30 novembre 2010

UVTF


Dimanche dernier s’est tenue à Beaucaire la réunion annuelle de l’UVTF. Vous ne le saviez pas !?
Il y a des lustres que cette risible association d’organisateurs — qui pour la plupart n’organisent absolument rien — ne sert plus à grand-chose et même à rien du tout à la vérité, sauf justement à nous faire rire, plus ou moins jaune selon les cas.
Elle permet à certains de s’encanailler, à d’autres de se monter du col et s’imaginer importants, le temps d’un mandat, ou deux, avant de replonger dans l’oubli. Terrible. La dernière présidente en date, oui c’est une dame, à l’air particulièrement croustillante de prépotence. Ça promet. Enfin, c’est ce que nous avons cru comprendre entre les lignes de l’inénarrable qui refait surface, sans les "zantis" et à distance, mais avec une histoire de pique française sur laquelle nous reviendrons, évidemment. Le compte rendu de la journée de l’ami Klein est tellement excellent que nous le reprenons ici intégralement. Une sorte de WikiLeaks à petite échelle, en quelque sorte.

De la « grotesquitude »

Récemment, sur le site très connu d’un intermittent taurin du spectacle, on évoquait déjà dans la semaine une candidature Coluche à la présidence de l’UVTF, ce qui laissait supposer une certaine collu(che)sion entre le-dit intermittent et certains membres du bureau de l’UVTF qui se feraient une joie et un devoir de l’informer.
Bonjour le devoir de réserve ! Et surtout bonjour le respect dû à une ville taurine, fût-elle de petite taille et fût-elle "contestataire" !
Nous vivons dans une époque moderne où certains, nonobstant la multiplicité de leurs talents leur rajoutent sans vergogne le don mirifique d’ubiquité, puisqu’ils peuvent dans le même temps parader à Rion-des-Landes et assister à l’Assemblée générale de l’Union des villes taurines de France qui se tenait à Beaucaire.
Question ubiquité, pourquoi pas ? Question sérieux, on trouverait à redire : que le grand Mamamouchi du Machin préfère se gaudrioler que d’exercer ses fonction auprès de l’UVTF donne à se questionner sur le sens des responsabilités de l'énergumène...

Cela aurait pu au moins lui éviter d’écrire des sottises ou des vacheries gratuites, quoique !
Car si errare humanum est, n’oublions pas que perseverare diabolicum. Et l’Oracle boucalais, sans doute épuisé par sa virée rionnaise, grisé peut-être, nous a pondu l’un de ces chefs-d’œuvres de désinformation, de vile « tignouserie » et de bêtise qui n’ont pas peu contribué à sa sulfureuse réputation.

Reprenons toutefois l’affaire depuis le début.
Une partie du bureau et la présidence de l’UVTF étaient à renouveler.
Deux candidatures s’étaient faites jour pour la présidence qui, à tour de rôle, s’exerce par le Sud-Ouest et le Sud-Est : Mont-de-Marsan et Vic-Fezensac.
Inutile de dire que Vic portait sans aucun doute les voeux de moult grandes et surtout petites cités, tant par sa ligne taurine que par son statut de village, où beaucoup pouvaient se reconnaître.
Parlons clair et vrai. D’aucuns, en outre, ne se sentaient nullement enclins ni à soutenir Mont-de-Marsan après l’affaire des changements de date des fêtes, ni à consacrer le jumelage de facto nîmo-montois : Nîmes s’étant exclue de l’UVTF, y reprenait pied par Mont-de-Marsan (ou son/sa prestataire) interposé, intention que l'on nous confirme à Vieux-Boucau (« agir de manière concrète […] en oeuvrant au retour de Nîmes dans le giron de l'UVTF. »).
Quatre jours avant l’élection, on apprend, par la bande, que Vic-Fezensac s’est désisté. Bizarre ! Bizarre !
Le combat cessait donc faute de combattant et Mont-de-Marsan ramassait la couronne, abandonnée par forfait.

Sans aucune illusion, les statuts ne le permettant pas, avec l’approbation pleine et entière du maire d’Orthez, j’ai toutefois présenté la candidature de sa ville, pour l’honneur, en expliquant le pourquoi de celle-ci. Non sans relever que toute cette affaire ne me semblait aucunement démocratique, d'autant plus qu'il n'y eût aucun vote.
Il est des situations où il convient d'avancer la jambe et d'accorder ses actes à ses idées.
Evidemment, il s'avère difficile d'expliquer au Grand Inquisiteur la portée des mots "honneur", "cohérence", "honnêteté intellectuelle", toutes valeurs qu'il ignore totalement.
Certes la sémantique tend à tomber en désuétude, mais quelques esprits taquins — dont votre serviteur— veulent continuer, contre vents et marées, à croire que les mots ont un sens qu’il convient de maîtriser avant de les utiliser.

À Vieux-Boucau, il semble qu’on connaisse Coluche, et qu’on "cause" de candidature « grotesque ». Je ne fréquente guère Coluche, mais je lis souvent le dictionnaire Littré, surtout son appendice étymologique.
Que voulez-vous, à Orthez on n’a pas la science infuse comme à Vieux-Boucau. En conséquence de quoi on s’essaie à remédier à l’ignorance.
Le mot « grotesque » provient au XVIème siècle de l’italien « grottesco » (de la même famille que « grotta » : grottes) qui s’appliquait durant la Renaissance au mouvement artistique de redécouverte des antiquités et aux fresques, aux dessins pleins de fantaisie qu’on découvrait alors dans les ruines et les fouilles. Si vous allez à Florence ou même à l’Alcazar de Séville vous découvrirez dans les palais de cette époque de ces grottes reconstituées « à l’antique ».
Le plus bel exemple, littéralement, de « grotesque » en France s'observe dans les charmants griffonnages que l’on trouve sous terre à Lascaux.
La peinture pariétale d’aurochs, reprise par on ne sait quel observatoire, dont on ne sait qui le préside, est le plus magnifique exemple de « grotesque ».
Amusant, n’est-ce pas, surtout peint en rose ?

Je n’entends pas grand-chose au « grotesque », mais il me semble qu’une élection où ne figure qu’un seul candidat pourrait par contre assez bien répondre au qualificatif de « charlotade ». Et qu’il y a plus d’honneur et de dignité à s’en émouvoir qu’à la plébisciter. Affaire de valeurs...
Mais le plus beau n’est pas là.
La lecture attentive de l’Inénarrable sous l'intitulé très éloquent de « L’UVTF en ordre de marche » (tout un programme !) nous apprend (je cite) : « Comme prévu, Geneviève Darrieussecq, maire de Mont-de-Marsan, a été élue présidente, malgré la candidature grotesque et mal venue du représentant orthézien auquel la nouvelle présidente a recommandé de "s'aimer un peu plus pour pouvoir aimer les autres afin d'avancer dans la même direction." »
« Comme prévu » : le magnifique aveu ! Ainsi tout était déjà « prévu » ! Vous m’en direz tant ! « Élue » ? Sans vote ?
On sait, à travers ses prises de positions, la tendresse et l’accointance très marquées que le Caudillo de l’Afición française entretient pour le Partido Popular (où s’est recyclé toute la vieille garde franquiste). On ne s’étonnera donc pas qu’il cautionne et applaudisse des deux mains ce qui ressemble plus à un Pronunciamiento taurin qu’à l’exercice serein de la démocratie, qui suppose la confrontation des idées et des choix et surtout la présence d'une opposition.
On ne s’étonnera pas plus de l’attaque ad personam de Madame le Maire, qui se permet de substituer l’allusion personnelle venimeuse, pour le coup "mal venue", à une argumentation rationnelle.
Que Madame le Maire s’occupe de ses amours, je m’occupe des miens ! Mais si elle aime comme elle parle...

Enfin si toute remarque, tout désaccord, toute objection sont vécus comme des crimes de lèse-Darrieussecq, on n’a pas fini de rigoler, et Madame le Maire de s'ulcérer...
Qu’on se le dise, l’ordre désormais régnera.
Il y a tout de même quelques soucis à se faire devant un tel programme de mise au pas, surtout quand la plaza qui nous parle de tauromachie-champagne et veut réintroduire le Casastan dans le concert taurin se préoccupe de « dépoussiérer le règlement ». Après l'ordre serré, le ménage.
Je ne voudrais pas clore cet article, sans donner au lecteur une petite idée du fonctionnement éminemment démocratique de l’UVTF. Cette vénérable institution est constituée, sauf erreur de ma part, et selon son site Internet, de 46 membres :
— 6 plazas de 1ère catégorie qui toutes siègent en son bureau ;
— 1 plaza de 2ème catégorie (Céret) qui siège également et
— 39 plazas de 3ème catégorie qui élisent 3 représentants pour le Sud-Est et 3 pour le Sud-Ouest soit 6 en tout.
Cela me fait furieusement penser aux États Généraux de 1789, où l’on VOTAIT PAR ORDRE et à l’acte fondateur de notre démocratie fondé sur le VOTE PAR TÊTE.

6 plazas de 1ère sont représentées par... 6 représentants. 39 plazas de 3ème sont représentées par... 6 représentants.

Cherchez l'erreur. Surtout quand l'on vous affirme ensuite sans sourire qu'il n'y a pas de préséance, pas de petites ni de grandes arènes, seulement... des arènes.

Cela ne dérange personne ?
Moi si ! Mais ce doit être une manifestation démocratique de « grotesquitude », bien entendu mal venue...
Il ne faudrait tout de même pas que certains se voient parvenus à l'Olympe, alors qu'ils viennent juste de franchir les portes de l'Hadès.

Si l'UVTF pouvait influencer les choses cela se saurait.
Certains s'en passent d'ailleurs très bien (cf. Nîmes), et l'on ne compte plus les oukhases ou les voeux pieux qui sont restés lettres mortes. Le "dépoussiérage" du réglement, par exemple, devra être admis et accepté par TOUS pour avoir quelque légitimité et être appliqué. Surtout lorsque l'on voit le respect que l'on prête au texte actuel.
Il devra surtout être voté par chaque commune.
Etant donné que ceux qui prétendent "dépoussiérer" semblent surtout vouloir nous faire passer la pilule du "toreo moderne", avec des délicatesses de cuirassé sur le pied de guerre, il faut craindre que nous n'allions vers le conflit plutôt que vers l'union et la concorde.
Entamer son mandat avec autant de morgue et des paroles aussi offensantes ne le place guère d'emblée sous les meilleurs auspices.
Surtout si l'on a le malheur d'être "épaulé" par le gourou, ce qui représente plus une malédiction qu'un avantage !
Xavier Klein