31 juillet 2009

"L'humain a besoin de temps"


Avant ce dimanche 26 juillet à Orthez, jamais je n’avais passé autant de temps à regarder les éleveurs dont on combattait les animaux. Coiffé du chapeau des mayorals, Ángel Nieves García était, en matinée et sous une chaleur brûlante, posté derrière un burladero en face de mon tendido. L’après-midi, en compagnie de femme et enfant, Adolfo Rodríguez Montesinos se trouvait quant à lui un peu plus bas à gauche. À l’ombre.

Quand le premier novillo est sorti du camion, j’ai pensé non sans émotion à Ángel et à sa vie de mineur australien, ainsi qu’à sa maison perpétuellement en chantier depuis le jour où il réalisa son rêve de gosse — avoir des toros — et d’aficionado — des santacolomas. Là-bas, de l’autre côté de ce ruedo trop sec, je semblais prier. La tête dans les nuages et s’affalant au sortir d’un muletazo quelconque, le beau cárdeno aux sabots d’argile montra le chemin du calvaire à ses quatre frères. D’Ángel, je ne voyais plus que le haut du chapeau. Triste et incrédule, je me suis dit : « Que ce doit être dur... ».

Il est maintenant 14 heures, peut-être 14h30. Dans le cercle près de la longue table dressée, Ángel Nieves García est face à moi. Parce qu’il faut bien parler, j’insiste sur la belle présentation d’au moins trois de ses novillos et sur le sérieux propre à leur regard de santacolomas. À l’écoute de mes fadaises, il daigne esquisser un maigre sourire. J’aurais aimé ne pas manquer lui dire que, malgré tout — malgré rien du tout ! —, nous ne l’oublierons pas. Que je sache, Mayalde ne sera pas rayé de la carte...

Quand le premier montesinos est sorti du chiquero, j’ai pensé stupéfait qu’il y avait, ce jour, une malédiction1 en terre béarnaise. Mes yeux faisaient l’essuie-glaces entre, à gauche Adolfo et à droite le bicho2, à gauche Adolfo et à droite le... Ma vue se brouillait. Probablement occupé à compatir ; aussi et surtout parce que je savais de quoi il en retournait, je n’ai pas bronché — mais au fait, qui donc protesta ? Personne. Et après ? Après, on eut droit à une course variée et animée au terme de laquelle ma femme me fit la confidence de ne pas s’y être ennuyée. Et moi avec elle. D’autres avec nous.

Il est maintenant 19h50, peut-être 20 heures. Adolfo Rodríguez Montesinos se réjouit à l’idée de voir le dernier des braves agresser une 3° fois le cheval quand le président, visiblement soucieux de paraître sérieux — en ne systématisant pas la 3° pique3 et en écourtant les 2nds tiers4 —, laisse tomber le mouchoir blanc, alors même que Velasco vient de placer ‘Marqués’ au centre ! C’en est trop, j’explose et conspue le palco. Priver un aficionado lambda de ce moment est une chose, un ganadero une faute.

Orthez n’avait choisi ni des novillos ni des toros. Encore moins la facilité. Pour une « première », Orthez-la-culottée avait fait le pari, drôlement exigeant, forcément risqué — Santa Coloma ou l’antithèse du « produit formaté » —, d’accompagner des hommes dans leur folle aventure. Deux ganaderos qui n’élèvent pas leurs bêtes « en batterie » et ne les affublent pas de fundas ; deux élevages Santa Coloma aux camadas ultracourtes où le passe-temps favori de ceux qui portent des cornes — des vaches aux toros en passant par les erales et les novillos — consiste à se battre et à s’entretuer tout au long de l’année... Deux ganaderos qui n’ont que trop peu l’occasion de voir lidier le fruit de leur labeur. Et pourtant, chacun sait que rien ne vaut pour un éleveur la lidia dans la plaza, étape ô combien essentielle pour juger des choix opérés. Si, une fois dans sa temporada, l’aficionado dit « a los toros » ne se montre pas disposé à accepter les aléas d’une présentation de deux fers santacolomeños dans des arènes de la catégorie de celles du Pesqué, alors c’est à désespérer de tout.

Le rêve d’Ángel Nieves García a pris forme il y a six ans à peine. La tâche qui l’attend désormais est immense et il le sait. ¡Suerte Ángel! Adolfo Rodríguez Montesinos a pris en mains les destinées de son élevage au début des années 80. Presque trente ans ont passé et nombreux sont les signaux — parmi eux celui de la caste — lui indiquant clairement qu’il est sur la bonne voie. Sur le bas-côté, nous serons quelques-uns à l’encourager...

« L’humain a besoin de temps »5 ? Je saurai me montrer patient. ¡VIVA SANTA COLOMA!

1 Notamment après avoir vu l’infortuné J.-M. sortir vilainement amoché du toril... On nous dit qu’il va mieux. C’est une excellente nouvelle.
2 Je me souviens de la controverse pathétique liée à la supposée absence de testicules chez un vaz monteiro à Céret, dont, pure coïncidence, l’image rappelait celle du pauvre montesinos. Les autoproclamés « toristas » présents s’étaient empressés de crier au scandale, sans jamais avoir réalisé la chance qui était la leur de pouvoir assister à pareille course « exceptionnelle »...
3 Faux procès puisqu’il n’en a jamais été question. Encore un petit effort et d’aucuns iront jusqu’à reprocher aux organisateurs d’avoir tenté de « réconforter », le temps d’une journée et avec force sincérité, un 1er tiers moribond. Quant au « On n’est pas en tienta ! » entendu ici et là : une réflexion idiote traduisant bien les ravages d’une certaine propagande...
4 Histoire éventuellement de faciliter ce que la masse était venue chercher : un triomphe ? Ce qui, vous en conviendrez, cadre assez mal avec l’esprit aventurier...
5 Jolie formule empruntée à Pascal Bély sur son remarquable blog Le Tadorne. À part ça et à l'avenir, « l’humain » s’accomoderait tout de même plus volontiers de mesure que de polémique personnelle...

Retrouvez sur le site, rubrique "Ruedos", la galerie consacrée à la course de Montesinos. En attendant celle de la novillada...

Images Deux toros d’Adolfo Rodríguez Montesinos et, au milieu, un novillo de Nieves © Camposyruedos

30 juillet 2009

On remplacera toujours le progrès


Aujourd’hui Philippe nous a trouvé la formule ""L'humain a besoin de temps"... Le reste ne devrait pas tarder à sortir..."
Je trouve ça très… Juste très. C’est juste que le reste, même si ça tourne bien souvent autour de pas grand-chose de très reluisant, eh bien c’est le reste…

Sinon ne manquez pas d’aller faire un tour chez le ciego, par là. Il y parle d’Orthez, de cigares, de la folle blanche de Martine Lafitte que nous avons partagée et de rencontres. Là, sur la photo, un trio assez improbable : Jaydie, de Manhattan-lès-Avignon, Ludo 'le Ciego' et Mathieu Sodore, le peintre français, de Lisbonne. ¡Hay arte! s’exclame Yaya.

Ce fut sympa, très sympa. Rencontrer le "Hautbois mélancolique" (qui connaît même les cavistes intimistes montpelliérains), Bernard Grandchamp, Isa du Moun, et tous les autres. Comme le dit si joliment le Ciego « le bonheur sur les visages c'est celui de pouvoir enfin parler en vrai à des types dont d'habitude tu lis les humeurs de clavier. On remplacera toujours le progrès. »

Et enfin, sur la rubrique RUEDOS du site la galerie consacrée à la corrida d’Orthez.

Orthez 2009

29 juillet 2009

Orthez 2009 : en quête d'espoir


Vrai ! Nous allions à Orthez gonflés d'espoir et forts de l'assurance de qui est persuadé être dans le vrai. La plupart des amis étaient du périple, la cohorte CyRienne au grand complet, agrémentée d'invités de marque : Bastonito, des copains du coin et de loin, diverses compagnes lusophones ou non, la famille dans tous les sens du terme et même un grand photographe new-yorkais bien décidé à ne pas vouloir sacrifier sa perception personnelle de la chose à la compréhension. Les uns avaient apporté la charcuterie, d'autres les précieuses cartouches de vin et les deux "Parisiens" leur nécessité d'être à l'heure dimanche soir à Dax pour le train couchette. Une belle auberge espagnole dans un coin du Béarn. Du côté de Puyoo, les panneaux routiers indiquent la direction de Pamplona et ceux qui en profitent au quotidien ne se rendent pas compte de leur chance.

La feria d'Orthez avait donc tout de l'aimable pèlerinage. Pour ce qui est du transport religieux, évitons le terme de croisade, inapproprié mais en ce même champ (campo) lexical, nous étions en quête d'extase, autre forme de transport. Laissons de côté les qualificatifs faciles du même acabit : fanatisme et chapelles, talibans et intégristes, d'autres les ramasseront au caniveau où nous les leur déposons.
Lors d'un pèlerinage, le chemin surpasse en importance la destination. La commission orthézienne avait opté pour des sentiers escarpés et nombreux furent ceux qui décidèrent de parcourir la dernière étape à leurs côtés. L'affluence (3/4 d'arènes et nombreux spectateurs sur le chemin de ronde) ne m'a pas semblé ridicule, au contraire, pour un cartel sans pseudo-figura, torero national ou autre attrait racoleur facile. La journée Santa Coloma à laquelle nous a menés la nouvelle empresa ne répondit pas aux espoirs. Ne transigeons pas sur le constat. Pour autant, cela ne brise pas la démarche (valorisation du tercio de piques, présentation de ganaderías inédites et d'encaste peu en vogue et pédagogie tout au long de la journée), mais doit amener les organisateurs à se poser quelques questions et régler ces quelques détails insoupçonnés et anecdotiques qu'il nous est facile de relever a posteriori.

La novillada du matin fut un calvaire authentique pour qui prit place aux arènes. Sérieusement présentés quoique algo desiguales à mon goût, ces mauvais fils périrent le matin et devraient entraîner dans la mort le reste de leur famille, c'est malheureusement souhaitable. Le deuxième offrait quelques possibilités que José María Arenas se garda bien d'explorer en vue d'une possible exploitation. A côté de l'abyme de caste, trônait un seau dans lequel les novilleros gardèrent la tête plongée. Sobrero cadeau... empoisonné pour un public qui saturait depuis déja longtemps. Etait-ce moi ou faisait-il déjà vraiment chaud ?!

Le banquet de midi constitua une occasion supplémentaire de célébrer la réunion de tant d'amis et de garder les doigts croisés pour la suite des événements. L'alcool coulant à flots, même mesurés, permit de préparer un terreau propice à l'épanouissement d'une insolation de fin de journée. Vil soleil, plus méchant qu'un téléphone ! La plaza avait continué à chauffer en nous attendant, véritable sarten à ciel ouvert, un air d'Ecija sans Jaime Ostos. La corrida s'ouvrit sous le cagnard et les chiqueros sur une sardine venue compléter un lot. De nombreux toros s'étant tués lors des derniers mois, le ganadero enleva un semental non tienté à ses chères vaches. Efflanqué par l'harassante besogne, le papa n'avait rien d'un tonton, sa présentation n'était autre qu'indigne d'une place de quelque catégorie que ce soit. Picotazo et soins d'infirmiers, une grande noblesse dans la compréhensive muleta de Vicente. Un gringalet qui devait ensuite cacher la forêt. Les trois derniers toros ne firent qu'amplifier les regrets que le lot se fut à ce point estropié aux champs. Présentation sérieuse, comportement encasté face aux forteresses d'Heyral, quoique courts au troisième tiers en général dans la chaleur et les muletas étouffantes du jour. Pour le second tiers, demandez au président qui jugea bon de les écourter systématiquement. Les banderilleros furent généralement raccompagnés aux planches tout comme le fut Vicente au 4 après deux estocades : un 3 offrant des possibilités exploitées par Velasco, un 4 que Vicente refusa de voir, un 5 qui aurait mérité de l'air et de la distance et un 6 allègre en deux rencontres au cheval, où l'on aurait aimé le revoir. Le lot manqua globalement de chispa et fit preuve d'une noblesse parfois fade qui en déconcerta plus d'un. La course ne fut pas un succès, mais présenta un certain intérêt (dont celui, pour certains, de revoir leurs gammes sur les types morphologiques des toros non-parladeños). Adolfo a du boulot, mais dispose d'une base intéressante.

Divers prix furent attribués. Pour ceux concernant les meilleurs picadores, gageons que ceux-ci constituèrent plus un encouragement à bien faire que la véritable récompense d'un grand tiers. Les laisser desiertos ne m'aurait pas choqué non plus.
L'erreur de la commission fut de sortir ce maigre premier alors qu'attendait dans les chiqueros un sobrero du même fer, certes marqué du 6 mais âgé de 4 ans et 1 mois. Du fond de mon fauteuil ou du haut de mon tendido, il m'est aisé de distribuer bons et mauvais points. Qu'Orthez ne perde pas courage sur la voie difficile qu'elle a choisie, cette journée originale, nous étions nombreux à l'attendre. Nous l'espérions meilleure, certes mais on sait depuis longtemps qu'on ne gagne pas à tous les coups. Merci aussi de penser à régler le soleil moins fort l'an prochain.

A vous les loups.

28 juillet 2009

Photographie sans paroles (XI)


Sorteo

Communiqué de l'ADA Parentis

Avec un peu de retard, nous relayons l'information suivante communiquée par l’Association des Aficionados de Parentis-en-Born (ADA Parentis) :

"Nous venons d’apprendre avec regret que le novillo de la ganadería de Barcial ne pourra participer à la concours faute de carte verte. Après discussions, les membres d’ADA Féria ont décidé de retenir l’élevage de Guardiola Fantoni d’origine Villamarta. L’ordre de la Concours sera donc modifié sur le plan de l’ancienneté et deviendra le suivant : Partido de Resina (1888), Prieto de la Cal (1919), Moreno de Silva (1927), Guardiola Fantoni (1945), Alonso Moreno (1948) et Coquilla de Sánchez Arjona."

Les carteles de la prochaine édition de la Sen Bertomiu qui se déroulera les 8 et 9 août prochains, sont donc les suivants :
Samedi 8 août 2009 à 18h00 : novillos de PARTIDO DE RESINA, PRIETO DE LA CAL, MORENO DE SILVA, GUARDIOLA FANTONI, ALONSO MORENO et COQUILLA DE SANCHEZ ARJONA pour Daniel MARTIN, Julián SIMON et Francisco PAJARES.

Dimanche 9 août à 18h00 : novillos de RASO de PORTILLO pour Carlos GUZMAN, Félix de CASTRO et Santiago NARANJO.

L'ADA Parentis nous rappelle également que le dimanche 9 août à 13h30, elle organise son repas de féria du 20° anniversaire de l’association. Renseignements sur le site www.adaparentis.com/ ou au 05 58 78 45 34.

Nos pérégrinations nous ont conduits, cet hiver, du côté du Raso de Portillo, où nous n'avons pas résisté à la tentation de nous arrêter quelques instants. Nous tâcherons de publier prochainement quelques photographies prises à cette occasion.

24 juillet 2009

Concept


Donc, je n'y étais pas... alors j'ai lu, comme tout le monde, par souci de m'informer.
Ce 21 juillet, à Mont-de-Marsan, les toros étaient "sérieux mais inégalement présentés", "mansos", faisant même "n'importe quoi avant la pique", ils étaient aussi "sosos , fades et mous à la muleta", une corrida "douce de charge et molle d'allure" ; je retiens par ailleurs, que certains étaient même "noblones et faibles", "courts et vite arrêtés" ou encore "gazapones", voire "insipides"....

Bouducon ! Bien fait de pas m'en mêler, j'aurais pas supporté de voir des animaux souffrir autant !

Bref, ça avait fortement la tronche d'un épouvantable petardo ganadero...

Et puis j'ai appris plus loin que le Cid "n'y était pas" non plus... Ça m'a soulagé, de pas être le seul à ne pas y être. Sauf que lui, il a coupé une oreille mais une seule, parce qu'aux Montois, on la leur fait pas.

Tè ! Pardi !

Enrique Ponce, lui, visiblement, il y était ! Bien dans ses baskets, il est sorti a hombros, le type ! Une et deux !!! "Une leçon", qu'ils disaient, un "après-midi béni" ! Je comprends que c'était le Triomphe absolu, que le Valencien a été ENOOOOORME, que même ce bon "public montois le suivait incrédule". Ça parlait de "Maestria", d'épées de "mort de faim", et puis le sol s'est déchiré, la terre a tremblé, les cieux se sont ouverts, et ma biscotte a cassé ! Le verdict est tombé comme une bouse dans un pré : "ENRIQUE PONCE EST BIEN LE MAITRE DES SAMUEL FLORES."

C'est donc ça, un Samuel Flores ?

Quarante sept relectures perplexes et incrédules plus tard, je me résigne : non, défintivement non, j'ai toujours pas compris le concept de "Corrida moderne", de "Toro moderne", ni même de "public moderne"...

Je dois être un vieux con... ou un con tout court.

El Batacazo

Moonwalker(s)


Trop, c'est trop. Depuis le 25 juin dernier, trop de Thriller, Bad et autre Beat it. C'est bien connu un génie mort c'est quand même vachement plus vendeur qu'un génie vivant. Depuis le 25 juin dernier les radios passent en boucle des hits aussi géniaux que surranés. La brèche était ouverte. Il ne restait plus qu'à s'y engouffrer.
On dit que sur les premières mesures de Smooth criminal on peut entendre battre le coeur de Michael Jackson. Les raccourcis sont faciles. Les parallèles aussi évidents qu'un moonwalk inventé pour un gala de la Motown. Qu'on le veuille ou non Michael Jackson n'est pas le seul à marcher sur la lune.
Mexico, Madrid, Barcelone... José Tomás entend à peine les battements de son coeur, ou ne veut plus les entendre. Bucarest, 1992, Dangerous World Tour, Michael Jackson entend-t-il encore quelque chose ? A cette époque MJ se touche allègrement les parties génitales, et devant José qui saigne de toutes parts un aprés-midi de juin 2008 à Las Ventas, on serait presque tenté de faire pareil... Bah, rien de sexuel là-dedans. "C'est la musique qui me pousse à faire ça... Je suis esclave du rythme" dit Michael. José Tomás risque de provoquer des gestes inconvenants dans les tendidos. Un monumental "ouhhh" hurlé par un public en délire s'agrippant les attributs en question, ça changerait du "bieeeeeen" désormais tellement convenu.
Retour en arrière. 1987. Devant l'homme au miroir, Michael Jackson lui demande de changer son apparence. C'est aussi le moment d'être vraiment, vraiment méchant !
Barcelone, juillet 2009, les antis défilent. José it's not too late to do the right thing ! Et c'est presque trop beau pour être vrai. On voudrait tellement les entraîner dans le métro, dégainer nos perfectos, cintures cloutées et fuseaux rock'n roll légèrement too much et leur lancer d'une voix de falsetto pas crédible pour deux sous en mauvais garçon : Who's bad ?
On murmure aussi que lorsque José Tomás torée de salon c'est devant d'immenses miroirs qu'il le fait. Les parallèles sont faciles n'est-ce-pas ? Tous deux pâles comme la mort, hommes de peu de mots, extravagants, scandaleux... Quand Michael joue à Peter Pan à Neverland avec des enfants, José fait la rock star avec son groupe ou joue au foot dans l'équipe de son village. Michael refuse de grandir, répète à qui veut l'entendre qu'il essaie d'imiter Jésus en distribuant de l'amour à son prochain. José Tomás a fêté ses 33 ans. Des tablas en guise de croix, ça convient à beaucoup de monde apparement. Arrêtons-nous là. On en réclamerait presque un mano a mano pour savoir qui repartirait avec Dirty Diana.
Une dernière chose tout de même. Cet autre devant le miroir ce n'est personne d'autre qu'eux-mêmes. Ce n'est pas changer dont il s'agit. Ce n'est plus le moment d'avoir non plus. C'est être qu'il faut maintenant. Et peu importe si on cherche à être ce que l'on n'est pas, ce que l'on n'est plus ou ce que l'on ne sera plus jamais. Partir, revenir, se cloîtrer... Un incessant aller-retour de 50 ans pour Michel Jackson. Toujours plus loin de son corps, se fuyant à grands coups de chirurgie esthétique mais toujours plus proche de sa musique, de son "art" comme il aimait à le répéter. Le corps de José Tomás est couvert de cicatrices. Un peu plus étranger peut-être à lui-même chaque jour. Mais allant là où les autres ne vont pas, plus proche de lui-même malgré la distance. Mais trop, c'est trop. Ce que José fait en piste c'est Dangerous. Depuis le 25 juin dernier, rien ne sera plus jamais dangereux pour MJ. "Je donnerai mon petit cousin pour un nouveau Thriller" ironise Thomas Ngigol...
Moi, je puntillerais bien le mien pour revoir Tomás comme un certain après-midi de septembre 2008 à Barcelone. Non. Vous avez raison. Trop c'est trop. Finalement, il ne nous reste plus qu'à reécouter les premières mesures de Smooth criminal, et guetter une éventuelle tachycardie de la part de José Tomás.
Car si ceux qui marchent sur la lune ne valent pas la peine que vous écoutiez leur coeur, qui d'autre le vaudra ?

23 juillet 2009

Orthez moins trois...


Dans trois jours, un grand nombre d'aficionados blogosphériques vont se retrouver à Orthez. La chose n' pas été calculée ou organisée. Elle s'est faite naturellement. Orthez sera ce week-end un rendez-vous blogosphérique, qui cette fois n'aura rien de virtuel. En attendant, une vidéo consacrée aux toros d'Adolfo Rodríguez nous est proposée par la commission taurine orthézienne.

La Bourgogne en Catalogne


D’une certaine manière cet endroit c’est Mars, sans la NASA, ni les fusées ni la pollution. Un ovni gastronomique. La preuve, je crois qu’il n’est même pas dans le guide Michelin. Pourtant il y a des nappes.
Vérification. Eh bien si. Après vérification, il est bien dans le Michelin. Mais ça n’est pas grace au petit guide rouge que nous avons débarqué dans cette crique pas tout à fait perdue du fin fond de la Catalogne. Rien de tel que le bouche à oreille en fait.
Jetons tout de même un œil au guide, histoire de voir comment ils présentent la chose : "L'atout majeur de cette ancienne villa située en bord de mer est sa terrasse, bien que sa salle à manger soit tout à fait correcte. Carte traditionnelle et cave à vins fournie".
Je rêve. Autant dire que cette adresse N’EST PAS dans le guide Michelin. Car si l’inspecteur chargé du coin n’a rien trouvé de mieux à raconter que la terrasse est pas mal et que la salle est pas mal non plus… eh bien, Monsieur Bibendum… faut le virer le gars et embaucher ceux de Camposyruedos tiens. Nous voulons bien être payés pour aller traîner en Catalogne. On en rêve même. Tout tester !
Une bulle, un rincón où l’on se sent immédiatement a gusto. L’idée que l’on peut se faire d’un paradis gastronomique sans complications. La cuisine de Carlos n’a rien de tarabiscotée, elle est même simple, mais basée sur la qualité de produits irréprochables, et un réel savoir faire quant à la maîtrise des cuissons. Almejas, cigalas, espardenyes, pan con tomate y anchoas, gambas de Roses ou de Palamos, riz du pêcheur… classique mais sans faute. Une fois encore cette recherche de l'excellence qui fait tellement défaut à la chose taurine.
Au bout du compte, le pire dans l’appréciation du petit guide rouge, c’est lorsque le type il balance : cave à vins fournie.
Cave à vins fournie, cave à vins fournie... Dehors ! Viré !
Ou alors si, il y a une explication. Le type du guide rouge il ne veut pas donner l’adresse. Il ne veut pas que ça se sache.
La carte des vins ? Un fantasme, un délire improbable, total, absolu, une chose irréelle. Même pas un rêve. Car aucun aficionado à la Bourgogne n’oserait rêver à pareil paradis à ce point accessible. Tous, ils y sont tous : Coche-Dury, Comtes Lafont, Roulot, Romané Conti, Domaine d’Auvenay, François Raveneau, Vincent Dauvissat, Clos de Tart, Dugat-Py, François Jobard, Droin, Anne Gros, Roumier, et caetera, et caetera, et caetera... Et de vieux millésimes avec ça, prêts à boire. Un truc inimaginable.
Je ne vois pas d'autre explication. L’inspecteur du guide il ne veut pas donner l’adresse. D’ailleurs c’est simple, l'adresse je ne vais pas vous la donner !

22 juillet 2009

Lettre à Madeleine


Chère Mado,

Comme tu le sais, j'ai pas pu passer te voir cette année. J'aurais bien voulu mais la SNCF a décidé de se refaire une cerise post-crise en or massif sur le dos du juillettiste et il se trouve que San Fermín est toujours en froid avec mon banquier, depuis des années. Ceci dit, je ne t'ai pas oublié ! D'ici, le fond de mon placard glacial, j'ai regardé jours après jours où tu en étais de ta convalescence, et je me suis même soucié de ta bonne santé, tu vois. Aujourd'hui , je peux le dire : nom de Dieu de Bordel de Merde, tu pètes le feu, chère Mado, c'est admirable !
C'est fou, tout de même, tout le bien que les gens disent de toi ! C'est un Triomphe absolu, mieux... La GLOIRE, Madeleine !

Dire que j'ai pu douter un instant de ton nouveau généraliste, le beau docteur Simon, son jeune interne, avec sa cabine de premier de promo, et de sa blonde infirmière ! Là, je suis forcé de reconnaître qu'ils se sont bien occupés du bestiau. Quand on te voit, on devine un boulot de mineurs nord-coréens, là derrière ! "Une première historique dans le domaine de la chirurgie", y disent, les autres ! Rends-toi compte, l'an dernier, on te ramassait à la pelle, vieille bigote, bonne à jeter à la Midouze, et voilà qu'aujourd'hui, jolie pépète, tu rayonnes tel un enjoliveur neuf au soleil, un grille-pain chromé à 19 euros chez IKEA, une armoire pleine de casques de pompiers à toi toute seule... Tu serais presque bandante !!! Tu veux que je te dise ? Tes voisins d'en-face, les ridés en peignoirs « cul-pincés » du pavillon « Adour et fantaisie », ils ont pas fini de reluquer tes chicanes de fou ! Rien à redire, rien à jeter… C'est parfait ! Du cousu main, du travail d'orfèvre, clinquant comme il faut, un brin de « qui pète » comme on aime ! Rien à branler non plus des cicatrices et des coutures mal fignolées, tes voisins de chambrée sont très satisfaits, et se réjouissent de tant d'éclat ! Faut dire qu'à la vue du résultat, l'assistance était devenue bien enthousiaste, carrément explosive ! Tous en choeur ils se sont dressés, les types, car oui, Mado, faut bien avouer que t'es devenue « bonne », tout de même !...

Tu sais, tes gros nichons et tes lèvres en zodiaque « Bombard » ne te vont pas si mal, finalement. Tu me rappelles la « Ford Escort » du voisin, avant qu'il la casse. Disons que ça te change des bigoudis et de ta gitane « maïs » à laquelle on s'était habitués. On les aimait bien, mais là, quand même, oui ça te change ! Enfin, moi, en tous cas, j'adore ! Et puis, l'idée de remplacer ton col roulé « I love Bucarest» par des bouts de ficelle à paillettes « rose cagole » en guise de frusques, c'était plutôt astucieux, avec en plus le don inouï de jamais basculer dans le vulgos. Quelle chance ! De toutes façons, tu n'as rien à regretter, y'a pas ta taille chez "DAXON" et t'aurais à peine pu caler ton nouveau tour de poitrine au niveau de la taille de leurs tabliers à carreaux. Fallait y penser, c'était sans compter sur l'expérience du bon docteur Simon et de sa brillante équipe. Allez va, grâce à eux, cette année, la Reine du baloche, c'est toi, Mado, indétrônable !

Sois sûre que désormais, le client affolé par tant de générosité va se presser au portillon, et tu n'en as pas fini avec les prétendants de tous poils qui s'imagineraient que tu es devenue un peu fastoche... Gaffe tout de même aux mains au cul, jours de grande affluence... faudrait pas non plus qu'on te prenne pour une pute.

Chère Madeleine, je t'embrasse...

El Batacazo

21 juillet 2009

24 heures à Pampelune (II)


Suite de 24 heures à Pampelune (I).

À Isabelle, Patricia, Laurent & El Batacazo.

Mercredi 8 & jeudi 9 juillet

Mon Clair de lune à Pampelune1
C’est ‘Amador’ avec lequel je vais trinquer plus d’une fois en secret au cours de cette soirée. Rentré chez moi, je me suis dit que j’avais quelque part bien fait de ne pas assister à la course de Dolores Aguirre, car si j’avais dû lever mon verre à tous les encastés... Ben, j’aurais pas pu. La soirée débute par un constat désagréable : en l’absence de passes, nous n’irons pas voir l’encierrillo des ventorrillos. Rhââ ! Pour ôter ce mauvais goût de la bouche, nous décidons d’aller nous faire plumer à l’Iruña. Première tournée et vingt et une plumes envolées... Cela dit, et pour être tout à fait honnête, les fauteuils en plastique de ce grand café sont plutôt accueillants, et ce n’est pas cette mère donnant le biberon à son bébé de deux mois (!) qui viendra nous soutenir le contraire. La tertulia de l’Iruña terminée, nous rallions le bastion des peñas via San Nicolás où nous trouvons à boire. Merci et au revoir. Après l’or et l’argent, le bronze. Récolté fort logiquement au 54 de la Calle Jarauta chez « Los de Bronce » : entre deux allers et retours aux WC — prendre à gauche en sortant —, des « métallos » au cœur gros comme ça vous remplissent des verres pour 8 « zeuros » ; des jeunes filles du cru s’amusent drôlement à se rouler par terre — une fausse bagarre dans la joie et la bière ; des copines, peu ou prou les mêmes, se mettent hors d’elles suite à la scandaleuse interruption de Billie Jean — on a frôlé l’émeute ! ; des « copines », les nôtres, dansent comme à la belle époque sur Europe (...) et Desireless (...) pendant que lui, grand prince, marchande à peine une magnifique, rouge et clignotante paire de cornes — il en rêvait tant ! Dans la bonne humeur, les vendeurs ambulants quadrillent la ville — noire de monde, Jarauta charrie tout un Monde. Les cornes s’invitent dans l’Iruña Rugby Club et... ¡Joder! On a perdu les cornes !!! Sous les yeux de Mister Testis, dans Chapitela et dans le dos, je pousse le despitonado. Estafeta fait sa fête et moi je dois avoir une tête à porter un Stetson rose à fanfreluches et des lunettes « de mouche » à pailettes. Eh, vous savez quoi ? On a retrouvé le 807.

En route pour Santo Domingo
Trois heures plus tôt, j’ai eu la force, outre de ne pas m’enquiller le verre de trop, d’enlever mes pompes... mais pas le bob ce qui, allez savoir, m’a peut-être empêché d’avoir le casque. Aux alentours de six heures, le portable sonne plusieurs fois : ceux de derrière finissent par émerger quand ceux de devant ne se souviennent même pas l’avoir entendu... Un Cacolac®, trois bâillements, une brioche et deux épaisseurs, direction le parvis du Museo de Navarra dans Santo Domingo. Il va faire beau, il ne fait pas froid. Calle Leyre, dans le hall du siège de la Cruz Roja, le personnel s’enquiert de son lieu d’affectation du jour. Les planches du vallado sont montées et les employés municipaux chargés du nettoyage ont du pain sur la leur. Il est sept heures moins le quart. Vu l’affluence dans Mercaderes, patente devient la sensation d’arriver trop tard. Gagné ! La main courante a été prise d’assaut. De là, naît puis germe un grand moment de solitude. Nous en profitons pour finir de nous réveiller. On pourrait rester poster debouts contre le mur afin de suivre l’encierro du haut de Santo Domingo jusqu’à la place de l’Ayuntamiento, mais nous craignons de simplement le voir alors que nous souhaiterions l’approcher, « être à son contact » ― si cela veut dire ici quelque chose ―, le sentir... Au 56 de la Calle Descalzos, un porche permet l’accès au Paseo de Ronda. La vue sur l’Arga, les Corrales del Gas, la Rochapea et la campagne environnante est saisissante ; à l’extrémité du Paseo, celle sur les Corralillos de Santo Domingo vaut assurément le coup d’œil. En compagnie des mansos, los d’El Ventorrillo attendent sagement l’heure de l’ouverture des portes fixée dans un peu plus d’une heure, à huit heures pétantes. Ça s’agite de toute part mais sans précipitation : tout semble parfaitement organisé et tout l’est effectivement. Les cameramen règlent, les pastores conversent, les spectateurs patientent, les policiers municipaux affluent et les bénévoles de la Protection Civile nous informent gentiment que nous ne pourrons rester là — ce dont nous ne doutions pas. Des coureurs « potentiels » sont présents sur le parcours. Potentiels car, l’heure fatidique approchant inéluctablement, un certain nombre d’entre eux vont, dans les minutes qui suivent et pour des raisons qui n’appartiennent qu’à eux, se raviser, décider en leur âme et conscience de ne pas courir. Il ne nous reste plus qu’à espérer pour eux, vraiment, que demain, après-demain, un autre jour, ça ira mieux. Nous quittons les lieux ― las murallas ―, traversons le parcours et contournons une administration2 pour atteindre la placette du marché couvert de Santo Domingo, derrière l’Ayuntamiento. C’est ici que nous prenons le parti de voir passer l’encierro. Notre emplacement, certainement pas idéal, d’autant plus que la palissade extérieure est occupée, a au moins le mérite d’exister ! À genoux sur une marche, nous serons certes à hauteur de chaussettes mais très proche de l’action, avec un champ de vision relativement dégagé. Derrière nous, l’échauffement de quelques coureurs3, physiques et que l’on devine expérimentés, constitué de petits sauts pieds joints dans un escalier, de courses aussi vives que brèves et d’étirements, fait grimper la tension d’un cran.

L’encierro
À un quart d’heure du cohete4, l’excitation, bien que contenue, devient franchement palpable. Il y a désormais des gens derrière nous. Au-dessus, les balcons se remplissent. Devant, dans l’espace compris entre les deux palissades, et ce au moins depuis notre arrivée, les volontaires de la Cruz Roja et de la DYA5 se préparent en vérifiant soigneusement le contenu de leurs valises de secourisme. Les policiers municipaux surveillent à ce que personne, en dehors des secouristes et d’eux-mêmes, n’occupe l’intérieur du vallado. Une fois la manade libérée, tout coureur en difficulté devra pouvoir s’y réfugier ― une quarantaine de centimètres sépare le sol de la première planche, permettant à un homme de s’y glisser. Un jeune visiblement éméché joue avec les nerfs des policiers. Ces derniers lui ont à plusieurs reprises demandé de quitter le parcours. Sans succès. Ils insistent. Lui aussi. Le départ est imminent6 et les forces de l’ordre le saisissent sans ménagement par le bras, lui faisant franchir les palissades, au besoin avec les pieds ! Il peut toujours protester et chercher en vain le soutien des copains, ceux-ci ont bien compris qu’ils venaient (peut-être) de lui sauver la vie... Genou à terre, un coureur roule avec calme et application son Diario de Navarra ― une belle image pour un bel instant. Certains sautillent, d’autres ajustent leur ceinture, lacent leurs chaussures. On inspire plus profondément et on souffle plus fortement ― la concentration le disputant à l’excitation, désormais extériorisée. Nous surprenons quelques abrazos et tapes dans le dos. Se donner du courage. Parler de chance. Les poils des bras se dressent. Tchiiiiiiiii ! Poum !!! Les toros sont partis. Silence. Et puis des cris, des coureurs qui détalent, encore des cris, des chocs contre la barrière. Un tremblement de terre. Des bousculades, les cloches des cabestros, des hurlements. Le chaos. Des chutes et des plongeons, toujours des cris. Énormément de bruit. Des pattes, des sabots et une corne, aussi. Plaza Consistorial, les cornus négocient maintenant la descente dans Mercaderes. Silence. Tout s’est déroulé à une allure folle. Intense, l’émotion brouille tout et je reste sans réactions pendant quelques secondes. La commotion. Souffrant le martyre, un jeune homme au sol se tord de douleur. Il est rapidement pris en charge par des secouristes précautionneux qui paraissent craindre une blessure aux cervicales. Les policiers s’empressent de délimiter un cordon. Nous franchissons comme des zombies le vallado au moment où retentit la détonation signalant l’arrivée de tous les toros dans le corral de la plaza. Encierro rapide et probablement limpio. Sur le parcours, ça bouchonne. Place de l’Ayuntamiento, un coureur a l’air d’être sérieusement blessé. Je ne le vois pas mais la civière est conduite dans l’ambulance, sous les applaudissements. Dans Mercaderes, un autre grimace entouré d’infirmiers le pantalon lacéré. Taché de sang. Cosas de encierro... Déjà les carpinteros emportent les planches du vallado. La Curva. « Patricia, t’as vu l’épaisseur du bois ? » Dans Estafeta, la propreté et l’étroitesse de la chaussée sautent aux yeux tandis que sous un beau ciel bleu nous parviennent les premières clameurs de l’arène. « Et quand on pense qu’ils sont passés par là... »

Las vaquillas
Les tendidos affichant certainement complet, nous grimpons directement aux andanadas. C’est un fait, les tendidos sont combles et le ruedo surpeuplé. Dans ce contexte, la vache se décompose très vite. Encore une ou deux ruades, deux ou trois coups de frontal, trois ou quatre volteretas et les cabestros guidés par les pastores la ramènent au bercail. Suivante ! Des amateurs de porta gayola s’attroupent devant la porte du toril et voici la rebelle qui fonce telle une boule dans un jeu de quilles. ¡Ooollééé! La plaza est aux anges. Les tampons sont rudes, les chutes lourdes, les mauvais gestes légions et les « punitions » fréquentes. Les recortes rares. Mais qu’est-ce qu’on s’marre ! Cabestros et pastores en polo vert débarquent. Ces derniers sont gênés dans leur travail par la foule surexcitée et l’un deux, excédé, fait usage de sa perche qu’il casse en frappant un jeune habillé de noir. Chose impensable, celui-ci riposte en assénant un coup de pied de karatéka dans le dos du berger !!! Furieuse, l’arène se lève comme un seul homme, la bronca est énorme. Tandis que le berger poursuit sa tâche, l’agresseur harcelé chute et reçoit, sous les « hijo de puta » (sic) de l’arène entière, une ration de coups aussi sévère que digne d’une scène de lynchage. Réellement impressionnant. Le jeune, « invité » à quitter le ruedo contre son gré, entend des « fuera » retentissants dégringoler des andanadas. Le malaise finit heureusement par s’estomper. Tout le monde est fatigué...

L’apartado
En partance pour la taquilla de l’apartado, nous — tous les 4 ! — sommes ravis de constater qu’El Batacazo a (presque) tout retrouvé : esprit, fraîcheur, sambista, moral mais pas la « carte à tirette ». Dans la longue file d’attente, des Américaines et des Américains en claquettes, bermuda, guide Lonely Planet® sous le bras et casquettes de « baisebowl » se font expliquer la corrida par un Pamplonais bien luné. Le billet coûte 8 € !? Tenez, voilà 8 euros. Offerte par la mairie aux petits d’Iruña, une capea avec du bétail faiblissime de Macua est censée donner envie... Nous préférons partir à la rencontre des Géants et des Grosses Têtes (Gigantes y Cabezudos) qui assurent avec mille fois plus de bonheur le spectacle dans Telefónica ! Comme des gamins, nous les regardons danser et sourions à les voir entourer la statue d’Ernest Hemingway pour une pause bien méritée. 11h30 : l’heure de rejoindre la porte d’entrée des corrales. La bêtise n’est pas de mise à San Fermín. Un exemple : sur le chemin, un festayre encore tout excité se laisse aller à frapper la croûpe d’un cheval. Unanime, la réprobation prend la forme d’une dizaine de paires d’yeux qui le fusille du regard. Son incroyable chignon porté tel un étendard, la Marquise de Seoane (la mère du ganadero Tomás Prieto de la Cal) fait son entrée dans le cortijo andalou gardé par un « béret vert » (!)... de la Casa de Misericordia. Midi : nous pénétrons à notre tour dans l’enceinte pour une nouvelle attente d’une heure. Il y a bientôt foule et gran ambiente. Excellemment placés, nous sommes en face du mayoral, à côté d’un Bordelais et d’une illuminée ! 6 ventorrillos surarmés et aux pelages variés défilent un par un dans le dédale de corrals avant d’atterrir dans la fosse. Comme à Bilbao, un micro au son nasillard mais au charme fou nous décline leur identité. De retour au « parking des Français », quelque chose nous dit de ne pas trop traîner. Après l’achat de nos derniers et affreux sandwichs, les comptes sont vite faits : 30 € et pas un de plus pour régler la « chambre » (1€20/heure). « Hola, 29 € 25. » ¡¡¡Gora San Fermín!!!

Ya falta menos...

1 Titre d’une musique de Pascal Comelade tirée de El Cabaret Galàctic, CD audio, Les Disques du Soleil et de l’Acier/Delabel, 1995.
2 Le Departamento de Educación y Cultura du Gobierno de Navarra.
3 Nombreux sont les coureurs en provenance de la région de Madrid et du Levant, notamment. Malgré tout, dans Santo Domingo, et contrairement à des tronçons tels que le bas d’Estafeta et Telefónica, les mozos sont principalement vêtus de blanc et de rouge.
4 Le lancement de la fusée ou la fusée elle-même.
5 DYA (Detente y ayuda) : association de secouristes volontaires typiquement navarraise.
6 Je ne me rappelle pas avoir entendu le chant des coureurs à San Fermín !

>>> Bis. Parce que des photos vaudront toujours mieux que... Retrouvez la galerie PAMPELUNE à la rubrique RUEDOS du site.

En plus
J’en profite pour rajouter une adresse à la sélection de liens sanfermineros du 29 juin dernier — sanfermines'09 & signaler l’actualisation d’une autre : Encierro San Fermín 2009.

Images © Laurent Larrieu/Campos y Ruedos — à l’exception de la dernière « piquée » je ne sais où...

20 juillet 2009

Aguirre ou la théorie du frigo vide


Laurent me l'avait dit. On s'était croisé deux jours avant dans le parking "français", je sortais de la douche salvatrice à 4,50 euros, et il me confirmait qu'au Gas, c'étaient bien eux les plus beaux. Philippe, « bobifié » jusqu'aux oreilles, ainsi que les louloutes respectives de ces messieurs, les yeux pétillants comme des vasos de txacoli fraîchement servis, acquiesçaient en choeur.
Tu m'étonnes qu'ils étaient beaux ! Mais ça, tu pouvais t'en douter, bonhomme, car les toros de Dame "Douleurs" ne viennent jamais en Navarre en tenue des champs. La banquière non plus. Pomponnée comme un camion de pompier sur les Champs-Elysées un 14 juillet. La classe en plus. Le mot qui va bien, toujours. Elle accepte, Dame "Douleurs", les banderilles noires et les sourires en coin, ou franchement gras. Elle accepte tout, Dame "Douleurs"... mais que ses tontons ne soient les plus beaux du défilé, ça, JAMAIS !!!

Et puis, 11 juillet 2009, 18h35 : putain, mais que ça pète un dolores au milieu du ruedo pamplonais !!! Y'en a eu 6 pour rêver ! Splendides ! Le Tío en règle, avec marqué « respect » dans les yeux, et « gaffe à ta gueule, petitoun » sur le front. Au milieu, en-dessous, au-dessus, derrière, « ENFER ». Les pitones comme l'Ossau et des diamants glacés sur lesquels s'emplâtrent les satellites ruskoffs. Un dolores, c'est un défi à la Terre entière, une muraille de Chine de bois et de sanquette, un cuirassé « Potemkine » de barbaque, Gengis Khan aux portes de Rome, Sparte sur 4 pattes !
Moi, je te le dis, les 3 clampins du jour, fallait pas qu'il s'aiment beaucoup pour se coller au morceau, ce jour-là. Ou peut-être juste une question de frigo à remplir...
Mansos ? Que oui ! Tous ! Les canassons s'en sortiront avec quelques bleus sur les costiches, car je veux croire que même donné sans grande conviction, un coup de tronche de Dolores, ça fait trembler la bidoche. Ah oui, un dolores, c'est manso... c'est comme ça. C'est timide un dolores. Les rencontres fortuites, les bonnes manières de la Rotschild, très peu pour lui... en général. Le couteau à poisson et le grand cru classé, il s'en fout ! Par contre, viens pas poser ton godillot là où t'as pas été invité, mec ! Chacun chez soi et tout ira bien... sinon, malheur !
Alors, oui, il aura fallu être fou, pour penser à la portagayola, ce jour-là, ramasser 35 méga-tonnes de dynamite en colère à 3000 km/h avec les gencives, et revenir s'y planter pour éventer les gradas de la plus délicate brise du capote "suavísimo" de David Mora. Mais, Grand Dieu, lequel de nous aurait parié un real « brazileiro » que ces teignes monstrueuses, ces foudres de l'Olympe se glorifieraient dans les 946 naturelles et autres 1 000 372 derechazos du jour, jusqu'à en demander et en demander encore ! La tronche en bas comme des cochons qui reniflent les truffes, ou en haut comme un président français cherchant à fixer son homologue yankee dans les yeux, la traction arrière enclenchée qui propulse le tank en avant toujours et toujours ! Ça s'arrêtait jamais, ça revenait, ça tournait, trois tours et puis BLAM, BLIM, BLAM et PATAPAM ! Ça revenait encore, et encore, et encore et toujours ! Mon vieux, tu lâchais le guidon, tu partais entre les barres ! Garanti « tampon-sanction à tous les étages ». Il y eut bien ce 4ème, plus branleur que ses frangins, mais Serafín n'en avait que foutre. Peut-être moins la dalle que ses compañeros, va savoir... Alors, on a oublié.
Les autres, des tonnerres, des chiens de l'enfer, des mansos de rêve jusqu'à 'Cantinillo', 620 plombes de steak, et de la race, ... pardon... de la RRRRRACE plein les burnes ! Un « Inspecteur Harry » des ruedos, jamais là pour déconner, un flingue gros comme le bras dans chaque revers de pantalon ! Et je me demande bien qui, à part un affamé, un rêveur, un dingue, un désespéré aurait pu rester planté là, à attendre enfin le « pain dans la gueule » libérateur de la bête fumante, les talons dans le sable, le menton sur les poils du torse et le bras tendu à s'en péter le coude ! Le condamné du jour s'appelait Joselillo, pas très grand, pas très beau, pas très bon, pas très connu, et c'est sans doute un mal de bide peu commun que seul un frigo vide peut procurer parfois, qui l'a fait toréer 'Bilbatero', et surtout 'Cantinillo' de la façon la plus noble qui soit. Non, c'était pas Finito, non, ça fleurait pas le romarin, et non, on n'entendit pas Estrella Morente louer le temple et la torería sur fond de seguiriya... C'était juste Joselillo, humble parmi les humbles, petit, tout petit, qui s'est collé, ce jour-là, par défi ou par nécessité, à Dame "Douleurs" et ses tontons, à coups de taloches cinglantes, de baffes claquantes et de pets en travers.
Les baisouilleurs du mundillo et les troubadours de callejón vous diraient que oui, il s'employa de loin, que oui, il est mal fagotté, que non, il n'a pas de technique, que oui, il est basto et que oui, il a la gueule en biais et qu'il est bas du cul, et moi, je leur dirais que OUI et dix fois MERDE ! Joselillo ne sait toréer qu'avec ses couilles, mais fallait-il qu'il en ait, le gugus, pour rester accroché alors que ça tamponnait pire que dans un champs de la Somme en 14 ! Même les seaux de mauvais pif se figèrent en l'air quand les peñas du soleil se firent "apocalyptiquement" silencieuses... Oubliée la "Chica Yeye", Joselillo dégueulait toutes ses tripes quand il brandit 7 fois l'épée maladroitement et 'Cantinillo' allait mourir sans jamais signer d'armistice, car non, fallait-il le savoir, les toros de Dame "Douleurs" ne viennent pas au monde pour rendre les armes ! Mansos, à coup sûr ! Mais mansos con GRAN CASTA ! Que Santa María et San Cernin de Pamplona sonnent et claquent à pleine volée et que les monts se soulèvent d'Urbasa y Andia jusqu'aux Bardenas ! Amis, je vous le dis, les tontons de Dame "Douleurs" sont de retour !

19 juillet 2009

Le toro chauve


Nous n'étions pas à Mont-de-Marsan le 18 juillet 2009. Enfin, si nous y étions, par le biais d’une étrange procuration radiophonique. Dans certains médias quelques imposteurs commentent par le biais, pourtant trompeur, de la télévision, tout en se gardant bien de préciser les conditions de ce faux direct. Un peu comme une vraie fausse interview de Fidel Castro. A Camposyruedos nous allons dorénavant vous proposer mille fois plus puissant,: la reseña via la radio. Dans ces cas là il faut être capable d’écouter entre les ondes. Vous allez voir, ça n’a rien de sorcier. Morceaux choisis. Rien n'est inventé, tout est véridique. Nous sommes au 3ème toro, pour José María Manzanares – Elevage Victoriano del Río.

- Regardez, cher Pierre, comme le toro s'est économisé au cheval pour ensuite galoper avec classe dans la muleta du matador. C'est un toro moderne ! L’enthousiasme du speaker n’est pas feint.
- Oui André, ce toro a un galop joyeux. Dès que j’ai trois minutes je me penche sur la très taurine notion de galop joyeux. Mais rien ne vous empêche d’y réfléchir avant nous.
- Regardez, on dirait qu'il joue, on dirait qu'il joue à courir après la muleta.
Quelques instants plus tard, mais sur le ton de la contrariété :
- Le toro se retourne avec vivacité (NDLR : quelle idée de se retourner avec vivacité !) Manzanares n'est pas au top.
- Non, la mayonnaise ne prend pas.
- Manzanares hoche la tête et semble dire que la situation n'est pas claire. Il est un peu dubitatif. Un petit désaccord s'installe entre Manzanares et le toro
...
- C'est le toro moderne. Il ne faut pas le brusquer… Notez bien, Victoriano il possède aussi quelques sementales avec de la caste. Alors quand ça baisse trop, hop, on rajoute un peu de caste... C’est le toro à la carte. (NDRL : faut-il entendre par là que le toro moderne est decasté ?)

- Le toro trébuche. Aah !! Il trébuche car il y a eu un peu de brusquerie de la part de Manzanares... Le toro moderne, il faut l'accompagner, il ne faut pas le brusquer.
- C'est fini André.
- Oui, c'est fini Pierre, ils ne se sont pas entendus... Ah ben tu m'as fait tomber ! Et bien je ne joue plus...

Le toro ne joue plus... trop brusqué par "notre cher Manzanita" le toro.

Et le toro chauve ? Il se coiffe toujours de la même façon, toujours. C'est bien connu.

18 juillet 2009

Céret 2009


Les bals des pompiers ont ceci d'instructif qu'on y comprend en quoi les "Fat Bottomed girl make the rockin'world go round" entre autres choses. N'y sentez aucun mépris de la part de mon esprit enthousiasmé, mais le "pazeaû dobl" interprété à l'accordéon en pareilles circonstances a le mérite de vous remémorer tout ce qu'il y a de bon à passer chaque année un week-end à Céret, et pas simplement à cause de la Cobla Mil.Lenaria. "Si le monde était cérétan - disait Fabien, joyeux - on n'en serait pas là !", on ne peut s'empêcher de lui donner raison. Pour le meilleur et pour le pire, certainement. Sans Céret, nous n'aurions pas eu le coude cassé caractéristique du Viti, la présentation d'Enrique Ponce en France, l'alternative de Rafa González ainsi que la mort et la résurrection d'Esplá. Probable qu'on aurait pas encore marché sur la lune non plus, mais vous conviendrez qu'au quotidien, ce "grand pas pour l'humanité" nous fait une belle jambe. A Céret, on ne vient pas pour parler d'appendices et de choses de ce genre, ce qui repose un peu, avouons-le ! Mais ce que j'aime par-dessus tout à Céret, c'est l'impression de "Monde Perdu" au sens Conan Doyle du terme : un lieu secret, caché dans un cratère de verdure. D'aucuns diront qu'on y sort des mammouths et que les moeurs y sont préhistoriques. Si tel est le cas, tant pis ! Ça fait partie du charme : y'en a un peu plus ? Oui, vous me le mettez quand même ! Céret, destination finale, ni Sud-Est ni Sud-Ouest, plus vraiment France taurine, le coin que j'ai compris avoir longtemps cherché quand j'y ai mis les pieds pour la première fois.
Céret implique un aspect select. Select au sens où peu l'entendent et rares ceux qui le comprennent, ce qui aide considérablement pour la sélection. Pratique ! A Céret qui ne racole guère, j'ai plaisir à me piquer de fidélité. On fait ce qu'on peut, rien de neuf dans ce con de schéma-là : on t'avait pourtant rien demandé !
A rebours. Céret tente de remonter le cours de cette histoire taurine qui nous file entre les doigts. Dans la série des recortes du Vallespir cette année, la bonne surprise des coimbras, les mauvaises nouvelles des cuadris et des sánchez-fabrés. En toute franchise, je soupçonnais l'ADAC de se faire plaisir avec ces Portugais en sortant des kilos et du bois, un bon croisement Atanasio-La Corte pour garder la "moyenne". Le dessert en entrée, le fastidieux pour le dimanche de chaleur. Les coimbras ont affiché du caractère, du tempérament, le genre de détails dont on déplore l'absence à longueur de tarde. En face, Frascuelo dont le physique ne suit plus, ne semble tenir qu'avec l'amidon de sa torería, comme certains toros prolongent ce qui leur reste de souffle par la caste. Quelques détails inutiles en ces temps de rentabilisation. Fernando Cruz, pâle comme une toile où le fatalisme semble projeté en boucle. Morenito de Aranda, content de lui, mérite d'être revu. Le 5, colorado d'estampe méritait d'être vu autrement qu'errant au milieu du ruedo pendant 20 minutes. Il fut bien tué dans les corrales. Una pena...

Nuit de la découverte, sur la plage de galets, au beau milieu des tables du restaurant, je passe en voiture, au moins ici mangeons-nous sur des nappes ! Le gars du Zodiac a perdu ses clés sur la grève secrète. Dans le ciel, l'ami Gandarien, inspiré par ces bateaux au mouillage dans la crique dessine avec la lune des pélerins-aficionados. Anna pleure discrètement, en face, puis à droite, encore à droite, un peu à gauche et tout droit ensuite, il y a le Brésil trop proche. Ma nuit s'arrête-là. La mienne.
Decrescendo : novillada attendue, Santa Coloma, Coquilla, souvenirs de St-Martin-de-Crau, SyS a déja fait l'article. Novilleros en dessous de quelques opportunités. Déçu.
Rebrousse-poil : En finir avec Cuadri. Elevage autrefois béni, autrefois chéri. Comme le temps pour d'autres choses, le taille ne fait rien à l'affaire. Quand on est parado/descastado... on est descastado/parado. Cette histoire de petit ruedo, bouée à laquelle l'afición s'accrochait n'y changea donc rien. Quelques impacts au cheval en caoutchouc de Bonijol (ces montures qui contrebraquent dans les airs), les bouches fermées jusqu'à la fin et rien d'autre. Incohérence d'imposer des rencontres là où il n'y a pas grande bravoure, fermeté légitime aux banderilles, Robleño dans les cornes, Véroniques d'Aguilar et sourire ultra-bright de Mora. Si j'étais David Mora, je n'estimerais guère nécessaire d'être torero, pas besoin avec les filles ! Tous les atouts étaient de notre côté, un pigeon m'avait chié dans les cheveux avant la course. Rien n'y fit.

Céret et ses banquets qui s'éternisent au point de nous sucrer le miel d'une sieste dans le parc. Céret et ses naturels trésors de Catalogne à portée de main. Céret, Vercors torista, que je quitte à regret. Abrazos précipités.
Malgré les néons, les trains de nuit ne sont jamais assez glauques.

Vous trouverez en galerie
RUEDOS du site la galerie consacrée à la dernière course du Céret de Toros 2009, la très décevante corrida de Cuadri.

17 juillet 2009

24 heures à Pampelune (I)


À Isabelle, Patricia & Laurent.

Mercredi 8 juillet

Corrales del Gas
Avenida de Guipúzcoa, nous longeons l’Arga sans savoir s’il nous faut tourner à droite ou à gauche... Contraints de grimper jusqu'à La Taconera, nous y sommes accueillis par une ribambelle de poussettes et d’enfants de tous âges aux couleurs de la fête. Ce 8 juillet à Pampelune, c’est Día de los Peques. Le jour des enfants. Réjouissant. L’Arga traversé, nous ne tardons pas à apercevoir les Corrales del Gas. Sur le parking où, ô miracle !, nous trouvons à nous garer, nous ajustons foulards et fajas — avoir ou non le sentiment d’enfiler un quelconque uniforme ne nous effleure pas l’esprit une seconde. Quoi qu’il en soit, à Pampelune la prise de tête est proscrite ! Première surprise : pas de file d’attente. Deuxième surprise, découlant de la première : pas de cohue. L’entrée coûte 3 € ? Tenez, voilà 3 euros. On peut profiter des Sanfermines sans croiser un toro. Mais à se délecter de la beauté des lots, on se dit que ce serait tout de même un peu gros... Au « popularimètre », les miuras sortent vainqueurs sans discussion. Quand les ventorrillos impressionnent par leurs armures et les aguirres par leur présentation, los de "Zahariche" en imposent par leur seul nom. Pas de doute, Miura fait bel et bien partie du patrimoine culturel national. Pendant ce temps, les filles déjà se dissipent. Ça promet...

13 heures
Partis en oubliant à peu près tout, une escale au Simply Market® de Burlada s’impose : vin, tire-bouchon, sopalin, saucisson, pain, chorizo et même un couteau. Les emplettes terminées, l’ascension vers Pampelune commence. Au sommet, le parking à l’angle de Leyre et Media Luna a le bon goût de ne pas afficher complet. Et comme la calandre du 807 plaît au placier, celui-ci nous case opportunément sous le toit, tout au bout à droite sous le panneau de basket près de la poubelle. Nos sacs de victuailles sur les bras, nous filons poser nos fesses encore propres (sic) dans l’herbe du parc voisin. Pendant un instant, et alors même que San Fermín nous enveloppe doucement, nous nous demandons si pique-niquer là est permis1. Il aura suffit qu’une étrange naïade soucieuse de parfaire son bronzage s’allonge en bikini pour ôter tous nos doutes...

Les billets
Désirer assister à une course à Pamplona est une chose, réussir à dégoter des places en est une autre ! Biiip... Au téléphone, Solysombra en personne qui nous informe qu’un « revendeur » de luxe s’impatiente de se débarrasser de quatre billets. Les nôtres ! Nous accourons à l’entrée du callejón où, tout sourire, nous nous délestons illico presto de... 280 euros ! ¡¡¡Viva San Fermín!!! Et estimons-nous heureux — nous l’étions, soyez-en assurés — de payer le prix de la taquilla... En plus de faire un « revendeur » assez spécial, il parle un français parfait et se révèle d’une gentillesse exquise. Son fils l’accompagne. Le garçonnet gambade autour de nous entre Callejón et Telefónica, grimpant sur les planches du vallado2, dévalant la pente jusqu’à la porte des arènes poursuivi par un toro imaginaire... Après coup, beau et étrange à la fois, émouvant assurément, de revoir cet enfant jouer à l’endroit précis où, deux et quatre jours plus tard, ‘Capuchino’ de Jandilla et ‘Ermitaño’ de Miura sèmeront la terreur sur leur passage. Le premier tuant même d’un coup de corne dans le cou3...

La balade (des gens heureux)
Avant le rendez-vous de la course, rien de tel pour prendre le pouls de San Fermín que de flâner dans le vieux Pampelune. Si la fête proprement dite prend ses quartiers dès la nuit tombée, elle se mitonne tel un ragoût toute la journée... Un poil excentré, Calle Aralar derrière La Meca, le Club Taurin de Pamplona sera la porte d’entrée de notre balade. À défaut de mettre la main sur le « fantôme » du CTP, nous surprenons Jérôme de CYR. El Batacazo quoi ! Visiblement pas au mieux de sa forme et c’est rien de le dire. Ennuyé par la perte de ses papiers et de sa « carte à tirette ». Plus inquiet d’avoir chopé une andanada sombra que de ne pas voir revenir sa chère et tendre sambista. Tout excusé en tout cas de l’entendre me poser deux fois les mêmes questions... Un abrazo amigo et direction le Casco Antiguo via la Plaza del Castillo. El centro del mundo quoi ! Sur et autour, des centaines et des centaines de satellites humains — dans quelques heures leur nombre aura été multiplié par 100 — qui mangent, dansent, boivent, chantent, se reposent et plaisantent. Surtout à l’intérieur, parfois dans la rue. San Nicolás, Jarauta, Mayor, et cetera. La chaleur nous oblige à raser les façades et à épier celles d’en face car, à Pampelune plus qu’ailleurs, a fortiori durant San Fermín, les murs ont la parole. On devine aisément la gravité des messages politiques en euskara, on sourit devant celui-ci, bilingue, affirmant que le local, fermé par arrêté municipal, est atteint de la grippe « Barcine » !4 Imparable. Parvis du Museo de Navarra. Demain matin, c’est certain, nous y serons tôt pour voir partir l’encierro. Mais demain, c’est loin, très loin. Plaza Consistorial, à l’ombre d’une taberna, un couple de trentenaires accompagne la musique de ses pas folkloriques. Elle avec élégance, lui avec virtuosité. Les deux avec joie. Une chance d’être passés par là... La Perla en face de moi, La Meca dans le dos et une aile du Palacio de Navarra pour fond de scène, un vieux Navarro au teint pâle — un chef indien — implore devinez quel saint au son des guitares un verre à la main... Pendant ce temps, les peñas convergent vers la plaza...

Le bruit et la fureur5
Quatre billets pour quatre places côté sombra aux quatre coins des tendidos 2 et 3. Lors de l’encierro matinal, un cebada gago s’est arraché une corne... 18h15. Le sorteo récupéré, l’interrogation est levée : ce sont bien 6 toros du fer andalou que nous verrons défiler sur le sable pamplonico. 6 toros astifinísimos qui n’auront réussi ni à sortir l’Ombre de sa torpeur ni à faire cesser l’arène de mastiquer — à partir du quatrième. Quant au Soleil, après l’inénarrable bronca aux alguazils, il se sera gondolé et aura rugi et chanté pendant plus de deux heures avec en point d’orgue les hymnes El Rey et La Chica Yeye. L’antre des peñas, le Soleil donc — la partie du chaudron en ébullition — rend possible toutes les extravagances sans surenchères ni complaisances : une perruque aux boucles dorées reluque les fleurs d’un tablier de boucher ; une barbe à l’accent basque postillonne dans une glacière Campingaz® et un sac poubelle de 100 litres crache sa sangría sur la tête d’un lapin australien vibrant au rythme d’un saxophone en kilt et d’un trombone à piston. Le tout dans un décor incomparable : La Meca de Pamplona. Inoubliable. De l’autre côté, imperturbable, l’Ombre suit la course. La course ?... En dehors du brave premier, du pundonor d'Aguilar et du sixième ‘Amador’...

‘Amador’
Aussi vite englouties que gentiment offertes par mon voisin de tendido, je digère tranquillement ma moitié de pan y tomate et ma trufa de chocolate quand l’impeccable torilero libère ‘Amador’, un toro con trapío à la peau de tigre, cornalón et bizco. 565 kilos de muscles. Un cogneur con poder, un puncheur dur de pattes venu là non seulement pour faire échec et mat aux toreros dans tous les tiers avec fureur, mais également pour en découdre avec genio dans tous les « recoins » du ruedo. Mon voisin, qui serait un peu torero avant d’être aficionado et qui connaît les châteaux de la Loire, n’apprécie guère cet ‘Amador’ qui convoite la victoire par KO. « Muy malo » répète-t-il à l'envi. « Muy toro » je pense tout bas. Après avoir subi le combat avec style et vaillance, Sergio Aguilar se débarrasse de son adversaire de bien vilaine manière sous quelques quolibets, dont les miens. J’applaudis la dépouille du cebada qui s’en va par les mules emportée. ‘Amador’, le toro que j’aime.

1 Dans la capitale navarraise, les policiers appartiennent à pas moins de quatre entités différentes (Municipal, Foral, Nacional & Guardia). Vous rencontrerez surtout des agents de la Policía Municipal (bleu et jaune fluo avec une casquette) et de la Policía Foral (gris et rouge avec un béret rouge).
2 La double palissade en bois délimitant le parcours de l’encierro.
3 Originaire d’Alcalá de Henares (Madrid), Daniel Jimeno Romero avait 27 ans.
4 Jeu de mots réalisé avec le nom de la mairesse Yolanda Barcina : « Este local tiene gripe Barcina. »
5 Titre d’un roman de William Faulkner (Gallimard).

>>> Parce que des photos vaudront toujours mieux que tous ces mots, retrouvez la galerie PAMPELUNE à la rubrique RUEDOS du site.

Images © Laurent Larrieu/Campos y Ruedos

Saint-Perdon


« SAINT-PERDON. Les incendiaires ont été interpellés mercredi. Il s'agit de quatre collégiens âgés de 13 et 14 ans. Ils voulaient fêter la fin de l'année en brûlant leurs cahiers de cours.
Les cahiers au feu, les arènes au milieu
Le 24 juin dernier, les pompiers n'avaient rien pu faire pour empêcher que des arènes en bois de Saint-Perdon ne restent que les soutènements en béton.
Un jeu de potaches qui a mal tourné. C'est en brûlant leurs cahiers de cours que quatre collégiens ont mis le feu aux arènes en bois de Saint-Perdon. C'était le 24 juin. Un mercredi après-midi après la classe. »
Publié le 16/07/2009 à 17:56 Le Point.fr

Un ami prof dans les Landes m’avait communiqué son intuition d’enseignant : « Pour peu que ce soit des gamins qui aient mis le feu aux arènes de St-Perdon... Il va pas avoir l’air c… André Viard... »

Et bien c’est fait, idem pour Colmont. Ils avaient eu des intuitions eux aussi, mais pas les bonnes (voir éditos du 26). Et quand il se produira une grosse putada intra-taurine, ils auront l’intuition qu’il faudra se taire et faire taire... faute de preuves... Les exemples ne manquent pas.

Il y a désormais des responsabilités identifiées, des experts et des assureurs...
St-Perdon se reconstruira et tout finira bien. Laissons nos marteaux et nos visseuses à l’établi. Ne bloquons pas de journées RTT dévolues à la reconstruction.
Le jour de l’inauguration des nouvelles Arènes de St-Perdon, nous nous tiendrons devant la taquilla et nous mettrons la main à la poche comme nous le faisons depuis longtemps, sans tambour ni trompette ni prophète.
Mario Tisné

La photo vient du blog
PhOtAuRiNeS
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16 juillet 2009

« Tuer c'est pas beau », le concours (rappel)


Les festivités de la Madeleine approchant à grand pas, nous vous rappelons les modalités de notre grand jeu-concours "Tuer, c'est pas beau".
Le règlement de ce concours intitulé "TUER C'EST PAS BEAU, LE CONCOURS" (hommage à cette phrase définitive de Francis Lalanne) est simple :
Dans un e-mail (avec vos nom et prénom), vous établirez un pronostic pour savoir quel toro sera pseudo indulté lors de cette Féria de la Madeleine 2009.

"Toro pseudo indulté : de la ganadería de ... et lidié en 1, 2, 3, 4, 5 ou 6ème position par le matador Miguel Ángel Perera (ce n’est qu’un exemple)."

Le vainqueur de ce grand jeu-concours gagnera une formidable cape décorative pour pare-brise dont l’équipe de Camposyruedos a fait l'acquisition sur l’affriolante boutique taurine en ligne de "L’Echoducallejon" (grand défenseur du pseudo indulto de 'Desgarbado') et/ou une surprise (de taille…). Le lot est donc désormais entre nos mains, arrivé grâce aux bons soins de La Poste dans un superbe état (quel service, tout de même !).

Nous avions convenus que j'en ferais un cliché pour le montrer aux participants au concours, mais vraiment, je crains fort que mes maigres talents de photographe ne rendent pas suffisamment justice à la beauté de la... chose.

Jouez tous ! Et bonne Madeleine !

Céret de Toros 2009... Sánchez-Fabrés


Vous avez accès depuis la rubrique RUEDOS du site à la galerie consacrée à la novillada de Sánchez-Fábres de Céret.

Je vous laisse ici le commentaire du blog torosdeverdad sur cette novillada. Pas le temps de traduire…

Vous pouvez aussi aller lire le blog de Bastonito.

El domingo por la mañana, se lidió una novillada de Sánchez-Fabrés, encaste coquilla. Novillos excesivamente grandes y fuera de tipo. Desarrolló menos casta y motor de lo esperado. Destacaron el encastado sexto y el cuarto, noble y bueno para el torero. El primero se paró; el segundo resultó flojo y manejable; y el tercero, complicado.
Remendó la novillada, un astado de Pilar Población, de preciosas hechuras, que resultó ser lo mejor de la mañana. Encastado, noble, repitió siempre las embestidas humillando y hasta el final. Un novillo de lujo, que fue desaprovechado.
Salvo a este último, a toda la novillada se la pegó fuerte en el caballo.
De los novilleros poco que decir. Ninguno destacó y estuvieron bastante mediocres.

14 juillet 2009

Céret de Toros 2009...


Vous avez en ligne depuis la rubrique RUEDOS du site une galerie consacrée à la surprise inespérée de ce Céret de Toros 2009 : la corrida de Manuel Assunção Coimbra.
Une corrida portugaise passionnante du début à la fin. Il y a longtemps, très longtemps, que nous n’avions pu nous régaler à ce point de toros réellement braves. Des Portugais avec une seule idée en tête : charger et recharger tout ce qui ressemble à un cheval de picador. Une constante cet après-midi du 11 juillet 2009.
Et cette bravoure s’est confirmée lors des tiers suivants, de façon certes très irrégulière, avec des qualités, des défauts, mais toujours une personnalité affirmée, et de la mobilité, de la puissance. Personne sans doute avant cette course n’aurait parié le moindre centime sur pareille réussite.
Il y a eu évidemment l’incident du cinquième, changé prématurément par le palco qui nous a sans doute privés d’un toro intéressant, un de plus.
Dans ces conditions, logiquement, quelques critiques parfois acerbes sont venues cruellement lui rappeler son manque de clairvoyance.
C’est le jeu et c’est normal. C’est normal, oui. Mais tout de même, je m’étonne d’en trouver certains très virulents sur ce coup-là, alors qu’à l’inverse, en d’autres lieux, lorsqu’un président maintient en piste un invalide, ils ont pour habitude de passer pudiquement l'éponge. Curieux tout de même. Côté torería, là encore qui aurait parié sur la capacité de Carlos Escolar à faire face ? Certains prédisaient même le pire. Et pourtant, il était bien là, le vieux Frascuelo, le vieux maestro cousu de coups de cornes, et habité d’une incomparable torería, d’une incombustible foi en son sacerdoce. Le physique n’a évidemment pas suivi, mais la tête, la conception des choses, la torería quoi, la grandeur de Frascuelo. Cela reste évidemment dans le détail, la fragilité et la rareté. Mais c’est bien connu, ce qui est rare est cher ! Les photographies parlent d’elles-mêmes. Morenito de Aranda, sans totalement convaincre, a donné envie d’être revu. Quant à Fernando Cruz, il semble chaque fois de plus en plus à la peine.
La suite de la féria fut hélas bien plus ennuyeuse. Enorme déception des coquillas (?) de Sánchez Fabrés, malgré un exemplaire intéressant. Hauts comme des chevaux, lourds, et sans la mobilité, la puissance et le piquant de ceux qui nous avaient enchantés il y a trois ou quatre ans à Saint-Martin-de-Crau. Sans doute énormément plus de sang Martínez Elizondo que de Coquilla dans ces grandes carcasses. Quant aux cuadris de l’après-midi, ils ont été à l’évidence trop piqués, mais ils ont surtout exprimé un manque de caste et confirmé le mauvais moment traversé par cet élevage pourtant prestigieux. Une peine lorsqu’on sait avec quelle afición la famille Cuadri envisage les choses. Enfin, parmi les points noirs de cette féria, impossible de ne pas relever l’état des armures des trois courses.

11 juillet 2009

Pamplona - Corrales del Gas 2009


Avant de revenir sur notre plongée dans les Sanfermines 2009, vous pouvez retrouver les toros de la Feria del Toro dans la rubrique RUEDOS du site.

Comme dirait l'autre, "y'a du bois"!

Photographie Un toro de Miura dans les Corrales del Gas à Pamplona © Camposyruedos