éternel3, bien qu’il faille remettre dans son contexte ses prises de position à l’égard d’une fiesta nacional largement instrumentalisée pendant les sombres années durant lesquelles il s’en est un peu pris à elle. Mais cela n’empêche pas d’apprécier à sa juste valeur l’œuvre immense du grand écrivain et universitaire ; à la lecture des réactions que suscitèrent chez nos adversaires les écrits des nombreux intellectuels que compte l’afición, je doute qu’ils soient capables d’en faire autant.
1 http://passouline.blog.lemonde.fr/2006/12/30/lhonneur-de-miguel-de-unanumo/#comments
2 http://www.micheldelcastillo.com/Unamuno.htm
3 Jean-Clause Rabaté, « Miguel de Unamuno et la fiesta nacional » in Jean-René Aymes et Serge Salaun, Etre espagnol, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2000, p. 254.
06 janvier 2007
Lentejas estofadas
Les proportions données sont pour 4 tapas, à mon sens ça peut même faire 5 ou 6 entrées voire 8 !
Marché
100 g de boudin noir
100 g de chorizo
200 g de pommes de terre épluchées et coupées en gros dés
1 petite carotte épluchée coupée en rondelles
1 petit poivron vert coupé en petits dés
1 petit oignon coupé en petits dés
1 petite tomate mure coupée en dés (ici remplacée par une tomate en boîte et un peu de concentré)
1 feuille de laurier
3 gousses d’ail
1 ½ cuillère à café de paprika
75 ml d’huile d’olive vierge
1 Mélanger tous les ingrédients sauf les pommes de terre dans un faitout. Couvrir d’eau froide, porter à ébullition. Réduire ensuite le feu et laisser mijoter 20 minutes.
2 Ajouter les pommes de terre, laisser cuire encore 20 minutes jusqu’à ce que les pommes de terre et les lentilles soient cuites. Servir dans des assiettes en terre cuite (facultatif !)
Plus simple que ça tu meurs. Mais une fois avalé ce plat, on a envie de sortir prendre l’air, démarrer un 4 x 4 et parcourir le campo... hélas... Bon, en attendant et pour me consoler demain je me risque pour une barbare pizza en déconstruction... d’après une recette de Thierry Marx, mais ceci est une autre aventure, bien peu taurine !
05 janvier 2007
La botte de cent lieues...
Fans de foot, aigris de juillet 2006, mangeurs de "macaronis", ne m'en veuillez pas. C'est d'un Italien dont je vais vous causer maintenant. Cela fait un an et demi qu'il va aux toros et ça a l'air de le "bouffer" de l'intérieur, genre violent. Vous savez tous ce que ça fait finalement. Alors, depuis un an et demi, il navigue entre sa botte et les mantilles andalouses, s'arrête en Camargue et rêve du Sud-Ouest. L'afición ! Il se nomme Luigi Ronda ; faut le faire quand même, s'appeller Ronda quand on aime les toros...
Les clichés qui suivent ont été pris à Séville, Béziers et Arles. Savourez !
04 janvier 2007
Céret de Toros 2007
Du côté de Céret les élevages qui seront combattus les 14 et 15 juillet prochains sont également connus :
Deux corridas de toros : Rekagorri et Valverde. Une novillada : Miguel Zaballos.
De mémoire et sauf erreur, Rekagorri serait du Valdefresno, Valverde vient évidemment de La Corte et Zaballos présentera pour sa part du 100 % Saltillo...
Un coup fait pas la p...
Sur Campoyruedos nous ne sommes pas particulièrement fans de TV... pour y regarder les toros en tout cas. Une exception cependant pour ce dimanche sur Canal Sur TV qui devrait retransmettre en direct la corrida concours d'Almería. Sur le papier c'est pas mal, ensuite...
Toros Hijos de Eduardo Miura Fernández / Partido de Resina / Tomás Prieto de la Cal / Hijos de Celestino Cuadri Vides / Murteira Grave & Adolfo Martín Andrés.
Toreros Luis Francisco Esplá / El Fundi & Curro Vivas.
Ouverture des commentaires
La moitié de la rédaction de Camposyruedos vient de se réunir à huis clos et a décidé d'ouvrir les commentaires sur les messages du blog. L'ère de la communication est ouverte. Soyez cordiaux, Camposyruedos vous le rendra.
03 janvier 2007
Vic-Fezensac, Feria del Toro 2007
La formule restée célèbre de Jean Cau (qui, contrairement à ce que pourrait laisser croire une autre citation de l’auteur publiée sur ce blog, ne faisait pas qu’aller au bordel) nous le rappelle : être aficionado consiste « à croire au Père Noël et, chaque après-midi, vers les cinq heures, à aller à ses rendez-vous »*. C’est pourquoi plutôt que de vous souhaiter mes vœux dont vous n’avez probablement que faire, je formule celui que vous ayez demandé comme moi au barbu de faire sortir dans nos arènes des taureaux qui tiennent debout, de temps en temps, à l’occasion de la saison qui s’annonce.
Pour bien commencer l’année, comme les sites spécialisés s’en sont fait récemment l’écho, les élevages qui seront présents cette année dans la cité gersoise les 26, 27 et 28 mai ont été dévoilés :
Novillada Doña Adelaida Rodríguez (Atanasio Fernández par Lisardo Sánchez).
Corridas Barcial (Vega-Villar rama Cobaleda), Charro de Llen (Atanasio Fernández) et Robert Margé (Domecq-Núñez par Cebada Gago d’une part, et Joaquín Núñez del Cuvillo et Santiago Domecq d’autre part).
Corrida concours (élevages pressentis) / Juan Luis Fraile (Santa Coloma par Graciliano Pérez-Tabernero), Justo Nieto (Vega-Villar par Caridad Cobaledad), Valverde (Conde de la Corte), Doña Adelaida Rodríguez, Sánchez-Fabrés (Coquilla et Sepúlveda) et Clemares Pérez-Tabernero (Santa Coloma rama Graciliano Pérez-Tabernero par Alipio).
Sur le papier, le contrat est donc rempli, car même si un certain nombre de ces ganaderías ne sont malheureusement pas actuellement au meilleur de leur forme, nous avons au moins quelques motifs d’espérer. En outre, la belle diversité dans le choix des encastes et rames sélectionnées a été cette fois encore respectée.
Pour tromper notre attente en attendant de découvrir in situ ce qu’il en sera, et le millésime 2007 des « Viconographies » de Laurent, nous essayerons cet hiver d’aller à la rencontre de nos chers monstres sacrés. A suivre...
* Les Oreilles et la Queue [1961]. Nouvelle édition en 1990, 252 pages + 8 p. hors texte, 10 ill., sous couv. ill., 140 x 205 mm. Hors série Connaissance (1990), Gallimard. ISBN 2070719863.
02 janvier 2007
"Bonne année mon cul"
L'année 2006 s'achevait par un texte extrait du film "Un singe en hiver", texte que j'avais faussement attribué à Michel Audiard. Certains "grincheux" du Sud-Est de la France nous fîmes justement remarquer que le texte était d'Antoine Blondin et non du virevoltant dialoguiste. Je bats donc ma coulpe et je rends à César ce qui lui revient.
Entamons 2007 comme il se doit, selon les usages et les coutumes. Pour la peine, voici un texte de Pierre Desproges (j'espère que c'est de lui autrement notre webmaster va encore recevoir des millions de mails assassins) qui disserte sur la bonne année et le mois de février. Ecrit en février 1986.
"Il était temps que janvier fît place à février. Janvier est de très loin le plus saumâtre, le plus grumeleux, le moins pétillant de l'année. Les plus sous-doués d'entre vous auront remarqué que janvier débute le premier. Je veux dire que ce n'est pas moi qui ai commencé. Et qu'est-ce que le premier janvier, sinon le jour honni entre tous où des brassées d'imbéciles joviaux se jettent sur leur téléphone pour vous rappeler l'inexorable progression de votre compte à rebours avant le départ vers le Père-Lachaise... Dieu Merci, cet hiver, afin de m'épargner au maximum les assauts grotesques de ces enthousiasmes hypocrites, j'ai modifié légèrement le message de mon répondeur téléphonique. Au lieu de « Bonjour à tous », j'ai mis « Bonne année mon cul ». C'est net, c'est sobre, et ça vole suffisamment bas pour que les grossiers trouvent ça vulgaire. Plus encore que les quarante-cinq précédents mois de janvier que j'ai eu le malheur de traverser par la faute de ma mère, celui-ci est à marquer d'une pierre noire. Je n'en retiens pour ma part que les glauques et mornes soubresauts de l'actualité dont il fut parsemé. C'est un avocat très mûr qui tombe, sa veuve qui descend de son petit cheval pour monter sur ses grands chevaux. La gauche est dans un cul-de-sac. Mme Villemin est dans l'impasse, tandis que, de bitume en bitume, les graphologues de l'affaire qui ne dessoûlent plus continuent à jouer à Pince-mi et Grégory sont dans un bateau. Côté bouillon de culture, Francis Huster attrape le Cid avec Jean Marais. Au Progrès de Lyon, le spécialiste des chiens écrasés et le responsable des chats noyés, apprenant qu'Hersant rachète le journal, se dominent pour ne pas faire grève. Le 15, premier coup dur, Balavoine est mort. Le 16, deuxième coup dur, Chantal Goya est toujours vivante. L'Espagne - fallait-il qu'elle fût myope - reconnait Israël. Le 19, on croit apercevoir mère Teresa chez Régine : c'était Bardot sous sa mantille en peau de phoque... Le 23, il fait 9° à Massy-Palaiseau. On n'avait pas vu ça, un 23 janvier, depuis 1936. Et je pose la question : qu'est-ce que ça peut foutre ? Le 26, sur TF1, le roi des Enfoirés dégouline de charité chrétienne dans une entreprise de restauration cardiaque pour nouveaux pauvres : heureusement, j'ai mon Alka-Seltzer. Le 27, l'un des trois légionnaires assassins du Paris-Vintimille essaie timidement de se suicider dans sa cellule. Ses jours ne sont pas en danger. Je n'en dirais pas autant de ses nuits. Le 29, feu d'artifice tragique à Cap-Kennedy. Bilan : 380 tonnes d'hydrogène et d'oxygène liquides bêtement gachées. Et le soir du 31, comme tous les soirs, Joëlle Kauffmann embrasse ses deux garçons. Et elle entre dans sa chambre. Elle est toute seule. Elle ne dort pas très bien. Enfin voici février. Sec comme un coup de trique et glacé comme un marron. Avec son Mardi gras qui nous court sur la crêpe. C'est le mois de saint Blaise, qui rit dans son ascèse, et de sainte Véronique, qui pleure dans les tuniques. C'est aussi le temps du carême, où les maigres chrétiens d'Ethiopie peuvent enfin jeûner la tête haute pour la seule gloire de Dieu. Les statistiques sont irréfutables : c'est en février que les hommes s'entre-tuent le moins dans le monde ; moins de tueries guerrières, moins de rixes crapuleuses, moins d'agressions nocturnes dans les rues sombres du XVIII°, où l'insécurité est telle habituellement que les Arabes n'osent même plus sortir le soir. Jusqu'au nombre des cambriolages qui diminue de 6% en février. Et tout ça, pourquoi ? Après les enquêtes scientifiques les plus poussées, les sociologues sont parvenus à cette incroyable conclusion : si les hommes font moins de conneries en février, c'est parce qu'ils n'ont que 28 jours. Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m'étonnerait qu'il passe l'hiver."
Pierre Desproges, février 1986.
Point n'est besoin d'en rajouter, meilleurs voeux à tous pour 2007... J'espère quand même que Hollywood aura la présence d'esprit de nous pondre un nouvel opus des aventures du célèbre agent secret de sa majesté...