Rapidement après le triomphe de Juan Bautista à Madrid, un ami espagnol me donne le lien sur YouTube. Je mets en ligne, sans plus y penser. Et quoi ? Eh bien ça dérape. Oh, gentiment, ça ne va pas bien loin. Nous sommes entre gens civilisés. Mais tout de même, la machine s’emballe.
On ne le répètera jamais assez. Il est absolument impossible de se faire une idée sérieuse de ce qu’a été une faena, un toro, et encore moins une lidia que l’on aura vu uniquement par le biais de la télévision ou pire, par YouTube. Il y a bien évidemment des exceptions, comme 'Bastonito', ou Manili et ses Miura madrilènes, mais elles resteront des exceptions.
Pour le reste, j’ai eu à de nombreuses reprises la possibilité de confronter mon point de vue sur des courses vécues « pour de vrai » avec celui d’aficionados, très proches, qui en avaient été les témoins uniquement télévisuels. Le résultat est sans appel.
La vidéo ou la télévision écrasent totalement le volume d’une arène, occultent les terrains, l’occupation qui en est faite par le toro. La sauvagerie de sa caste, sa puissance, sa présence, et sont éventuelle fijeza, sont totalement minimisées, et par conséquence les mérites de celui qui s’y met devant également. Pour avoir recueilli les témoignages de ceux qui ont vu la faena de Juan Bautista je peux vous dire que l’animal, manso, allait, venait et n’avait rien d’un innocent. A mon humble avis, les seuls instants réellement mis en relief par la télévision sont les estocades et les poses des banderilles. Et encore, dans la mesure où ils sont filmés par Canal Plus ou Via Digital, avec des moyens techniques conséquents.
Cette situation est pour moi une évidence, et ce depuis très longtemps. C’est pourquoi je me suis toujours refusé à commenter une course par le biais du petit écran, exercice qui relève à mes yeux, au mieux de la plus pure fumisterie, au pire de la tromperie.
A ce propos, voici le commentaire d’un de nos lecteurs, Ludovic, posté dans le cadre de la polémique susvisée : « … J'ai écrit ce post suite à une autre intervention ailleurs où j'exprimais mon désappointement depuis quelque temps auprès des internautes d'outre-Pyrénées qui, en ce moment, sont à deux doigts de faire exploser une union jusque-là sereine autour d'un consensus tel que "por una Fiesta integra..." et ce à coups de vidéos vengeresses , laudatrices ou dénonciatrices, tournant autour du toreo ou du "destoreo" de José Tomás. Un vrai gâchis, un massacre dont doivent se régaler tous les truqueurs et vividores de la Fiesta. La découpe à la vidéo, la tertulia "youtubesque" semblent faire s'emballer certains en mettant en doute l'intégrité des opinions jusque-là respectées de chacun (je reprécise : des opinions d'aficionados toujours dans l'optique de ce canal éthique sur lequel nous sommes d'accord il me semble). La vidéo de JB sur Camposyruedos vient prouver que nous ne sommes pas non plus à l'abri de ce genre d'excitations. »
Je ne peux qu’acquiescer, et il est une évidence que la toute petite polémique née de la mise en ligne de la vidéo de Juan Bautista me fera envisager l’avenir avec beaucoup de prudence quant à la mise en avant de ce style… « d’information ».
Dans le même ordre d’idée, je reviendrai rapidement sur la question plus spécifique de la photographie taurine qui évoque plus qu’elle ne démontre.