11 novembre 1918. Rethondes. Pouce !
Un gros morceau de la planète terre levait donc le pouce implorant le repos. C’était l’annonce du chemin des veuves, des orphelins, des mutilés, des gueules cassées et des vaches mortes. Les taxis de Versailles ourdissaient de futurs Verdun et de prochains Tamines* mais pouce. Au moins vingt ans. On se donnait une enfance et une adolescence. Après, on le baisserait à nouveau le pouce.
11 novembre 1918. Revue La Lidia. Pousse !
Le 11 novembre 1918 paraissait le n° 145 de la revue La Lidia. Rien d’extravagant en soi sauf la date. L’Espagne ne fut qu’une nuit dans le chaos de 14-18 et les toros combattaient sous la lune. Le 11 novembre 1918, l’Espagne parlait de Joselito et de Belmonte, les toros berrendos en negros étaient encore monnaie courante et l’on piquait du haut d’haridelles osseuses et souffreteuses. Le 11 novembre 1918, dans La Lidia, c’est Joselito qui piquait en double page lors d’une corrida de Bienfaisance étrangement qualifiée de "corrida a beneficio de picadores y banderilleros sin matador".
L’haridelle osseuse et souffreteuse avait l’œil gauche découvert...
* Massacre de populations civiles à Tamines (Belgique) en août 1914 par l'armée allemande.
Illustration José Gómez Ortega 'Joselito' (ou 'Gallito') en train de piquer © La lidia, n° 145, 11 novembre 1918.