13 novembre 2010

Pour ceux-là


Je ne l’ai jamais rencontré.

Très tôt j’ai lu, dans des revues taurines de l’époque, il y a une quinzaine d’années de cela, deux ou trois entretiens où le ton employé tranchait franchement avec tout ce que l’on pouvait rencontrer ailleurs. Il y était question d’afición a los toros, de bénévolat, de respect de l’aficionado, d’indépendance, d’organisation scrupuleuse, de transparence, d’attachement à la lidia, de littérature et de peinture, d’encastes rares et de toros certifiés limpios par les ganaderos…

Et les cornus sortaient forts, souvent retors ; les picadors retrouvaient leur lustre, les péons leur utilité et les toreros leur main gauche en même temps que leur titre de matador de toros… Après la course, avant la nuit, aux tercios, les coudes posés sur la table drapée de sang et or, micro en main et le derrière dans le creux du plastique bleu, il rayonnait d’un je-m’en-foutisme assumé et ne manquait pas, année après année, de jurer fidélité à une certaine idée anarcho-torista du taureau « de guerre » et de son combat — et les dents du public cérétan de gentiment grincer.

Parce qu’il ne doit pas être totalement pour rien dans la venue des rustiques patas blancas de Barcial, des diables rouges navarrais ou des reliques portugaises de Rita Vaz Monteiro, des costauds Tulio, des hors-la-loi de Gabriel Hernández Pla ou des estampes polychromes de Fernando Palha *, et j’en passe, je tenais à dédier ce modeste papier à monsieur Jean-Louis Fourquet.

* Tout un symbole ! Tirées du programme de Céret de toros 2004, ces lignes : « Après la novillada découverte de 1994, celles de 95 et 97, et les corridas formelles de 96, 98 et 2000, l’Adac renouvelle sa confiance à l’élevage par l’achat d’une novillada. »

Image Toro caripintado de Quinta da Foz, Céret, juillet 2000 © Joseph Gibernau/Studio des Pyrénées