Affichage des articles dont le libellé est Corrida concours. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Corrida concours. Afficher tous les articles

12 février 2013

Beau geste




Quand, le 12 juin 2011 au matin, sort du toril des arènes de Vic-Fezensac le taureau de l’élevage Cuadri, je bade ‘Comandante’ et espère. Une quinzaine de minutes plus tard, mes espoirs déçus, j’aurai à déplorer une très vilaine épée d’Iván García — ‘Comandante’ vacille, tremble et crache le sang, puis s’effondre. Le matador aux cheveux blonds, qui, impassible, ne l’a jamais quitté des yeux, s’avance alors et se penche pour donner en toute intimité trois délicates tapes sur la joue noire de ‘Comandante’. 


Image Scan de la carte de vœux 1999 de l’Adac. Toro de Maria do Carmo Palha estoqué, à Céret, le 12 juillet 1998. — Photographie Michel Volle

21 août 2012

Vingt et une piques… en Andalousie


Arènes blanches ultrabright, soleil de plomb, ciel au-delà du bleu et des toros sur le sable. Andalousie !

Oui, Andalousie… Oui mais vingt et une piques, oui mais une corrida concours de ganaderías… en Andalousie, eh oui !

¡Enhorabuena!

C'est notre ami Fabrice Torrito qui le raconte sur son blog. Courez-y !

21 juin 2012

Game over !


Les corridas concours sont assez rares pour qu'on leur sacrifie un peu de notre temps et un peu d'écriture. C'est d'autant plus vrai quand la corrida concours dont il est question se déroule dans une arène de première catégorie espagnole (il faut préciser) considérée comme un des temples du taureau de combat : Bilbao.

Passons tout de suite sur les prix décernés à l’issue de cette corrida : le Torrestrella gagne, et alors ? Pas de prix pour le meilleur tercio de piques ? What else ? Les prix ne sont pas des souvenirs, ils s’oublient, et celui octroyé au Domecq d’Alvarito ne se gravera certainement pas dans les mémoires.

Cette corrida concours a été pour moi fidèle à l’image que je me fais — à tort peut-être et de manière exagérée certainement — de la corrida actuellement : elle manque de tout et surtout de toro. On aura beau s’échiner à commenter la faena donnée au La Quinta, au Victorino ou au Torrestrella, s’entêter à regretter le manque de quites et de variété proposés par Iván Fandiño, le constat restera le même : il a manqué du toro ce samedi sous le xirrimirri. Entendons-nous bien : il n’a pas manqué de quoi toréer pour le maestro, il n’a pas manqué de caste pour certains, d’envie ou d’intérêt pour d’autres, mais, au final, nous n’avons eu qu’un étalage bien mou de ce que produit actuellement une bonne partie de l’élevage brave. Après tout, me direz-vous, c’est peut-être le rôle d’une corrida concours que de donner un petit aperçu un tant soit peu réaliste de l’état du toro de lidia dans la diversité des encastes. Alors, si tel est le cas, le bilan est bien faible.

Trapío Deux toros seulement étaient présentés con trapío. Le Partido de Resina et l’Alcurrucén, qui tirait vers l’avacado mais dont les allures et les manières imposaient le respect. Les autres étaient certes respectueux du type de leur encaste mais de trapío ils n’en avaient point. Le trapío moyen n’existe pas ! Un toro a du trapío ou n’en a pas ; entre le ying et le yang, il n’y a rien ! Pour le coup, le Victorino n’avait rien à faire là.

Bravoure Le hic, pas chic ni choc, le hoquet généralisé. La bravoure s’exprime avant tout au premier tiers et les corridas concours ont pour but, entre autres, de mettre en valeur ce moment de la corrida. À ce sujet, les concours de ganaderías ne devraient plus exister car elles incitent le public à penser que des tercios de piques menés à peu près correctement sont des exceptions qu’il est impensable de revoir dans des courses classiques. Tous les toros devraient avoir la chance d’être piqués avec la même attention que lors d’une corrida concours.
Ce samedi à Vista Alegre les toros n’ont pas été braves. Ils ont démarré, ils ont chargé de loin, ils ont couru vers le cheval — sauf l’âne qui portait le fer de Victorino Martín —, mais aucun n’a réellement poussé en mettant correctement les reins, en se fixant et en montrant l’envie de foutre en l’air les chevaux de Monsieur Bonijol qui passe son temps à sauter le burladero pendant le tiers de piques. L’on pourrait nuancer le propos concernant le Torrestrella et l’Alcurrucén même si leurs peleas respectives n’eurent rien de transcendant.
Last but not least, il n’y a plus de poder ! Game over ! Car la bravoure doit être puissante, furieuse, tempétueuse et ravageuse. On l’oublie. Les toros de cette concours étaient donc dans la veine du produit actuel — oui, « produit » ! —, dégonflé, bravito mais pas trop, toro mais pas trop non plus, et piqués dès la troisième rencontre avec la puya de tienta !

Noblesse Ils ont tous chargé à leur manière et, comme je l’écrivais plus haut, il y avait de quoi toréer. Certains voisins se sont emballés sur la bourrique inutile de Victorino parce qu’elle mettait la tête bien en bas. Le toreo par le bas, érigé aujourd'hui en système, dictatorial, est en train — en vérité ça fait longtemps que cela dure — de pourrir les analyses de nombre d’amateurs de corridas. Il conviendrait selon eux que tous les toros sortissent en mettant la tête au ras du sol et chargeassent lors du troisième tiers le mufle dans le sable. Foutre dieu que l’ennui serait grand de ne plus rencontrer de bestiole, comme ce sobrero d'El Cortijillo manso perdido querencioso, âpre mais tout à fait possible à « lidier » ! Et Fandiño le prouva d’ailleurs dans sa meilleure faena de l’après-midi.
Bref, ils ont tous chargé et nous nous en fûmes en nos chaumières sans que de grands souvenirs ne viennent bercer nos nuits.

La faute à quoi ? à qui ?
Fandiño était prêt mais froid. Incomplet comme les toros, parfois décentré, tout d’un coup remarquablement croisé, la jambe en avant, la main tendue vers l’œil contraire.
Le ciel était prêt, « bilbaïnesque » à souhait, dans le tempo de l’événement.
Le sable était prêt ; prêt à recevoir ce ciel adapté.
Tout était prêt sauf le public. Il n’était pas là. C’est aussi simple que cela. Il serait là le lendemain mais il n’était pas venu aujourd’hui. On pourra le tourner dans tous les sens, mais c’est foutu pour le toro. Même Matías González n’y croyait pas ; il a été mauvais, très mauvais.

En sortant, Fandiño souriait.


>>> Retrouvez une galerie de cette course sur le site sous la rubrique « Ruedos ».

Photographie Le toro d'Alcurrucén © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com

16 mai 2011

Cambio de toro


Lu sur le site du Club taurin vicois :

« Pour des raisons sanitaires, le toro de Partido de Resina ne sera pas lidié lors de la corrida concours du dimanche 12 juin. Il sera remplacé par un toro de Palha. »

L'ordre de sortie des toros demeure inchangé : Palha, D. Victorino Martín Andrés, Hijos de D. Celestino Cuadri Vides, Fuente Ymbro, D. Manuel Assunção Coimbra & Flor de Jara.

Photographie Adema (toros de Palha à l'embarquement, mai 1995) © Étienne Barbazan

>>> Campos y Ruedos ne pouvait pas « ignorer » plus longtemps le travail du photographe vicois Étienne Barbazan. Cet amoureux fou du toro et du campo nous ayant gentiment remis quelques-uns de ses clichés — certains anciens, d'autres très récents —, nous devrions bientôt être en mesure de vous faire profiter d'une galerie sur le site à la rubrique « Photographies ». Patience…

17 avril 2011

Ce samedi 16 avril


C’est 'Gargantillo' qui a gagné. Il en faudra plus que cet unique exemplaire pour redonner du lustre à la ganadería de Felipe Bartolomé Sanz mais 'Gargantillo' peut laisser toutefois espérer le ganadero. Les autres ont perdu parce que moins bons que 'Gargantillo' peut-être ou parce que les conditions de leur lidia ne leur auraient jamais permis de gagner, quoi qu’ils eussent fait dans le ruedo pour le mériter. Mais les prix importent peu et le principe du concours de ganaderías n’est à la fin qu’un prétexte pour voir le toro combattre. C’est déjà énorme par les temps qui courent. Et il y eut des toros à Saragosse ce samedi 16 avril 2011 ; aucun grand toro mais une franche rasade de bons toros, intéressants et chacun fidèle à ses origines.
Le problème des corridas concours est le choix des maestros chargés de combattre les six toros. Car au-delà de leurs qualités avérées ou non de torero, la vérité oblige à reconnaître ce que l’on oublie trop souvent : la lidia d’un toro débute dès la sortie du toril et s’achève avec la puntilla. Et cette lidia essentielle est menée par une équipe, une cuadrilla, qui se doit d’être au point. Ce samedi 16 avril, Serafín Marín et sa cuadrilla étaient prêts et même plus. Le diestro catalan a été excellent de bout en bout, intelligent, meneur d’hommes et de toros. A sa suite, sa cuadrilla brilla par l’économie de gestes et le sens de la lidia. En point d’orgue, il y eut ce spectacle rarissimissime d’un torero a caballo encore capable de piquer un toro brave ('Garboso' d’Adelaida Rodríguez) dans le morrillo... une fois, deux fois, trois fois, quatre fois et même cinq fois. Sur le programme était écrit : « Manuel Molina (grana y oro), pica el 5°. »
Mais Serafín Marín et sa cuadrilla démontrèrent en contrepoint qu’une corrida concours ne peut pas être confiée au premier torero local ou au protégé de l’empresa. Une corrida concours, si elle doit être organisée, se doit de proposer au cartel des toreros lidiadores, c’est une chose, mais avant tout et surtout, des toreros accompagnés d’une cuadrilla digne de ce nom. C’est triste à écrire mais c’est ainsi et, ce samedi 16 avril, Serranito et sa cuadrilla de mercenaires ont massacré (le terme « saigné » serait plus adéquat) un toro très intéressant (Juan Luis Fraile) et ont faussé le tercio de piques du dernier (La Reina) en étant incapables de contenir et de guider la charge encastée de cet animal.
'Gargantillo' a gagné parce qu’il était beau ! Ça compte. 'Gargantillo' avait du trapío. 480 kilos de trapío et de présence (la queue un peu courte peut-être). 'Garboso' (Adelaida Rodríguez) a perdu à cause de son asphyxie lors du troisième tiers (il n’a pu recevoir que 4 passes puis s’est couché longuement sur le sable), mais surtout parce qu'il était sans trapío. 581 kilos de non trapío. 'Sortijero' (Juan Luis Fraile), malgré d’indéniables qualités de caste et malgré un assassinat aux piques, n’aurait jamais pu gagner car il n’avait pas lui non plus de trapío avec ce cul étroit et cette colonne vertébrale mal tombée. 'Sedero' (La Reina) avait du trapío mais il n’a pas gagné car trop dans le concept moderne d’un toro fabriqué uniquement pour le troisième tiers (même s’il démontra une belle caste débordante pour Castaño). Et puis on ne gagne pas avec deux cornes éclatées ! Elles servent à quoi leurs fundas Monsieur Joselito ? 'Aviador' (Adolfo Martín) pesait 475 kilos. 'Aviador' était beau. Vraiment beau et vraiment con trapío ! Une "estampe". 'Aviador' n’a pas gagné car 'Aviador' s’est comporté comme un Albaserrada au cheval — j’y vais mais pas trop, j’y repars mais sans conviction — et comme un pu... de sa ra... d’Albaserrada au troisième tiers. Le truc qui charge avec allant mais l’œil sur les chevilles, les deux yeux même. Un Albaserrrada que l'on aimerait revoir plus souvent pour dire vrai. Le trapío, le poids... Eternel dilemme réglé ce samedi 16 avril par un Santa Coloma de 480 kilos et par un Albaserrada de 475 kilos ! Enhorabuena.
Alors oublions le Concha y Sierra, oublions les piques de tienta, oublions le manque de public et la moyenne d’âge cheveux blancs, oublions Castaño et surtout Serranito. Oublions tout cela. Ce samedi 16 avril, il y avait une bonne cuadra de caballos, deux bons picadors, un maestro et des toros de lidia.

>>> Retrouvez une galerie consacrée à cette corrida concours sur le site www.camposyruedos.com, rubrique RUEDOS.

Photographie 'Aviador' d'Adolfo Martín Andrés © Laurent Larrieu

15 avril 2011

Reseñas (imaginaires)


Demain samedi 16 avril aura lieu la traditionnelle corrida concours de Saragosse — la seule digne de ce nom de toute la temporada espagnole...
Demain, donc, concourront par ordre d'ancienneté 6 toros des élevages de Concha y Sierra (Vázquez), Herederos de D. Felipe Bartolomé Sanz (Buendía), D. Juan Luis Fraile y Martín (Graciliano), Adolfo Martín Andrés (Albaserrada), Dña. Adelaida Rodríguez García (Lisardo Sánchez) — seul élevage de la tarde à appartenir à l'AGL (Asociación de ganaderías de lidia) et non à l'UCTL — et La Reina (Domecq) — sans ancienneté.
Il fut un temps où les ganaderos étaient (estimés ?) conviés à dire quelques mots sur leurs toros. Les temps changent et nous en sommes réduits à imaginer...

'Solo' de Concha y Sierra (guarismo 7) :
« Il est salinero, mais ma femme me soutient qu'il est sardo. L'autre jour, elle est rentrée dans le cercado pour me montrer les taches noires ! J'ai eu beau crier : “Reviens, je les vois ! Reviens !”, rien n'y fit. Si le mayoral n'avait pas été là, elle y passait. Le soir, à la soupe, quand elle m'a dit que 'Solo' ne lui plaisait pas parce qu'il ressemblait trop à un Domecq, je peux vous assurer que je n'ai pas bronché. »

'Gargantillo' des Herederos de D. Felipe Bartolomé Sanz (guarismo 6) :
« C'est un miraculé que je soupçonne fortement d'avoir trucidé quelques-uns de ses frangins ! Le seul cinqueño qu'il me restait, mais voyez comme les choses sont bien faites, de toute ma vie de ganadero, je n'en ai jamais eu un d'aussi beau dans mon campo. Bon, pour être tout à fait franc, et parce que la perfection n'est pas de ce monde, je lui trouve la queue un peu courte... »

'Sortijero' de D. Juan Luis Fraile y Martín (guarismo 6) :
« Cet hiver, en rentrant dans le bureau de mon père, je me suis souvenu que, de tous les toros encadrés qui ont fait sa fierté, celui qu'il préférait avait le poil frisé sur le front et le morrillo. Il ressemblait beaucoup à ce 'Sortijero' algo acapachado et bizco. Costaud, très ramassé, il va me faire le plaisir de perdre quelques kilos d'ici le 16 avril. Croyez-moi, il sera alors redoutable. »

'Aviador' d'Adolfo Martín Andrés (guarismo 6) :
« Une personne de mon entourage m'a récemment dit qu'il avait les cojones aussi petites que ses cornes sont grandes. Et elle a rajouté : “'Aviador', ce ne sont pas des cornes qu'il a mais des ailes !” Moi, j'ai pensé tout bas qu'il était long comme un train... J'aime aussi son aspect rustique, et son côté ermite au campo. Depuis cette photo, il s'est affûté ; il sortira avec le “cul serré”. »

'Garboso' de Dña. Adelaida Rodríguez García (guarismo 7) :
« Que voulez-vous savoir ? Que voulez-vous que j'vous dise ? Ils sont arrivés sans prévenir ; ils étaient pressés, moi aussi ! J'ai envoyé mon mayoral faire des photos des toros, mais il est revenu tout penaud en m'expliquant que la batterie l'avait lâché. Il a juste eu le temps de prendre 'Garboso', qui ne leur a pas déplu. Je crois qu'ils s'en foutaient. Moi aussi ! Ah ! ah ! ah ! »

'Jaranero' de La Reina (guarismo 6) :
« Je tiens tout d'abord à rappeler que les fundas me permettent de ne plus être inquiété pour afeitado... Hum... L'autre jour, je discutais avec un vaquero qui m'avouait avoir un faible pour les toros dans lesquels on retrouvait les lignes veragueñas, et cette encornure vers le haut. “Et pourquoi donc ?”, lui ai-je demandé. Vous auriez dû voir avec quel air méchant il a répondu : “Parce qu'ils prennent des piques.” »

Image 'Aviador' : une « estampe » Albaserrada d'Adolfo Martín Andrés photographiée par © Costillares pour http://torear.blogspot.com/.

13 septembre 2010

Arles, concours : la grosse blague


marge_arles

La corrida concours arlésienne s’est déroulée rythmée par une douce et monotone médiocrité. Heureusement, nous avons une fin d'été superbe.
Seul le magnifique Tardieu, en trois piques sans histoire qui auraient pu éventuellement être quatre, fit, légèrement, illusion. Et puis en face il y avait Padilla, qui ne fit rien pour le faire paraître plus que ce qu’il était. Ce fut à peu près tout et ce n’était déjà pas grand-chose. Rien de scandaleux dans l’ensemble, mais rien à relever non plus. C’est un peu le risque du genre.
L’après-midi fut donc ennuyeuse, langoureusement médiocre.
La seule bronca a été donnée après la course. Chose curieuse à la vérité. Une bronca, une seule, cinq minutes trente après la fin de la course est en effet une chose curieuse.
Elle était destinée en fait au choix du jury de primer le toro de Robert Margé, manso au cheval et plus ou moins propice ensuite puisque Israel Téllez lui coupa une oreille. Un manso vulgaire pour une blague grasse : un prix vulgaire. Un prix qui, évidemment, n’aurait jamais dû être attribué, surtout pas à un manso. La photo parle d’elle-même : l’intérêt du Margé pour le picador malgré la démonstration de Gabin. Quelle blague que de primer pareil bestiau !
Le public ne s’y est pas trompé qui a sourdement grondé après avoir supporté l’après-midi sans broncher.
La saison s’achève doucement. Il faudrait peut-être penser, pour l’année prochaine, à demander au jury de la concours d’éviter de faire des blagues grasses.
Sinon, le coucher de soleil sur le Rhône et sur la ville d’Arles, vu depuis les quais de Trinquetaille, est superbe.

>>> Quelques clichés vous attendent sur le site, rubrique RUEDOS.

24 juillet 2010

05 juillet 2010

Photographie sans paroles (XXVII)


yonnetflickrPhotographie Toro de Yonnet pour la corrida concours de Vic-Fezensac © José 'JotaC' Angulo

27 mai 2010

« Bientôt, on n'ira plus aux arènes »


Arènes Joseph-Fourniol de Vic-Fezensac, dimanche 23 mai 2010

Le matin, lors de la corrida concours — il s'agissait bien d'une corrida concours —, deux exemplaires seulement m'auront impressionné par leur présentation : le María Luisa et l'Alcurrucén1. Imprésentables (en tous points) étaient les Santa Coloma de La Quinta (cornes « explosées ») et de Rehuelga (né en mai 2006 !), sin cuajo les représentants de Fidel et de Dolores : deux toros con trapío, donc, et... un seul avec du poder et un soupçon de caste !!! Madame Aguirre, merci. Quand le toro fait défaut...

L'après-midi, six Palha faiblards à l'allure plus que quelconque
2, et pour tout dire indignes d'une plaza telle que Vic — quel intérêt de choisir un fer sortant deux fois à Madrid cette année ? —, me plongèrent dans un état proche de l'hypnose à peine troublé par le vaillant Aguilar, gâté au sorteo et pourvu de la panoplie complète du torero pueblerino. Quant à la grotesque vuelta accordée dans l'instant à son second, mieux vaut en sourire. Et qu'on fiche une bonne fois pour toutes la paix à ces braves mayorales...

Nous en étions aux saucisses à l'échalotte et les bouteilles tournaient bien plus vite que nos caboches. Il profita d'un improbable silence entre deux verres de chablis
3 pour asséner, avec calme, une vérité intime que chacun de nous avait jusqu'ici toujours pris soin de ne jamais exprimer vraiment. « Bientôt, on n'ira plus aux arènes », il a dit. Même à Vic ? Vic la rurale qui ne saurait ni choisir son bétail ni « voir un toro »... Vic qui se polisse chaque année davantage. Vic qu'on aime, pourtant...

Pendant ce temps, Madrid célébrait un lot de Cuadri : la bonne nouvelle d'un dimanche de m... de mai sans
toros.

1 Le Núñez était cinqueño et le Pedrajas avait presque 6 ans, d'où la grosse — et inadmissible — ration qui lui a été infligée lors de la première pique !
2 Un Palha ça joue les gros bras en montrant ses « tatouages »...
3 Les vins de Chablis.

Images © Camposyruedos
«
Dont le culte pour le toro de lidia... » & Deux Cuadri pour Vic, pardon, pour Madrid.

21 septembre 2009

Arles, encre et lumière


Après la journée du patrimoine, retour sur une course pour l’histoire…

La lumière était blanche et dure comme la pierre. Le soleil cognait fort les casques des cohortes éparses des spectateurs. Une vengeance astrale pour faire oublier le grelottement de l’an passé. Les gradins se sont garnis. Une travée pleine, l’autre creuse, noircie par-ci, vide par-là... et là... et encore là... Une carte perforée de piano mécanique. Allez, musique et paseo !
Blanche l’arène, noires les lunettes.

Partido de ResinaGris le toro, un de Partido de Resina de 580 kg, rond comme un patapon, fond sous le cagnard en moins de temps qu’il ne faut pour tirer un trait sur les illustres pablorromeros. Il entre plein d’envie et mord la poussière avant la pique, à la sortie d’un capotazo. Les déplacements deviennent difficiles. Dès le second puyazo, la bouche s’ouvre largement, la langue pendouille à la recherche d’un second souffle. Volontaire, il retourne une troisième fois au cheval, ressort exsangue, saigné à blanc mais conserve une qualité de charge toute en douceur. Une noblesse dont López Chaves ne tire aucun avantage. Un bajonazo conclut le face à face. Déception !


PalcoAgitation soudaine sous le palco. Que se passe-t-il ? Conduit à l'infirmerie sans avoir toréé, Sánchez-Vara ne reviendra pas. Un problème médical l'empêche de poursuivre. Perplexité dans l'amphithéâtre. Quand on se sait diminué, pourquoi prendre le risque de mettre tout le monde devant un désagréable fait accompli, organisateurs, compagnons de cartel et spectateurs ? Surprenant interlude que cette fin sans début ! Sur les travées, les voix qui expriment leur étonnement déclencheront les foudres de la critique. Ce 11 septembre 2009 personne n’osera employer l’habituel qualificatif de taliban ou d’ayatollah. Juste quelques perfidies, de simples allégations frisant le ridicule. Elles sont où les hordes "toristas" ? Les bataillons de braillards qui réclament du toro-toro, où qu'ils sont ? Ah ! Ça pour beugler...

Des aficionados, sur les tendidos, il y en avait. Certes, pas autant qu’on aurait pu le souhaiter, un vendredi à 17h 30... Outre le fait qu’à pareille heure, un jour ouvré, certains... œuvrent, d’autres, pour arriver à temps, ont bien tenté la téléportation. Ils se sont heurtés à la vénalité du passeur, Monsieur Spock. Excédés par son intransigeance, ils lui ont taillé les oreilles en pointe. Et pour la féria des Vendanges ? Qui est libre un jeudi soir à 17h30 pour fêter dignement les 150 ans de la ganadería française la plus prestigieuse ? Et vendredi matin à 11h, qui assistera à la novillada de La Quinta ? Les "toristas" ? Comment ça pas dispos ? Vous le faites exprès ! Faudra pas venir se plaindre. Ça, pour beugler...

Conde de la CorteRendons à César ce qui appartient aux Consuls. Les empresas qui désirent se débarrasser de spectacles encombrants ne s'y prendraient pas autrement. Pourquoi blâmer une partie de l’afición en évitant d’égratigner ceux qui décident ? Le courage consiste-t-il à culpabiliser ceux qui subissent en épargnant ceux qui choisissent ? Que chacun assume ses responsabilités et les vaches braves seront bien gardées. Colère noire !

Noir aussi, le toro du Conde de la Corte qui bouscule l’ordre de préséance de la corrida concours. Au diable l’ancienneté à Madrid ! Adaptons-nous au mano a mano. The show must go on !
Un toro haut, allègrement charcuté le long de l’épine dorsale par une pique incertaine. Trois fois dans l’échine, trois ! Un traitement de faveur qui n’entame en rien sa vaillance face aux banderilleros. Un des subalternes vient saluer en piste. Fernando Cruz débute sa faena aux planches, en gagnant le centre, laissant entrevoir de bonnes dispositions. Il cherche à donner de la distance, ne trouve pas le rythme et perd pied devant un animal qui finit par accuser le coup en réduisant sa charge. Au second pinchazo, l'affaire est entendue. Dommage ! Il y avait mieux à faire sur les deux cornes.

Clavel BlancoLe panneau annonce 'Clavel Blanco' du fer de María Luisa Domínguez Pérez de Vargas. Attention, concentration ! On revient à l’ordre de sortie initial. 'Clavel Blanco', un grand échalas de 610 kg, noir de jais. Le guardiola se moque de son patronyme. Il hésite, part au centre, freine, observe, repart en traçant dans la poussière les brusques arabesques d'une calligraphie récalcitrante. López Chaves, entre pleins et déliés, compose à la cape une trajectoire zigzaguante qui s'arrête net devant la cavalerie, loin.
¡Dejálo! Crie-t-on dans les tribunes.

Clavel Blanco'Clavel Blanco', ni fleur ni blanc, cet œillet-là vient faire sa révolution. A la charge ! Il gicle droit sur Quince. ¡Batacazo! Juan Luis Rivas marque le sol de son empreinte. Dégommé le canasson, plié, couché, balayé. Le toro insiste, s’éloigne subitement direction le toril, se ravise, d’un coup sec se retourne, observe les dégâts et repart au combat. Surprenant, à ne juger ni sur le nom ni sur la mine. Une mine de plomb. Cinq assauts. Cinq traits vifs, directs, fougueux, rageurs, grandioses. Cinq zébrures, cinq déchirures. Du grand art !

Clavel BlancoDe la caste à revendre, constamment sur la brèche, poursuivant bouche close ceux qui passent sous son mufle. Il entre avec envie dans la muleta de López Chaves sans pardonner la moindre erreur. Le torero se cramponne ne parvenant pas à hisser sa tauromachie. Une estocade entière.
Le toro reste là, droit, bouche fermée, sans une plainte, à lutter jusqu’à la fin, jusqu’à ce qu’on retire la lame. Alors, lentement, pas à pas, il s’avance et vient mourir au centre. Un frisson parcourt l’arène. Mouchoir bleu et mouchoir blanc. Arles debout, s’incline devant un Señor Toro. Respect ! L’arrastre accélère, passe la porte dessinant l’ultime trace sur le sable de la mémoire... Les yeux brillent.

YonnetDifficile pour 'Blanquet' d’assurer la succession. Il trottine, indécis, smoking blanc et bottes noires. Quel poids pour un toro ! 150 ans. Toute l’histoire de l’élevage repose sur ses épaules. Plus qu’un fer, une famille, une institution. Chapeau Monsieur Yonnet !
'Blanquet' tente de tenir son rang. Un peu trop rude au goût des cuadrillas et du torero. Rien ne lui sera épargné. Massacré à la pique où il ne se montre pas très brave. La terrible correction déclenche trois broncas consécutives. Le lamentable tercio de banderilles provoque à son tour l’irritation sur les gradins. Et pour finir Fernando Cruz, échaudé par la vivacité encore intacte de l’animal, escamote la faena. Désolant ! Applaudissements pour ce toro qui aurait dû, normalement, boucler l’après-midi.

Prieto de la CalC’est le hasard qui donne tout son sens au dicton. Prieto de la Cal, no hay quinto malo. 'Aguardentero', 605 kg, un veragua clair comme une bulle de savon. Un jabonero de La Ruiza, la maison mère, là-bas, au fin fond de l'Andalousie. Lui aussi est venu faire parler la poudre. Si l’on en croit la poussière qu’il soulève, il tient promesse. Quatre puyas. En venant de loin, de très loin, en poussant, en mettant et les reins et le coeur. Quatre impacts, deux batacazos. Changement de tiers. Pour ceux qui ont vu son ainé, 'Farolero', traverser quatre fois le ruedo de Saragosse lors d’un tercio de piques mémorable, la décision de la présidence reste définitivement incompréhensible.

Prieto de la CalEn quittant les arènes, Tomás Prieto de la Cal ne cache pas sa frustration. Ce furent les plus belles piques de l’après-midi et de tant d’autres tardes. Nous ne devions plus voir grand-chose. López Chaves offre quelques séries latérales qui finissent par exaspérer l’assistance et conclut laborieusement après plusieurs tentatives calamiteuses et un descabello. Navrant !

Celestino CuadriLa malédiction plane actuellement sur l’élevage de Cuadri. Sombre présage pour le numéro 48. L’animal entre pourtant de la plus fracassante des maniéres, cognant les burladeros à chaque appel. Il prend les trois piques réglementaires, sans conviction. Décasté. Fernando Cruz rompt le combat et range la muleta rapidement. ¡Una pena! De la peine, oui ! Pour Cuadri et pour Cruz. Atones.

Une corrida concours pour se souvenir en refermant les yeux comme on garde les rêves. 'Clavel Blanco', un toro noir d’encre qui lançait des éclairs, "obscure clarté qui tombe des étoiles" (Corneille in Le Cid - l’autre, pas le torero...).

16 septembre 2009

Une corrida concours pour le souvenir


Laurent Giner, ex-président de l’ANDA, nous a transmis le texte suivant.

9 piques en 2 toros. 3 ou 4 batacazos vrais, explosifs. Des piques, nous aurions pu, nous aurions dû en voir 2 ou 3 de plus au prieto de la cal, mais le palco… Pour une fois que nous avions un concours de piques plutôt qu’un concours de muletazos
Bref, au réveil le samedi nous étions quelques-uns à n’être toujours pas descendus de notre nuage. Nous nous sommes téléphonés afin de nous assurer de ne pas avoir rêvé, d’en parler et en reparler, comme pour retenir ces souvenirs et les faire revivre.

Le Tío Pepe disait : « Aussi, m’adressant plus particulièrement aux jeunes aficionados, je leur dis simplement : à toutes les époques, il y a eu des gens qui ont perdu l’afición, et toujours sous le même prétexte : qu’il n’y avait plus de toros ! Pour ma part, j’en ai connu dans ma jeunesse, et je pourrais en citer aujourd’hui. Je ne suis pas d’accord. Et c’est pourquoi je dis aux jeunes aficionados d’âges ou de vocation : « soyez toujours vigilants, mais gardez confiance. Il y a encore de beaux jours pour la fiesta brava ! Seulement, ne vous trompez pas : cela dépend en partie de vous ! » Conférence de 1976 « De l’aurochs à la corrida moderne ».

Ces deux toros ont sauvé la programmation de la corrida concours. Ce concours qui gêne la direction des arènes d’Arles depuis longtemps et dont l’enterrement était prévu vendredi dernier. Car pourquoi programmer un concours le vendredi après-midi sans aucune tête d’affiche avec 3 bouche-trous quasi inconnus aux arènes d’Arles ? Si ça n’est pas un homicide cela y ressemble fortement, j’en suis personnellement convaincu et beaucoup d’aficionados arlésiens aussi. Comme le soulignait le phare de Vieux-Boucau (attaché de presse informel) dans son édito de samedi : « Mais on retiendra aussi malheureusement, au vue de l'entrée, que l'aficion torista assure de moins en moins la recette dans les spectacles montés selon ses voeux. Faut-il en conclure que la saison a été trop longue - ce serait un moindre mal -, ou que ce public se réduit ? »
La mise en scène était donc préparée mais la caste, la force et la puissance ont tout chamboulé. La corrida concours reviendra certainement le dimanche, aux prochaines prémices du Riz.
Comme quoi le Tío Pepe savait voir loin. Vive les toros puissants, méchants, poderosos, intègres, farcis de caste et de bravoure. Que cessent les faenas de 100 passes. 20 bien rématées suffiront et comme disait Antoñete : « Il y a des faenas qui durent 4 minutes et trop qui en durent 10 ; mais dans aucune faena il y a plus de 20 muletazos parfaits. »
Laurent Giner

12 septembre 2009

'Clavel Blanco'


Au fond de son corral, isolé des autres, il ne nous plaisait pas. Et puis 'Clavel Blanco', ce n’est pas un nom pour un toro ça. Et puis María Luisa, ça fait combien d’années ?
Panneau. Pérez de Vargas. Numéro 38. 610 kilos. Né en septembre 2004.
610 kilos. Tu es certain qu’elle fonctionne la balance ? Un maría luisa de 610 kilos. Ça existe ça ?
Et puis de tout façon les taurins te l’ont dit et répété. 610 kilos, c’est trop gros, bien trop lourd. Ça ne peut pas charger 610 kilos, impossible.

Il est sorti avec ses cinq ans et des idées très arrêtées, complètement arrêtées même. On s’est dit que c’était peut-être un manso perdu, plus certainement un corralero.
On s’est dit aussi que ce genre de vieux briscard risquait fort de dessouder la cavalerie au premier assaut, partir en ruant et s’éteindre doucement.
Nous avions presque raison, et encore, pour le début des pronostics. Pour la suite, je ne te raconte même pas.
Cinq piques et une vingtaine de minutes plus tard je me disais que dans cette temporada marquée par une médiocrité générale et sans frontières nous avons eu l’immense chance de croiser la route de 'Diano' à Carcassonne, puis celle de ce 'Clavel Blanco', tout noir, ici à Arles.
Il fallait les entendre les mayorales, agglutinés dans leur burladero.
- "¡Otra! ¡Otra! ¡Cláro que puede!"

Je me demande ce que ça aurait pu donner si López Chaves avait été à la hauteur, s’il lui avait laissé la possibilité de s’élancer de loin, au lieu de l’étouffer. Nous ne le saurons jamais. Nous nous contenterons de méditer sur la grandeur de ce 'Clavel Blanco', qui a dû se débrouiller tout seul pour nous la faire partager.
Hier soir avec JotaC on se disait que nous mettions 'Diano' devant 'Clavel Blanco'. Ceci dit, toutes proportions gardées évidemment, puisque 'Diano' n’était qu’un novillo. Débat inutile. Juste un prétexte pour mélanger nos souvenirs. 'Diano', 'Clavel Blanco'. Caviar y caviar.

'Diano' et 'Clavel Blanco', le genre de toros que l’on comptabilise à la fin d’une vie d’aficionado, alors dans une même saison... Si ça ne relève pas du miracle, en tout cas ça y ressemble.

>>> Retrouvez une galerie en rubrique RUEDOS du site.

clavel_blanco

06 septembre 2009

Arles - Corrida concours 2009


Vous avez en page RUEDOS du site une galerie de photographies réalisées aujourd’hui aux corrales de la ville d’Arles. Vous y trouverez quelques clichés des six toros qui sortiront en piste vendredi prochain. Vous verrez qu’ils sont aisément reconnaissables à l’exception du yonnet eu égard au pelage arboré, rare chez Hubert. Mais le fer est très lisible. Les élevages participants à cette corrida sont : Partido de Resina « antes Pablo Romero », María Luisa Dominguez y Pérez de Vargas, Tomás Prieto de la Cal, Hubert Yonnet, Héritiers de Celestino Cuadri Vides et Conde de la Corte. Sur le papier de nos souvenirs, c’est évidemment alléchant.

DSC_2350

03 juin 2009

'Camarito', toro de Palha


Dimanche dernier à Vic-Fezensac deux toros ont été déclarés vainqueurs ex aequo de la corrida concours. La décision du jury est tellement empreinte de précaution, de politiquement correct, de sous-entendus, de ménagement de chèvre et de chou, qu’elle a alimenté et déchaîné de très nombreuses conversations, irritant les uns, amusant les autres.
Ici, à Camposyruedos, ce genre de polémique nous laisse généralement assez indifférents. Cette fois-ci les choses sont différentes car c’est de Vic dont il s’agit et qu’au-delà d’une grille de notation ce sont deux conceptions de la fiesta qui s’opposent ; deux conceptions qui n’ont rien d’anodines mais que le jury n’a pas eu le courage de départager. Ce prix n’est peut-être pas aussi anecdotique qu’il peut paraître de prime abord.
Avant d’aller plus loin et pour que les choses soient claires, je dois préciser que je n’ai pas la moindre idée de qui composait ce jury, ce dont d’ailleurs tout le monde se fout.
Palha - Victorino, Victorino - Palha… Les deux ex aequo. Ex aequo mon cul ! dirait Desproges.

'Camarito', de Palha, aura été un grand toro, émouvant, d’un trapío assez vulgaire à mon goût, volumineux, pas forcément bien fichu, mais construit comme il le faut « cuesta arriba » et avec le volume devant. Un toraco fait pour pousser, puissant, très puissant. Il gratta beaucoup et dut être sollicité longuement avant de s’élancer. De ce point de vue il ne fit pas étalage de la promptitude et de la vivacité d’un certain 'Garapito', de Palha lui aussi, combattu ici même en 1992, et dont le souvenir perdure.
En revanche, une fois dans le peto il poussa de la meilleure des manières, avec une rare puissance, avec une conviction peu commune, avec une bravoure rustique, et avec férocité.
Il n’empêche que ce toro restera pour moi un toro paradoxal, pas complètement compris. Car s’il poussa en brave, il fit également des choses de manso. Une chose est certaine, le positif l’emporta largement sur le négatif. Il n’est pas interdit de penser qu’avec une autre lidia le palha aurait donné encore plus de jeu au troisième tercio. Encore eut-il fallu lui épargner cette quatrième poussée visiblement inutile, puis le laisser respirer en cour de faena. Et probablement ne serait-il pas allé a menos.
Un détail a été soigneusement tue par les thuriféraires du toro de troisième tercio : la puissance et la durée des poussées de 'Camarito' et la façon extraordinaire qu’il a eu de s’employer, de romanear. Car ces quatre piques en valaient bien le double !
Ce toro était-il réellement brave, au sens de la bravoure « livresque » (je n'ai pas trouvé meilleur mot désolé) ? On peut dire que non.
Quelle était sa véritable nature ? Je ne saurais dire. Il avait des qualités, des défauts, mais il avait surtout de la personnalité, de la force, de la sauvagerie, de la caste.
Ce qui ne fait aucun doute, c’est qu’il fut un grand toro, un toro passionnant, un toro pour la grandeur de la fiesta, un toro pour alimenter les conversations d’une nuit.

Face au Portugais, un très civilisé toro de Victorino Martín. Un toro très bien fait, d’un trapío bien plus élégant et mieux défini que celui du palha, mais un toro miniature qui se cachait derrière ses cornes. Là n’est pas le problème. Le problème est que ce toro, malgré quatre rencontres avec la cavalerie, ne fut pas piqué. Il fut simplement « caressé », comme s’en est offusqué mon voisin du jour.
Ensuite il fut mobile et noble, ce qui est la moindre des politesses lorsqu’on vient d’être caressé. Il fut mobile et avec de la « claaaasse », mais Bolívar n’en profita pas et comme le victorino était trèèèèèès civilisé, tout le monde s’est ennuyé. Et ce toro soi-disant complet fut poliment ovationné à l’arrastre, sans passion. Il s’en alla ainsi, car il était à la vérité dépourvu de puissance, de sauvagerie, de piquant, d’émotion et… démerdez-vous pour compléter la liste avec tout ce qui apporte de l’émotion.
Ce victorino fut un toro en transparence, dont on devinait les contours, mais qui dans le fond n’avait rien de concret. Un victorino arachnéen, un Victorino évanescent, moderne, light, un Victorino de troisième tercio, bien policé, bien poli, bien élevé, et sans aucune aspérité. Ex aequo, ex aequo mon cul oui ! dirait Desproges...

NDLR – En cliquant sur la deuxième photographie vous remarquerez le cavalier, debout sur les étriers, vous vous attarderez sur la position trasera de la pique et les geysers de sang, probablement les blessures antérieures...

Rendez-moi les sous !!! # Corrida concours Vic 2009


Les attendus suivants se réfèrent à des constats et des faits chronologiques survenus à Vic-Fezensac (Gers) le dimanche 31 mai 2009 entre 10h et 14h environ.

Au Club Taurin Vicois,

Attendu que/qu’ :
en raison de la présence de tous ces jeunes gens débraillés et hirsutes, quoique gais, attirés par la fête que votre féria génère, nous avons été contraints de nous garer fort loin des arènes — ça commençait fichtrement mal ;
après au moins quinze tours de ces mêmes arènes, je n’avais toujours pas trouvé, visible par toutes et tous, la reseña des toros et des sobreros (élevage, nom, numéro, mois et année de naissance, robe & poids) ;
la sympathique mais néanmoins cleptomane « placière » de l’escalier B a volé le bouchon de ma bouteille de flotte — mais qu’a-t-elle bien pu en faire ?
le règlement de la course ne nous informait ni sur le poids des toros ni sur le nom de (celles et) ceux qui présidaient ;
deux « abrrrutis » n’ont pas été fichus de faire déplacer de deux places une de vos fidèles « de plus de trrrente ans » (je n’ai pu vérifier si son nom était inscrit sous ses fesses) afin de nous permettre, ma femme et moi, d’être assis à côté d’un couple d’amis ! ;
dès que la fanfare entonna l’hymne occitan, je fus pris de panique car je craignais de voir à tout moment cette fichue banderole de l’OCT, tenue par de jeunes éphèbes pubères cuisses à l’air, se tendre sur le sable... sous mes yeux ! ;
le toro de Miura était imprésentable dans une « concours » du seul fait de sa vilaine encornure bizca — ça n’en finissait pas de mal commencer ! ;
le monsieur sis à la droite de ma femme portait un maillot du Real Madrid... ;
à peine entré, ‘Flamenquillo’ de Miura présentait déjà la corne gauche astillée et tordait bizarrement du cul ;
peu de temps après la précédente remarque, il était clair que Chopera et les Miura venaient une nouvelle fois (après l’an passé) de nous/vous prendre pour des imbéciles (en restant poli) ;
et même si vous n’y êtes pour rien, Fernando Robleño trouva le moyen de brinder au public cet invalide notoire, qu’il « tua » d'un bajonazo discret et à qui son puntillero assena une vingtaine de coups de poignard — « Indultooo !!! » ;
le tío ‘Camarito’ de Palha — en exagérant à peine, le seul digne de figurer dans votre « concours » — était non seulement castaño mais aussi carinegro, bocidorado et j'en oublie sans doute... ;
ce même surpuissant et brave ‘Camarito’ fut (trop) largement assaisonné à la pique avant de passer par la piteuse case « pique de tienta » — son usage ultérieur semblant autoriser les grosses rations précédentes — et habilement couché, après l'estocade, par un peón des plus roublard ;
la dame assise à ma gauche n’arrêtait pas de souffler — j’avais beau la comprendre vu la touffeur ambiante, je trouvais qu’elle exagérait un peu de montrer si bruyamment son apparente insatisfaction ;
le victorino, petit (un poil moins « sardine » que celui de l’an passé), faible, vareado et non piqué — il gardait ainsi toutes ses chances d’être complet, lui — n’avait pas sa place dans une « concours » ;
à mon humble avis, ce dernier n’était pas, comme l’indiquait votre reseña, negro entrepelado mais cárdeno oscuro ;
son tercio de banderilles rapidement exécuté fut, me semble-t-il, le seul à peu près potable de la matinée ;

la présidence voyant une pétition majoritaire là où il n’y en avait pas, accorda une oreille afin de récompenser le toreo superficiel de Luis Bolívar et de s’épargner ainsi les quolibets des « agités du mouchoir » ;
« pris en otage » par le bon vouloir d’une présidence, toujours elle, illogique, nous n’avons pu profiter d’une « quatrième » rencontre du cebada gagoun toro de Sevilla muy núñez, con hechuras antiguas et de drôles de manières —, le seul à n’avoir jamais fléchi même si l’on pardonnera bien volontiers au palha et de l’avoir fait une fois et d’avoir été tardo après l’interminable première pique ;
la dame de derrière n’a eu de cesse de me flanquer ses genoux dans le dos — j’avais beau la comprendre vu l’étroitesse des lieux, bla-bla-bla, bla-bla-bla ;
dans la mesure où l’albaserrada d’Escolar Gil était la copie conforme du victorino, une pointe de genio en plus... nous n’aurions eu droit qu’à cinq toros ?! ;
que j’ai peu goûté la musique — « Halluuucinant !!! » ;
Javier Valverde marchait totalement à côté de ses pompes — il ne fait pas bon engager un matador ayant passé la nuit en voiture entre Madrid et le Gers... ;
les gens applaudissent de plus en plus tout et n’importe quoi — surtout le n’importe quoi ;
aucun toro ne fut toréé, pas plus le grassouillet fuente ymbro algo bizco et astillé de la corne gauche que les précédents ;
la présidence (bien inspirée, soit dit en passant, de ne pas accorder de vuelta à ‘Camarito’ si l’on tient compte, in fine, de la lidia qui lui fut proposée par Valverde) ne sut manifestement pas se faire comprendre des matadors et des picadors concernant la manière de mener « loyalement » le premier tiers — callejón bondé, surpopulation dans le petit ruedo, certaines sorties côté « queue du cheval », piques toutes traseras, de nombreuses pompées, certaines rectifiées, aucune donnée « de face », pas même au palha qui les aurait bien méritées, mais de l’étrier en veux-tu en voilà !, des quites savamment retardés... N’en jetez plus la coupe est pleine ! ;
c’est pas « passque » Ángel Rivas Sánchez a piqué le brave palha qu’il a bien piqué pour autant et qu’il a mérité un prix au meilleur picador qui... ne figurait même pas tel quel dans le règlement ! (on clique sur l’image ci-dessous) ;
il est clairement écrit au dos du billet qu’« il est formellement interdit de sauter sur le callejón » (sic, même en parachute ?) alors que j’y ai parfaitement vu le vieux bolet du Boucau y photographier en rafales (tatatatatatata !!!) puis passer le tiers de la faena (et c’est très long une faena de nos jours !) à sélectionner le moins bon du mauvais ;
vu qu’on avait également réquisitionné le bouchon de ma voisine, sa bouteille, en tombant, se vida sur mon sac — je compris alors pourquoi elle soufflait tandis qu’elle applaudissait à tout rompre, c’est parce qu’elle avait soif pardi ! ;
l’incompréhensible cohue devant la porte principale des arènes m’obligea à passer devant les stands (démontables les stands, dé-mon-tables !) du bolet boucalais et de la vieille morille montoise ;
occupé à sauver de la noyade divers papiers et accessoires, j’ai versé une partie du contenu de ma bière sur mon sac ;
sur le chemin du retour à la voiture, j’ai risqué plusieurs fois ma vie en remontant la file de celles garées en vrac sur le bord de la route ;
il m’a été fort compliqué de connaître « rapidement » cet étonnant palmarès — deux toros ex æquo ? « Énooorme !!! » — et, enfin,
une corrida concours en tous points sérieusement organisée ne saurait, selon moi, correspondre à la course vue ce dimanche 31 mai au matin,

je ne vous, Club Taurin Vicois, réclame ni la reprise des billets — celui de ma femme et le mien puisque ces attendus furent écrits à quatre mains — ni leur remboursement ; je vous dis aussi clairement que simplement : « RENDEZ-MOI LES SOUS !!! »

À l’année prochaine (sous toutes réserves) & sincères salutations.

Images Mon billet... Celui de ma femme, c’est le même avec le numéro 30 ‘Camarito’ de Palha © Camposyruedos Le règlement ô combien minimaliste de la « concours » (quasi inchangé depuis l’année dernière, seule la pique de tienta a remplacé le regatón...) où ne figure pas le « prix au meilleur picador » ; celui promis à la meilleure cuadrilla (picador & subalternes) étant officiellement resté desierto !