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17 août 2013

« La visée du meilleur ne peut passer que par une sorte de férocité »


Pierre Michon, Le Roi vient quand il veut, Albin Michel, 2007.

‘Vidente’, de Cuadri, piqué par Placido Sandoval. — Laurent Larrieu

16 août 2013

¡Toros de lidia !


D’abord ‘Vidente’ ! Numéro 33, 622 kg, noir nuit sans lune, Cuadri des pezuñas jusqu’au diamant du pitón, le museau allongé, la badana pendante, acapachado parfait. ‘Vidente’ est une gravure de mode taurine qui, en mai, attendait son voyage dans le cercado de Madrid. En août, il devient fou en foulant le ruedo dacquois. La devise ? la rage ? le soleil ? le bruit ? Va savoir, on s’en moque.

Placido Sandoval est devenu depuis quelques temporadas l’icône de l’Aficíon. Grand cavalier, homme de spectacle, il a compris que le public aimait le voir aller et venir devant le toro, que le public aimait l’entendre pousser ses râles rauques pour provoquer la charge des toros. D’une belle idée — redonner du vibrant au tercio de piques —, Sandoval a construit un système qui, comme tout système, peut finir par agacer. Avant qu’il n’entre en piste, chacun sait déjà à quoi s’attendre quel que soit le toro qu’il a la charge de piquer. Comme pour tout système à succès, en tauromachie ou pas, comme pour tout système pétri d’automatismes, le plus grand danger est la lassitude. Et Sandoval est parfois lassant quand il compose son numéro avec des toros qui n’ont rien de braves. 

Mais le propre des grands toreros, car les picadors sont des toreros, est de se grandir dans l’adversité, de savoir redevenir simplement eux-mêmes au moment adéquat. Hier, à Dax, face à ‘Vidente’, grand toro brave, Placido Sandoval a été un immense torero qui a vu sa société du spectacle catapultée par deux fois au tapis, balayée par la force et la bravoure sèche de ce Cuadri de mémoire. Alors, à chaque fois Sandoval est remonté sur ‘Destinado’ — d’autres auraient voulu se venger, lui, non —, à chaque fois Sandoval a provoqué ‘Vidente’ et à chaque fois Sandoval a piqué ce paquetazo de poder avec ce qu’il fallait de châtiment et de torería.

Ensuite, ‘Tanquisto’. Numéro 10, 556 kg, noir comme ses frères, Cuadri de partout, lui aussi. Après quatre rencontres dosées, mais pour lesquelles il accourait bien et au long desquelles il alla a más dans la révélation de sa bravoure et de sa fijeza, il donnait à Castaño l’occasion de réaliser un faenón de catégorie, tant sa corne gauche avait semblé être « templée » par la nature elle-même. Las, Castaño, sans être indigne, ne se hissa jamais au niveau du Cuadri et récita une tauromachie de tous les jours, succession de passes sans construction. 

Après… les autres : ‘Sanitario’, numéro 41, 557 kg et noir encore pour offrir à l’œil un contraste frappant avec la blancheur éclatante des dents de Manuel Escribano, qui pourrait vendre du dentifrice ou vanter les mérites d’Émail Diamant dans une publicité diffusée à 20 h 50 sur TF1 où on le découvrirait, entouré d’une petite famille parfaite — un garçon, une fille et une femme La Redoute —, s’adonnant aux joies du récurage dentaire après avoir avalé le plateau de croissants quand le soleil vient de se lever. Manuel Escribano devrait y penser, car sa carrière de matador de toros a pris deux gifles à Dax, de celles qui font saigner les gencives. Lui aussi, depuis deux ou trois temporadas, a finassé un numéro devenu systématique : poses de banderilles à cornes passées, mais données avec alegría, public heureux parce que ça bouge, puis faena sans queue, sans tête, bien que tenue par le courage.

Hier soir, il a regardé ‘Sanitario’ sans savoir quoi lui vendre. Même pas du dentifrice. Baladé par le toro « encasté » et à la charge lourde et pesante, Escribano a rendu une copie plus blanche que ses ratiches de début de soirée sur TF1. Sandoval s’est grandi face à ‘Vidente’ ; Escribano a étalé ses faiblesses et ses lacunes, et démontré qu’il ne sera jamais un grand torero, encore moins en déclarant, ce matin dans la presse régionale, que « la condition des toros ne nous a pas laissé la moindre option de triomphe. Certains toros ont été spectaculaires au cheval, mais n’ont pas servi au dernier tercio. C’est dommage pour le public, qui était venu passer un bel après-midi » (in Sud Ouest, édition Dax/Sud-Landes, vendredi 16 août 2013, page 29).

‘Almirante’, numéro 30, 525 kg et noir comme l’aficíon en deuil de ce pauvre Luis Bolívar. Voir ses camarades de cartel soigner la mise en suerte au cheval ne l’incita à aucun moment à faire de même avec ses toros. Bolívar était hier le héraut de cette tauromachie quotidienne où l’on laisse un toro une minute sous la première pique pour ensuite demander le changement de tiers (que lui refusa fort opportunément le président de la course, Marc Amestoy). Bolívar est aussi le messager de ce toreo fuera de cacho et automatiquement conduit vers l’extérieur en fin de passe. Quand il fallait monter sur ‘Tendero’, numéro 24 (sobrero), 588 kg, Bolívar proposait un bras télescopique sur le côté et une envie en deuil. Du gâchis ! 

Il y avait hier, à Dax, une vraie belle course de taureaux de combat. Il y avait de quoi toréer, il y avait de quoi se battre et il y avait de quoi « lidier ». Les toros de Cuadri, que certains qualifient dans les médias taurins de l’ère Twitter de « deslucidos » au troisième tiers, avaient de la caste, exprimée différemment et avec plus ou moins d’alegría, du poder et de la bravoure. Mais la tauromachie est arrivée à ce point de non-lidia et de non-intelligence du combat que plus personne ne fait l’effort de regarder un toro à partir du moment où celui-ci ne propose pas une faena de cent passes, avec les petits fours en prime — n’oubliez pas qu’il faut qu’il serve ! Les Cuadri ne sont pas des toros de faenas longues, mais ils exigent de la technique dans la lidia : que sont devenues les passes de châtiment ? Où a disparu le toreo par le bas, fait de passes de recorte et fondé sur un jeu de jambes d’athlète ? 

Il restera de cette corrida la saveur bienheureuse d’au moins quatre bons taureaux de combat, d’un chef de lidia exceptionnel : la cuadrilla de Castaño, omniprésente, intelligente, fière et torera au possible : David Adalid, Marco Galán (extraordinaire une fois de plus dans ses placements des toros pour le tercio de banderilles) et Fernando Sánchez, dont l’inimitable façon de préparer sa pose semble impressionner même les grands toros de Cuadri.


>>> Retrouvez, sous la rubrique « Ruedos » du site, une galerie consacrée à la corrida de Cuadri « lidiée » à Dax le 15 août 2013.

15 juillet 2013

Les pas là !


Pas toujours là, les Palha… mais quand même un peu, parfois !

Corrida de Palha, Céret de toros 2013 — JotaC

01 janvier 2012

« Bonne année mon cul »


¡¡¡Batacazo!!! — Bilbao, 2009  ©  Laurent Larrieu/Camposyruedos.com
« Il était temps que janvier fît place à février. Janvier est de très loin le plus saumâtre, le plus grumeleux, le moins pétillant de l'année. Les plus sous-doués d'entre vous auront remarqué que janvier débute le premier. Je veux dire que ce n'est pas moi qui ai commencé. Et qu'est-ce que le premier janvier, sinon le jour honni entre tous où des brassées d'imbéciles joviaux se jettent sur leur téléphone pour vous rappeler l'inexorable progression de votre compte à rebours avant le départ vers le Père-Lachaise… Dieu Merci, cet hiver, afin de m'épargner au maximum les assauts grotesques de ces enthousiasmes hypocrites, j'ai modifié légèrement le message de mon répondeur téléphonique. Au lieu de « Bonjour à tous », j'ai mis « Bonne année mon cul ». C'est net, c'est sobre, et ça vole suffisamment bas pour que les grossiers trouvent ça vulgaire. Plus encore que les quarante-cinq précédents mois de janvier que j'ai eu le malheur de traverser par la faute de ma mère, celui-ci est à marquer d'une pierre noire. Je n'en retiens pour ma part que les glauques et mornes soubresauts de l'actualité dont il fut parsemé. C'est un avocat très mûr qui tombe, sa veuve qui descend de son petit cheval pour monter sur ses grands chevaux. La gauche est dans un cul-de-sac. Mme Villemin est dans l'impasse, tandis que, de bitume en bitume, les graphologues de l'affaire qui ne dessoûlent plus continuent à jouer à Pince-mi et Grégory sont dans un bateau. Côté bouillon de culture, Francis Huster attrape le Cid avec Jean Marais. Au Progrès de Lyon, le spécialiste des chiens écrasés et le responsable des chats noyés, apprenant qu'Hersant rachète le journal, se dominent pour ne pas faire grève. Le 15, premier coup dur, Balavoine est mort. Le 16, deuxième coup dur, Chantal Goya est toujours vivante. L'Espagne — fallait-il qu'elle fût myope — reconnaît Israël. Le 19, on croit apercevoir mère Teresa chez Régine : c'était Bardot sous sa mantille en peau de phoque… Le 23, il fait 9° à Massy-Palaiseau. On n'avait pas vu ça, un 23 janvier, depuis 1936. Et je pose la question : qu'est-ce que ça peut foutre ? Le 26, sur TF1, le roi des Enfoirés dégouline de charité chrétienne dans une entreprise de restauration cardiaque pour nouveaux pauvres : heureusement, j'ai mon Alka-Seltzer. Le 27, l'un des trois légionnaires assassins du Paris-Vintimille essaie timidement de se suicider dans sa cellule. Ses jours ne sont pas en danger. Je n'en dirais pas autant de ses nuits. Le 29, feu d'artifice tragique à Cap-Kennedy. Bilan : 380 tonnes d'hydrogène et d'oxygène liquides bêtement gachées. Et le soir du 31, comme tous les soirs, Joëlle Kauffmann embrasse ses deux garçons. Et elle entre dans sa chambre. Elle est toute seule. Elle ne dort pas très bien. Enfin voici février. Sec comme un coup de trique et glacé comme un marron. Avec son mardi gras qui nous court sur la crêpe. C'est le mois de saint Blaise, qui rit dans son ascèse, et de sainte Véronique, qui pleure dans les tuniques. C'est aussi le temps du carême, où les maigres chrétiens d'Ethiopie peuvent enfin jeûner la tête haute pour la seule gloire de Dieu. Les statistiques sont irréfutables : c'est en février que les hommes s'entre-tuent le moins dans le monde ; moins de tueries guerrières, moins de rixes crapuleuses, moins d'agressions nocturnes dans les rues sombres du XVIIIe, où l'insécurité est telle habituellement que les Arabes n'osent même plus sortir le soir. Jusqu'au nombre des cambriolages qui diminue de 6 % en février. Et tout ça, pourquoi ? Après les enquêtes scientifiques les plus poussées, les sociologues sont parvenus à cette incroyable conclusion : si les hommes font moins de conneries en février, c'est parce qu'ils n'ont que 28 jours. Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m'étonnerait qu'il passe l'hiver. »
Pierre Desproges, février 1986.

03 octobre 2010

Foire d'automne à Madrid


Ce samedi 2 octobre, 'Fumador' s'invita à la « corrida del arte » de Torrealta. Corralero depuis un bon bout de temps, il en savait beaucoup trop — par les portes entrebâillées et autres bruits de couloir. Cuajado, il pesait 580 kilos et il les portait bien — comme son toupillon fourni. Il avait une allure furieusement inquiétante avec ses yeux de perdrix et son regard de braise, son museau baveux rosé-blanchi et son morrillo saigné, ses oreilles entières et en alerte, son armure dirigée vers l'arrière et couleur caramel. Il était rouge, colorado, mais d'un rouge intense et brillant, de feu... ¡Batacazo! Marqué du guarismo cinq, 'Fumador' avait l'âge de son numéro moins un mois, et un tío de six ans, même de Martín Lorca, ça impressionne.

J'aime la Feria de Otoño madrilène car elle réserve toujours son lot de surprises et d'étrangetés : ce sobrero de quasiment six ans donc, le capirote et ce « faux girón » de Pereda, le jabonero sucio de Torrealta, ces deux utreros adelantados du Puerto de San Lorenzo (guarismo 7, nés en septembre 2006) dont l'un sortira avec ses boucles d'identification (!), ou bien encore l'écart de poids plus que conséquent (139 kilos) entre le second de ces jeunots (649 kilos !) et un de ses frères aînés (510 kilos)... Sans parler d'un Juan Mora qui aurait toréé par naturelles (pléonasme ou redondance, à vous de choisir) avec l'instrument ayant servi à faire rouler sur le sable la bête d'un coup d'estoc loyal et efficace. Et d'aucuns de titrer : « El toreo es grandeza ». J'aurais aimé voir ça.

Images 'Fumador' © Juan 'Manon' Pelegrín pour Las-Ventas.com (y compris les liens ci-dessus).

13 juillet 2010

Céret : comme prévu


A Sébastien, planta aficionada vindicative d'une dizaine d'années (et assis derrière moi aux arènes).

Comme prévu, il faisait chaud sur la Catalogne Nord ou Sud et lourd de part et d'autre des Albères. Comme prévu Céret, perdue dans son décor lointain, a servi de base de lancements pour divers équidés au fil des toros passant mourir par là. Quick, Quince ou Paco, que sais-je : la cuadra Bonijol a connu des perturbations aériennes ces jours. Qui se voyant Pégase et contrebraquant dans les cieux ainsi que dans sa légende avérée, finit quatre fers en l'air, Bellérophon pataud en vrac sur le sable, qui prétendant suivre les traces d'Appollo s'avéra Challenger rétamé contre les planches, qui Spoutnik en orbite géostationnaire s'abîma telle une station Mir dans l'océan de solitude inondant ces instants de dangers. Caídas dantesques : résistance admirable et féline aux coups de boutoirs du destin. Héroïsme anachronique de cavalerie polonaise, stoïcisme contraint d'homme-grenouille voyant plier la cage au baiser cruel du squale, aguante démesuré sous la pluie des tablas voltigeurs. Batacazo : final de trayecto.

« ¡Aquí hay un par! » observe Bego quand le Mexique se joue l'objet en question sous le cagnard et face au Veragua. Notre muse secrète a trouvé le leitmotiv du week-end. Toreros de tous métaux, monosabios costauds et palefreniers garibaldiens associés, chacun à son poste, ça va secouer. C'est chaud sur le ciment numéroté, bouillant en bas et quasiment tout le monde aguante.

Comme prévu : supposé, espéré, prié. Attendu ? Attendu que les toros sur le papier se froissent trop souvent au contact de la réalité, l'impression de mauvais déjà-vu assortit tout "prévu" d'un "pourvu" adverbial et exclamatif. On n'est jamais trop prudent, on est surtout prévenu. Les férias ne sont jamais gagnées d'avance en dépit du soin attaché au choix des ingrédients et si tout ne fut pas parfait pendant deux jours, les corridas s'avérèrent toujours pour le moins entretenidas. Deux jours en forme de récompense, d'encouragement. Un cageot entier de poires au pays des cerises pour la persévérance, la soif de caste, les longues soirées d'hiver et les jours difficiles qui continueront à venir. Avec un peu de recul, je plains ceux pour qui ce fut le premier shoot de toros, pour la quête d'intensité qui s'en suivra. Ça leur coûtera un bras. Le concept reste extrême, âpre et limite, berceau outrancier sur sardine sobrera chez Fidel San Román, poids des novillos pudiquement dissimulés, maintien de Paco Chaves, un puyazo de plus (prononcez pouillaaasse) pour la gourmandise ou par nécessité, toros de tous âges et tailles, larmes inutiles et émouvantes de Meca et Aguilar quand deux (vueltas) valent mieux qu'une (petite oreille), du Vázquez qui se crame consciencieusement au premier tiers, des Portugais jetant un regard affamé au cheval tels des cannibales tombant sur un missionnaire et un Albaserrada punk et décoloré pour clore le cycle... En voulez-vous ?

Vous n'emmènerez jamais votre belle-mère voir une corrida là-bas (déjà votre copine ça ne sera pas chaque année), parce qu'après avoir trop cherché la fraîcheur dans votre bière sous les platanes périphériques entre deux courses, vous ne sauriez décemment lui proposer une sieste à l'ombre des pins dans le parc, qu'elle n'a pas l'odorat raffiné pour apprécier les effluves de crottin ni l'audacieuse politesse de demander au voisin de tendido d'allumer un autre cigare pour le bonheur du mélange. Parce que Céret reste un lieu d'amateurs à partager avec les fols amis, les amoureux transis ou dépités, les Madrilènes égarés et les futurs mariés qui en fait ont annulé. Parce qu'un match de foot à la saucisse, fut-ce une finale, c'est beaucoup après douze toros dans la journée. Parce qu'elle a un gros cul sur les gradins étroits et que le mien déborde déjà un peu mais surtout parce que si par hasard elle s'avérait anti-taurine, il n'est pas exclu que la prochaine fois, on préfère lâcher le toro.

12 juillet 2010

Céret de Toros 2010 - Ruedo


coimbra

>>> Retrouvez les galeries consacrées aux courses de Coimbra et Escolar Gil à la rubrique RUEDOS du site http://www.camposyruedos.com/.

04 juin 2010

JC : « On m'aurait menti ? »


Le pauvre JC n'en est toujours pas revenu. Quand on lui a parlé de Madrid, il a tiqué. Quitter Málaga et monter à la capitale c'est sympa pour faire les boutiques, assister à un spectacle flamenco, sortir en boîte ou participer à une séance photos, mais pour y combattre deux toros, pfff... On lui a dit qu'il serait entouré de Juan Mora et de Curro Díaz*... mais que les plus belles Madrilènes n'auraient d'yeux que pour lui — rassuré, JC s'est fendu d'un sourire ultra bright. Quand, avec insistance, on lui a annoncé qu'il allait avoir affaire à des Domecq, il s'est tout de même méfié — pourquoi diable ont-ils pris la peine de le préciser puisque JC n'a jamais accepté autre chose que des Domecq ? Le matin de l'apartado, il était bien trop occupé par ailleurs pour en être. Lorsqu'il a retrouvé sa cuadrilla au restaurant de l'hôtel, JC a ressenti comme un malaise — pourquoi diable ont-ils baissé les yeux ? Il est parti illico aux toilettes se mirer dans la glace pour constater que, oui sa gomina était impeccable, que, non ses sourcils n'étaient pas en bataille — bataille ? En revanche, il avait bien une crotte de nez qui pendouillait, ce qui a fini de le rassurer sur la vraie raison de l'accueil réservé, au propre comme au figuré. JC s'est signé. De retour à table, se voyant probablement déjà, une rose aux lèvres, sur les épaules d'un gars baraqué en train d'envoyer des baisers aux groupies en délire, il n'a pas remarqué l'interruption soudaine de la conversation... Dans le calme d'une douce et radieuse après-midi de printemps, JC s'est vêtu de noir et d'argent — tout en sobriété, le JC — et s'est longuement entretenu au téléphone avec sa muse, son étoile, la si bien nommée Estrella.

A las siete de la tarde, il n'a pas bien vu Mora, celui-ci caché par son opposant la plupart du temps, et a demandé le nom du sien, le prochain. « 'Colombino' » lui a répondu son péon de confiance à qui il aurait glissé un « très mignon » — tout en sensibilité, le JC. L'homme au panneau, dans son affreux costume, s'est avancé et a tourné, tourné et JC avait la tête qui commençait gravement à l'imiter, l'homme au panneau. JC avait chaud, affreusement chaud. JC s'est signé. « 'Colombino', de Vellosino, n° 14, 11/04, 593 kilos » affichait le panneau. 'Colombino' de Vellosino, il savait déjà ; du numéro, il s'en fichait — et puis 14 n'est pas 13. Il a calculé, recalculé et calculé encore : 5 ans et demi ! « On ne devrait pas avoir le droit », a-t-il pensé tout bas... Colorado ojo de perdiz ne précisait le panneau, pas plus que bociblanco : 'Colombino' était un pavo et JC a eu chaud, affreusement chaud. Le Domecq parlait moldave, norvégien, turc, hindi et même mongol et JC n'a rien compris — l'essentiel étant pour lui, comme toujours, de finir debout sous la bronca et non au sol les bras en croix.

A las ocho y media de la tarde, il n'a pas bien vu Díaz et Mora, ceux-là cachés par leurs ennemis aussi grands qu'ils sont petits, et a demandé le nom du sien, le prochain. « 'Guasón' » lui a répondu son peón de moins en moins de confiance à qui il aurait lancé un « je l'sens pas » plein de méfiance — tout en lucidité, le JC. L'homme au panneau, dans son affreux costume d'oiseau de mauvais augure, s'est avancé et a tourné, tourné et JC a commencé à avoir de la température. JC avait froid, terriblement froid. JC s'est signé. « 'Guasón', de Vellosino, n° 10, 08/04, 610 kilos » informait le panneau. 'Guasón' de Vellosino, il savait déjà ; du numéro, il s'en fichait — et puis 10 n'est pas 13. Il a calculé, recalculé et calculé encore : 5 ans et 9 mois ! « Ils veulent ma peau », a-t-il grommelé tout bas... Negro ne précisait le panneau, pas plus qu'astifino : 'Guasón' était con toda la barba et JC a eu froid, terriblement froid. Le Domecq a dégommé Pepillo Hijo à la pique ; il parlait tchèque, pachto, tadjik et hindi, lui aussi, et JC n'a rien compris — palmas nourries pour l'inusable 'Guasón' et almohadillas en pluie pour l'inénarrable Andalou. A las nueve y cuarto de la tarde, le beau brun ténébreux cherchait du regard son apoderado qui avait quitté les lieux depuis belle lurette...

* Il semblerait que l'Artiste ait particulièrement souffert de la comparaison avec ces deux matadors pétris de torería, eux.

Images 'Colombino' & 'Guasón' : deux des six Domecq de Vellosino (quel lot !). Y'a Domecq et Domecq... © Juan 'Manon' Pelegrín

04 mai 2008

Alès

Pas grand-chose à sauver de la première corrida de la féria d’Alès. Un bétail trop souvent peu mobile et avec trop peu de fond pour apporter une véritable émotion en piste. Una corrida deslucida comme ils disent là-bas.
Je retiendrai pour par ma part le quatrième toro, un toraco qui provoqua le batacazo ci-dessus et qui restera hélas inédit dans la muleta bien légère de Marc Serrano. Un regret donc pour ce quatrième. En d’autres mains sans doute... mais c’est peu. Otra vez...

30 novembre 2007

Margé - Parentis


Toujours les photos de Nadège...



09 octobre 2007

Coquilla de Sánchez-Arjona


Les lecteurs continuent de nous envoyer des photos...
Celle-ci a été prise en juillet 2007 dans les arènes du Plumaçon à Mont-de-Marsan par Laurent Larroque au cours de la novillada matinale. Ce jour-là, 6 novillos de Coquilla de Sánchez-Arjona furent combattus et vendirent chèrement leur peau. Sur la photographie, il s'agit du 5ème exemplaire qui désarçonna et blessa légèrement Anderson Murillo. Le lot de novillos et ce 5ème exemplaire en particulier ont reçu le prix de l'authenticité 2007 de la peña Escalier 6 de Mont-de-Marsan.

>>> Vous pouvez découvrir d'autres photographies de Laurent Larroque sur son blog http://photaurine.blogspot.com/index.html.

05 mai 2006

Batacazo (IV)


Notre ami Bastonito a présenté, il y a déjà quelques mois, cette somptueuse photographie. On ne sait rien de la plaza ni des toreros. Si certains on une idée, qu'ils nous contactent...

22 novembre 2005

Batacazo (III)


Vic-Fezensac, 9 juin 2003. Toros de Hoyo de la Gitana (Santa Coloma ligne Ibarra).

Cette photographie témoigne bien de ce qu'il se passe aujourd'hui lors des tercios de pique. Le toro est piqué très en arrière, sur l'épine dorsale, dans les "reins", entre le cheval et les planches, c'est-à-dire en carioca, suerte inventée paraît-il par Atienza qui avait trouvé là le moyen de piquer les mansos. Malheureusement, la carioca est aujourd'hui devenue la règle malgré les sifflements ou les remontrances verbales de certains aficionados.
Imaginons donc la force qu'a dû déployer ce toro pour renverser de la sorte la monture et se donner par là même une sortie. L'on constate d'ailleurs que, la monture au sol, le toro continue de pousser "con los riñones". Tout n'est donc pas encore perdu.

En 2003, la cuadra de caballos était encore celle de Fontecha... Bonijol n'apparaissant à Vic-Fezensac qu'en 2004. Cette année-là, c'est un toro de Hoyo de la Gitana, 'Gorrión', n° 35, qui avait reçu le trophée Paul Clarac du meilleur toro de la féria.

13 novembre 2005

Batacazo

Nous ne voulons pas la mort du petit cheval, mais quoi de plus authentique que ce féroce « batacazo » en plaza de Madrid ? Le picador est coincé contre la talanquera, la monture mort la poussière, la hampe de la pique, brisée, s’envole vers le ciel projetée par la violence inouïe du choc. Les mozos, plus proches de l’action que les toreros à pied, sont les premiers au quite et tentent courageusement d’éloigner de sa proie la bête furieuse.
Tout le drame taurin est dans cette scène de plus en plus rare, car de nos jours les toros vont plus souvent au sol que les chevaux ! Trop d’aficionados semblent s’y résigner. Le toro faible, c’est comme le chômage : insoluble...
Le cornu porte le fer de Dolores Aguirre. Ces dernières années, les tercios de varas les plus épiques par nous vécus (Madrid, Céret, Vic sous l’orage) nous ont été offerts par les pupilles de la banquière.
Inutile de préciser que les toreros ne se bousculent pas pour les affronter !

Texte de Joël Bartolotti tiré de Toros. Regards sur la tauromachie, Editions La Renaissance du Livre.