12 octobre 2007

JC Arévalo au CT de Paris


Hier le Club Taurin de Paris organisait une soirée avec José Carlos Arévalo, de 6 Toros6, pour lui demander de parler de la temporada 2007.
Je l'ai écouté avec beaucoup d'intérêt, il parle très bien de tauromachie, on sent qu'il "pense" et "ressent" la Fiesta d'une façon extrêmement précise, ses mots donnent à penser et m'ont éclairé sur pas mal de points, ont attiré mon attention sur une foule d'autres. Mais, au delà de l'intérêt que j'ai porté à sa conférence, subsistent de nombreux points sur lesquels mon avis diffère un peu voire plus.

Voici ce que j’ai retenu de son intervention enthousiaste (ceci est une transcription la plus fidèle possible des dires du chroniqueur) :
Pour commencer, JCA n’y va pas par 4 chemins… 2007 est la saison qui fait entrer la tauromachie dans le siglo XXI tout comme la saison 1912 la fit entrer dans le XXè avec les alternatives de Joselito 'El Gallo' et de Belmonte (outch !). Cet âge d’or résulte de la présence de nombreux toreros simultanément au sommet de leur maturité tauromachique (technique, physique, artistique). Ces toreros de premier rang sont Manzanares, Talavante, Castella plus, certainement, Juan Bautista (Prensa + Otoño) et Perera qui a connu une ascension en remplaçant souvent Cayetano et en bénéficiant… des toros destinés à Cayetano.
Ces toreros ont emboîté le pas au duo fondateur de la tauromachie du XXIe siècle : José Tomás et Julián López 'El Juli' qui ont recueilli et synthétisé les leçons des maîtres de la tauromachie depuis Gallito et Belmonte et intégré la fleur de l’art mexicain du toreo de cape.
Les héritiers stricto sensu de Tomás dans le style, notamment dans la façon de citer d’un bout de la muleta et non plus de la muleta entière sont Talavante, Castella et Perera, mais Tomás a aussi influencé le Juli qui a épuré son toreo sous son influence.
A ceux qui pensent à Ponce : au même titre que Joselito Arroyo, celui-ci est un torero du XXe siècle (pour répondre à une question sur les déclarations de Tomás sur Ponce, JCA confirme le coté moins exposé de la tauromachie du Valencien que lui autorise sa technique particulière).
Sur la saison 2007, le Juli a été au sommet et reste le grand triomphateur, sa faena de Madrid reste même le meilleur souvenir de cette saison de JCA (il était à Arles aussi pour Pâques), son toreo fut constamment empreint de profondeur et d’intelligence. Castella doit connaître des problèmes psychologiques pour tuer aussi mal depuis cet été, Talavante a été présent dans quelques grands rendez-vous mais son toreo ne s’exprime qu’avec certains toros face auxquels il est grandiose mais en grande difficulté face à d’autres, Manzanares a réalisé quelques chef-d’œuvres classiques à Toledo, Málaga ou Sevilla.
Enfin, José Tomás a changé beaucoup de choses dans la saison lors de son retour au toreo en faisant de chaque corrida un événement (au passage en enrichissant les empresas sur les autres courses) par son engagement au-dessus de la moyenne.
Avant de passer aux toros (vous verrez, c’est rapide…), je termine sur les toreros avec les réponses à quelques questions posées par la suite : Joselito Adame va devoir batailler au Mexique où l’on a tendance à mépriser les toreros nationaux, les engagements qu’on lui propose seraient indignes – José Tomás a dû « enfoncer » des portes médiatiques pour entrer de force dans les carteles mexicains verrouillés par Juli et Ponce. Grand témoignage d’admiration pour le toreo de Morante de la Puebla (très supérieur artistiquement à Rafael) : ses banderilles du seul contre 6 de la Beneficencia, la quintessence de son art à tous points de vue (capacités des Gallo – toreo largo – et meilleur représentant du style belmontiste – grande profondeur).

Quant aux toros : changement dans le type du toro actuel qui est plus fort et plus armé qu’avant avec beaucoup de poder dans le cou notamment. Cavalerie plus imposante qu’avant également, ce qui cause des problèmes lors des chocs (rappel que énergie = poids x vitesse au carré !!!) au premier tiers où l’on trouve de très bons picadores (experts dans l’art de piquer de façon adaptée dans les cuadrillas des vedettes notamment…). JCA pense qu’il serait opportun de réduire la dimension de la puya. Selon lui, les élevages de l’année, c'est-à-dire ceux qui ont réussi le meilleur compromis dans la constance et la répétition de la charge au troisième tiers avec du gaz malgré la hausse du poids au cours des dernières saisons sont : Fuente Ymbro, Jandilla et Núñez del Cuvillo.
« ¿Corridas duras? Por la mayoría, son corridas mansas… »

Voilà ce que j’ai retenu…

Vos réactions… Je les entends déjà, « mais quid du Cid ? » Il fallut lui poser la question pour en entendre parler… Le Cid est un grand torero pour lequel JCA ne ferait pas beaucoup de kilomètres (!!!) ; il n’était pas à Bilbao pour le seul contre 6 par exemple mais il est content de le trouver dans un cartel dans lequel il va voir quelqu’un d’autre, dit-il. Pour lui, le Cid est un grand torero (celui qui comprend le mieux les victorinos – main gauche extra) mais qui ne l’émeut pas, à qui il manque un petit quelque chose pour l’exciter. Pas un mot sur Séville face aux victorinos.

Tout cela était vraiment (sans ironie) très intéressant, notamment les commentaires sur la façon de toréer ou de conduire la charge des différents toreros évoqués et les détails vers lesquels ses propos attirent mon attention. Mais aussi pour les réflexions que sa conférence suscite…

Quid des toros ? Quid des toros ? Quid des toros ?

Merci au Club Taurin de Paris d’avoir organisé cette conférence. Merci également à ceux qui y étaient et qui corrigeront, peut-être, d'éventuelles erreurs ou imprécisions.