21 octobre 2007

Retour sur les rayas

Dans un post daté du 11 septembre dernier, intitulé "Piquer un manso", François regrettait que Fritero n'ait pas reçu de prix pour le combat livré au toro de Zaballos. Combat mené dans tous les coins du ruedo où il fallut bien aller le chercher, même au-delà des fameuses lignes de démarcation.
Voici la définition que le Dictionnaire de la Tauromachie édité chez Robert Laffont donne des fameuses lignes : "Raies tracées à la chaux ou à la brique pilée sur le sol de la piste et formant deux cercles concentriques. La première à sept mètres de la barricade, la seconde à neuf mètres. Lors du tercio de piques, le picador se place entre la barricade et la première ligne, le toro est placé au-delà de la seconde. Cette prescription a pour but d'éviter que le toro se trouve trop près du groupe équestre et ne puisse prendre son élan correctement ; le picador a ainsi suffisamment de place pour ne pas être serré contre la barricade, ce qui souvent, et contrairement à une croyance répandue, provoque la chute du cheval."
Dans sa chronique de l'après-midi du 22 août 1999 à Bilbao (toros de José Cebada Gago pour Manuel Caballero, El Tato et Pepín Liria), Joaquin Vidal apporte une précision historique qui s'inscrit dans la croyance que le dictionnaire cité plus haut croît pourtant démentir. En effet, il indique que la création des deux cercles concentriques fut imposée non à la demande du public, qui au contraire tendait à vouloir imposer aux picadors de remplir leur office au milieu du ruedo (ce qui, avec le toro fier et puissant d'antan, ne devait pas être de tout repos), mais par les varilargueros eux-mêmes. La raie avait pour unique but de constituer pour ces derniers un refuge au-delà duquel ils n'étaient pas tenus de s'aventurer, et non, comme on pourrait le croire, une frontière qu'on leur interdisait de franchir.

C'est ainsi qu'au-delà de la lettre même du règlement, dont Tendido69 citait les dispositions dans son commentaire au message de François, c'est son esprit qu'il faut se rappeler en l'espèce : lorsqu'un picador enfreint le règlement pour piquer un manso perdido aux medios, cela suppose un certain mérite qu'il convient d'applaudir. Au lieu de quoi le public le conspue le plus souvent ! Ce même public qui n'hésite pas à ovationner les collègues du castoreño qui "carioquent" et charcutent à tout va, ou qui... ne piquent pas du tout (le picador, seul et unique professionnel que l'on félicite... quand il ne travaille pas).

Il est vrai qu'il est plus aisé d'analyser un cercle à la loupe.