29 juillet 2009

Orthez 2009 : en quête d'espoir


Vrai ! Nous allions à Orthez gonflés d'espoir et forts de l'assurance de qui est persuadé être dans le vrai. La plupart des amis étaient du périple, la cohorte CyRienne au grand complet, agrémentée d'invités de marque : Bastonito, des copains du coin et de loin, diverses compagnes lusophones ou non, la famille dans tous les sens du terme et même un grand photographe new-yorkais bien décidé à ne pas vouloir sacrifier sa perception personnelle de la chose à la compréhension. Les uns avaient apporté la charcuterie, d'autres les précieuses cartouches de vin et les deux "Parisiens" leur nécessité d'être à l'heure dimanche soir à Dax pour le train couchette. Une belle auberge espagnole dans un coin du Béarn. Du côté de Puyoo, les panneaux routiers indiquent la direction de Pamplona et ceux qui en profitent au quotidien ne se rendent pas compte de leur chance.

La feria d'Orthez avait donc tout de l'aimable pèlerinage. Pour ce qui est du transport religieux, évitons le terme de croisade, inapproprié mais en ce même champ (campo) lexical, nous étions en quête d'extase, autre forme de transport. Laissons de côté les qualificatifs faciles du même acabit : fanatisme et chapelles, talibans et intégristes, d'autres les ramasseront au caniveau où nous les leur déposons.
Lors d'un pèlerinage, le chemin surpasse en importance la destination. La commission orthézienne avait opté pour des sentiers escarpés et nombreux furent ceux qui décidèrent de parcourir la dernière étape à leurs côtés. L'affluence (3/4 d'arènes et nombreux spectateurs sur le chemin de ronde) ne m'a pas semblé ridicule, au contraire, pour un cartel sans pseudo-figura, torero national ou autre attrait racoleur facile. La journée Santa Coloma à laquelle nous a menés la nouvelle empresa ne répondit pas aux espoirs. Ne transigeons pas sur le constat. Pour autant, cela ne brise pas la démarche (valorisation du tercio de piques, présentation de ganaderías inédites et d'encaste peu en vogue et pédagogie tout au long de la journée), mais doit amener les organisateurs à se poser quelques questions et régler ces quelques détails insoupçonnés et anecdotiques qu'il nous est facile de relever a posteriori.

La novillada du matin fut un calvaire authentique pour qui prit place aux arènes. Sérieusement présentés quoique algo desiguales à mon goût, ces mauvais fils périrent le matin et devraient entraîner dans la mort le reste de leur famille, c'est malheureusement souhaitable. Le deuxième offrait quelques possibilités que José María Arenas se garda bien d'explorer en vue d'une possible exploitation. A côté de l'abyme de caste, trônait un seau dans lequel les novilleros gardèrent la tête plongée. Sobrero cadeau... empoisonné pour un public qui saturait depuis déja longtemps. Etait-ce moi ou faisait-il déjà vraiment chaud ?!

Le banquet de midi constitua une occasion supplémentaire de célébrer la réunion de tant d'amis et de garder les doigts croisés pour la suite des événements. L'alcool coulant à flots, même mesurés, permit de préparer un terreau propice à l'épanouissement d'une insolation de fin de journée. Vil soleil, plus méchant qu'un téléphone ! La plaza avait continué à chauffer en nous attendant, véritable sarten à ciel ouvert, un air d'Ecija sans Jaime Ostos. La corrida s'ouvrit sous le cagnard et les chiqueros sur une sardine venue compléter un lot. De nombreux toros s'étant tués lors des derniers mois, le ganadero enleva un semental non tienté à ses chères vaches. Efflanqué par l'harassante besogne, le papa n'avait rien d'un tonton, sa présentation n'était autre qu'indigne d'une place de quelque catégorie que ce soit. Picotazo et soins d'infirmiers, une grande noblesse dans la compréhensive muleta de Vicente. Un gringalet qui devait ensuite cacher la forêt. Les trois derniers toros ne firent qu'amplifier les regrets que le lot se fut à ce point estropié aux champs. Présentation sérieuse, comportement encasté face aux forteresses d'Heyral, quoique courts au troisième tiers en général dans la chaleur et les muletas étouffantes du jour. Pour le second tiers, demandez au président qui jugea bon de les écourter systématiquement. Les banderilleros furent généralement raccompagnés aux planches tout comme le fut Vicente au 4 après deux estocades : un 3 offrant des possibilités exploitées par Velasco, un 4 que Vicente refusa de voir, un 5 qui aurait mérité de l'air et de la distance et un 6 allègre en deux rencontres au cheval, où l'on aurait aimé le revoir. Le lot manqua globalement de chispa et fit preuve d'une noblesse parfois fade qui en déconcerta plus d'un. La course ne fut pas un succès, mais présenta un certain intérêt (dont celui, pour certains, de revoir leurs gammes sur les types morphologiques des toros non-parladeños). Adolfo a du boulot, mais dispose d'une base intéressante.

Divers prix furent attribués. Pour ceux concernant les meilleurs picadores, gageons que ceux-ci constituèrent plus un encouragement à bien faire que la véritable récompense d'un grand tiers. Les laisser desiertos ne m'aurait pas choqué non plus.
L'erreur de la commission fut de sortir ce maigre premier alors qu'attendait dans les chiqueros un sobrero du même fer, certes marqué du 6 mais âgé de 4 ans et 1 mois. Du fond de mon fauteuil ou du haut de mon tendido, il m'est aisé de distribuer bons et mauvais points. Qu'Orthez ne perde pas courage sur la voie difficile qu'elle a choisie, cette journée originale, nous étions nombreux à l'attendre. Nous l'espérions meilleure, certes mais on sait depuis longtemps qu'on ne gagne pas à tous les coups. Merci aussi de penser à régler le soleil moins fort l'an prochain.

A vous les loups.