Suite de « Premier tiers (I) » & de « Premier tiers (II) ».
Il serait souhaitable, pour…
obtenir du toro des charges rectilignes et qu’il concentre son attention sur une cible unique :
• Que matadors et peones ne fassent pas de manière intentionnelle cogner violemment le toro contre la barrière et les burladeros ; le reçoivent avec un minimum de coups de cape tout en remettant au goût du jour ceux délivrés à une main et ceux conduits à deux mains (ah, le jeu de jambes !), plus efficaces et moins traumatisants pour le toro alors en pleine possession de ses moyens.
>>> On pourra faire la grimace (voire un peu plus) quand un matador « claquera » d’entrée de jeu — sans qu’il y ait eu réception préalable de la part des peones ou de la sienne — sa série de véroniques et la demie finale.
Le picador rentre sur ordre de la présidence, celle-ci estimant que le toro est « sous contrôle », suffisamment « fixé », intéressé par les capes qui lui sont présentées...
• Que le torero ne sorte ni ne reste du « côté de la queue du cheval » après avoir placé (abandonné parfois) le toro face au picador — l’alguazil se chargeant d’houspiller les indisciplinés depuis le callejón ;
• Qu’un maximum de deux toreros (en incluant le matador en action, les deux autres se partageant le burladero) soient présents en piste, immobiles non loin de la barrière côté « tête du cheval » et qu’il n’y ait aucun mouvement dans le callejón — le monosabio s’y tiendra « en cas que » — susceptible de distraire le toro…
Il serait souhaitable, pour…
apprécier la valeur du picador, que celui-ci : Vous trouverez ci-après davantage une conception qu’une méthode, encore moins LA méthode, qui, si elle n’était pas appliquée à la fois complètement, scrupuleuseusement et systématiquement quel que soit le contexte — plus que tout autre, le tercio de varas est affaire de compromis —, nous autoriserait à clouer au pilori l’homme au couvre-chef en peau de castor — pauvre bête...
• Ait son nom affiché en piste, et/ou inscrit sur la fiche sorteo.
>>> J’avoue avoir un peu de mal à imaginer en quoi l’indépendance des picadors vis-à-vis des matadors changerait quoi que ce soit à leur manière de procéder. Mais si certains d’entre vous estiment le contraire, qu’ils n’hésitent pas à s’exprimer.
• Monte sa pique à l’endroit et… la tienne à l’endroit, face plane vers le haut — une bande de peinture sur la hampe aisément visible depuis les tendidos serait la bienvenue.
• Manœuvre son cheval ; cite le toro de face (en attirant son attention de la voix et du geste) et « allonge » sa pique, « s’engage » (les fesses décollées de la selle) en portant le fer DANS le morrillo avant que le toro ne rencontre le cheval (de biais selon un angle de 20 à 45°).
>>> De biais et non perpendiculaire à la trajectoire du toro comme on le constate malheureusement trop souvent. Cette manière de « piquer de côté », outre son manque d’honnêteté et son inesthétisme, enferme le toro dans le peto l’incitant davantage à soulever (romanear c’est autre chose) qu’à pousser, en sollicitant trop exclusivement son train avant : le toro y exprime sa force mais s’y épuise.
>>> Dans l’action de romanear, le toro « pèse » le cheval, le suspend au bout de ses cornes « en mettant les reins », cherchant à occasionner sa chute, puis, si chute il y a, à l’encorner (le tuer !) au sol. Romanear prolonge naturellement une charge franche, une poussée puissante et d’une grande fixité : le toro y exprime sa bravoure de façon éclatante. Quand cela se produit, il n’y a rien d’autre à faire qu’à ouvrir en grand ses mirettes et à profiter de l’instant ; c’est si rare…
>>> Où l’on peut voir des picadors allonger la pique et piquer le toro (bien) avant la rencontre ; d’autres l’abaisser rapidement (comme une « tapette à mouches » !) et piquer peu de temps avant l’impact. Il est possible que cette dernière manière soit de préférence utilisée en présence de toros particulièrement « fougueux » ; à moins qu’il ne s’agisse d’une habitude comme une autre…
• Présente l’« arrondi » épaule/poitrail de sa monture au toro et lutte en portant son poids sur la pique tout en ayant à l’esprit, à défaut que cela soit possible dans les faits, de protéger son cheval (même « caparaçonné ») contre la corne en faisant SEULEMENT « action de contenir » la charge du toro.
• Résiste au mieux à la charge en tentant de conserver, grâce à sa main gauche, l’angle « cheval-toro » acquis lors de la rencontre et, lorsque le point de rupture est imminent, donne la sortie au toro par-devant en dégageant sa monture vers la gauche, le torero se tenant prêt à le recevoir dans sa cape — c’est pas beau ça ?
• Ne rectifie sa pique (a fortiori pour enlever celle portée dans le morrillo et la replacer en arrière et/ou dans un impact précédent !), ni ne la vrille ni ne « pompe » avec (effet « marteau-piqueur »).
>>> La pique tombant en arrière (puyazo trasero), on pourrait imaginer — soyons fous ! — que le quite intervienne immédiatement afin que le toro puisse être remis en suerte — pour ce faire le picador ôtera sa pique quand le torero sera prêt à recevoir le toro dans sa cape.
>>> Soit dit en passant, et non parce que la vue du sang est rebutante, on rejettera avec force l’idée curieuse selon laquelle un toro « correctement » piqué devrait en avoir jusqu’aux sabots — ceci dit, la perte de sang serait aussi « négligeable » que préventive d’une éventuelle congestion (augmentation subite de la quantité de sang contenue dans les vaisseaux d’un organe ou d’une partie d’organe).
• Ne prenne pas appui contre la barrière (le picador étant invité à s’avancer jusqu’à la raie concentrique afin, justement, de s’en éloigner) et ne « propose » pas au toro son lourd étrier en fer qui sera protégé par une enveloppe de caoutchouc — c’est la botte du picador que nous entendrons désormais cogner dans l’étrier et non plus le front du toro !
>>> Un picador en appui contre la barrière est potentiellement en danger, car, coincé, il se trouve dans l’impossibilité de manœuvrer sa monture.
• Ne réalise pas la carioca (action totalement déloyale et irrespectueuse du toro, voir « Premier tiers (II) »), celle-ci étant, dans tous les cas, formellement interdite sous peine de sanction. Si le toro présente des signes manifestes de mansedumbre, le picador, éventuellement après accord de la présidence, serait autorisé à franchir la raie concentrique (et/ou à la contourner, celle-ci ne mesurant qu’une quinzaine de mètres) et à « aller chercher » le toro, qui sera piqué autant de fois que nécessaire — si cela doit prendre vingt minutes, cela prendra vingt minutes et certains patienteront comme d’autres s’ennuient ferme lors d’interminables et soporifiques troisième tiers.
>>> Toro piqué « de côté » et, s’il y a lieu, près du toril — le point de retraite « naturel » de tout toro étant le centre de l’arène, point le plus éloigné de la barrière.
Il serait souhaitable, pour…
apprécier le travail des chevaux :
• Que ceux-ci soient correctement dressés et montés par des picadors sachant les manœuvrer.
• N’aient pas les yeux bandés [ou seulement le droit, ou portent une/des œillère/s (?!), mais qu’ils ne soient pas rendus « aveugles »] et les oreilles « bourrées » et/ou scotchées.
>>> Au diable la « picaresque » ! si nous avons à faire à des chevaux spécialistes de la suerte de vara, donc spécialement entraînés et connaissant parfaitement l’environnement dans lequel ils évoluent. On peut aussi se demander si la « picaresque » n’augmenterait pas le niveau de stress de l’équidé…
• Portent un caparaçon (vous savez le gros matelas) le plus souple et léger possible afin que le toro puisse avoir la sensation d’atteindre le cheval dans sa chair (c’est bon pour le « moral »), tout en étant beaucoup plus seyant (c’est bon pour la mobilité) et donc bien moins volumineux.
>>> Et si l’on se mettait « sérieusement » à penser AUTANT au toro qu’au cheval lors de la conception du peto ? D’aucuns me rétorqueront que c’est déjà le cas…
• Soient plus légers (rien de tel qu’un mur pour « casser » un toro, tant physiquement que « moralement »), plus toniques (rien de tel qu’un bloc de marbre peu maniable pour augmenter le risque de chute) et moins hauts (un gage de stabilité !) qu’ils semblent ne l’être actuellement, en présentant notamment un type « trait » moins marqué…
Je vous épargne une conclusion bidon (c’est déjà bien assez long) et j’en profite pour remercier tous les aficionados ayant d’une manière ou d’une autre alimenté ces lignes. Si de grosses âneries ont été écrites, ayez l’amabilité de (me) le faire remarquer… FIN
Images Notez la piña sur le castoreño qui semble être une vraie pomme de pin et non une en tissu. Ignacio Ugarte (Saint-Sébastien, 1858 – 1914) / Picador herido, ? / Huile sur toile, 97 x 67 cm © artnet • J’avais pourtant juré de ne pas illustrer mon propos par une photo. « Piquer « proprement » ? Mais oui, mais oui, c’est possible et ça peut être beau. » Madrid, le 9 juin 1994. Toros de Miura pour la confirmation d’alternative de Domingo Valderrama reçue des mains de José Antonio Campuzano en présence d’El Fundi © François Bruschet in Joël Bartolotti & Pierre Dupuy, TOROS. Regards sur la tauromachie, La Renaissance du livre, 1999, p. 137. Le texte est la légende d’une photo de J.-F. Grousset in Claude Popelin, La Tauromachie, Seuil, 1994, p. 220 • Castoreño y estribo © Manon • Allez, et si on allait s’en prendre une petite, histoire de se consoler un peu d’avoir à supporter tant de médiocrité — la plupart du temps sans rouspéter sinon vous ne feriez que ça. À la vôtre ! The Picador © Salle de concerts à Iowa City (États-Unis).