05 novembre 2010

'Remendón' n'a pas eu de chance


L'autre soir, je visionnais une vidéo de La Cabaña Brava montrant le combat de Domingo López Chaves face à 'Remendón' de Cuadri lors de la dernière Feria del Pilar de Saragosse, quand, une fois n'est pas coutume, l'émotion traversa l'écran pour me secouer. Un tremblement dû à la caste déversée à gros bouillons par un toro noir qui propagea la peur, agressant à tout-va et obligeant les toreros à ne jamais quitter ses cornes des yeux. La caste qui se passe d'épithète ; la caste qui vous grandit un homme — celle qui légitime la Fiesta.

Mais 'Remendón' n'eut pas la chance d'un 'Feudal' et s'en alla avec quelques-uns de ses secrets : 'Remendón' ne fut présenté que deux fois au cheval ! Comment est-il possible qu'un toro de la trempe de ce Cuadri n'ait pas, malgré la sempiternelle et affligeante première pique1, bénéficié d'une troisième rencontre ? Fallait-il que la présidence fût à ce point incompétente, voire irresponsable, pour laisser López Chaves — qui, ironie de la lidia, faillit se mettre en danger en voulant, à reculons, ôter sa montera pour réclamer le changement ! — en découdre avec un toro-toro maître du ruedo depuis l'ouverture du chiquero ?

Put... de bor... de m... ! est-ce que quelqu'un va enfin pouvoir me dire à quoi rime cette manie débile, cette logique absurde, ce principe à la con d'envoyer un toro, quelle que soit sa condition, à deux reprises au cheval avant d'en venir aux banderilles2 ? Je ne sais quelle aurait été ma réaction si j'avais été présent sur les tendidos du « Coso de Pignatelli », mais une chose est certaine : le palco aurait entendu parler du pays...

1 Ah ! si seulement le peón était venu au quite pour l'abréger comme il sut magnifiquement le faire pour la seconde.
2 Et si par un étrange hasard — une absence de la présidence ? un matador ne sachant pas compter sur ses doigts ? la demande du public ??? — un toro devait y aller trois fois ; qu'adviendrait-il au juste ? Les Pyrénées se soulèveraient-elles ?... Il est des moments où j'apprécie d'autant mieux le travail effectué par de « petites » plazas comme Céret, Orthez ou Parentis. Espagnoles ou françaises, par leur décadence, les arènes dites de première catégorie me font peine.

Image 'Remendón' était cinqueño © Campos y Ruedos