02 mai 2010

Dans le cercle du Minotaure


Dans le cercle du MinotaureJ’ai charrié tant de sang, tant de chair et de feu que le soleil n’aveugle plus mes yeux.
Face à la peur et au silence, dans les volutes de poussière, je suis le monstre qui se dresse au centre du disque solaire.
Seul, dans le tumulte d’un monde où dansent l’ombre et la lumière.
Je suis venu vendre ma peau, cher.
J’avance en suivant l’empreinte du temps, la mémoire du sable, la trace de l’absolu frappé par l’éphémère.
Seul, je ressasse chaque pas depuis les entrailles de la terre et j’avance vers la lumière.
J’ai déchiré la chrysalide qui ne me protégeait de rien, ni de la peur, ni du silence, ni de la douleur de la chair.
J’avance l’âme nue, seul, vêtu de lumière.
J’avance dans ce reflet du monde où ne peut vivre que le feu.
J’avance, lame nue pour pénétrer ta chair.

Toro, il est temps que la corne croise enfin le fer dans un ultime corps à corps entre les ombres et la lumière.
Le cercle se referme. Lequel mordra la poussière ?
Si ce n’est toi, c’est donc...

Tuer ! Tu es ce monstre solitaire.



Le Minotaure et Picasso par Juan Pablo Etcheverry.

Illustration Dans le cercle du Minotaure © JotaC/Campos y Ruedos