Occupé à rentrer des données pour un site ami, je suis tombé en arrêt sur un pelage, etc. Bon, n’allez pas vous imaginer non plus que je passe mon temps à vérifier, corriger ou compléter toutes les reseñas des toros combattus à Las Ventas.
À dire vrai, j’attendais avec quelque impatience la course de José Escolar lidiée ce samedi à Madrid afin de pouvoir éventuellement rencontrer un détail que j’avais déjà eu l’occasion de repérer sur le moreno silva de la « concours » madrilène du 30 avril dernier. D’après Adolfo Rodríguez Montesinos1, « quand l’accident chorreado apparaît sur un pelage cárdeno », il se présente sous la forme d’« un trait très fin et d’un noir intense qui tend à passer inaperçu à l’heure de réaliser la reseña. »
Et en effet, il convenait de regarder avec beaucoup d’attention certains toros d’Escolar pour distinguer sur leurs flancs ces traits propres aux chorreados en verdugo. Avec d’autant plus d’attention que les pelages cárdenos, « dans n’importe quel cas, absorbent la totalité des ondes lumineuses par l’intermédiaire de leurs poils noirs et les réfléchissent totalement par l’intermédiaire des blancs. » Ce qui, en fonction du lieu, du moment de la journée, de la position, que sais-je encore ?, peut modifier sensiblement l’aspect du pelage et rendre compliqué le choix entre le cárdeno oscuro, le cárdeno claro et le cárdeno tout court ; sans compter les éventuels accidents du type chorreado et autres particularités qui ne manquent pas. Du coup, n’ayant rien trouvé de franchement probant à vous montrer chez José Escolar, je me suis rabattu sur ‘Artesano’ de Moreno Silva qui, lui, les affichaient fièrement ces fameux traits fins d’un noir intense...
Alors pourquoi cet accident n’apparaît-il jamais dans la reseña des cárdenos ? Sans doute parce que si discret il ne mérite pas d’être mentionné ? Ou parce que « chorreado en verdugo » c’est comme « ça dépend » ?, ça dépasse... Si ça dépasse, on pourra éliminer « en verdugo », dans la mesure où l’autre chorreado, le morcillo (dégradation pigmentaire), concerne principalement les sujets negros et tostados. Le verdugo (« intensification pigmentaire de la couleur de base du pelage » — le noir chez les cárdenos) s’appliquant à tous les autres, hormis bien évidemment les toros noirs.
Non, en fait si, contrairement à ‘Bullanguero’2 et ‘Lagunero’ (photo du bas), ‘Artesano’ et certains toros d’Escolar n’étaient pas chorreados, c’est pour la simple et bonne raison que leurs fines bandes noires, si elles couvraient le ventre, ne partaient pas de l’épine dorsale3 — condition indispensable pour recevoir le qualificatif de chorreado, à en croire Adolfo. Ceci dit, pas plus ‘Lagunero’ que ‘Bullanguero’ n’avaient été en leur temps définis comme cárdeno chorreado...
1 Adolfo Rodríguez Montesinos, Pelajes y Encornaduras del Toro de Lidia, Co-édition Consejo General de Colegios Veterinarios de España (Madrid) et Ibercaja (Zaragoza), 1994. Toutes les citations entre guillemets en sont issues.
2 Le 6 septembre 2008, ‘Bullanguero’, novillo cárdeno chorreado (en verdugo) algo gargantillo bragado et axiblanco de Partido de Resina (© Juan Pelegrín).
3 Ou ne remontaient pas assez haut pour l’atteindre.
En plus Puisque je vous ai parlé de la course d'Escolar, j’en profite pour vous diriger vers l’iconoclaste et mystérieux ‘Sol y Moscas’ qui rend un hommage décalé des plus salutaire à ‘Cerillero’.
Images © Juan ‘Manon’ Pelegrín pour las-ventas.com / Le 19 avril dernier, ‘Artesano’, toro cárdeno oscuro meano caribello (?) de José Joaquín Moreno Silva ● Le 10 août 2008, ‘Lagunero’, toro cárdeno chorreado (en verdugo) bragado corrido de Araúz de Robles.