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19 octobre 2013

#fotosincensura


Ça va bien au-delà des toros ; et,  trop absorbés par leur haine de l’Espagne, ils ne s’en sont sans doute même pas rendu compte lorsqu’ils ont décidé d’interdire.

La censure de la mairie de Barcelone a logiquement ému les confrères espagnols de Daniel Ochoa de Olza qui, si j’ai tout bien suivi — je ne suis vraiment pas doué avec Twitter —, ont créé le hastag « #fotosincensura » illustré par le montage ci-contre — joli clin d’œil, si j’ose dire.




À lire également le toujours excellent papier de grosse humeur de Vincent Pousson : « Barcelone : quand la fille de joie devient triste ».

16 octobre 2013

Ce sont vraiment des ânes


Barcelone doit accueillir une exposition de photographies présentant les divers photographes primés dans le cadre du prestigieux World Press Photo.

Pour promouvoir la manifestation dans la ville, l’association organisatrice avait prévu de faire figurer une photographie de Juan José Padilla sur des bannières. Il s’agit d’un cliché du photographe Daniel Ochoa de Olza primé par l’organisation.

Fureur de la mairie, qui censure sans appel et demande à ce que la photographie du torero ne soit pas affichée sur les avenues de la capitale catalane.

El País précise que c’est un certain Marc Puig (CiU), directeur de la Communication du gouvernement municipal — le gouvernement municipal (sic) —, qui a demandé aux organisateurs de ne pas choisir cette photographie.


Monsieur Puig ne veut pas d’une photo de torero dans sa ville catalane. Monsieur Puig censure sans que cela ne lui pose à l’évidence le moindre problème, la liberté d’expression ne faisant pas partie de ses préoccupations.


Ceci me rappelle, toutes proportions gardées évidemment, l’obscurantisme des talibans qui dynamitèrent les monumentales statues de bouddhas en Afghanistan. Je reconnais que le parallèle est osé et, même, excessif. Monsieur Puig n’est pas un taliban, mais ce sont vraiment des ânes.

30 septembre 2012

Un an déjà


En ce moment s'achèvent à Barcelone les fêtes de la Mercè. Les premières sans toros.
De l'autre côté de l'avenue, face aux arènes, il y a des gens qui doivent fermement s'em… nuyer !

08 avril 2012

L'ove story


Jusqu'en 2005, Barcelone avait pour habitude de présenter une corrida le dimanche de Pâques. Depuis, on sait ce qu'il en est.

Ici, on dit volontiers dimanche de Résurrection, avec un R majuscule pour ceux qui croient aux miracles. Il est vrai que ces dernières années, pour maintenir la foi, on s'est beaucoup appuyé sur les prodigieux prodiges de José Tomás. L'illusion était souvent trompeuse : multiplications de petites passes, grâce et indulto, sorties en lévitation…

Lorsque le Messi était là (oui, à Barça on dit comme ça !), quelque soit le jour et l'heure, c'était plein comme un oeuf. Mais le reste du temps, même si la Monumental restait monumentale, ce n'était plus qu'une coquille vide.

Il ne faut pas s'étonner qu'à la fin, l'aficionado se retrouve chocolat !

01 novembre 2011

Te parler de Barcelone


S'il fallait te parler de Barcelone et de ses derniers moments, s'il fallait t'en dire trois choses, rapidement, je te dirais Morante, j'essaierais de te dire le quite du pardon et la demie de l'absolution, la décomposition de sa face vert pâle et mort, descabello en main, sous le tonnerre du dépit amoureux qui s'abattait alors sur son être à bout de souffle, je te décrirais l'attente d'un septième, assis sur l'estribo et la possibilité du mensonge découvert, du sol rouillé et mité se dérobant sous ses pieds fragiles, l'éventualité du fracas d'un décor s'écroulant pour de bon dans un nuage de poussière. S'il fallait vraiment t'en dire quelque chose, peut-être me faudrait-il te conter ce mensonge avéré qu'était ce septième, l'évocation du soupçon de complot pour expliquer ce frêle novillo et la ferveur amoureuse avec laquelle le public transi de colère mi-feinte et mi-sincère s'est engouffré dans ce sursaut inattendu, dans cette dernière nuit, s'abandonnant pareil à qui aurait déjà tout donné et tout perdu, jusqu'à l'espoir et presque la vie. Il n'y avait plus de barrière alors, plus de statut, rien qu'une dernière fois, qu'un beau souvenir à se construire avant d'en finir avec Barcelone et ses toros qui n'en sont déjà plus, ses arènes destinées à l'anecdote de lieu vaguement canaille vendu à quelque projet à la rentabilité soigneusement chiffrée, tel un bordel devenu banque privée. 
Vois-tu, ce moment fut exceptionnel, par sa sincérité et la conscience de chacun, ce n'était pas José Tomás ouvrant le ciel de Catalogne et rendant la vie à un toro dans un délire hystérique quelques années plus tôt, mais la voluptueuse volonté de goûter chaque goutte s'écoulant du capote de Morante, de sentir entre ses doigts fuir le sable de ces avant-derniers instants. Le public était conscient, te dis-je, conscient dans son abandon et la célébration... et plein de ce désir de vieux jouisseur hors d'haleine soufflant sur les dernières braises à l'âge où les austères et les abstinents de toujours sont déjà morts en soupirant que ce n'était plus raisonnable. J'ai d'abord cru à un mensonge de plus, à une variation supplémentaire du coup du duende tombé sur commande après l'exceptionnelle technique d'un El Juli professoral et tout-puissant ou l'orgie de lenteur de ce Manzanares prêt à briser et fondre tous les canons dans sa quête d'une passe à la distance infinie. Mais s'il fallait tenter de te faire imaginer quoi que ce soit qui ait pu se passer ce soir-là, je te parlerais de ces véroniques, qu'une arène entière semblait donner en cadence, de ces remates tenant à bout de bras un public au bord de la lévitation. Ou bien te parlerais-je de cette jambe contraire, opposée, lourde de ce corps, inamovible, puissante et si fragile, ancrée dans le sable orangé. De cette jambe qui fait toute la différence et qui lorsque l'on cite est un embarquement pour le Nouveau Monde autant qu'un navire qu'on brûle derrière soi pour ne plus se laisser le choix. Peut-être, me faudrait-il singer cette moue, ces joues qui gonflent dans la difficulté, enfoncer le menton dans la poitrine, mimer une aidée par le haut. Ou bien, énervé et à bout d'imagination, faire défiler sous tes yeux en trois secondes les pages du Cossio, les gravures et les estampes des siècles passés d'un geste ample et ridicule tel un accordéoniste déployant les soufflets de son instrument, et puis, pour que tu comprennes, peut-être, jeter au loin ce savoir vaniteux et te laisser hausser les épaules en soupirant de découragement.

27 septembre 2011

Bye-bye, bitch, bye-bye...


Bon vent ma brune, adieu, plume de geai... On s'est bien amusé, mais il est temps. Ramasse tes frusques et laisse la place... Le soleil se lève et j'ai des choses à faire. Avant que tu files, on va se griller une clope ou deux et on va regarder la nuit qui s'en va. Assieds-toi, là... T'entends ce silence ? C'est un nouveau jour qui arrive... et nous, on est là, devant un cadavre chaud et on refait le match.

Tu sais, t'auras beau chialer les larmes de ton corps, de toutes façons, ça fait longtemps que t'avais plus rien à dire... et puis moi, moi, je te voyais même plus. T'es devenue une ombre, et t'as plus l'âge de tapiner dans les parties mondaines. Tes éclats de rire ont fini de raisonner et le satin de tes bas s'est un peu élimé... Au fond, t'as l'air d'une vieille pute qui remonterait ses bretelles, comme si t'avais eu de la vertu... mais t'as fait ton temps, guapetona, et y a plus de rêve dans tes yeux. Tes robes longues et tes perlouzes patinées ont fini par lasser le client. Tu ramasses plus que des pauvres types aux regards d'enfants, et les minots que t'as déniaisés autrefois sont des notables qu'on appelle Monsieur... À cette heure-ci ils ont rejoint maman et leurs drôles dorment sur des coussins de soie ... Ils changent de trottoir pour pas te voir et pensent à des horizons toujours plus lumineux, pendant que toi, t'es restée daronne, un pathétique oiseau de nuit, une Ava Gardner qu'aurait vécu trop longtemps comme ces légendes en noir & blanc qui ne vivent plus que dans les fables d'ivrognes. Allez, va... tu vas me manquer, brûlant animal, mais c'est fini. On s'est tout dit. De toi, je garderai le souvenir sépia de tes cheveux noirs, sulfureuse gitane, et ton romantique regard de feu, monumentale salope... File et ne te retourne pas.

Prends tes Swarovski et ferme la porte derrière toi... Bye-bye, bitch, bye-bye...

À rebours


Barcelone, dimanche soir, soleil accommodant de septembre, Barcelone, lendemain d'orgie, Barcelone dépose les armes. Le public lui-même a pris un coup. Que font-ils là ces gens ? Voir Tomás ou assister à la dernière ? Voir Tomás fermer les arènes peut-être. On ferme. José Tomás a abandonné les siens, le 5e est mort, du centre de la piste le messie a alors salué et applaudi son public qui se donne rendez-vous à Barcelone depuis des années pour le voir ici clore sa saison. C'était parfaitement incongru ce torero qui applaudissait une Catalogne taurine absente, déjà enterrée, incongru comme ce week-end. On ferme la Monumental sous les vivats incohérents et désaccordés :  ¡Viva Tomás, Barcelona, España, la madre de Morante, la afición, la anarquía, etcétera! Une partie du public a alors quitté les arènes pour chopper l'AVE de Madrid peut-être ; les "Tomasistes" orgasmiques et bruyants, les pénibles : ils n'étaient finalement pas si nombreux.

Dernières clarines, dernière sortie, dernière pique, Serafín a rangé sa cape fantaisie et fait de son mieux. On ferme, bientôt. Alors, même si le cœur n'y est pas, si cette dernière fait pâle figure, on ferme les yeux, comme hier, comme depuis longtemps. Sur l'écran de l'appareil photo, le crépuscule de la Monumental sort jaune, on monte les ISO, grande ouverture, c'est toujours aussi jaunâtre. Jaune et bougé : 125e de seconde, on ferme, il n'y a plus rien à photographier de toutes façons. L'élégante Madrilène aux yeux humides derrière moi peut-être. Mais pourquoi chougne-t-elle au juste ? Pour Barcelone, pour cette Fiesta profanée que les taurins vendent encore au prix du sacré, pour l'ambiance, pour la photo peut-être ? On ne juge pas les larmes d'autrui. On ne juge plus rien, on ferme... sur ce toro pénible, ce lot indigne, et Serafín qui s'efforce de faire quelque chose. Photographier un effort ? Obtenir cette impression relèverait de l'exploit. Alors puisqu'on ferme, je ferme aussi... le diaphragme, je baisse les ISO, je fais tomber la vitesse au dixième de seconde, j'élargis le champ pour attraper les tendidos qui comptent eux aussi. À rebours : dernier quite, dernières banderilles, dernier brindis... dernier arrimón de Serafín, qui y arrive presque, qui est plus que digne pour l'occasion avec ce toro qui ne permet rien. Une série, peut-être. On ferme, dans le clapotis de l'eau de boudin, le triste, l'amertume de la poudre mouillée. C'est rageant certainement, c'est surtout logique et parfaitement assorti à l'évènement.
Alors tant pis, je ferme, je ralentis et fais des photos jaunâtres, des plans larges de ce public qui ne fait plus que compter, qui scrute la piste sans y voir plus rien et ne retiendra de ce triste final que l'anecdote du décompte qui s'achève : dernier toro, dernier tiers, dernier torero... catalan. La scène est "bougée" sur mon écran, déjà floue pour tout le monde et ça n'a plus aucune importance. Que l'histoire retient-elle des fermetures ? Des anecdotes autosuffisantes un peu factices je suppose.

Dernière estocade, je cadre large, j'essaie de garder l'assiette. Le public est figé, net, bouffant la scène avec un dépit consterné, le regard grave d'écœurement et le cœur un peu merdeux. Le callejón complètement plombé, abasourdi. Là-bas, j'accroche un flash qui semble nous crier "Miroir !" Serafín tue bien. La photo a le maigre mérite d'avoir prolongé ce dernier instant. 
Tout ce qui suit restera lourd et mécanique, sans entrain. 

On a fermé.

19 avril 2011

BCN... Z


Le boucher. L’ultime et l’omega de la corrida. Ça doit finir là. La lettre Z achève l’alphabet et le boucher est immuable. C’est lui qui a le dernier mo(r)t.
Il eut été impossible d’entrer dans tous les bars. Les bars, c’est bien. En Espagne surtout. C’est le pouls d’un village, c’est le sang qui coule et qui fait vivre. Même dans les grandes villes modernes aux devantures internationales, façonnées, vues partout ailleurs. Même à Barcelone, les bars battent le rythme de la vie. Même sans entrer dans tous les bars, je prends le pari que bien peu au-dedans sentaient le toro. BCN ne sent pas le toro. Sur la Passeig de Gràcia, à Urquinaona, les odeurs n’en sont pas là où les néons des boutiques agissent comme du chlore. Carrer de Sant Pau, on a d’autres chattes à fouetter et l’on ravale sa dignité dans les encadrements salis de portes lissées par l’attente des talons aiguilles. Aux abords de la Monumental, Carrer de Lepant ou Carrer de la Marina, les mouettes chient, le regard vide, le cri troublé ; ça sent la mer... avec du chlore pour faire propre.
Las Arenas est restée ronde. Mario l’a vu ! Au centre du ruedo se croisent les sacs Desigual, les poches Macdo et les pompes Footlocker. C’est propre, c’est clean, c’est chlore. Lady Gaga s’habille en viande.

J’ai pas cherché ailleurs. J’ai pas été plus loin. BCN ne sent pas le toro. Je le savais avant d’arriver. Ils crient liberté à toutes les sauces, ils hurlent au déni démocratique. Mais Mario a raison et "les élus ont fait des choix, dans l’intérêt de la ville, des administrés et des commerçants... Ils ont été élus pour cela, non ?" BCN sent le chlore et se fout des toros. C’est son choix, en quelque sorte un droit. De toute façon, pour qui a quelque notion de géographie, Barcelone est fâchée avec l’Espagne, elle lui tourne le dos. Regardez une carte !

J’ai pas cherché ailleurs et j’ai trouvé au centre. La Boqueria. Des fruits partout, des touristes rosis par le soleil d’avril, des mendiants juste ce qu’il faut pour pas trop les gêner et au centre le boucher. L’ultime et l’omega de la corrida. L’immuable boucher comme la lettre Z, la fin, le bout du chemin, le noir du tunnel.
"Este año todavía tenemos toro." Au-dessus de l’épitaphe, Luis de Pauloba... de dos, on imagine une croix.

Photographies Reflets de Las Arenas sur les immeubles modernes et Luis de Pauloba chez le boucher au marché de La Boqueria © Laurent Larrieu / camposyruedos.com.

18 avril 2011

Barcelonatcheko


Ils ont commencé par s’ennuyer et venir de moins en moins...
Ils ont perdu un peu d’afición, trouvé d’autres préoccupations — la mer, le sport, le ciné, les voyages, la bouffe, la culture, les arrivages d’exotiques étrangères... Que sais-je ?
Les distractions ne manquent pas à Barcelone.
Les élus ont fait des choix, dans l’intérêt de la ville, des administrés et des commerçants... Ils ont été élus pour cela, non ?
Les affaires et la politique ont horreur du vide, hors ces arènes-là étaient si peu pleines et les autres plutôt vides...
Sur cette photo, l’air un peu... bête, je suis au milieu d’un ruedo (pour une fois...). Le ruedo de la vielle plaza de Las Arenas. C’est un choc à chaque fois de réaliser qu’un monde en chasse un autre, le mien en l’occurrence.
Il y a douze ans, lors de ma dernière visite, il restait un peu d’espoir... La vieille plaza n’était qu’envahie d’herbes.
Ils ont conservé la structure et son style néo-mudéjar en briques,  et ont rempli le vide par un centre culturo-gastronomico-commercial comme nous les aimons tant et inauguré fin mars. Tout chaud donc, et avec de l’allure, et des ascenseurs partout. Le sommet propose une promenade en terrasse à 360° qui permet d’admirer la ville jusqu’au bleu de la mer.
Le chauffeur de taxi en est fier, et il adhère emballé à l’idée que je lui tends sournoisement d’en faire un second à la Monumental et un troisième à la Sagrada Familia. Car, par exemple, ce week-end trois bateaux-villes ont accosté à Barcelone, soit douze mille personnes qui débarquent. C’est autrement meilleur pour les affaires que la « torture » (sic, le taxi) de six toros à Las Arenas.
Barcelone n’étant plus l’Espagne, il est content mon évolué pilote automobile.
Il va un jour se réveiller et comprendre que Barcelone... c’est plus trop la Catalogne non plus et que le catalan-courant n’est plus la langue la plus pratiquée si l’on en croit la croissance exponentielle des Starbucks-Coffee.
Puis j’ai pensé à Lachepaillet, futur centre branché Basco-Surf-Océan du B.A.B. avec ses restos designs, ses boutiques de luxe et ses boîtes people. Dans cinq ans... dix ans... ?
Question d’ennui, d’afición et de politique.
Mario Tisné

01 août 2010

Lluis


Si vous cherchez sur Google le prénom Lluis, vous avez plus de chance de tomber sur Lluis Llach, l’auteur de L'Estaca, que sur Lluis l’anticorrida de Barcelone.
L’anticorrida catalan, Lluis, voilà six ans qu’il bat le pavé devant la Monumental, tous les dimanches, le visage peint en rouge.
Je l’ai évidemment croisé à de multiples reprises, debout sur sa chaise, son immense pancarte tenue à bout de bras. Il était là avant que j'arrive, il y était encore lorsque nous partions.
Il ne m’a jamais invectivé et je n’ai jamais vraiment prêté attention à lui.
En fait, je l’imaginais juste devoir ensuite prendre une douche, pour se décrasser de toute cette peinture. C’est à peu près tout ce qu’il m’inspirait.
Prendre une douche. Comment le prendre au sérieux ?
J’avoue ne pas lui en vouloir, ne pas le détester. Il y a là de la ténacité, du courage même.
Après le vote des politicards catalans, Lluis est un peu devenu une vedette, celui par qui les choses sont arrivées. Son quart d'heure warholien avant de sombrer dans un anonymat définitif.
Il fut interviewé et déclara qu’au début ils n’étaient qu’une vingtaine à militer.
Vingt personnes, pas plus.
Cliquez sur la photo. Barcelone un jour de corrida ordinaire, un jour sans José Tomás. J’ai du mal à en compter plus de neuf.
Pierre Desproges disait que la démocratie est la dictature du plus grand nombre. En l’occurrence, ce n’est même pas le cas. Juste la dictature de la bêtise de quelques politicards catalans. Et n’allez pas penser que chez nous les choses auraient été bien plus reluisantes. C’est juste une question de contexte.
Vingt personnes pas plus. Ça laisse songeur tout de même.
En écrivant ces lignes, je jette un œil sur les portails taurins espagnols.
Burladero.com, dimanche 1er août 2010 : "Barcelone répond en graciant un toro".
Ils n’ont vraiment rien compris...

29 septembre 2009

Arte puro


josetomasIl s’est déjà évidemment écrit beaucoup de choses sur la dernière corrida barcelonaise du 27 septembre. Tout le monde est à peu près d’accord sur la grandeur de José Tomás. Faudrait avoir des problèmes de vision de toute façon.
Le bémol en fait aura été la matière première qui, sans être à jeter, était parfois trop jeune, comme le sobrero, et souvent bien trop légère (au sens moral du terme s’entend) pour donner une autre dimension, totalement intemporelle, à ce toreo où les muletazos sont rematés comme chez personne d’autre, por debajo de la pala del pitón. Hacia dentro, et non hacia fuera… Un luxe aujourd’hui.
Javier Villán dans El Mundo est également dans cette tonalité : "Cuando José Tomás vuelva a hacer con el toro-toro lo que hizo ayer con los medios toros de Núñez del Cuvillo, volverá a ser aquel torero purísimo e intenso de los primeros años: un torero indiscutible que se pasaba los toros más cerca que nadie.
Ambas faenas carecieron de la intensidad y de la tensión que provoca el toro de lidia con todos sus atributos, pues los núñezdelcuvillo eran indigentes de algunos de ellos. Por ejemplo la casta, fuerza y temperamento. Carecieron pues las perfecciones del madrileño de ese estremecimiento carnívoro del Tomás más genuino que turba y conmueve.
"

Qu’il nous le refasse avec une corrida digne d'une plaza de première (par exemple les núñez del cuvillo cinqueños, cuajados y encastados de la despedida de César Rincón ici même pour ne pas aller chercher plus loin) et nous le statufierons, de son vivant, directement à la sortie des arènes.
Il n'empêche que, toujours pour Villán et pour beaucoup d'entre nous : "Lo que le faltó de tensión emotiva lo compensó con la variedad, la improvisación e incluso la técnica que a veces se le niega. Y, sobre todo, con el dominio de los terrenos que pisó: un lugar en el que los toros, incluso los dulces toros de Núñez del Cuvillo, no tienen más remedio que embestir. Ha terminado Tomás la temporada con la rara habilidad de convertir algunas destemplanzas en virtudes. Y ello se debe a una mayor depuración de su técnica, lo cual le ha dado seguridad y visión clara."
Enfin, pour en terminer, la vision du País par Antonio Lorca : "Fue una emocionante y preciosa tarde de toros la de ayer en Barcelona, protagonizada por un grandioso José Tomás en estado de gracia plena, transformado en un virtuoso del dominio, de los terrenos y las distancias, de la profundidad y del aroma, del toreo verdadero, grande y profundo. Torero, torero, le gritaba la plaza entera, puesta en pie, y embargada por la emoción, cuando terminó de dar la vuelta al ruedo con las dos orejas de su segundo toro.
Fue un triunfo apoteósico de este mesías nacido para revolucionar el toreo, aunque él prefiera que pase de largo ese comprometido cáliz; y una ocasión propicia, también, para comprobar con deleite la extraordinaria metamorfosis de este torero.
... José Tomás ha ganado en madurez, en concepción artística, en oficio, en gracia y en sabor torero. Su toreo ha pasado del estremecimiento al embelesamiento. Adiós al dramatismo y al morbo; bienvenido sea el arte puro.
"

Julio Aparicio


Sabido es (Valle-Inclán dixit) que nadie puede ser sublime sin interrupción; Morante de la Puebla tiene ese don de dejar inacabadas las obras de arte, igual que algunos pintores dejan inconclusos sus cuadros.
El don de Julio Aparicio es distinto al de Morante aunque algunas veces se le parezca. Aparicio, con salpicaduras sombrías de genialidad, termina planteándose el toro como un enigma sin solución, como un misterio. Lo malo es que la mayor parte de las veces no hay enigma ni misterio y aquello, naturalmente, se convierte en un contradios que cabrea al público.

Javier Villán

Julio Aparicio

08 juillet 2009

José Tomás, Barcelone 5 juillet 2009 (II)


Avant un départ imminent pour Céret, une seconde galerie barcelonaise est accessible depuis la rubrique RUEDOS du site. Barcelone, Céret... et dire qu'on veut nous faire passer la Catalogne pour antitaurine...

José Tomás

07 juillet 2009

José Tomás, Barcelone 5 juillet 2009


Barcelone, 5 juillet 2009, 18 heures 30. La porte du patio de cuadrillas s’ouvre, découvrant les premiers subalternes. Quelques secondes s’écoulent avant que n’apparaisse José Tomás. Une démarche de mort-vivant qui n’appartient qu’à lui, Tomás se découvre pour répondre à la tonitruante ovation qui salue son apparition. Il faut dire que cette manière de se présenter a sur les groupies un effet immédiat et spectaculaire. Et pas uniquement sur les groupies. Le regard est quelque peu hagard, la démarche lente, la pression sans doute très forte. On en éprouve presque un sentiment de malaise.
On se dit que ça va être tout ou rien. Ce ne sera ni l’un ni l’autre. La course ne fut pas une réussite totale d’un point de vue strictement taurin, pas plus qu’un événement historique malgré les oreilles. Mais à ce stade de comportement délirant d’une partie du public, les oreilles coupées ne signifient plus grand-chose. Il faut bien satisfaire les groupies.
Ça commence pourtant fort mal, avec une limace de Núñez del Cuvillo. Si les suivants sont du même tonneau, nous courons droit à la catastrophe. Quelques indélicats osent les palmas de tango.
Regard noir des groupies. Les groupies se moquent bien que le cuvillo soit invalide, car il est noble. « Regarde comme il met la tête ! Et eux là-haut, ils font rien qu’à nous gâcher le plaisir avec leurs protestations, pfffffff… Allez… Bieeeeeeeeen !! » Même pas le olé, non, mais un "bieeen", muy amariconado.
Le núñez del cuvillo est pourtant vraiment invalide. Pendant que les groupies font mine de ne pas voir, l’afición fait la moue. Mauvais début.
Ça enchaîne en revanche fort bien avec un toro d’El Pilar, cornicorto mais dangereux, puissant, sauvage et teigneux, qui veut en découdre. Un toro avec de la mansedumbre et de la caste, qui renverse la cavalerie. On le sent vouloir étriper l’équidé, tente de sauter par-dessus le cheval au sol. La deuxième rencontre ne sera pas appuyée, insuffisante. Le toro est cru. Un sashimi de toro, de caste et de problèmes. Panique en piste, le « péonage » est en difficulté.
Les groupies sont désespérées, les aficionados aux anges. Car si les groupies se moquent bien que l’adversaire soit invalide, pourvu qu’il soit noble, elles ne supportent pas que l’adversaire fasse étalage d’une sauvagerie désordonnée et problématique.
Ce fut pourtant l’occasion de voir toréer « Monsieur » José Tomás, impressionnant de tout, d’aguante, de vérité, de mando.
Le toro est loin d’être innocent. Ça débute par des doblones un genou en terre, secs, puissants. Ça enchaîne immédiatement par le toreo fondamental, sans fioriture, sans rien d’ostentatoire. José Tomás se plante, lie les muletazos, « aguante », encaisse et impose. Le toreo, rien que le toreo.
Ce n’était pas mignon mais c’était profond, puissant et authentique, une émotion immense, Tomás dans toute sa vérité. Une faena réellement importante avec un opposant qui exigeait énormément.
En troisième position, un victoriano del río, noble, sans aspérités. Le toro exige moins. Tomás s’expose, lui donne de l’air, muleta devant pour quelques naturelles profondes. Première voltereta. Cette cogida sans conséquence mais violente a peut-être quelque peu déstabilisé Tomás, sinon moralement du moins physiquement, car six toros à la suite ce n’est pas rien, et nous en étions déjà au troisième.
A partir de cet instant les choses ont évolué différemment. La suite fut à mon goût entre deux eaux, jamais ennuyeuse, mais jamais totalement convaincante malgré la distance donnée aux toros, malgré un répertoire riche et varié qui a maintenu un intérêt constant et malgré le fait que Tomás ne se soit jamais économisé, sur aucun toro.
Le point négatif, peut être imposé par les conditions des toros, c’est que j’ai vu Tomás remater ses muletazos plus à l’extérieur que de coutume, plus loin, sans toujours se ramener le toro pour ensuite lier. Et c’est ce ligazón quin à partir de là, plus rare, a fait défaut pour que les choses prennent une autre dimension.
Les solos se soldent souvent pas des échecs ou des instants d’ennui. Ce ne fut pas le cas dimanche, loin de là. Il aura simplement manqué un moment réellement cumbre, réellement triomphal pour marquer cette journée d’une pierre blanche et ne pas laisser ce petit goût d’inachevé. Mais n'en doutez pas, Tomás est grand !

Une galerie est accessible depuis la rubrique RUEDOS du site.

José Tomás

08 mai 2009

Communiqué de la Plataforma...


Cinco años después de su creación, la Plataforma, primero de Defensa y ahora de Promoción y Difusión de la Fiesta http://www.plataformapdf.com/, se refunda con una nueva Junta Directiva inspirada en los principios de la independencia y altruismo, con ideas renovadas, y, si cabe, con más ánimos y ganas que nunca, ante las duras batallas que se avecinan, que tienen su máxima e inmediata expresión en la campaña abolicionista emprendida en Catalunya, en forma de Iniciativa Legislativa Popular que en pocas semanas entrará en la Cámara catalana para su discusión y probable posterior votación.

Junto a innegables logros e iniciativas de todo tipo y el trabajo constante de defensa de la Fiesta en distintos foros, manteniendo un espíritu de diálogo mediante la argumentación sosegada, asumimos que también han existido claroscuros, especialmente de carácter administrativo, que pudieron poner en entredicho la existencia misma de la entidad. Pero la necesidad apremia y no nos podemos permitir poner punto final a la iniciativa. En todo caso, pasar página sin dar un paso atrás, ni que fuera para tomar impulso y activarnos con renovados ánimos.

Es el momento de vencer incomprensiones y recelos y convencer con la contundencia de los hechos y las cifras para que el único y común objetivo sea, como en el toreo fundamental, parar la ofensiva, templar los furiosos embates y mandar con la fuerza de la razón. Si además le cargamos la suerte en forma de unión sin fisuras ni recelos de todos, absolutamente todos, los llamados estamentos de la Fiesta, el triunfo, es decir, la continuidad del milenario rito del toreo, lo tendremos en la mano y a salvo de intereses partidistas y políticos, que tienen en la demagogia y la manipulación la raíz de su discurso.

Son estos, tiempos de cambalache y mercachifles en los que cuesta creer que alguien se embarque en aventuras de final incierto sin esperar nada material a cambio. En nuestro caso, el de quienes formamos la nueva Junta Directiva de la Plataforma para la Promoción y Difusión de la Fiesta nos mueve, única y exclusivamente, la pasión por lo que nos quieren arrebatar: la pervivencia de un espectáculo reglamentado y autorizado, la corrida de toros y un rito milenario, la tauromaquia. No se trata de salvar el negocio a nadie. Tampoco nos guía un afán de notoriedad que, en este caso y dadas las circunstancias, sólo podría perjudicarnos individual y socialmente. Sólo es un ejercicio de la voluntad, aquello que la copla canta tiene el corazón razones, que desde la libertad busca que ésta no quede cercenada.

Tenemos motivos, nos sobran razones. Y aquí estamos.

26 septembre 2008

Barcelone : José par Albert


Fantastique, inoubliable, historique, la tarde de Barcelone ? Oui ! N'ayons pas peur des mots. Et passés trois jours, rassérénés et redescendus de notre petit nuage, on ne peut que confirmer. Oui. On n'oubliera jamais cette tarde, comme celle du 5 juin à Madrid, comme celle du 17 juin de l'an dernier, comme les deux autres rabos de Barcelone, celui qu'il avait coupé, et celui qu'il aurait dû couper.
D'abord des toros très présentables. Núñez del Cuvillo est arrivé à ce miraculeux équilibre de toros avec du trapío, de la bravoure et de la noblesse qui avait fait de Baltasar Ibán les toros les plus demandés dans les années 70. C'est aujourd'hui la meilleure garantie de spectacle, d'émotion, parce qu'ils sont beaux, qu'ils ont de la mobilité, de la bravoure, de la force, et le cinquième fut le toro rêvé, et l'indulto, justifié malgré les opinions de quelques grincheux : deux piques, dont une où le picador s'y reprit à trois fois, le toro arc-bouté sur les pattes arrières, poussant et poussant, une charge longue, venant de loin et continuant loin après, infatigable après une longue faena, et une droite en or.
Et bien sûr un torero qui sut la canaliser. A gauche, avec quelques accrochages, ce fut moins bon. Mais ces trois séries de derechazos resteront à jamais dans nos rétines. S'il y a une perfection en tauromachie, c'est ce qui y a le plus ressemblé. Le toro cité de loin, venant au galop, la muleta bien plane et loin devant, et les canons du toreo en action : d'abord empapar, d'un mouvement du poignet qui happe le toro dans la muleta, puis cargar, la jambe légèrement avancée et le bras déviant la charge, et templar, lentement, avec l'accord exact, sans un seul enganchón dans les trois séries, et mandar, en envoyant le toro loin derrière et en bas, et courir la main d'un dernier geste du poignet avant de donner un pas pour ligar sans solution de continuité. Les olés de 20.000 personnes sortaient des entrailles, assourdissaient, la communion était totale, un de ces moments magiques qui arrivent rarement.
Il n'y eu pas que ces derechazos. Il revint trois fois aux naturelles, pour essayer de s'imposer aussi sur ce côté - et effectivement, la dernière série fut plus coulée, et surtout beaucoup d'autres choses, surgies de l'inspiration dans un tel moment : trincherazos, firmas, toreo à deux mains, filigranes artistiques avec même ce molinete inversé de Morante, pour finir en amenant le toro indulté lui-même jusqu'au toril par un bouquet de passes en marchant avec le toro comme l'aurait fait Domingo Ortega. Bien sûr, les oreilles et la queue symboliques.
Il avait été solide et en José Tomás habituel avec son premier, qui protestait davantage, une oreille.
Quand aux deux autres, peu à dire. Esplá comme, d'habitude, en vieux singe (savant et souriant) à qui on n'apprend plus à faire des grimaces ; Serafín Marín volontaire, bien même à la cape, et au sixième, après José Tomás, que vouliez-vous qu'il fît ? Un noble désespoir alors le secourut, et il lui coupa l'oreille.
La sortie, mémorable, les visages heureux, les grincheux, satisfaits, tel vieil aficionado avouant qu'il avait plus applaudi aujourd'hui que dans toute sa vie, et tous ces jeunes à leur première corrida jurant qu'ils reviendront : la plus grande victoire était gagnée.
Albert Taurel

Barcelone : Monumental péplum


Affiche Barcelone 21 septembre 2008Fallait-il absolument y être ? Ce n’était pas du masochisme, juste un instant d’ethnologie et puis, comme San Tomás, difficile de croire ce que l’on ne voit pas. Alors, j’ai vu. J’ai vu le Divin et ses disciples, j’ai touché aux mystères. J’ai vu l’ascension jusqu’aux limbes. J’ai vu la foule subjuguée, envoûtée. J’ai croisé de nombreux Nîmois frustrés, en manque de béatification, venus pour le voir, prêts pour l’extase. En partant, plus tard, j’en ai vu d’autres, des durs à cuire, des mécréants de longue date, convertis.
Je L’ai vu.
C’était dimanche, ils ont communié. La messe était dite.

Barcelone ne se déplace que pour lui. La veille, El Juli, maître de cérémonie, moins en odeur de sainteté, avait donné un récital devant une demi-arène. Aujourd’hui… Il est là ! Ils sont là !
La tauromachie, c'est Lui, sa profondeur, son calme, sa verticalité, sa majesté.
La dernière course d’Esplá, trente ans d’alternative, de stigmates et de combats, qui s’en soucie ? Rien, pas un regard. Manzanares remplacé, malade, pris de convulsions. Quelle importance ! Pour la doublure, Serafín Marín, l’oreille du régional de l’étape. Tous invisibles, effacés, oubliés. Expédiés, sans un salut, les faiseurs d’ombres, les voleurs d’icônes, les empêcheurs de vénérer en rond.

C’est au cinquième toro que tout a basculé. Ricardo a réagi le premier. « Ils vont demander l’indulto. » Sortant de ma torpeur, j’ai simplement répondu « Oui », comme une évidente fatalité. Nous étions sur le point d’y croire. C’est là qu’on a entendu la petite voix, minuscule, au milieu de cette faena qui devenait grande. On percevait les OOOOOLLLE, les cris et le début des transes. Deux ou trois séries encore, superbes, irréelles, venues d’ailleurs, d’un autre monde.

« ¡No lo mates! » Le demi-dieu Tomás avait capté. Un demi-dieu n’est pas la moitié d’un con, il a senti venir le coup. La voix est devenue suppliante, puis insistante, soudain puissante : « ¡No lo mates por favor! ... ¡No lo mates! » De plus en plus puissante, envahissante. La mayonnaise mystique était en train de monter.
Il a pris une interminable respiration, s’est écarté, est revenu, a cligné un cil, furtivement et tout s’est ralenti. Encore plus lent. Il a pris tout son temps pour avancer, mesurer, se placer, tendre le bras, toquer, pour réengager obstinément. Les gradins ont vibré, se sont cabrés, puis se sont soulevés. Un déchaînement de ferveur, un séisme.
Le soir était tombé, ils n'avaient d'yeux que pour Lui. La lumière tamisée frémissait à chaque passe. Chaque geste devenait merveilleux, extraordinaire, d’une infinie grandeur. La perfection sans âme des œuvres colossales, hiératiques et désincarnées. Un arrêt dans le temps.

Mais qui a vu le toro ? Qui l’a regardé seulement ? Qui a remarqué qu’il ne saignait même pas après deux « piques » ? Qui l’a vu boitiller à sa sortie ? Qui l’a vu trébucher souvent ? Qui a regardé ses cornes ? Qui l’a vu désarmer l’idole en fin de faena ? Les « enganchones », qui les a vus ? Qui ?
L’animal venait dans la muleta, il bouffait de la toile. Il venait et revenait, langue tirée. Non, pas pendante ! Laborieuse, appliquée. Dès qu'il le pouvait, il reprenait son souffle et repartait mufle au sol sans rechigner malgré des forces limitées. Un métronome. 'Idílico', c'est son nom, tout est dit. Comment lutter ?
Ils étaient tous identiques, ces toros, tous idylliques. Seul un démiurge pouvait les toréer ainsi. Des quites cintrés, millimétrés. Des séries à droite, à gauche, liées, cadencées, enroulées, des changements de mains, des trincheritas rêvées, de la dentelle. Certes, mais devant quoi ? Un ersatz de toro. Des passes absolues et vaines, sans le moindre danger, sans intérêt. « ¡Indulto! ¡Indulto! » Hystérie, délire, folie.

Monumental péplumEn trois passes on est au toril, la porte s’ouvre, l’animal entre, sagement. De la caste ? Un agneau.

Dimanche, Barcelone célébrait son culte dans la démesure, pour sa plus grande gloire et celle de son idole. Une superproduction hollywoodienne. Des milliers de figurants, des effets spéciaux ultrasophistiqués, un décor féérique, une star mythique, un combat de géant et un monstre gracié… en carton pâte, un faire-valoir de série B.

Messieurs les idolâtres, quand il n’y aura plus de Toros, avec quoi bâtirez-vous vos légendes ? Du sable ?

C’était le dernier jour de l’été, le ciel était doux, la foule transportée et heureuse, ivre de joie. Je me suis retourné et j’ai regardé partir Luis Francisco Esplá… vers l’automne. Adíos maestro.

* En cliquant sur l’affiche, vous pouvez l’agrandir et constater que tout était déjà écrit, seule la couleur du costume tient du hasard.