Nous ne sommes pas dupes, ni même paranos. En pointant du doigt depuis plus de cinq ans les turpitudes de ceux qui vivent du toro, nous savons combien nous prêtons le flanc à une critique qui vient à intervalles réguliers chatouiller nos sensibles tympans : « Vous dites aimer la Fiesta alors que vous lui faites grand tort. » (ou quelque chose d'approchant).
À se lamenter sur l'état déliquescent de la cabaña brava (caste aux oubliettes, force en berne, fiereza aux abonnés absents, mono-encaste quasi triomphant, etc.)1 et sur celui guère plus reluisant du tercio de varas — l'un n'allant pas sans l'autre —, à fustiger l'afeitado, à tacler une presse servile mangeant dans la main d'empresas mesquines, à railler les ganaderos affairistes, à maudire les fundas, à moquer les présidences aux ordres, à remettre à sa place la gent torera ou à prendre de haut le public « guimauve », nous serions une source d'arguments intarissable pour les antitaurins : nous serions néfastes à vouloir être (trop) exigeants — par un simple tour de passe-passe aussi rhétorique que manichéen, nous pouvons bien évidemment inverser le propos et prêter la lourde charge de faire le lit des anticorridas à ceux-là mêmes qui nous le reprochent...
Las de ces dialogues de sourds, contentons-nous donc de pointer du doigt les faits, comme l'impression de cette horrible et pour tout dire incroyable affiche2 de la fiesta campera3 d'une bourgade landaise qui, ce week-end, ironie de l'histoire, clôturera la temporada 2010... en beauté... Oui, les antis n'auraient pas fait mieux ! Pauvre bête...
1 Lire (Yannick) et relire (Solysombra) « Le toro va tuer la corrida » — « El toro bravo, piedra de escándalo » par Antonio Lorca.
2 Détail plutôt croustillant, notez la présence en bonne place du logo Terres Taurines.
3 Avez-vous pensé à réserver vos places pour la croupionnade ?
Image Faena campera © François Bruschet