17 octobre 2007

6 Daniel Ruiz 6


Et pourtant j’ai une grande admiration pour le Juli, et depuis toujours. Je me souviens de ce gamin si jeune, capable de tant de choses. A cette époque, beaucoup avaient envers lui comme un mépris, le considérant plus comme un singe savant que comme un génie.
Je me souviendrai toujours de ce tentadero chez Pablo Mayoral ; le Juli, déjà le Juli, encore inconnu, seul en piste et impérial malgré le vent. Et Gregorio Sánchez, les yeux au ciel, incapable de répéter autre chose que : « c’est un élu… »
A cette époque la revue 6 Toros 6 avait rempli des pages et des pages de photographies pour témoigner du nombre impressionnant de suertes que le gamin était capable de réaliser avec un capote. Dans le tas il y avait même le Galleo del bu !
Le gamin a grandi en même temps que son répertoire à la cape s’est étriqué. Il faut dire que certains trouvaient ça pas très chic, un peu vulgaire tous ces mouvements de cape…
Aujourd’hui il est à l’aise, maîtrise son sujet, domine le panorama actuel d’une torería assez médiocre malgré quelques diestros passionnants, comme le Cid, Manzanares, hier Rincón, Morante parfois, Tomás bien sûr…
En 2008, cela fera déjà dix ans que l’enfant est devenu matador de toros, un soir de septembre, à Nîmes, encadré par José María Manzanares, le père de l’autre, et José Ortega Cano. Il va donc fêter cela, normal. Et donc, Nîmes, le théâtre de son adoubement le verra s’enfermer avec six toros… six toros… six… Patatras !!!
Je ne rêve plus depuis longtemps et je me serai étonné de le voir tuer six victorinos, comme le Cid à Bilbao par exemple. Non, avec l’âge je serais presque devenu raisonnable. Six victorinos certes non ; encore que pareil geste eut été normal et la moindre des choses, à vrai dire. On est numéro un où on ne l’est pas. Merde ! Mais six Daniel Ruiz ! Et rien de pire ?
Oh, je ne préjuge de rien notez bien, ni des paniers d’oreilles ou de queues, ni même des vueltas aux toros, voire d’un indulto… Ayez confiance en l’organisation nîmoise pour vous mijoter un truc aux petits oignons, pour que ce soit un succès, que le Midi Libre puisse se vautrer dans la confiture et que l’on fasse sonner les cloches. Mais six Daniel Ruiz, tout de même… Rien de pire ? On en viendrait même à regretter les indigestes six élevages différents généralement proposés et imposés en pareilles circonstances.