30 juillet 2010
Larmes de crocodile
Il faut bien le dire, ma revue de presse n'est pas allée bien loin - désolé par le niveau de ce que j'ai pu lire et entendre dans notre langue sur la décision du Parlament, je n'ai guère poussé avant les recherches. Le journalisme espagnol a certainement bien des défauts, mais il a la qualité d'appeler souvent un chat un chat (un mafieux un mafieux aussi) et d'utiliser des termes que les taliban que nous sommes, avons parfois des scrupules à publier. A propos de taliban, avez-vous lu l'histoire de Bâmiyân jeudi matin chez le cèpe argenté ? Vous y apprendrez, et les principaux intéressés également sans doute, que le mouvement des taliban (qui émergea en 1994 au beau milieu d'une guerre civile afghane) a en fait bouté les Soviétiques sur l'autre rive de l'Amou-Daria en 1989... Mais que sont 5 ans (même à rebours) dans l'histoire, n'est-ce pas ?
Antonio Lorca - El País, 29 juillet 2010.
29 juillet 2010
Tout ça...
Je pense aux noirs, aux gris, aux jaunes, aux pédés, aux petits, aux gras du bide, aux mous du cul, aux petits seins, aux petites bites, je pense aux mal foutus, aux mal baisés, aux pas finis, aux mal nés, aux autres, aux pas comme tout le monde, je pense à la Différence, je pense aux salopes, aux "343", je pense à Jaurès, je pense à Ferré, je pense à Ferrat, je pense à nos bleds décorés d'obélisques de mort, je pense à la Bastille, je pense à Dany de 68, je pense à Derry de 72, je pense à Pékin de 89, je pense à l'Afghan, je pense au Tibétain, je pense au Birman, je pense à l'Iranien, je pense à Gaza, je pense à Allende, je pense à Moulin, je pense à Voltaire, je pense à Guernica, je pense à Puig Antich, je pense à Onfray, je pense à Tolstoï, je pense à Saint Augustin, je pense à Thomas d'Aquin, je pense à Ned Kelly, je pense à Baltazar Garzón, je pense à Karla, je pense à Mario, je pense à René, je pense à l'ANDA, je pense aux fous, je pense aux rêveurs, je pense à la Liberté, je pense aux libertaires, aux humanistes, je pense que je les aime, je pense que je suis tout ça et que je suis fier d'être tout ça, du coup je pense que j'ai de la chance d'aimer la corrida.
Et puis j'ai pensé à Fabrice
Horrible.
RTL, RMC, Europe 1 et toutes les autres. Je les ai toutes faites, j'ai zappé de l'une à l'autre, pendant deux jours, vers 8h30, puis à 13h...
Le débat du moment, la corrida, interdiction, évolution, barbarie, connerie... surtout connerie. Mais évolution aussi : "Monsieur Casas, si vous m'écoutez, supprimez donc les piques. Jouez avec les toros mais sans les piques. Moi, la corrida sans les piques ça me va."
Le type ne le savait pas, mais ils ont déjà commencé en fait. Cela ne se voit pas vraiment, mais ils ont déjà commencé.
Corrida, interdiction, évolution, barbarie, ignorance surtout.
Et puis, je ne sais plus sur quelle station, ils ont ouvert l'antenne à un vieux monsieur à la voix nasillarde que l'âge a rendue hésitante :
- Eh bien moi madame, je suis opposé à l'interdiction. Ce n'est pas que j'aime la corrida, notez bien. Jusqu'à il y a peu j'étais même contre. Mais il y a quelque temps, j'ai fait un voyage en Andalousie. Et là, on nous a emmenés visiter un élevage. Il y avait un monsieur dans cet élevage qui expliquait, un monsieur très compétent. Il nous a tout expliqué, de la vie du toro, de sa naissance jusqu'à l'arène. Le monsieur très compétent nous a vraiment bien expliqué. Alors l'interdiction moi, eh bien je suis contre.
La prohibition par Antonio Lorca
La prohibition en Catalogne vue par Antonio Lorca, critique taurin du quotidien El País... Je vous donne également le lien...
Antonio Lorca - El País, 29 juillet 2010.
28 juillet 2010
Orthez 2010 - Dolores Aguirre
C'est Clayderman qu'on assassine !
C'est fait et plus à faire : ce qu'il restait de corrida formelle en Catalogne Espagnole (l'inadéquate majuscule à l'adjectif tabou n'est que pur sadisme de ma part) devrait disparaître dans les mois à venir. Vous irez lire (sans y être obligés) les analyses technico-tactiques de ceux qui prétendent à la fois savoir et nous prévenir de pareil fléau. Quel impact ? Franchement, on reste loin du souffle d'Enola Gay dans le petit monde des taurins, bien que tout le monde en profite pour sortir bannières et oriflammes, grands mots et concepts grandiloquents avec des accents avignonnais et coupe au bol de rigueur : "Que l'on touche à la liberté et Paris se met en colèèèreuh !". J'ai eu droit à un SMS type poujadiste hier soir alors que je traitais mes photos quasi anti-taurines de descabellos novilleriles inefficaces : "Si Cataluña prescinde de los Toros, los aficionados prescindiremos de Cataluña : sus productos y servicios. Pasalo, por favor." Aussitôt je me marre en vertu du principe qui veut que l'humour constitue une réponse appropriée à la consternation face à la bêtise. Illico, je réponds à ce copain sudiste que, pour ma part, je continuerai à être fidèle à Céret et à aller manger côté Catalogne "Sud" à cette occasion. M'est avis que pour la prochaine branlée que l'OL prendra au Camp Nou, vous me trouverez à l'heure tardive du déjeuner chez Cal Pep. Julien n'a pas répondu, je ne crois pas que ses amis taurins verraient d'un bon oeil qu'il vienne à fréquenter le Vallespir.
27 juillet 2010
Orthez 2010 - Exterminator
L’an passé, ou il y a deux ans, Môssieur Zocato s’était laissé aller à écrire que les toros de Palha n’avaient plus leur place dans nos ruedos contemporains.
26 juillet 2010
Orthez 2010
Orthez 2010, les galeries sont à venir...
¡Fuera El Pimpi!
24 juillet 2010
Aurelio Hernando
Quelques petites nouvelles d'Aurelio Hernando, l’ex-associé de Javier Gallego qui vient de faire sa présentation à Céret. Les Veragua d’Aurelio subissent la crise, comme tous, donc pas de corrida pour cette année où ses toros « tan bonitos » sont partis pour les rues de la région de Castellón. Il y aura tout de même une novillada qui sortira à Cercedilla le 11 septembre. Et une autre, moins charpentée, reste à vendre.
22 juillet 2010
En vrac
Ce dimanche, en terre béarnaise et à l'occasion d'une journée taurine sin fundas (tout le monde ne peut pas en dire autant !), les températures n'atteindront vraisemblablement pas les sommets de l'année dernière, ce dont nous ne nous plaindrons pas — cette nouvelle ne constituant pas non plus pour moi une raison suffisante pour me départir du fidèle couvre-chef.
Source : Météo-France.
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C'est un fait avéré, ma boîte à e-mails ne déborde pas de lettres d'information et autres newsletters ; la seule que j'aie jamais reçue : celle de la ganadería Murteira Grave. Ces derniers jours elle arrive de plus en plus fréquemment avec, parfois, des remarques sur les toros à lidier apportant leur dose d'amertume et de frustration bien compréhensibles : « Uma estampa! Pena ter que levar bolas... » Sans commentaires. Enfin, si... Est-ce que quelqu'un aurait l'amabilité de dire à don Joaquim que je n'y suis pour rien, moi, si les « plazas de première », tant espagnoles que françaises, s'évertuent à présenter des lots « à chier » d'élevages — toujours les mêmes — qui le sont tout autant ?
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Les carteles complets et amaigris de la prochaine Feria de la Virgen del Roble 2010 de Cenicientos (Madrid) sont désormais connus — y lire les noms de Yonnet et de José Ignacio Ramos me fait grand plaisir :
Samedi 14 août Toros d'ALCURRUCÉN pour José Ignacio Ramos, José Pacheco 'El Califa' et Fernando Tendero (alternative).
Dimanche 15 août Toros d'HUBERT YONNET pour Iván García, Luis González et David Mora.
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The Festival of San Fermin, 2010
Laurent, notre sanferminero de choc (quelle paire ils font El Batacazo et lui !), nous l'avait glissé dans un récent e-mail ce lien du Boston Globe.
On restera bouche bée devant la plupart des clichés*, on s'étonnera de devoir cliquer sur certains, cachés... et puis, si l'on en a le courage et que l'on maîtrise un tant soit peu la langue, on jettera un œil à quelques-uns des 634 commentaires (insulte, haine, ignorance et sentimentalisme exacerbé à quasiment tous les étages) dont l'un, pépite à l'ironie mordante, que je ne retrouve plus, s'étonnait que les Etats-Unis n'aient pas encore déclaré la guerre à l'Espagne... ¡Je, je, je!
Mais au fond, c'est vrai, qu'est-ce qu'ils attendent les Ricains ?
* Superbe la vue plongeante sur les Géants, épatante l'enfilade de balcons...
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Pour finir, deux concours de photographie taurine sont organisés en Espagne :
— l'un par l'empresa Taurodelta (¡fuera!) /// Remise des œuvres une semaine avant le terme de la temporada madrilène, fin octobre 2010 (source : Cope) ;
— l'autre dans le cadre du congrès Fundamentos y Renovación de la Fiesta (tout un programme...) de Séville /// Remise des œuvres avant le 16 septembre 2010.
Voilà, ce sera tout pour aujourd'hui...
Image Yonnet n° 561 prévu pour Cenicientos © François Bruschet
21 juillet 2010
Orthez, dimanche 25 juillet 2010
Nous avons reçu de la part de la commission taurine d'Orthez le communiqué figurant ci-dessous :
Les toros de Doña Dolores Aguirre Ybarra et les novillos de Saltillo ont été débarqués ce matin. Les Dolores Aguirre Ybarra attendent le 25 juillet dans les corrales de la plaza de Dax alors que les novillos de Saltillo patientent à Saint-Sever. Nous tenons d'ailleurs à remercier ces deux cités landaises d'avoir bien voulu nous ouvrir leurs corrales.
Nous rappelons à tous ceux qui viennent à Orthez le dimanche 25 juillet 2010 que la novillada (11h) est composée de 4 novillos de Saltillo plus un qui, s'il n'est pas utilisé comme sobrero, sera lidié par un des deux novilleros désigné par un jury. Le sobrero de la corrida de l'après-midi (18h) portera le même fer que les toros, c'est-à-dire celui de Dolores Aguirre Ybarra.
Nous rappelons aussi que c'est la cuadra de caballos d'El Pimpi (déjà vue à Samadet en début de temporada) qui aura la charge des tercios de piques. Comme l'an dernier, un jury décernera le prix de la meilleure exécution du tercio de piques (Prix Ville d'Orthez le matin & Prix Roger Dumont l'après-midi) au terme des spectacles. Ce jury, composé de sept membres, sera co-présidé par Bernard Desvignes et Mario Tisné.
Enfin, les présidences techniques de la novillada et de la corrida sont les suivantes :
Novillada /// Président : Olivier Barbier / Assesseurs : Thomas Thuriès et Patrice Maubecq.
Corrida /// Président : Bernard Dussarat / Assesseurs : François Baju et Jean-Pierre Alphonse.
Merci à toutes et tous,
La commission taurine d'Orthez (http://torosorthez.blogspot.com/)
Réservations : 05 59 69 95 17 ou http://www.mairie-orthez.fr/.
Affirmer que nous sommes heureux de retourner à Orthez est un doux euphémisme. L'originalité des choix, le sérieux dans l'organisation et l'enthousiasme de cette dernière ne doivent pas, ne peuvent pas laisser les aficionados indifférents ; sinon, c'est à désespérer.
L'intérêt que suscitent les deux élevages sélectionnés par la commission est grand. Ils sont donc arrivés, les toros. Il ne reste plus qu'à espérer que nos attentes seront comblées, et que les gradins seront bien remplis pour participer à la fête.
Les occasions de se réjouir d'une programmation — ou, pour les dubitatifs, de satisfaire leur curiosité — sont hélas peu nombreuses. Sachons en profiter quand l'occasion se présente.
20 juillet 2010
Antes y después del Juli
>>> F. Bleu, Antes y después del Guerra. Medio siglo de toreo, Espasa-Calpe ed., Selecciones Austral, Madrid, 1983.
Catalunya y olé
Lorsque la presse à grand, voire très grand tirage, s’intéresse à la tauromachie c’est généralement pour vous montrer une corne sortant de la bouche de Julio Aparicio, ou José Tomás se vider de son sang de l’autre côté de l’océan.
Une fois n’est pas coutume, les collaborateurs de Camposyruedos ne sont pas mécontents d’avoir guidé les journalistes espagnols du magazine Interviú jusqu’à Céret de Toros. Résultat des courses, Céret et sa féria sont à l’honneur ce lundi dans tous les kiosques de la péninsule, et en très charmante compagnie, celle de Tamara Gorro, une fille nue, très nue et en 3D, une première !
Pour en revenir à Céret et l’ADAC, l’Espagne entière verra donc cette image tout de même assez réjouissante d'un ramassis d’antis vulgaires et affalés se faire traîner, ridiculiser et expulser sans ménagement par de jeunes catalans portant fièrement espardenyes et barretina. Les meilleurs areneros du monde, dixit JotaC, qui en connaît un rayon sur le sujet.
Vous pouvez cliquer sur les photos pour lire l'article d'Eva Díaz.
19 juillet 2010
La fête sauvage
À Christophe
Passent Yolanda y "sus huevos", puis Cara Vinagre et son escorte mythologique de gigantes y cabezudos, tonne la "Jota a San Fermín" dans le silence sonore du 7 au matin, ses gaïtas y tamboriles, claquent enfin les cloches de San Cernin, la grand-messe "rouge et blanc" consiste ensuite à chercher un joli sardo dans le lot de Pamplona, ou au moins un burraco, voire un salpicado, comme un cadeau au peuple de Navarre, une offrande au santo des santos... L'encierro de Don Salvador García Cebada est un feu d'artifice qui pète dans la pénombre de Santo Domingo ou Estafeta, et on ne s'en lassera jamais. Une Ôde aux forces divines de la nature fantaisiste, capable de tant de caprices qu'elle seule sait transformer en joyaux. Le galop piquant et le coup de teston hargneux et véloce, cul bas et coffre épais, la dégaine de Tyson et le sens de la médiation de Bakkies Botha. La gueule en haut et la puissance de feu de la "plus grande armada que l'histoire ait connue" dans le regard.
Pamplona sans ses Cebada, se acaba la historia, Pamplona sans ses "Gago", y al lomo falta el pimiento. Voilà pourquoi, nous, on est gagas des "Gago".
Il y a des années, je me souviens que le vieil homme, un peu allumé, siégeait là, à la porte de la Jarana. Regard vague de celui qui vient de se faire déniaiser, le sombrero de biais, la trogne frippée par 95 années de vent épicé de l'Atlas et de fournaise andalouse, calé au milieu des socios borrachos "bleu et blanc" qui ne prêtaient aucune attention à ce "dinosaure" savourant lentement son 45 ou 46ème txacoli, avec 50 kg de bois et de plomb "made in Euskadi" en guise de trophée, que ladite peña venait de lui coller sous les aisselles pour le remercier de tant de peleas, données le menton haut et l'oeil luisant, par ses rejetons l'année passée, celle d'avant, et celle d'encore avant... Don Salvador appréciait Pamplona, Pamplona aimait Don Salvador, et c'est ainsi que l'histoire de ces deux noms a toujours flirté. Nous, pleins comme les coffres de la daronne Bettencourt, on lui baisait les pieds. Moi, je savourais, et mon ami Christophe pleurait... comme toujours. La fête était belle et on célébrait le soleil de Navarre et les petits toros de Paterna.
Sauf que voilà, les petits toros de Paterna éclatent un peu moins, ces temps-ci... et forcément, San Fermín fait la gueule... Usain Bolt au départ du 100 mètres avec une jambe de bois, t'imagines un peu le malaise ?
8 juillet 2010, 21h... Fin de la journée, reprise des hostilités. Les tendidos Sol baignent enfin paisiblement dans leur jus de merde et se remettent à peine de la torgnole de rouge crado qui vient de les noyer. La "Chica Yéyé" est partie voir ailleurs si on y était. La course est finie : rien d'autre à dire. On se regarde les godasses. Rien d'autre à faire. Nous claque juste au museau le triste souvenir de cette journée sévillane d'avril 2009 qui nous avait mis les amygdales comme des enclumes, et qui annonçait déjà une traversée du désert velue. Bingo ! Les toros de Don Salvador ont toujours la gueule de bois. Oh bien sûr, un "Gago" reste un "Gago", et je constate avec délectation que les minets du toreo fleuri préfèrent encore se cogner le Santa Coloma d'Ana Romero que le Domecq/Núñez de Cebada ! C'est ainsi... Faut dire que les trois clampins du jour ont quand même tous pris leur volée respective, mais non, ce n'était pas bien, et la petite agitation de fond de bide après la peur, l'inquiétude, la tension, ne sont jamais venuse. Pas un "toston", mais pas loin. San Fermín n'aura pas "lazarifié" les "Gago" de la fournée 2010. Alors, on est allé se noyer à Jarauta... deux fois plus.
Au fond, il n'y eut pas cette pétaradante rage qu'on aime voir dans les hachazos "tihuts" des petits toros multicolores de "La Zorrera", ces départs arrêtés de bout de piste pour se déglinguer les naseaux contre un peto récalcitrant, et puis ce pet majuscule qui flambe en piste quand un tío décide de poser son derche dans le fauteuil du boss. Alors y'en a des plus braves, c'est vrai, mais bordel de bordel, combien de "Desgarbado" niaiseux je gracierais pour voir un "Gago" débouler aussi sauvagement que Ribéry sur un plateau-télé pour s'enquiller une muleta aux petits oignons, et réclamer du rabe en cuisine !... Bref, y'avait la guerre dans les veines de ces tíos-là... Et si l'histoire de la grande cité navarraise et des "Gago" ne s'arrêtera probablement jamais (¡¡¡santo bendito!!!), on brûlerait bien quelques tonnes de cierges pour que les petits toros de Don Salvador la déterrent à nouveau cette putain de hache de guerre, afin que les serpents de mauvaise augure restent planqués au chaud sous la rocaille, et qu'ils y crèvent s'ils le veulent... filho da puta !
La roue tourne, Don Salvador, la roue tourne... Ils reviendront un jour, fiers combattants. Ils reviendront un jour, plus tranchants que jamais, comme les terribles panzers de Huelva l'ont fait cet hiver, et défieront de nouveau de leurs regards de boxeurs défoncés au Synthol et de leurs pitones hauts, forts et cons comme des secondes lates sud-af', les tendidos les plus arrogants de la planète Toros. Plaise à Dieu que vous soyez encore là pour les voir revenir, vos petits toros multicolores, Don Salvador.
Et plaise à Dieu, mon Christophe, qu'on pleure encore longtemps comme des drôles devant l'encierro des "Gago", dans la fraîche pénombre matinale d'Estafeta, en écoutant encore une fois le sifflement de la gaïta dans ce chant d'un autre temps à la gloire de la fête sauvage.
Dessin Encierro © Jérôme 'El Batacazo' Pradet
Le blog des Coquilla de Sánchez-Arjona
Après celui de Mariano Cifuentes, voici un nouveau venu dans la blogosphère taurine et plus spécifiquement ganadera : le blog des Coquilla de Sánchez-Arjona mené par le fils de Javier Sánchez-Arjona.
Au sujet des Coquilla de Sánchez-Arjona, ils sortiront cette année lors de la traditionnelle novillada du 15 août à Roquefort dans les Landes. Au cartel :
Pour tout renseignement au sujet de cette novillada : mairie de Roquefort.
Bonne visite de ce nouveau blog.
Photographie Un toro de Coquilla de Sánchez-Arjona en 2008 © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com
18 juillet 2010
Yonnet en Cenicientos (I)
Cette fois-ci c’est officiel, six toros d’Hubert Yonnet prendront la route de Cenicientos pour y être combattus le 14 août prochain en ouverture de la féria. Suivront une corrida d’Alcurrucén et une autre de Samuel Flores. Ce numéro 577 (on clique sur la photo) fera partie du voyage.
Et puis Cenicientos, l’amitié de quelques aficionados catalans avec ceux de là-bas, des coups de téléphone, des vrais, des langues qui parlent mais pas pour ne rien dire, le coup de pouce final de Stéphane Fernández Meca et les choses se font, pour de bon.
Rappel Retrouvez sur le site, rubrique CAMPOS, une galerie consacrée aux tíos de "La Belugo".
17 juillet 2010
"Merci Chopera !"
En faisant la queue pour récupérer des places achetées une semaine auparavant, je jetais un coup d’œil sur le supplément spécial Madeleine du journal Sud Ouest que lisait mon compagnon d’attente (scandaleuse attente au guichet spécial des arènes : certaines personnes n’ont pu arriver dans l’arène que durant la lidia du premier toro !). Interview d’un des hermanos Miura à propos de la course qui sortirait dans 10 minutes : "Nous n’avons jamais amené au Plumaçon une corrida aussi imposante."
20h10. On remballe.
Les six Miura sont occis et le frère Miura aurait mieux fait de fermer son clapet à moustache. C’est la course la plus laide et la moins présentée de Miura vue ces dernières années dans le coin. Le matin, sur les ondes de la radio locale et dans une émission où le président de la commission taurine inutile de Mont-de-Marsan venait achever une campagne de pub digne du Tour de France, tout le monde déclarait que la course était belle et que les Miura allaient donner du spectacle. Wouarrrff ! Hormis le premier qui ressemblait à un taureau de combat, les autres ne pouvaient que susciter moqueries et mauvaises blagues. Des têtes de novillos, des corps loin des canons de Miura voire même de taureaux de combat (mention spéciale à la limande sortie en quatrième position), des cornes franchement abîmées et, pour certains, des armures indignes comme ce playero affreux sorti en troisième position bis. Une horreur !
On s’étonne qu’une telle empresa (Marie Sara/Simon Casas) ait commis cette immense erreur de casting (quoique non, on ne s’étonne pas). Dans les gradins, certains "perturbateurs"» ont hurlé à plusieurs reprises "Merci Chopera !" Ne soyez pas inquiets, l’équipe des pisse-froid qui se croient à la messe n’hésitèrent pas à leur répondre les traditionnels "Ta gueule !"» ou "Vous faites chier !". Avant, il fallait se taire pour ne pas leur gâcher le plaisir. Dorénavant, et c'est une nouveauté, il va falloir se taire pour ne pas leur gâcher leur contemplation passive et soumise de la médiocrité.
De comportement, la course fut... minable. Hormis le premier, donc, qui se comporta en toro et en Miura, le reste fut un défilé de bêtes plus faibles qu’une horde d’escargots anémiés. Le troisième fut donc changé par un sobrero de José Vázquez, plus minable encore que les nuls Miura. Un bœuf qui marchait en crabe, comme drogué ; qui s’effondrait toutes les 10 secondes comme en pèlerinage. Ne restent dans les souvenirs que les combats vrais de Rafaelillo, en particulier dans sa lutte avec le cinquième, sorte de long rectangle noir sans forme aucune.
A 20h10, en quittant ce rond de nullité où l’on fait jouer la banda pendant l’arrastre des toros (insupportable), les dames derrière moi faisaient ce constat accablant : "Il n’y a pas eu d’oreilles aujourd’hui, quel dommage." Ne vous inquiétez pas mesdames, il vous reste encore quatre chances au tirage.
>>> Retrouvez sur www.camposyruedos.com, rubrique RUEDOS, une galerie consacrée à cette pseudo miurada.
Photographie La mort d'un Miura © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com
15 juillet 2010
Trifino y sus toros flacos
Mais je vous parle de dimanche, de retour et d'impératifs aériens et puis de cette route tellement déserte qu'elle nous semble dédiée. Midi battait son plein sous un feu oblique et voilé, une légère amertume et l'impression que la bohème campera, pourtant minutée d'ordinaire, prenait un tournant tristement sérieux. Nous n'avions pas encore passé Valladolid.
La ganadería était introuvable, bien entendu, et il fallut demander à Matapozuelos au détour d'un comptoir au chocolat accueillant dans un décor d'armoires vitrées de pharmacie sortie des temps précoces du siècle défunt. Lorsque nous pénétrâmes dans les premiers cercados qu'il fallait traverser pour atteindre la finca, nous fûmes frappés par l'environnement : des pins aux allures maritimes répandaient leurs aiguilles sur un sol sablonneux, les clôtures n'avaient pas la classe sans âge des murs salmantins et la vague cour où nous trouvâmes le vaquero était jonchée d'objets hétéroclites tenant tous plus ou moins du rebut : ferraille, plastique — un cauchemar écolo. Parfois, le ciel s'obscurcissait. Trifino Vegas : un nom comme pseudonyme de joueur de poker. Thomas nous avait prévenus, au téléphone il n'avait pas l'air en grande forme mais plutôt d'âge avancé. Il n'avait pas tout compris, mais avait pris rendez-vous, plus ou moins. Et Thomas parle tous les castillans de la terre.
Nous le trouvâmes en lisière d'un bois de pins, le long d'une clôture de barbelés qu'il fallait réparer, entourés de quelques ouvriers agricoles attentifs au vieux. Trifino l'appelaient-ils simplement avec une déférence familière comme s'il s'eût agi de leur grand-père, ou d'un proche de la famille. Trifino, de velours ganadero, nous reçut avec son élocution ralentie par le poids des ans et s'appuya muet contre la portière du 4x4 comme pour y chercher un souffle rare. Un soupçon d'inquiétude parcourut l'assistance. Mais Trifino se hissa au volant et embraya vers les premiers cercados. Gestes mesurés et mots aux comptes-gouttes, sous les pins un peu plus haut attendaient les novillos. Martínez Elizondo, le fer à la chaîne. Santa Coloma par Buendía humainement modifié par Chopera en son temps : plus de coffre et de cornes. Peut-on jouer avec le type ?
Et pour cause, Martínez Elizondo sortait à Pamplona, en 1972 en tout cas, j'ai une affiche avec une demi-tête de toro qui en atteste. Peut-être même que ce fut devant eux, sur le pavé navarrais, que mon oncle tout frais débarqué de Madagascar connut la plus grosse frayeur de ces vingt-et-une premières années. Si vous passez par Antsirabé, demandez-le lui, il a une tête d'imprésario mexicain et un souvenir toujours ému de ses seules Sanfermines... mais a probablement oublié le fer des monstres.
Alors flacos ces vestiges ? Non, Trifino devait crâner, l'air de rien caché derrière sa voix effilochée : ces bêtes-là n'embistent peut-être pas le mufle au sol, ni ne répètent au cheval, elles ont probablement troqué leur gaz pour des kilos et du bois, mais flacos, non. "Encore une photo s'il vous plaît, je me régale. - Euh non, là on est arrêté devant un arbre. Dis-le lui Thomas !"
Trifino nous montra avec ce même air un peu blasé les enclos suivants. Une grande lassitude emplissait son oeil mais son regard avait gardé une intransigeance rude et campera. "Soy Español, y a mi me gustan los caballos, los toros y las mujeres", sans préciser l'ordre avoua-t-il dans un sourire inédit. Passés les cochons, nous entrâmes dans le bois réservé aux vaches. Grises et grandes, des cornes pareilles à des enluminures de bibles médiévales. Innombrables et magnifiques, approchant de toutes parts, elles étaient le clou de quatre jours de vadrouille. L'oeil humide et la mine résignée, Trifino soupira : "Si quelqu'un voulait de tout ça, je vendrais..." Une vie balayée d'un revers de main rageur.
Et puis plus rien ! Dans quel souvenir Trifino avait-il sombré ? Où son esprit s'était-il alors enfui ? En prenant congé de longues minutes plus tard, nous ne le savions toujours pas. Lui n'était pas revenu. Nous saluâmes vainement notre hôte absent, parti depuis longtemps régler d'inutiles comptes avec sa vie, ses toros flacos et quelques déceptions.
— Tu vas ouvrir le portail ?
— Laisse, j'y vais...
>>> Retrouvez sur www.camposyruedos.com, rubrique CAMPOS, une galerie consacrée à la ganadería de Trifino Vegas.
Photographie Chez Trifino Vegas López © Frédéric 'Tendido69' Bartholin/Camposyruedos
14 juillet 2010
Le capucino n'est pas un café
Courir !
À Eric...
>>> Retrouvez sur www.camposyruedos.com, dans la rubrique RUEDOS, une galerie consacrée aux Sanfermines 2010 (corrida de Cebada Gago et encierro de Fuente Ymbro).
Photographie Encierro de Fuente Ymbro © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com
Palco
>>> Retouvez une galerie consacrée à la novillada de Javier Gallego en rubrique RUEDOS du site http://www.camposyruedos.com/.
13 juillet 2010
Céret : comme prévu
A Sébastien, planta aficionada vindicative d'une dizaine d'années (et assis derrière moi aux arènes).
12 juillet 2010
Céret de Toros 2010 - Ruedo
>>> Retrouvez les galeries consacrées aux courses de Coimbra et Escolar Gil à la rubrique RUEDOS du site http://www.camposyruedos.com/.
¡Campeones!
10 juillet 2010
09 juillet 2010
Dins de poc, Ceret
N’attendez de ma part aucune objectivité, pas une once. Ici, c’est chez moi. Pousser la porte d’entrée bleu azur c’est rendre visite aux copains, à la famille. C’est revenir à la maison en s’essuyant les pieds au seuil du paradis. Encore un pas pour changer de monde. Un an est passé... déjà.
Là-bas, au fond, les corrales. Dans l’atmosphère moite, de loin, on hume une présence magnétique. Les entêtantes effluves d’une fragrance musquée pénètrent les narines. En s’avançant à peine, à travers les fenestrons creusés dans le béton, on devine un balancement lourd, le lent déplacement d’une imposante masse.
Ils sont là... Enfin.
Ici, on aime les Toros. On le dit, on l’affirme et on le revendique.
On les aime énormes, grands comme des cathédrales païennes de chair et de sang, aux hautes flèches orgueilleusement dressées défiant le ciel comme un blasphème.
23 ans à débarquer des monuments, classés au patrimoine tauromachique, à la rubrique des raretés, entre le chef-d’œuvre en péril et le cristal de Bohême. 23 ans à déplacer des monstres avec l’infinie précaution des porteurs de reliques, dans la ferveur feutrée de la nuit, entre les ombres diaphanes de la lune et, parfois, la silencieuse solennité des rougeoiements de l’aube.
Ici, les Toros sont sacrés et les messes sont noires.
Ici, on aime les Toros, on les vénère et on ne ménage pas sa peine.
Tout commence à l’automne. Premières réunions, premières ébauches, premières discussions, premiers choix... Toujours le premier choix !
Pendant l’hiver, on continue. Premiers voyages, premières images, premières impressions, premières décisions, premières engueulades...
Au printemps, on affine. Deuxième voyage, nouvelles images, nouvelle affiche, nouvelle présentation... Engueulades nouvelles...
Après dix mois de gestation, l’été venu, on tourbillonne. Les Toros sont là, tranquilles.
Les Toros dans les corrales et les hommes partout. Un essaim qui s'agite et bourdonne. Depuis un mois, ils désherbent, arrachent, déplantent et replantent, et tondent et scient et tapent, clouent, retapent, reclouent et rabotent, raclent sans renâcler, percent, bouchent et débouchent, colmatent, cimentent et rebouchent avant de peindre — Oh, non ! Pas la peinture... Si, si... —, placent, déplacent, remplacent et replacent, déblayent, balayent, ratissent, vissent, martèlent, tapent et retapent avant de badigeonner — Oh, non ! Si, si, si... —, de laver, de récurer, d’essorer, de dégraisser et d’arroser, de décoller, de coller, de recoller, et encore et toujours de peinturlurer, de barbouiller — Non ! Si, si — pour accrocher, décrocher et raccrocher...
Dins de poc, dans peu de temps, tout sera prêt.
Dins de poc, les grands Toros entreront dans la petite arène, ce minuscule écrin aux rêves d’absolu. Dins de tan poc !
Ici, on aime les Toros, à en rêver, à en bouffer... C’est écrit :
NOUS BUVONS LE SANG DES TOROS
CAR IL EST LE NOTRE !
NOUS MANGEONS EN SILENCE LEURS COUILLES
CAR ELLES SONT LA FORCE !
Comme dans une toile de Goya, l’ogre dévore ses enfants mais les enfants croient-ils aux ogres ?
Jaume était là. Tranquille.
Ici on aime les Toros. On aime aussi les hommes mais on ne le dit pas.
On aime les Toros et ceux qui les affrontent... Ça va de soi.
On l’a écrit, là-bas, sur le socle de la statue — AUX TOREROS DU MONDE.
On l’a pudiquement gravé dans la pierre pour ne plus avoir à le dire.
Il m'a parlé sans se retourner pour éviter de perdre le fil de l'histoire.
— Tu as vu les Toros ?
J’ai fait signe que oui.
Il tenait dans sa main titanesque un cheval en plastique qu'il a déposé, là, minutieusement.
— Ils sont beaux.
Il n’attendait pas de réponse.
Jaume n’a pas peur des ogres. Ici, c’est chez lui.
Dins de tan poc, tous ceux qui aiment les Toros seront ici chez eux.
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Traduction Dins de poc : dans peu, d'ici peu.