28 décembre 2012

Communiqué de presse… pas banal


Communiqué

« Lors de son assemblée générale annuelle, la Peña Campo Charro de Dax a attribué, à une forte majorité de ses membres, son prix pour la temporada dacquoise 2012 au jeune et prometteur picador Alberto Sandoval.
Le 12 août, à la demande bienvenue et historique de la commission taurine de Dax, et avec l’accord des maestros et des picadors de la tarde, un seul picador s’est présenté en piste cet après-midi-là.
Alberto Sandoval exécuta le tercio de piques devant le 5e toro de la corrida de la ganadería D. José Escolar Gil (‘Milagroso’, n° 28, né en octobre 2007).
En appliquant les règles de cette suerte (qualités de cavalier, présentation du cheval, placement de la pique) par trois fois, le toro partant de distances croissantes, Alberto Sandoval a déclenché une émotion générale démontrant que le public est sensible et adhère à un tel moment grâce à la présence de véritables taureaux de combat et à la volonté des acteurs.
Sa remarquable prestation a été honorée par un tour de piste au côté du maestro Javier Castaño. »
Peña Campo Charro


Dessin À Dax, le prix « Campo Charro » 2012 décerné à un picador torero — Jérôme ‘El Batacazo’ Pradet

24 décembre 2012

Ben ouais, c'est Noël quoi…


« Noël : nom donné par les chrétiens à l’ensemble des festivités commémoratives de l’anniversaire de la naissance de Jésus-Christ, dit “le Nazaréen”, célèbre illusionniste palestinien de la première année du premier siècle pendant lui-même.
Chez le chrétien moyen, les festivités de Noël s’étalent du 24 décembre au soir au 25 décembre au crépuscule.
Ces festivités sont : le dîner, la messe de minuit (facultative), le réveillon, le vomi du réveillon, la remise des cadeaux, le déjeuner de Noël, le vomi du déjeuner de Noël et la bise à la tante qui pique.

Le dîner : généralement frugal ; rillettes, pâté, coup de rouge, poulet froid, coup de rouge, coup de rouge. Il n’a d’autre fonction que de “caler” l’estomac chrétien afin de lui permettre d’attendre l’heure tardive du réveillon sans souffrir de la faim.

La messe de minuit : c’est une messe comme les autres, sauf qu’elle a lieu à vingt-deux heures, et que la nature exceptionnellement joviale de l’événement fêté apporte à la liturgie traditionnelle un je-ne-sais-quoi de guilleret qu’on ne retrouve pas dans la messe des morts.
Au cours de ce rituel, le prêtre, de son ample voix ponctuée de grands gestes vides de cormoran timide, exalte en d’eunuquiens aigus à faire vibrer le temple, la liesse béate et parfumée des bergers cruciphiles descendus des hauteurs du Golan pour s’éclater le surmoi dans la contemplation agricole d’un improbable dieu de paille vagissant dans le foin entre une viande rouge sur pied et un porte-misère borné, pour le rachat à long terme des âmes des employés de bureau adultères, des notaires luxurieux, des filles de ferme fouille-tiroir, des chefs de cabinet pédophiles, des collecteurs d’impôts impies, des tourneurs-fraiseurs parjures, des O.S. orgueilleux, des putains colériques, des éboueurs avares, des équarrisseurs grossiers, des préfets fourbes, des militaires indélicats, des manipulateurs-vérificateurs méchants, des informaticiens louches, j’en passe et de plus humains.
À la fin de l’office, il n’est pas rare que le prêtre larmoie sur la misère du monde, le non-respect des cessez-le-feu et la détresse des enfants affamés, singulièrement intolérable en cette nuit de l’Enfant.

Le réveillon : c’est le moment familial où la fête de Noël prend tout son sens. Il s’agit de saluer l’événement du Christ en ingurgitant, à dose limite avant éclatement, suffisamment de victuailles hypercaloriques pour épuiser en un soir le budget mensuel d’un ménage moyen. 
D’après les chiffres de l’UNICEF, l’équivalent en riz complet de l’ensemble foie gras-pâté en croûte-bûche au beurre englouti par chaque chrétien au cours du réveillon permettrait de sauver de la faim pendant un an un enfant du Tiers Monde sur le point de crever le ventre caverneux, le squelette à fleur de peau, et le regard innommable de ses yeux brûlants levé vers rien sans que Dieu s’en émeuve, occupé qu’Il est à compter les siens éructant dans la graisse de Noël et flatulant dans la soie floue de leurs caleçons communs, sans que leur cœur jamais ne s’ouvre que pour roter.

La remise des cadeaux : après avoir vomi son réveillon, le chrétien s’endort l’âme en paix. Au matin, il mange du bicarbonate de soude et rote épanoui tandis que ses enfants gras cueillent sur un sapin mort des tanks et des poupées molles à tête revêche comme on fait maintenant.

Le déjeuner du réveillon : la panse ulcérée et le foie sur les genoux, le chrétien néanmoins se rempiffre à plein groin, se revautre en couinant de plaisir dans les saindoux compacts, les tripailles sculptées de son cousin cochon et les pâtisseries immondes, indécemment ouvragées en bois mort bouffi. Ô bûches de Noël, indécents mandrins innervés de pistache infamante et cloqués de multicolores gluances hyperglycémiques, plus douillettement couchées dans la crème que Jésus sur la paille, vous êtes le vrai symbole de Noël. »
Pierre Desproges


>>> Extrait tiré du Dictionnaire superflu à l’usage de l’élite et des bien nantis (Points/Seuil, 1977).

22 décembre 2012

Féria de la Crau 2013


Saint-Martin-de-Crau prépare une très belle féria sur le papier.
Il y aura deux corridas les 27 et 28 avril 2013 :
— Corrida de competencia entre ganaderos français avec 3 Yonnet et 3 Jalabert frères.
— Corrida de Dña. Dolores Aguirre Ybarra.

Gageons qu’avec les rares sorties effectuées en 2012 par la ganadera bilbaína nous pouvons espérer y voir combattre quelques cinqueños…

19 décembre 2012

Fous de Camargue


En découvrant Gaston Bouzanquet je découvrais non seulement Carle Naudot, mais également le lien qui l’unissait à la famille Yonnet : en 1906, il épousa Joséphine, une des six filles de Christophe I (1817 – 1912).
Auteur de la préface de la réédition de l’ouvrage Camargue et Gardians1, Hubert Yonnet est le fils de Christophe II, lui-même fils de Joseph Henri — l’un des deux fils de Christophe I et donc frère de Joséphine2.
Alors, qui est Carle Naudot pour Hubert Yonnet ?… 

1 Carle Naudot, Camargue et Gardians, Actes Sud/Parc naturel régional de Camargue, 2012. 
2 Les informations sur la généalogie de la famille Yonnet proviennent de l’ouvrage de Pierre Dupuy Histoire de l’élevage du toro de corrida en France (La Renaissance du livre, 2003, p. 54). 

NOTA. — Le musée de la Camargue, qui détient les importants fonds Bouzanquet et Naudot, est fermé pour travaux depuis le 29 octobre dernier. Il doit rouvrir en novembre 2013. 


Photographie Toros de Yonnet sur leurs terres de Camargue — François Bruschet 

16 décembre 2012

Trilogies


Le 12 octobre 1990, à Bilbao, Tomás Campuzano, Pepe Luis Martín et Juan Cuéllar combattaient six toros de Cuadri ; les derniers tués à ce jour dans les arènes de Vista Alegre. J’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé sur Internet de compte rendu de cette course dans le quotidien El País.
En revanche, j’en ai découvert trois, signées Joaquín Vidal, où figurait chacun des toreros de la corrida du 12 octobre 1990. Je n’y ai pas lu le Vidal que certains considéraient sans vergogne comme un aficionado néfaste pour la Fiesta — probablement le prix à payer de l’indépendance journalistique —, car, oui, la plume taurine d’El País savait apprécier tout ce qui, dans l’arène, rendait sa grandeur à l’art de combattre les toros, et justifiait qu’il existât*.

«Tomás Campuzano sabe de miuras todo, todo, todo. Tomás Campuzano ve un Miura y nadie tiene que decirle cómo ha de citar, por dónde lo debe torear. […] Lo primero que debía hacerse con el Miura era templarle, y eso lo cumplió Tomás Campuzano con cabal ejecución de las reglas del arte. Los ayudados con que inició la faena, más que castigar sirvieron para mecer al toro en la franelilla, de la que se hizo amiga, y ya faena adelante siguió los recorridos que dictaba el maestro miurista, sin rebelión ni protesta alguna.» 

«Algunos cuestionaron su inclusión en los carteles. ¿Por qué ha de venir Pepe Luis Martín a la importante feria de Bilbao? se preguntaban. Y el propio torero les dio respuesta ejecutando un toreo hondo, interpretado con estricta sujeción al clasicismo y a la pureza. […] Pepe Luis Martín muleteó al Palha que abrió plaza presentándole la muleta para luego traérselo toreado cargando la suerte. Y entre las rectificaciones y destemplanzas que forzaban las acometidas broncas sacó pases de impecable factura. Así se torea, sí señor.» 

«En el toro anterior (le troisième, ndr) la fiesta brava hizo manifestación jubilosa de la grandeza que llegó a alcanzar en sus mejores tiempos. El toro, poderoso y encastado, […] tomó cinco varas sin perder su empuje, y llegó a los siguientes tercios con una embestida agresiva que sólo podía dominar un torero a carta cabal. Lo maravilloso del caso es que el torero a carta cabal estaba en la plaza, se trataba de Juan Cuéllar, y asumió el compromiso de dominar la embestida agresiva sin la menor vacilación, precisamente en el centro del redondel.» 

* Nous sommes dimanche, «et le dimanche maintenant, dans Campos y Ruedos, on va vous balancer un imparfait du subjonctif, comme ça, gratos, juste pour le style». 

NOTA. — Pour voir ma pauvre traduction, cliquer sur «commentaire». Pour profiter pleinement, en français, de la prose de Joaquín Vidal, se procurer, ou se faire offrir, Chroniques taurines (Les Fondeurs de briques, 2010). 


Image Joaquín Vidal, El Toreo es grandeza, Turner, 1987 via La Razón incorpórea.

Pas contents… on comprend


L’Adac nous fait parvenir ce billet dans lequel elle témoigne de son étonnement et de son agacement à l’annonce de la diffusion, ce dimanche 16 décembre, en marge du congrès de l’UVTF, de deux films ayant pour sujet les deux encerronas nîmoises de l’année.
À juste titre, l’Adac rappelle aux aficionados, si besoin était, qu’elle organisa au mois de juillet 2012 l’encerrona triomphale de Fernando Robleño face à six astados de D. José Escolar Gil.
Provocation ? Manque de discernement ? Bêtise ? 


Le communiqué de l’Adac

« À 19 heures, à la salle du conseil municipal de la commune de Céret, en marge de l’assemblée générale de l’Union des villes taurines françaises, sera projeté un film sur les deux encerronas de la temporada nîmoise 2012.
Cette manifestation étonne l’Association des aficionados cérétans à deux égards :
— Tout d’abord, la ville de Nîmes est en dehors de l’UVTF depuis plusieurs années et ne saurait être au centre des manifestations organisées ce week-end à Céret.
— Ensuite, la ville de Céret est une ville taurine où l’Adac organise dans les arènes des corridas depuis vingt-cinq ans. Il est choquant de constater que pour accueillir les aficionados et institutionnels de la France entière l'on utilise des images totalement hors contexte.
En réaction à cette initiative douteuse et maladroite, le site mettra prochainement à disposition de l’Afición la vidéo de l’encerrona de Fernando Robleño face aux toros de D. José Escolar Gil. »

14 décembre 2012

En hommage à…


En hommage à Maurice Herzog, Campos y Ruedos y Bollocks rediffuse ce soir Dolores Aguirre, la colère de Dieu (novillada de la Saint-Ferréol 1995 à Céret).



#NeverMindTheBollocksWeAreTheSexPistols
#OnSenBatLesCouillesOnEstCamposYRuedos
#MeImportaTresCojonesSomosCamposYRuedos
#DesSommetsOnEnAAtteintNousAussi #MaisOnDiraPasDeQuoi
#AnarquiaEnLasPlazasDeToros
#PunkNoEstaMuerto
#AnnapurnaPremier8000
#KlausKinskiPresente!
#DiosSalveElMuseoReinaSofia
#PasDeDoigtsPasDeChocolat

Image Werner Herzog, Die Große Ekstase des Bildschnitzers Steiner, 1974.

13 décembre 2012

Jingle Bells !




Pour comprendre ce post, il vous suffit de cliquer sur ce lien et de lire l’article consacré par Joël Jacobi aux photographies de Yannick Olivier, et un peu à Campos y Ruedos parce que le Yannick Olivier eh ben il est de Campos y Ruedos.

Sur nous, j’ai entendu autrefois que nous étions l’ETA, puis plus récemment les cousins d’Augusto Pinochet — rapport à la censure drastique et innommable qui sévit sur ce blog et peut-être aussi à la moustache d’un des nôtres. Après y’a eu la période « couilles molles », charentaises et macramé à laquelle nous avons préféré tourner le dos à la manière d’un Polnareff en 1972, parce qu’on s’est dit qu’au moins si le couillon est flasque la fesse restait roide et fière et que, de loin, après tout, avec de l’imagination, un cul pouvait ressembler à un doigt qui se lève ; un majeur s’entend !

Dernièrement, y’a eu l'affaire José Tomás. Grave, sérieux ! Très grave. C’est la faute du Batacazo, incapable d’aligner sur cinquante lignes autre chose qu’une onomatopée indigne et bouffonne. En plus, c’est presque pire, nous avons eu l’outrecuidance de ne pas publier de livre sur la course historique du 16 septembre 2012. On avait des photos en noir et blanc, en couleur, les deux mélangés, surexposées, floues, cramées ; on connaissait des mecs qui y étaient, des femmes aussi ! on a les interviews du boucher, des chevaux de picadors, de la dame pipi de l’hôtel et du genou gauche du peón de confiance ; on a l’enregistrement du rot de Simon Casas à la fin et il ne nous aurait pas été difficile de convaincre Francis Wolff (c’est un moustachu lui aussi !) de nous pondre un petit texte pour nous expliquer en cinquante points pourquoi cette corrida avait « complètement déstructuré nos schémas dramatiques », dixit un certain Santi Ortiz dont on peut douter qu’un jour tombât entre ses mains le récit du combat héroïque entre Achille et Hector. Bref, José Tomás, on n’a rien écrit dessus.

Ben v’là t’y pas qu’aujourd’hui monsieur Jacobi nous métaphore avec les Sex Pistols. Waouh ! Alors là on remonte le froc et on laisse fureter les anges et les angettes. Sex Pistols ! Monsieur Jacobi, merci ! Sincèrement, cordialement, musicalement et en noir et blanc façon Tri-X. Le seul truc qui m’épate dans cette histoire, mais faut connaître la bête, c’est que cette parabole — osons parabole — ait vu le jour grâce à notre Ban Ki-moon à nous : le sieur Olivier.

Yannick, félicitations cosmiques d’un ami que tes photos émeuvent et merci, thank you, danke, spassiba, gracias, obrigado, car grâce à toi maintenant je me sens punk, je suis punk et j’ai les cheveux qui poussent et le cuir trop petit et je veux, oui je veux (François Bruschet aussi je le sais) qu’on baise mes pieds qui trempent dans le vin !

Niemeyer n’a pas construit les arènes de Luanda


Le geste taurin du mois écoulé est unanimement attribué à Tendido69 par moi-même. Résister une semaine à la tentation de vous balancer une galerie de photos sur les avenues désertes de Brasilia sous ciel nuageux en hommage à Niemeyer, appelez ça comme vous voudrez, moi je colle un 10 en aguante. Et puis Philippe a insisté, et puis on a débattu entre nous : pour ou contre Brasilia ? Vous ne savez pas à quoi vous échappez sur la liste des collaborateurs ! Personnellement, je suis plutôt pour, mais Batacazo est plutôt contre. Je résume. En ce qui me concerne, je pense à la feijoada et au manguier qui, cette fois-ci, va avoir des fruits pour Noël, et puis c’est cool, un concept quasi intact, des lois antipublicité sur l'Eixo monumental ; j’y connais des gens sympas avec qui la vie a plutôt été agréable elle aussi. BataKa, lui, y a vu des mecs se fracasser au crack… Forcément, ça donne pas une première impression terrible. Il y aura un jour une vie à Brasilia, une identité pour ses habitants qui ira au-delà de la ville bizarre et du statut de fonctionnaire qui s’ennuie dans la complaisance du boulot parfait. Faudrait penser à y installer un vrai club de foot pour commencer ; je n’ose évoquer des arènes.

Pour ma part, je traînais à Luanda pour quelques heures la semaine dernière et, bien sûr, j’y ai cherché des arènes via Internet. Pourquoi pas ? Vous trouverez à Lisbonne des magasins de gravures vendant des affiches de corrida à Lourenço Marques, au Mozambique, alors oui, pourquoi pas l’Angola ? Elles existent mais semblent inachevées. Profitant de la présence de notre collègue Alva, Portugaise exténuée sous les tropiques depuis trente ans, je me renseignais sur ces arènes entre deux rendez-vous. « Pendant la guerre civile, ils y organisaient des procès publics… » Charmant. On imagine le dialogue MPLA/Unita réglé à la kalach’. Olé ! D'une pierre deux coups : Niemeyer n’aurait-il pas chantourné un bâtiment « inspiré des courbes féminines », comme le déclamaient les nécros de la semaine passée, ou posé un immeuble délicieusement sixties, avec le rez-de-chaussée ouvert, quelque part entre l’Avenida da revolução de Outubro et l’Avenida Engels ? Nenni ! Tout juste fut-il pressenti pour un projet de nouvelle capitale pour l’Angola il y a quelques années. Quand la conviction communiste, la légende de Brasilia et la communauté linguistique ne suffisent pas…

Niemeyer toujours, mais de son vivant : une semaine avant le départ du grand architecte, Diego Urdiales passait une soirée parisienne au Club taurin. Wolff en embuscade, Araceli assurant la traduction en simultané, l’éloge liminaire du président de l’association justifiait à lui seul de risquer sa peau face à des carnes des années durant. J'aurais dû faire torero ! Urdiales, stoïque, droit comme un « I », le sourire avenant et le profil tranchant, promenait sur l’assistance débonnaire son regard intrigant. Il y a du Jack Palance chez cet homme, pas seulement dans le physique. 

Belle initiative que celle d'inviter un torero de cette catégorie venu expliquer, en toute simplicité, le quotidien d’une « access figura » et l’abnégation quotidienne nécessaire, année après année, pour se hisser à une place au soleil parmi les vedettes, quand le mundillo vous a assuré dans le hall d’accueil que la réception était privée. Vinrent les questions… « Quels élevages aimeriez-vous toréer plus ? — Eh bien… (sourire radieux) Garcigrande, Núñez del Cuvillo, El Pilar, Juan Pedro, Parladé, Domingo Hernández, etc. » La salle attendrie communie, « se forge une félicité qui la fait pleurer de tendresse » (La Fontaine) devant tant de bon sens. Ce garçon mérite sa place au banquet quand se présente le chariot de desserts !

Soit. « Maestro, quels élevages ne voulez-vous plus toréer ? Parce que le Domecq à la longue… ça lasse et c’est là qu’est l’os… Ne vaudrait-il pas le coup de devenir la figura faisant de vrais gestes au cours d’une saison avec des élevages réputés plus difficiles ? » 
Vous connaissez la réponse, elle est invariable : « Il n’existe pas de toros difficiles et de toros faciles, mais de bons et de mauvais toros. Le torero croit au toro bravo permettant le toreo, pas au toro manso sorti de son morphotype par les exigences de publics ignares. De tout temps les vedettes ont choisi leurs toros, et si elles toréaient les Pablo Romero c’est parce que ceux-ci étaient bons à l’époque. Et puis ce genre de gestes n’est pas reconnu… » Dans la salle, les regards se font lourds. On jurerait avoir manqué de délicatesse. J’aurais dû dire que j’étais à Nîmes, en septembre, pour ne pas avoir l’air trop léger dans mon afición…

La dernière question fut la plus intéressante, elle évoquait une citation d’un livre de Domingo Ortega : « El toreo empieza cuando se para el toro. » La réponse s’avéra passionnante mais fut écourtée, car il fallut passer à table, le poulet allait refroidir. Diego Urdiales vint « remater » la question un brin gênante des toros en privé, de façon simple et cordiale : « Y torear de verdad, ¿qué es? — C’est  toréer avec les talons bien plantés dans le sol. » Olé Maestro !

12 décembre 2012

Des Cuadri et des hommes


L’autre jour, je parlais du retour des Cuadri à Vista Alegre comme d’un « événement » ; les vingt-deux ans et dix mois qui, en août 2013, nous sépareront du 12 octobre 1990, date de leur dernière apparition à Bilbao, justifient à eux seuls l’emploi du mot. 

En décembre 2010, je demandais à mes camarades de blog de donner leur cartel pour une hypothétique course de Cuadri à Bilbao. Maintenant que la corrida est annoncée, qui pour l’affronter ?
N’ayant nulle envie de réorganiser un vote — vu les statuts de Campos y Ruedos ça prendrait au moins six mois… —, reprenons, si vous le voulez bien, le résultat des « primaires » d’il y a deux ans :
— Cité cinq fois, Diego Urdiales était arrivé en tête, mais une vingtaine de mois a passé et Diego ferait désormais la fine bouche, déclinerait des offres, etc.
— Classé deuxième, Sergio Aguilar avait attendu ce moment sans jamais y croire vraiment.
— Avec trois citations, José Tomás avait décroché le poste de chef de lidia. (En visite à « Comeuñas », j’imagine l’apoderado de « l’homme qui a superé le mythe » se lancer dans son numéro de charme favori, puis devoir quitter les lieux après n’avoir vu que les canaris.) 

Le refus de José Tomás entraînant celui de Diego Urdiales, deux places resteraient à pourvoir. Parmi ceux cités à deux reprises (Curro Díaz, El Cid, Fernando Robleño et Morante de la Puebla), seul le Madrilène accepterait la proposition des Basques. Quant à Luis Bolívar, cité une fois, celui-ci serait blessé (eh, c’est pas d’pot) et l’honneur de se mesurer aux Cuadri de Bilbao reviendrait finalement à Morenito de Aranda — aussi enthousiaste que ses futurs compagnons de cartel. 

À Bilbao en août prochain, à défaut d’avoir « 6 toros de Cuadri pour José Tomás, Diego Urdiales et Sergio Aguilar », nous aurions « 6 toros de Cuadri, choisis et certifiés limpios par le ganadero, pour Fernando Robleño, Sergio Aguilar et Morenito de Aranda »… et cela m’irait tout à fait. 

À suivre. 


Photographie Plaza de toros de Vista Alegre, Bilbao 2009 — Laurent Larrieu/Camposyruedos.com 

10 décembre 2012

Focale alternative Magazine


Focale alternative est un magazine photographique en ligne*, belge, mais très sérieux… On peut même dire qu'il s'agit d'une revue pointue, remarquablement présentée, qui s’adresse aux amateurs de photographie vraiment éclairés. 

À la feuilleter on se rend vite compte que les photographes mis en avant le sont pour leur démarche, pour la qualité de leur travail et, surtout, pour la cohérence de leurs projets. On aime ou pas ce qui est proposé, mais la cohérence est là, toujours, et la démarche affirmée, argumentée.

Forcément, ça relève immédiatement le niveau et ne laisse pas de place à l’approximation. Ce n’est pas tous les jours que la tauromachie est exposée dans ce genre de revue. La présence de Joséphine Douet et de Yannick Olivier dans le numéro 29 en est donc d’autant plus remarquable et réjouissante ; elle démontre qu’il est encore possible de porter sur le sujet un regard débarrassé des poncifs habituels si souvent rabâchés, éculés et lamentablement folkloriques, il faut bien le dire.

Pour profiter pleinement du numéro 29 de Focale alternative Magazine, il faut le télécharger au format PDF, et pour le lire confortablement sur votre écran choisir le mode « Page double ». Enjoy.

* Entre le numéro qui nous intéresse (décembre 2012) et le précédent (juillet/août 2012), une version papier a paru. Souhaitons à Philippe Reale, le créateur de la revue, de pouvoir renouveler l'initiative aussi souvent que possible.

08 décembre 2012

« La mente en Blanco », les photos


Ce fut long, fastidieux et même douloureux, mais il fallait bien faire le tri. On ne ressort pas indemne d'une aventure qui dure près d'un mois et demi. Il faut laisser reposer, calmer les émotions et prendre son temps pour que, de la dizaine de milliers de photos, ne sorte que l'essentiel.

Il y a quelques mois, je vous avais raconté « La mente en Blanco » ici et .

>>> En cliquant sur la photo, retrouvez une galerie de photographies de Florent Lucas et d'Albert de Juan.

02 décembre 2012

Guignol's Band


Les toristas, si vous le saviez pas je vous le dis, ce sont des gros cons.

Ben ouais… Franchement, des gros cons qui pensent tout savoir, science-infusés dans le Ricard, ou dans le côte-rôtie pour les plus snobs. Des cons qui n’ont pas encore compris que les kilogrammes n’ont rien à voir avec le trapío. Ouais… Parce que les toristas ils sont tellement cons qu’ils confondent trapío et kilos. Depuis le temps qu’on le leur dit pourtant. Pour vous dire leur degré d’aveuglement, de dogmatisme, de bêtise… Crasse la bêtise, très crasse. Des cons qui osent tout, tout le monde sait ça.
J’écris toristas parce qu’il faut bien écrire quelque chose. Et à ce niveau de polémique, nous n’allons pas nous lancer dans des subtilités sémantiques. Pas la peine.

Donc le torista est un gros con qui aime les kilos. Sauf parfois quand il s’agit d’un élevage de son obédience. Là, le gros con de torista, quand il s’agit d’un toro de son obédience, il peut admettre qu’il puisse ne pas peser autant que ce qu’il est censé… supposé qu’il aimerait que dans l’absolu il pesât.
C’est français, ça ? Pas sûr… Mais on s’en fout, c’est dimanche. Et le dimanche maintenant, dans Campos y Ruedos, on va vous balancer un imparfait du subjonctif, comme ça, gratos, juste pour le style.

Non, parce que le torista au fond il est malhonnête, empêtré dans ses dogmes et donc dans ses contradictions. Dans sa connerie quoi.
Si je me sens visé ? Bof, non… C’est juste que ça m’amuse à la vérité. Ça m'amuse franchement même.

Heureusement, le bon sens et la mesure ont aussi leurs dogmatiques… Ça équilibre. Un con partout. Les redresseurs de torts à deux balles, les bien-pensants de bistrots, les ravis de la crèche. Toujours contents d’y être, toujours contents de savoir raison garder, de ne jamais déborder. À chacun ses dogmes, à chacun ses cons.

Y’a pas longtemps Michelito a pris l’alternative, à quatorze ans : un record… Quel rapport ? Aucun… Enfin, si… Interview de Michelito… Et là, sortie du plus profond de la caverne, ressuscitée du trou noir, LA question qui tue… LE dogme… LE concept… Du gros, du gras, du lourd… du très lourd, du fantastique, THE bouquet final… Allez, je balance : « Prendre un toro de 610 kilos pour ton alternative, ce n’était pas un peu risqué ? »

Vous vous en foutez de la réponse ? Moi aussi.
Bienvenue au club.