19 avril 2011

BCN... Z


Le boucher. L’ultime et l’omega de la corrida. Ça doit finir là. La lettre Z achève l’alphabet et le boucher est immuable. C’est lui qui a le dernier mo(r)t.
Il eut été impossible d’entrer dans tous les bars. Les bars, c’est bien. En Espagne surtout. C’est le pouls d’un village, c’est le sang qui coule et qui fait vivre. Même dans les grandes villes modernes aux devantures internationales, façonnées, vues partout ailleurs. Même à Barcelone, les bars battent le rythme de la vie. Même sans entrer dans tous les bars, je prends le pari que bien peu au-dedans sentaient le toro. BCN ne sent pas le toro. Sur la Passeig de Gràcia, à Urquinaona, les odeurs n’en sont pas là où les néons des boutiques agissent comme du chlore. Carrer de Sant Pau, on a d’autres chattes à fouetter et l’on ravale sa dignité dans les encadrements salis de portes lissées par l’attente des talons aiguilles. Aux abords de la Monumental, Carrer de Lepant ou Carrer de la Marina, les mouettes chient, le regard vide, le cri troublé ; ça sent la mer... avec du chlore pour faire propre.
Las Arenas est restée ronde. Mario l’a vu ! Au centre du ruedo se croisent les sacs Desigual, les poches Macdo et les pompes Footlocker. C’est propre, c’est clean, c’est chlore. Lady Gaga s’habille en viande.

J’ai pas cherché ailleurs. J’ai pas été plus loin. BCN ne sent pas le toro. Je le savais avant d’arriver. Ils crient liberté à toutes les sauces, ils hurlent au déni démocratique. Mais Mario a raison et "les élus ont fait des choix, dans l’intérêt de la ville, des administrés et des commerçants... Ils ont été élus pour cela, non ?" BCN sent le chlore et se fout des toros. C’est son choix, en quelque sorte un droit. De toute façon, pour qui a quelque notion de géographie, Barcelone est fâchée avec l’Espagne, elle lui tourne le dos. Regardez une carte !

J’ai pas cherché ailleurs et j’ai trouvé au centre. La Boqueria. Des fruits partout, des touristes rosis par le soleil d’avril, des mendiants juste ce qu’il faut pour pas trop les gêner et au centre le boucher. L’ultime et l’omega de la corrida. L’immuable boucher comme la lettre Z, la fin, le bout du chemin, le noir du tunnel.
"Este año todavía tenemos toro." Au-dessus de l’épitaphe, Luis de Pauloba... de dos, on imagine une croix.

Photographies Reflets de Las Arenas sur les immeubles modernes et Luis de Pauloba chez le boucher au marché de La Boqueria © Laurent Larrieu / camposyruedos.com.