15 novembre 2010

Vingt ans


Le site Internet du Diario vasco (rubrique «Culture» évidemment) a tout récemment publié une entrevue du «ganadero» de Núñez del Cuvillo, Álvaro Núñez Benjumea, fils de Joaquín. À la question «Comment doit-être un toro pour Álvaro Núñez Benjumea ?», celui-ci, après avoir grosso modo décrit le toro terciado, enchaîne : «Ensuite il doit avoir une grande aptitude pour humilier, une grande aptitude à la course et, surtout, de la fixité. Le toro doit toujours être suspendu à la muleta ; même quand l'épuisement1 le gagne il se doit de charger avec clarté et fixité. J'aime les toros qui chargent jusqu'au terme de la faena ; ce sont ceux-là les bons toros. La sauvagerie2 du début ne vaut rien si elle disparaît à la fin. Il est clair que tous les toros ne sortent pas ainsi.» C'est clair ! Vu que ses toros ne doivent déjà pas en avoir des masses de fiereza quand ils pénètrent dans le ruedo... Sinon, ses bébêtes, au premier tiers, elles se vernissent les sabots ? elles feuillètent ¡Hola! ? elles se carressent les c... ?...

Vingt ans plus tôt, en mars 1990 pour un hors-série bricolé du Courrier de Céret (ça existe encore ça ?), José Antonio Hernández Tabernilla, ganadero de l'élevage Hros. de Don Gabriel Hernández Pla, affirmait : «Un toro est bon quand il a une sortie allègre, quand il met bien la tête dans les premières passes de cape. Ensuite, il doit aller trois ou quatre fois au cheval sans y être obligé, en chargeant avec bravoure, en mettant les reins, la tête, et en se laissant piquer sans se défendre ni partir. Puis il doit charger avec rapidité les banderilleros, répéter sa charge à la muleta, et avoir cette classe qui lui fait frôler le sol avec le mufle. Il doit permettre au torero qui sait toréer de triompher. Voilà, à mon goût, ce qu'est le toro bravo Bon, finalement c'est juste une affaire de goût... et d'exigence. Mais si le toro doit être bravo pour José Antonio, que doit-il être pour Álvaro ?... Ah oui, il l'a dit : «Le toro doit toujours être suspendu à la muleta»3 ! S'il vous plaît, José Antonio, expliquez-lui ce qu'est la suerte de vara...

1 Agotamiento dans le texte.
2 Fiereza dans le texte.
3 Si le bout de bois de la muleta c'est la tringle, et que le toro est suspendu à la muleta, alors le toro c'est le rideau, non ? Il est donc décoratif, et/ou destiné à cacher quelque chose... Mais quoi ?

Image La hache de Hernández Pla © François Bruschet