29 octobre 2005

En buvant une caña…


… attablés à la terrasse d’un bar madrilène de plaza de Santa Ana je demandais à notre ami Bastonito d’où pouvait bien provenir cette dichotomie torista-torerista des plus restrictive. Elle n’apparaît pas en effet dans les anciens ouvrages et je n’ai pas personnellement souvenir des débuts de son utilisation dans les discussions d’aficionados.
Bastonito : « je crois qu’il s’agit d’un concept inventé par le taurinisme et propagé par la presse pour en finir en fait avec la classique conception du toreo-destoreo ou ce qui revient au même : compétence-incompétence des matadors.
De cette manière les « toristas » -avant aficionados- sont des énergumène sans sensibilité qui n’ont aucune légitimité pour juger José María Manzanares (c’est un exemple) et les « toreristas » -avant professionnels ou leurs acolytes- sont ceux qui sont brevetés par la presse pour penser et les aider à former les néophytes pour nous faire subir la néo tauromachie que nous subissons aujourd’hui.

Lorsque je débutais en aficion au début des années soixante on ne lisait cette classification dans aucun média. A Madrid l’Andanada du 8 était en pleine splendeur et personne, pas même Curro Fetén, le journaliste le plus sobre-cogedor de l’époque n’aurait osé avancer que les aficionados protestaient parcequ’ils étaient « toristas.
Ce qualificatif de « Torista » n’était pas non plus appliqué aux élevages qui élevaient des toros plus difficiles ou mieux présentés que d’autres.
C’est le bombardement médiatique qui nous a mené a adopter cette dichotomie « torista-torerista », même si nous détestons cette classification nous nous surprenons de temps à autre à l’utiliser.

La fiesta que veulent les taurins professionnels qu’ils désignent comme "torerista" est la fiesta du toro et du derechazo "bonitos" et ça à n’importe quel prix. A l’inverse, la fiesta qu’ils dénoncent et déprécient comme « torista » est la fiesta totale, pleine de nuances et qui se base sur la lidia du véritable toro pour d’authentiques toreros en présence de spectateurs aux connaissances suffisantes pour pouvoir l’apprécier dans son intégrité. »

28 octobre 2005

'Clavellino'


Ce 30 mai 1993, en pleine féria de la San Isidro, la famille Cuadri et les aficionados témoins n'oublieront jamais le grand spectacle de caste et de bravoure offert par 'Clavellino', un toraco noir de 601 kg sorti en cinquième position. Et Joaquín Vidal écrivait ceci :

Asi se viene a MadridPlaza de Las Ventas, 30 de mayo. 23ª corrida de feria. Lleno.
¡Enhorabuena, ganadero!", gritó alguien desde los tendidos de sol, ya avanzada la corrida. Y el resto de la plaza se unió a la felicitación. El ganadero merecía todos los parabienes por el esmero con que seleccionó sus reses, por la casta que exhibieron a lo largo de la lidia, e incluso por la bravura, que tuvo su mejor exponente en el quinto toro.
Toro-torazo, más bien, ese quinto de la tarde, serio, cuajado y hondo; romaneador, peleón y fijo en la embestida durante su pelea con la plaza montada, que le metió cuatro varas y aún habría soportado más si no llegan a ser varas ole varapalo, bárbaras varas, descuartizadoras y asesinas. Sí señor: así se viene a Madrid. Así vienen a Madrid los ganaderos buenos; los ganaderos escrupulosos, los que tienen sentido de la responsabilidad, amor a la fiesta y son conscientes de que este espectáculo exclusivo que constituye el arte del toreo sólo puede: desarrolarse en plenitud si se conservan en pureza las características esenciales del toro bravo.
La afición madrileña se apercibió en seguida del festival de casta que estaban ofreciendo los toros, siguió con interés su lidia, calibró los distintos grados de bravura en la medida que la brutal torpeza de los picadores lo permitía y reaccionó finalmente con verdadera emoción y agradecimiento, aplaudiendo largamente al mayoral y obligándole a que saliera a saludar.

Hubo de ser por la fuerza, pues se resistía, y el hombre - incrédulo y quizá tímido, según les suele ocurrir a la gente de campo cuando la trasplantan a la urbe, bien que a su pesar - se limitaba a dar cabezadas y mover la manita desde el callejón.
Empleados de la plaza abrieron entonces una puerta, lo sacaron a empujones y entonces el mayoral no tuvo más remedio que salir al tercio, ponerse marchoso y saludar sombrero en mano.
Estampa torera la del mayoral, que no se veía en Madrid desde hace mucho tiempo.

26 octobre 2005

Homenaje


Álvaro Domecq vient de partir, Luis Cuadri l'avait précédé... Adiós.

Apartado


L’espace se remplit insidieusement, le murmure envahit les vides. Dans quelques minutes, les six toros de la corrida du soir vont défiler devant nous, sous nous.
Jandilla, Conde de la corte ou Dolores Aguirre, quelle importance ?
Evidemment magnifiques, impressionnants vus de haut.
Les cornes paraissent deux ailes d’un airbus, leurs tremblements inquiètent, bêtes sauvages. Le mayoral est là, en face de nous au premier rang, il guide les opérations sans mot dire, serre des mains inconnues ; il est resté en Andalousie.
Toute la ville est en visite. Les notabilités partagent un bout de « morcilla » couchée sur un frêle esquif de pain avec le gratin du mundillo ; là-bas à droite, ça doit être la femme d’un « important » ou quelque chose dans le style, celle-là, un stand de bijoutier façon j’illumine Paris à Noël.
On n’est pas tellement à notre place finalement.
Ici, à l’apartado, le blanc est plus blanc que la robe de mariée d’une vierge, le rouge se voit à des kilomètres, le cirage coule sur le plancher.
On n’est pas tellement à notre place finalement. La ciudad « hig tech » s’est donnée rendez-vous à l’apartado, faut y être, c’est comme les corridas à Dax, à peu de choses près. On se montre, on ragote, on critique, on est de la haute, faut qu’on le sache.
On n’est pas tellement à notre place finalement.
13 heures.
Un micro inaudible rompt le cancan des rombières. On annonce les réjouissances.
« Seis toros de la ganaderia de Jandilla, de Badajoz… »
“Primero: un toro negro bragado meano, de 560 kg, con el numero 10 que corresponde al matador ...”
Des portes s’ouvrent au fond des corrales, des sabots s’égratignent sur le bitume et d’un coup, comme poussé par le noir du couloir, surgit un monstre qui cherche son chemin.
On le guide en entrouvrant l’accès aux chiqueros, il disparaît aussi vite qu’il est entré. Hasta pronto, cariño.
6 fois c’est le même manège, tout est solennel, sérieux, bien huilé.
Pendant six toros on a eu le silence du respect, les « vieilles » permanentées aux bijoux gros comme des galets ont fermé leur clapet, la « morcilla » est froide, le pain durci.
Je regarde ce mayoral en face de nous, loin de tous ces yeux qui ne voient pas les toros.
On n’est pas à notre place finalement sauf pendant six toros, on était là où il fallait…

Trapío


En relisant la très jolie définition du trapío donnée par Alfonso Navalón dans son « viaje a los toros del sol » on comprend mieux pourquoi les fossoyeurs de la fiesta de la basse Andalousie ont voulu exclure ce mot du futur règlement taurin qui s’appliquera chez eux. Cette définition ne correspond en effet plus du tout avec ce que fait lidier la majorité d’entre eux, hélas.

Trapío
: Terme employé pour définir le sérieux d’un toro. Un toro ou une vache avec du trapío est synonyme de bonne présence, belles proportions et qui en outre impose le respect. Un toro sans l’age n’a pas de trapío car il lui manque le sérieux et le respect. Un toro d’age peut manquer de présence et bien qu’étant bien proportionné on dit qu’il manque de trapío. Un toro avec du trapío est un toro en plénitude et qui en outre est « bien fait ».
Alfonso Navalón

25 octobre 2005

Plazas vues du ciel


Notre ami Bastonito infatiguable fureteur du web nous a déniché un programme très sympathique. Google Earth permet de survoler notre planète et donc d’en découvrir depuis le ciel les plazas de toros. Le programme est gratuit et facilement téléchargeable.

Il est vraiment impressionnant et passionnant de pouvoir ainsi survoler et visiter notre vieille terre. Un grand plaisir. Vous pourrez vous amuser à chercher vos plazas de toros préférées. Ici la Monumental de Las Ventas à Madrid.

Valverde


Céret de toros 2005 nous avait permis de retrouver en piste deux toros des héritiers du curé de Valverde forts et puissants conformes à leur légende. Du coup, pour la saison 2006 deux arènes, Céret et Alès, envisagent de proposer à nouveau cet élevage aux aficionados. Le conditionnel est de mise et à double titre car, hélas, plusieurs sources semblent confirmer que la langue bleue touchera prochainement, si ce n’est pas déjà le cas, la région de Salamanca. Dans ces conditions soit les empresas ont déjà été en mesure de sortir les toros de ces zones contaminées soit 2006 sera pour tous encore plus problématique et frustrant que 2005. A suivre.

Rendez-nous Lozano !


J’ai terminé en paix la saison taurine madrilène, j’ai terminé en paix car fatigué comme l’afición par la nouvelle empresa. On entendait des cris demandant le retour des Lozano de la même manière que l’on demandait le retour de Manolo Chopera lorsque sont arrivés les brothers. Autant le dire, avec Taurovent le niveau continue de baisser. Aucun aficionado saint d’esprit ne peut réellement souhaiter le retour des Lozano qui ont malmené Madrid en s’en servant pour faire affaire avec leurs petits copains. Il y a bien toujours quelqu’un pour chanter : "Qué buenos son/los hermanos Lozano;/qué buenos son,/que nos llevan de excursión", mais il s’agit d’une minorité connue de tous à laquelle il ne faut pas attacher d’importance. Le cri "¡Que vuelvan los Lozano!" est une expression déchirante de mécontentement. L’afición n’en peut plus de cette médiocrité et du Centre des affaires taurines de la Comunidad de Madrid. Si les choses ne changent pas il se pourrait que tout cela finisse fort mal l’an prochain.
Traduction très approximative d’après Bastonito.

24 octobre 2005

In vino


In Vino est une belle histoire. C’est la rencontre et la fusion de trois univers, de trois personnalités. La première, Alain Bosc, est caviste à Nîmes, rue Racine, et son papa c’est Paul Bosc, journaliste aujourd’hui à la retraite qui, il y a peu encore, commentait les corridas pour le quotidien La Provence. La seconde c’est Jacques MAIGNE, écrivain de son état et qui publia en collaboration avec Jacques DURAND, journaliste taurin à Libération, l’ouvrage : l’habit de lumière. La troisième enfin, c’est Bruno Doan, graphiste, personnage sympathique, bondissant et aux petits yeux malicieux. Il est un peu le catalyseur du trio. La combinaison de ces trois talents a donné naissance à un magazine hors normes, luxueusement illustré et joliment imprimé, une sorte de carnets de routes dans le vignoble Français chez quelques uns des vignerons qui font le bonheur des amateurs. Ici pas de publicité, pas de sponsoring, ce sont les ventes qui financent cette aventure consacrée aux plaisirs épicuriens. Et puis, vous l’aurez compris, là encore l’Espagne et les toros ne sont pas bien loin.
En feuilletant les premiers numéros d’In Vino vous croiserez la plume d’Antoine Martin auteur par ailleurs du savoureux Figurines. Vous dégusterez à Seville au comptoir du Rinconcillo un Oloroso de chez Lustau. Camillo Jose Cela le prix Nobel de littérature et aficionado a los toros est également évoqué dans un article qui lui est consacré : CJC l’homme aux semelles de vin…
Ceux qui sont intéressés par IN VINO peuvent appeler, de notre part, Alain Bosc (04 66 36 26 06) ou même mieux, lui rendre visite à son magasin de la rue Racine pour en plus y déguster en sa compagnie un vin de la vallée du Rhône ou de notre Languedoc. Vous trouverez ici ce qui ce fait de mieux en la matière. Ceci n’est pas de la publicité, c’est du militantisme !

Hacienda Benazuza


Je vous avais entretenu dans le post « Toros vinos y puros » des passerelles qui existent entre l’afición a los toros et celle à la gastronomie et aux plaisirs épicuriens.

Il existe un lieu qui réunit assez curieusement ces diverses choses. Et là ce ne sont plus des passerelles mais de véritables aqueducs.
Ce lieu se trouve à une vingtaine de kilomètres de Séville à Sanlúcar la Mayor et il s’agit de l’historique finca de la légendaire ganadería de Pablo Romero.
Cet endroit d’une incroyable beauté, mauresque, a été transformé en hôtel-restaurant, en palace même, mais pas n’importe quel palace. Il s’agit du premier Bullihotel dont le restaurant, la Alqueria, consiste ni plus ni moins qu’en un conservatoire des recettes de Ferran Adrià. Un chef mythique pour un endroit mythique. Ici la modernité délirante et inventive du chef catalan est proposée dans un écrin sorti tout droit du passé et de l’histoire de la tauromachie.

Du coup pour les aficionados que nous sommes les sentiments divers se bousculent au moment de passer la porte. Il n’y a pas la magie et l’émotion du chemin tortueux qui nous amène plonger dans la cala Montjoi. Il n’y a pas la présence du chef ou de Soler pour vous accueillir. Il y a d’autres souvenirs, taurins, et ensuite les plats d’Adrià. Au bout du compte la modernité s’accommode fort bien avec l’histoire passée.

Une date curieuse


Le 16 octobre est une date curieuse dans l’histoire de la Tauromachie. Ce jour, par exemple, est décédé à Pamplona, en 1786, le matador de toros navarrais Jaime Aramburu Iznaga, 'El Judío', des suites d’une cornada que lui avait infligé à Valencia un mois auparavant un toro de Francisco Javier Guendulain.
Quelques années avant la mort du Judío, en 1768 est né un des grands matadors gaditanos de l’époque : Bartolomé Jiménez Acosta.

Une autre naissance d’importance a eu lieu à Torredembarra (Tarragona) le 16 octobre 1824, celle d’un des plus importants matadors catalan de l’histoire : Pedro Aixelá Tomé Peroy' qui reçut l’alternative à Barcelone des mains, ni plus ni moins que d’El Salamanquino, qui lui céda la mort du toro 'Silletero', du Marqués de la Conquista, le 12 juin 1864.
Mais le fait le plus notoire est sans doute celui qui se produisit à Madrid le 16 octobre 1913 car, à cette date, Machaquito céda la mort de 'Larguito', de la ganadería Olea au toricantano Juan Belmonte, avec Rafael Gómez Ortega 'El Gallo' pour témoin.

A partir de ce moment, le Pasmo de Triana a fait en sorte que le choses ne soient plus jamais les mêmes dans le monde du toreo.

Trois autres naissances de matadores de toros on eut lieu un 16 octobre : Manuel Villalba Gutiérrez (Sevilla, 1960), Torcu Varón (Palma de Mallorca, 1966) et Abilio Langa (Barcelona, 1966). Aucun des trois n’a obtenu de triomphe notable au cour de sa carrière.

D’après Bastonito.

23 octobre 2005

Victorinin


Dans une interview accordée au site mundotoro Victorino Martin fils a déclaré entre autre « Uno de los mayores problemas que hay ahora mismo en la fiesta es el exagerado nivel del toro. Se está lidiando el toro más grande de la historia, y esto tiene que cambiar. Entre todos, empezando por vosotros los periodistas, tenemos que explicar y mentalizar a la gente de que esto no puede ser, de que el toro tiene que bajar de nivel »

Soit : un des problèmes majeurs qu’il y a actuellement dans la fiesta est le niveau exagéré du toro. On est en train de faire lidier le toro le plus grand de l’histoire et cela doit changer. Entre tous, en commençant par vous les journalistes, nous devons expliquer et mentaliser les gens que les choses ne peuvent continuer ainsi, qu’il faut baisser le niveau du toro.»

Ce qui ne l’empêche pas d'annoncer quelques lignes plus loin : « je crois que d’une manière générale le niveau ganadero s’est amélioré, et malgré le fait de lidier le toro le plus grand de l’histoire et souvent fuera de tipo il est certain que cete année il est sorti de nombreux toros importants.

Par contre dans cette interview un mot n’est jamais prononcé : CASTE.

El Pajarita


Le señor Sánchez Pajarita a levé les voiles pour traverser l’océan en direction de l’ambassade d’Espagne en Argentine. Il semble donc qu’hier il ait présidé son ultime corrida à Madrid.
Policier, journaliste radio et télé, syndicaliste et compatriote de ZP il a exercé les fonctions de Président à la Monumental de Las Ventas durant environ dix temporadas et, après la très justifiée cessation de Larmarca, je pense qu’il était le plus ancien de ceux qui occupent le palco.
Je suppose que le Pajarita – on l’appelait ainsi à cause de l’animalcule qu’il arborait uniquement au moment de présider les corridas – est content de s’en aller à Buenos Aires où il sera mieux payé et moins connu.
Que sa nouvelle occupation lui apporte autant de paix et de bien-être que son départ procure de soulagement aux aficionados.

D’après Bastonito

Saltillo


A l'occasion d'une visite au campo Adolfo Martín nous fit part, non sans fierté, d’une récente étude génétique menée par l’UCTL sur les différents encastes et révélant que c’est son cheptel qui contient, proportionnellement, le plus de sang Saltillo des quelques élevages de l’UCTL qui en possèdent encore. Un bonheur ne venant jamais seul, ces saltillos de los Alijares, sont désormais entrés dans les mœurs taurines ibériques puisque les corridas d'Adolfo sont totalement pré vendues bien avant le début de la saison. Et si le ramage…

Juan Lamarca


Le 18 février dernier Miguel Ángel Fernández Rancaño chef supérieur de la police de la communauté de Madrid a reçu l’ordre des autorités politiques de mettre un terme aux activités de Juan Lamarca en qualité de Président des arènes de Las Ventas, fonction qu’il exerçait depuis 28 ans.
Il s’agit d’un fait sans précédent à Madrid depuis la destitution du président Pangua qui s’était alors allé à octroyer le fameux rabo à Sebastián Palomo Linares.
Nombre de taurins se sont indignés de cette décision et le motif purement politique a souvent été évoqué. Des manifestations de soutien ont par la suite été organisées.
Cette destitution résultait en fait de pressions diverses exercées par certains aficionados madrilènes et en particulier l’association « El toro de Madrid ». Très peu d’explications ont été données quant aux motifs réels de cette destitution. José Carlos Fernández Villaverde y Silva Président de ladite association m’avait en son temps éclairé sur le contentieux qui a opposé une partie de l’afición de la capitale à l’ex-président Larmarca.

Le 14 novembre 2003, Juan Lamarca fit les déclarations suivantes à Barcelone au journaliste Francisco March de La Razón qui lui demandait : « Que ressent un Président lorsque quelqu’un, depuis les gradin crie : Qui défend l’autorité ? » (¿A quién defiende la autoridad?). Autrement dit de qui l’autorité prend-t-elle la défense ?

Lamarca en visant le 7 fit la réponse suivante : « Ils ont des intentions criminelles, ils manipulent le public et bien qu’ils disent défendre la pureté de la fiesta ils défendent en fait certains intérêts » avant de préciser que ce groupe « pratique le chantage, la coacción (contrainte ?) et on leur donne beaucoup d’importance et en outre tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ils profitent de certaines prébendes »... Pour affirmer enfin « qu’ils sont protégés par un groupe de presse ».

Ce sont ces déclarations qui ont provoqué la demande par plusieurs clubs taurins de Madrid de la démission de Larmarca. Elle ne fut pas obtenue immédiatement mais seulement à l’occasion d’une alternance politique défavorable à celui-ci.

22 octobre 2005

Aire de zanahoria

Il y avait la méditerranée, le soleil de fin de journée, l’odeur des pins et la cala Montjoi. Il y avait cette maison blanche, moderne et rustique à la fois, grouillante et sereine s’il est possible. Mais il y avait surtout devant moi une étrange coupelle en cristal d’où débordait, sans pour autant s’affaisser, cette improbable texture orange, brillante et légère, telle la mousse d’un bain. Je me souviens de ce jour, de l’atmosphère et de l’excitation ambiante à la vue d’un plat qui n’en était peut être pas un. Il y eut ensuite le premier contact physique, une cuillère qui plonge à la rencontre de cette étrange chose pour se l’approprier, l’appréhender avant de l’offrir à nos papilles. Il y eut enfin ce non contact dans la bouche, ces visages décontenancés par cette curieuse sensation de gober de l’air et ce goût de carotte, tout aussi improbable mais très présent, qui nous envahit. Nous étions chez El Bulli, et il s’agissait d’un tour de passe-passe de Ferran Adrià ; une génialité catalane qui, au fonds, n’avait de sens qu’en ce lieu. C’était seulement de l’air, de l’air de carotte, aire de zanahoria, du luxe avec rien, un coup de génie ou une farce, peut-être les deux, mais surtout le sentiment jouissif d’une sensation jusqu’alors inconnue, d’un univers à découvrir. Il l’avait fait.

Castoreño


En hommage à un tercio qui meurt lentement, dans la froide tristesse des aficionados...

Toros, vinos y puros


C’est bien connu, les aficionados a los toros combinent souvent les plaisirs de l’arène, ceux de la table, de la dive bouteille, sans parler de tous les autres à commencer par le cigarre.
Il faut dire que les points communs entre ces diverses aficions sont légion.

J’éprouve la même émotion lorsque je pousse la porte d’un ganadero ou celle d’un vigneron. Il est souvent difficile d’être reçu dans les domaines qui ont les faveurs de l’aficion tout comme il n’est pas toujours évident de pénétrer dans les cercados des ganaderos goutés par les amateurs du genre. Dans les deux cas nous sommes dans le monde rural, les pieds dans la terre ou dans la boue confrontés à des univers soumis aux caprices et aux lois de la nature et aux méfaits d’une modernité galopante qui parfois les aide mais souvent les oblige a prendre des chemins sans issus, en particulier pour les ganaderos. Il y a des toros commerciaux et des vins commerciaux. Il y a des vins d’œnologues et des vins de vignerons ; des toros de ganaderos romantiques et des toros de ganaduros. L’immense avantage de l’amateur de vin c’est que personne n’est en mesure de lui imposer de boire ce qu’il ne veut pas. Il reste libre d’aller ou bon lui semble et ou il peut.
En matière taurine la main mise de ce qu’Alfonso Navalón appelait la tauromafia est telle que rares sont les élevages qui résistent et se refusent … à mettre de l’eau dans leur vin.

Une grande faena est un plaisir éphémère contrôlé par une pendule qui au mieux ou ou pire dure dix minutes… un grand repas ou une émotion gastromique intense quoique simple sont de la même manière aussi éphères. Dans les deux cas ces plaisirs, physiques sur le moment, devriendront des souvenirs purement cérébraux que l’aficionado ou le gastronome garderont dans un coin de leurs mémoires.

Bref les passerelles sont nombreuses entres ces diverses aficions. Nous les mélangerons et les mêlerons donc ici sans le moindre scrupule.

Pour commencer un petit apparçu du plus beau vignoble du monde qui donne naissance à ces grands vins que sont les vins de Porto. C’est au moins aussi émouvant qu’une visite chez Barcial ou Victorino Martin.

Hélas !! La France, pays de la gastronomie, a beau être, quantitativement, le plus grand importateur de Porto elle se contente du bas, très bas de gamme. Ce sont les anglais et les américains qui se partagent quasi exclusivement la yema, la crème des grands vintage. Allez y comprendre quelque chose.

El Platanito


Aujourd’hui 18 octobre 2005 il y a 35 ans que Blas Romero El Platanito a pris l’alternative aux arènes de Vista Alegre à Carabanche des mains de Joaquín Bernadó et avec des toros du conte de Ruiseñada. Depuis de l’eau a coulé sous les ponts.

El Platanito était dans les années soixantes un sous-produit de ce système inventé par les Lozano et que l’on appelait la guerilla : des jeunes toréaient des novilladas noctures et télévisées à la chata et en sortaient plus ou moins lancés, avec un grand support médiatique pour actuer dans les férias des villages.
De tous ces gens celui qui est allé le plus loin fut Sebastián Palomo Linares.

Blas Romero triompha en toute règle comme novillero, mais ce n’étaient pas ses capacités techniques ou artistiques qui lui faisaient gagner de l’argent, tout au contraire, les gens remplissaient les arènes pour se moquer et rire ouvertement des roustes que lui infligeaient les novillos. El Platanito étaient, je ne sais s’il le voulait ou non, comme un torero comique inclu dans une course sérieuse.

Actuellement, eu égard sa mauvaise tête et les abus des parasites qui l’entourent, il vit de la vente de billets de loterie à Madrid. Je ne rentre jamais dans mes frais, mais lorsque je vois Plátano dans les couloirs des arènes ou à l’apartado je lui achète toujours un billet.
Il faut l’appeler car il n’est pas de ces vendeur qui t’oppressent en te mettant leurs billets sous ton nez. Il ne les proposent jamais et passe tel un fantôme, en toute discrétion.
Le jour ou je ne verrai plus Platanito à Las Ventas sera pour moi un jour de tritesse.

Il y a deux ans de cela un festival a été célébrée à son bénéfice dans l’arène qui occupe actuellement l’endroit des ses grands succès passé. Les gens ont été d’une grande tendresse avec lui qui est un type honnête, sensible et adorable mais qui allait se retrouver sans toit. Avec les bénéfices du festival il a pu s’acheter un petit appartement et peu à peu rembourse ce qu’il doit encore aux banque grace à la vente de ses billets de loterie.

Félicitations pour ce trente cinquième anniversaire, Plátano, car les anniversaires d’alternative son pour les toreros plus importants que les anniversaires civils. Tu vends de billets de loterie, tu le fais avec la tête bien haute et en torero. Que cela soit ainsi encore de nombreuses années.
Bastonito

Le blog de Bastonito


De temps à autre nous vous proposerons non pas une traduction (discipline trop rigoureuse et lourde en pareilles circonstances) mais disons une interprétation des textes que notre ami Bastonito publie en castillan dans son remarquable blog. Ainsi les habitués de Campos y Ruedos non hispaniques auront également accès à ces fragments d’Espagne et d’afición.

21 octobre 2005

Pourquoi un blog ?


Pourquoi un blog ?

Pourquoi pas un blog ?

Pour ouvrir Camposyruedos, le diversifier, parler de Toro, de tout, de rien et du reste, et permettre aux aficionados de s'y exprimer s'ils le désirent...

Pour s'y amuser, en découvrir les rouages sans pour autant s'y prendre la tête...

Pourquoi pas ?