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23 janvier 2010

Premios de la asociación El Toro de Madrid / Temporada 2009


En la Asamblea anual celebrada el pasado día 17 de Enero en Madrid se celebró la votación de los premios pertenecientes a la temporada 2009 en la plaza de Las Ventas de Madrid, encierro más completo y mejor toro, siendo el resultado en sus primeros tres puestos el siguiente :

Encierro más completo de la temporada 2009

1º- Ganadería de PALHA con un 51,45 % de los votos - 27 de Mayo de 2009.
2º- Ganadería de D. JOSÉ JOAQUÍN MORENO DE SILVA con un 47,53 % de los votos - 30 de Abril de 2009.
3º- Ganadería de D. JOSÉ ESCOLAR GIL con un 46,37 % de los votos - 16 de Mayo de 2009.

Mejor toro de la temporada 2009

1º- 'CAMPANERO' de la ganadería de D. José Escolar Gil, con el 55,81 % de los votos.
2º- 'CAMARITO' de la ganadería de Palha, con el 44,18 % de los votos.
3º- 'BEATO' de la ganadería de D. Victoriano del Río Cortés, con el 20,93 % de los votos.

Photographie Salut du mayoral de Palha au terme de la course du 27 mai 2009 à Las Ventas © Juan 'Manon' Pelegrín

19 novembre 2009

Toro estrellado


Le 18 octobre dernier à Las Ventas, les quelques aficionados qui, en désespoir de cause ?, s’infligèrent une novillada pour le moins accidentée* de Mercedes Figueroa (!), eurent tout de même la chance — et c’était moins une après le renvoi de l’ultime novillo avant la tombée du rideau sur la temporada — d’apprécier la présence rarissime d’un toro estrellado scintillant dans l’antre madrilène...

Dans le cercle fermé des toros possédant une tache blanche sur le front :
le lucero (étoile) l’a relativement imposante et en forme de triangle (la base en haut) ;
le facado (en référence à la lame d’un grand couteau, faca en esp.) l'exhibe sous l’aspect d’une « barrette » horizontale ;
l’estrellado (étoilé) l’affiche plus modeste que son cousin lucero et, détail important, avec des contours fort irréguliers.

Attirer le regard pour le faire glisser jusqu’aux yeux de la bête qui l’a d’autant plus sérieux : là résiderait le pouvoir mystérieux de l’étoile...

* Quatre novillos du fer titulaire, deux de Pablo Mayoral pour compléter le lot, et la sortie de deux sobreros, l’un d’Hato Blanco, l’autre de José María Escobar.

Image ‘Caleño’, novillo negro entrepelado bragado meano estrellado rebarbo du fer santacolomeño des Héritiers de José María Escobar © Juan ‘Manon’ Pelegrín pour Las-ventas.com.

18 octobre 2009

Setas


On n’y pense pas forcément tellement c’est simple. La première fois, c'était dans un bar madrilène du fin fond de Chueca. Un bar improbable comme il n’en existe qu’en Espagne. Le genre d’improbabilité devant laquelle on passe et on repasse, sans s’arrêter ni regarder. Celui-là est spécialiste ès setas, mais des vraies, des sauvages, qui arrivent de la sierra. Setas, c’est le nom générique du champignon chez nos voisins ibériques.
A ma gauche une poêle en fonte, à ma droite une plancha. Au milieu, des cèpes coupés en fines lamelles et des œufs frais. Verser dans la poêle une bonne cuillère à soupe d’huile d’olive puis y jeter les cèpes, par petites poignées. Ils seront saisis rapidement puis simplement accompagnés d'une pincée de fleur de sel ou de sel de Maldon. L’œuf est destiné à la plancha, avec peu de blanc. Il y sera juste saisi, le jaune restant coulant. Rien de plus simple, rien de meilleur, à condition d’avoir les bons produits, évidemment, comme d’habitude. Si vous n’avez pas de poêle en fonte, un wok fera plus que bien l’affaire. ¡Va por ti Ugo!

14 octobre 2009

Ida y vuelta, correspondance flamenca y madrileña... (II)


Mon Cher Ludo,

Je t’envoie quelques photos de Juan Ramírez dont nous a si bien parlé Yannick. Bien sûr, tu m’avais dit sa grandeur, sa personnalité et son talent. Begoña également s’était réjouit que nous ayons cette opportunité de le voir danser. Bego le compare, un peu, à Luis de Pauloba.
Pour le grand public Luis de Pauloba est un inconnu, mais pour les aficionados évidemment… Muchas cosas.
Juan Ramírez. Finalement, en tout cas pour moi, c’est un peu comme les grands vins. On a beau t’expliquer que c’est grand, que c’est ceci ou cela, tant que tu ne l’as pas goûté et appréhendé toi-même, cela demeure une émotion par procuration, trop virtuelle.
A propos du « personal » du Patas actuel comme tu dis, c’est encore Yannick qui a eu cette idée si évidente qu’un jour il nous faudra présenter ici Bego. Comment n’y ai-je pas pensé avant ?
Bego, il faut voir. Il faut la voir avec les "artistas" comme elle les appelle. Tu as l’impression qu'elle est un peu leur seconde mère. Au départ, ils te regardent curieusement. On les devine même méfiants. Mais dès qu’on te présente comme un ami de la Bego, alors là un monde s’ouvre.
Le samedi, j’ai passé la matinée dans les entrailles du Patas, ces salles des étages qui ne sont pas ouvertes ou public. J'adore y écouter les danseurs qui répètent. Oui, écouter les danseurs. Martín en rigole et me traite de guiri.
Il y a avait là Juan de Juan, avec pour spectateur très particulier Fran Rivera et son actuelle, ou sa nouvelle ou je ne sais trop quoi qui ne doit pas encore trop se savoir. Il paraît que le niño de las bombas, lorsqu'il m’a vu sortir le Nikon, il a eu plus peur que si un miura avait débarqué. L’espace d’un instant je me suis senti paparazzi. Une drôle de sensation… Tu shootes, ça sera mauvais, mais le banquier sera content.
Je n’ai évidemment pas osé. Pas l’envie de toute façon et pas d’intérêt pour Fran Rivera comme ils l’appellent ici.
Plus intéressant, j’y ai croisé Luismi Manzano, ce guitariste avec lequel nous avions pratiqué le callejeo l’an passé avant de finir la nuit chez Bego. J’ai pu photographier le bout de ses doigts. Il se préparait pour une soirée "Sangre Nueva - Jovenes Flamencos". Ce sera au Teatro Español, plaza de Santa Ana, le samedi 23 octobre prochain.
Il doit y jouer pour une jeune danseuse, Miryam Reimúndez Rodrigo, « La Arquilleja ». Ils m’ont invité mais je ne pourrai hélas en être. J’ai passé la matinée avec eux et j’ai pu photographier à loisir. Un bonheur. A très bientôt.

12 octobre 2009

Ida y vuelta, correspondance flamenca y madrileña...


Avant de partir pour Madrid j’ai écrit au Ciego pour une Ida y Vuelta madrilène. Je lui annonçais que nous allions y voir danser Juan Ramírez. Je ne savais pas encore que nous allions être à ce point subjugués par la puissance de Paloma Fantoba. Yannick nous en a parlé dans son ¡Viva la casta y el flamenco!. Et moi j’ai perdu mon texte, périmé sans doute. Nous sommes allés à Madrid et Ludo nous y a suivis, par la pensée. Inutile de toute façon de s’étendre… inutilement. Laissons plutôt la parole à Ludo.

« Cher François,

J’ai pris un peu de retard pour te répondre.
Le samedi 3 octobre j’ai allumé l’ordi, j’ai acheté la course de Núñez del Cuvillo en « tu paies-pour-voir » et j’ai cliqué sur le lien vers 17 h et des miettes.
A l’apparition venteña dans l’écran, comme à chaque fois j’ai pris un coup dans les bas morceaux : la foule jusqu’aux drapeaux, ce ciel sans égal, la précision du soleil et de l’ombre, le run run de Madrid… J’ai fermé les yeux…
J’étais au bar de Tony à manger des mollejas et des zarajos. Je pensais : loin le temps où ensuite on partait en métro Barrio de Legazpi, calle Canarias. Là, dans un sotano qui sentait la ducados dès le trottoir on venait écouter les plus grands et les plus humbles du cante.
Deux chaises canées, pas de micro. Ton voisin au bar qui laissait précipitamment sa bière, qui s’approchait et qui s’installait à côté d’« El Mami », le tocaor de la casa. Ce type en pantalon de toile et en bottines, avec sa chemise ouverte et ses mains pleines de cals, il se mettait à dire la solea. Ou la taranta. Deux, trois chants, pas plus. Un filet de voix, des aptitudes vocales réduites, mais un savoir, une profondeur et la grandeur dans sa sécheresse. Puis le même revenait finir sa San Miguel un peu tiède.
Ensuite passaient les plus grands. Qui venait à Madrid pour enregistrer ou donner un concert ne pouvait faillir à la peña Chaquetón. Tout ça c’est bien fini. Mais les socios sont toujours là, disséminés mais parvenant à faire perdurer l’esprit de cette époque en organisant des noches de cante à la sala El Juglar , calle del Olmo, à Lavapiés. Je t’en reparlerai.
Lavapiés, calle del Olmo… Tiens, c’est justement là où on finissait ensuite. Au bar Candela, du nom de son proprio, Miguel Candela, décédé il y un an et demi, dans des circonstances un peu mystérieuses, son corps retrouvé sans vie au petit matin, lui, le granadino, ami d’enrique Morente et de tant d’autres, qui accueillit toute une génération d’artistes quand la movida de Tierno Galván offrait un vrai souffle , un appel d’air (mais j’avais déjà parlé du Candela dans un post des pinchos) .
En ce temps-là les « fundas » des guitaristes occupaient plus de place le long du bar que les consommateurs de bibine.
Miguel, qui fermait la place sans jamais oublier de lancer à la cantonade « Señores, vamos a acostarnos, que nada es eterno », jouissait de l’amitié des plus grands et des plus humbles. Parce qu’ils les a tous, un jour ou l’autre, réconfortés, nourris et fait rire un bon coup : de Camarón au Cigala en passant par les sœurs d’Utrera, La Fernanda y La Bernarda.
Il faisait partie des « catalyseurs invisibles » du flamenco comme le rappelait Miguel Mora dans la nécro d'El País

J’ouvre les yeux.
Aparicio tente un quite sur le sixième taureau, le dernier, le second de Castella. Aparicio, le fils de Malena Loreto, gitana y bailaora, est conspué. Madrid ! Es-tu devenue folle, ou pire, idiote ?
La retransmission s’achève. J’imagine que vous vous préparez pour aller à Casa Patas.
C’était quoi le « patas » avant d’être ce lieu où se mélangent avec élégance et bonhomie, les sabios et les guiris ?
C'était il y a plus de 30 ans, je crois, une bodega qui avait tout du vieux rafiot se préparant à partir à la casse avec à sa tête un galicien, El Rufo, plus dangereux que la mer elle-même. Ceci expliquant certainement cela.
Mais il sut prendre le virage du « cante ». Les premiers artistes qui investirent le local furent ceux de la famille Carbonell avec dans leur besace Zaira, jeune, belle et prometteuse chanteuse mais qui a malheureusement fini sous les sabots du « cheval » des excès.
Puis ce furent « los Pelaos », grande famille originaire de Jerez et installée à Madrid depuis plus d’un siècle et qui a donné ses lettres de noblesse au baile por farruca jusqu’à Antonio Gades. Au milieu de tout cela, un cantaor , plus connu pour ses dons de négociations avec le monde si libre et si compliqué de la « flamencura andante » : Antonio Benamargo.
Et puis aujourd’hui… Eh bien aujourd’hui tu connais mieux que moi « el personal » !

Mais je ne dirais pas la vérité si à travers ce petit, tout petit balayage, de la tradition jonda dans la villa y corte, je ne mentionnais pas une des sources de toutes ces histoires parce qu’elle a participé à l’émergence de ce haut lieu. C’est mon amie Carmen Esteban, celle-là même qui a écrit ce si beau livre sur Lupe Sino l’amante de Manolete, proche de José Tomás et de Sabina, qui m’a dernièrement raconté, justement, cette anecdote sur « los Pelaos » : Un matin , Plaza Tirso De Molina, elle et Juan Verdu rencontrent El Fati, un des fils de « Pelao el viejo » qui fut guitariste de l’incommensurable danseuse Carmen Amaya (c’est elle qui lui donna son apodo de Pelao parce qu’il avait… beaucoup de cheveux !). El Fati avait un penchant pour la bouteille et, ce jour-là, en sortant un flacon de dessous le manteau qui prouvait qu’il avait passé « la noche en vela » en faisant la ronda de juergas nocturnes de la capitale, il leur dit, superbement et avec l’air de celui qui a la formule définitive : « Sobrinos, el baile se ha 'acabao', ahora los gitanos bailan que parecen máquinas de cosé ». (« les amis, el baile c’est "foutu", maintenant les gitans dansent d’une telle façon qu’on dirait des machines à coudre. »)

Allez, je vais aller chercher un verre et brindar à Madrid, Chaquetón, Candela, los Carbonell, Aparicio y su madre, Morante de la Puebla Del Río, Carmen, Benamargo, Verdu, los Pelaos et à vous qui devaient faire, veinards !, de même à La Venencia avec une petite douche de manzanilla.

Bien à toi,
Ludo »

PS Une galerie est consacrée à Paloma Fantoba sur la page Flickr de ma pomme. Je vous parlerai du reste une autre fois.

10 octobre 2009

Eloge du pétard

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Inutile d’éloigner les enfants, ou d’appeler Brice. Ce n’est pas de marijuana ou de shit que je vais vous entretenir. Notez bien que le sujet envisagé, Julio Aparicio, n’a rien de très politiquement correct. Vous allez voir. Le gros avantage, c’est qu’à Camposyruedos, le politiquement correct…
Julio Aparicio donc. Julio Aparicio est inconstant. Julio Aparicio est fragile et hors du temps. Julio Aparicio n’a rien du gendre idéal. Julio Aparicio est rare. Il l’a toujours été, ça n’est pas une nouveauté.
A le voir souffler comme un phoque après trois véroniques et la demie, on devine aisément que Julito n’a rien d’un sportif, et de quels plaisirs sa vie fut jalonnée. Peut-être que l’impression est fausse. Peut-être pas.
Au bout du compte Julio Aparicio est un peu has been. Ca, c’est nouveau. Mais c’est normal. Ce sont juste les effets du temps qui passe. Personne n’y échappe.
Julio Aparicio n’aura pas eu la carrière d’un Curro Romero, ou l’aura d’un Rafael de Paula. Il n’empêche que Julio Aparicio porte en lui, aujourd’hui encore, quelque chose de rare et d’assez indéfinissable. Quelque chose qui oscillerait entre la toreria et la filouterie. Avec peut-être un penchant plus affirmé pour la seconde. Je dois vous confesser que cela me le rend sympathique.
Sur Curro et Rafael, le Tio Pepe nous a laissé son inoubliable « ils n’ont jamais triché ».
Julio Aparicio, aujourd’hui, ne triche pas, ne se force pas à faire semblant. Le voudrait-il qu’il n’en a, de toute façon, pas les moyens. Peu importe. La question n’est pas là. La question est de savoir ce que le toreo est en train de devenir.
Car si la bravoure est devenue moderne (sic) le toreo lui est devenu vertical, sur le fil de la corne, hacia fuera pour commencer, encimista pour finir. Le toreo moderne touche, paraît-il, à la perfection, c'est-à-dire, si j’ai bien tout suivi, à la répétition.
Dans ces conditions : vive l’imperfection ! Car alors, peut-être que ce sont cette perfection technique et cet aspect répétitif qui me rendent ce toreo dénué de toute émotion, qui me le font trouver sans profondeur aucune. Je ne saurais dire.
Le toreo moderne est répétitif, jamais sublime, jamais génial, simplement égal à lui-même, morne et répétitif.
De son côté, le public moderne n’admet plus guère autre chose. Même à Madrid, le week dernier, le comportement du respectable fut ahurissant. Car le plus gros pétard du week-end, ça n’est pas Aparicio qui l’a pégué, ça n’est pas non plus Victorino, c’est le public.
Un public triomphaliste et clinquant le samedi, un public qui fut à deux doigts de ne pas se rendre compte des immenses mérites de Diego Urdiales le dimanche. Une peine.
Un public madrilène méconnaissable, à la dérive, inconstant et sans critères. Ici aussi l’évolution fait des ravages.
Ici comme ailleurs, et parfois où on ne l’imagine pas. Tenez, un ami, très bon aficionado, nous a raconté qu’à Séville, le week-end précédent, pendant que nous étions à Barcelone, le public avait demandé le changement d’un toro... pour mansedumbre ! Oui Monsieur, pour mansedumbre, et à Séville ! No me lo creo.
Revenons à Madrid. Samedi dernier, après deux petardos consécutifs, Julito Aparicio se gonfle, se cambre, plie son capote et s’avance vers le sixième toro de la course pour un quite salvateur. Dans le langage taurin cela porte un nom : le quite del perdón.
Le quite del perdón, il faut remonter à Fernando El Gallo, le père de Rafael le chauve, pour l’expliquer.
Le quite del perdón d’Aparicio au sixième aurait provoqué il y a encore peu ce fameux run run de hall de gare si caractéristique de Las Ventas. Ce run run qui annonce l’éruption du volcan venteño, prêt à rugir et exploser, rauque et puissant, comparable à nul autre. Hélas, pas de run run samedi dernier. Juste une bronca méchante et aigrie, nourrie d’incompréhension. ¡Vaya petardo! Vous en conviendrez, tous les pétards n’ont pas la même saveur.

07 octobre 2009

¡Viva la casta y el flamenco!


L'incongruité de ce cri du cœur, en plein milieu d’un tablao totalement renversé par le talent, le don de soi, l’art et, oui, la caste d’une danseuse et d’un danseur de flamenco, ne m’est apparue que tardivement, dans le taxi battu par un torrent de pluie qui me ramenait de l’aéroport. Il devait être aux alentours d’une heure du matin, et le malaise ressenti en promenant nos pas calle de Alcalá avait fini de s’estomper et de se dissoudre lentement dans le chant inspiré, le frottement des cordes et le martellement convulsif d’un sol de bois usé déjà de tant d’outrages. Le sable de Las Ventas n’était plus qu’un lointain et dérangeant souvenir, entièrement recouvert par le parquet de cette salle dans le quartier de Lavapiés.

Six toros de Núñez del Cuvillo venaient d’offrir leur silhouette anovillada et leur bonté enjouée à trois matadors dont ce type d’adversaires forme le quotidien, faisant varier le nôtre du pensum pour aficionado à l’enthousiasme mesuré. Deux artistes ou supposés tels, et un torero moderne. Ce jour-là, les deux premiers ne firent pas briller leur corps – épuisé sans doute par de lointains affrontements pour l’un, aboulique allez savoir pourquoi pour l’autre – de ces étincelles d’art précieuses qui émaillent parfois leurs apparitions. Le dernier gratifia un public venu nombreux sous un soleil de plomb d’une faena techniquement parfaite, comprenant deux séries gauchères dotées d’une profondeur que nous ne lui connaissions pas, et que beaucoup parmi nous contestèrent d’ailleurs.

La routine, sans doute. Sauf que dans notre imaginaire naïf, Madrid demeurait cette place où la présentation du taureau de combat est superlative, où l’on ne fait pas tomber les mouchoirs comme les feuilles l’automne venu après une mise à mort défectueuse, où l’on ne réclame pas à cors et à cris la vuelta al ruedo pour un toro tel ce troisième. Quelques contestations s’élevèrent bien ici et là, vite étouffées par des applaudissements frénétiques qui contribuèrent bien plus à notre vague à l’âme que l’octroi certes excessif de trophées récompensant une prestation finalement bonne, à mon très humble avis.

Madrid es mucho Madrid. Oui, sans doute. Mais il fallut pour nous en convaincre bien plus que cette tarde irrémédiablement vouée à l’oubli, dénotant un virage dont plus d’un voit déjà se dessiner le caractère inéluctable.

Il fallut que la nuit panse nos plaies, et que la dégaine improbable de Juan Ramírez surgisse de derrière le rideau. Costume de tergal rose Haribo, chemise verte, une fraise tout droit sortie du jardin de papi. Le danseur traine son âme d’artiste sur les marchés poussiéreux où il vend des chemises, peut-être semblables à celles qu’il arbore lorsqu’il monte sur scène. Quelques sourires se dessinent sur les lèvres, quelques regards moqueurs s’échangent, le temps pour Juan de prendre ses marques et de s’installer dans un monde dont on devine au premier regard, la surprise passée, qu’il nous sera à jamais inaccessible. Une poignée de minutes se sont écoulées, et personne ne songe plus à railler qui que ce soit. Chacun se sent plus riche de quelque chose, sans trop savoir de quoi. Tenter de décrire les émotions communiquées par le bailaor serait un pis-aller, bien au-delà de mes maigres connaissances et de toute façon parfaitement inutile.

Auxi Fernández et Paloma Fantoba distillent à leur tour, doucement d’abord, puis de façon quasi-incommensurable, toute l’étendue de leur talent. Autant le reconnaître, c’est la violence inouïe de Paloma qui a fini de nous subjuguer. C’est quand celle-ci eut achevé de nous faire basculer dans une intériorité confinant au jadis que ce spectateur, comme pour faire exploser des sentiments d’une force trop grande pour les contenir plus longtemps, se mit à hurler pour les partager avec tous.

¡Viva la casta y el flamenco!

Et soudain Madrid redevint Madrid. Juan et Paloma ont accompagné notre callejeo dans les rues du quartier, ont donné du goût aux verres que nous buvions, ont fait taire la musique que l’on diffusait dans les bars, et se sont même invités chez Begoña, leur visage trempé de sueur apparaissant tel un spectre sur le petit-écran de l’appareil photo.

Et ils nous ont redonné espoir jusqu’à ce que celui-ci vienne se fracasser contre quatre carcasses vides, moches, et deux sobreros. Instruits de nos récentes expériences, nous attendions peu de ces victorinos, mais tout de même, quand on a tant aimé, il faut bien passer par la haine, avant que n’arrive l’oubli. Face à eux, trois torerazos donnèrent tout ce qu’ils avaient, eux aussi. Tout. L’engagement, le classicisme et la toreria de Diego Urdiales demeureront, je veux le croire, imprimés sur la rétine des spectateurs qui remplissaient Ventas en ce jour jusqu’aux drapeaux. Je veux le croire malgré l’invitation incompréhensiblement timide à faire le tour du rond. Mais ensuite ?

Ensuite, Diego Urdiales continuera sans doute de se jouer la peau devant ces toros que d’autres, plus fortunés, ne veulent pas même voir en photo. Ignoré du grand public, si la chance ne lui sourit pas un jour, il poursuivra son chemin sur cette route de sang, de sueur et de larmes, pendant que Juan Ramírez vendra ses chemises, dans quelque village perdu.

A moins, bien sûr, que Madrid joue son rôle de faiseuse et défaiseuse de destins. En est-elle encore capable ?

06 octobre 2009

Agua sin gas


Voilà qui commence vraiment à faire beaucoup, une goutte d’eau supplémentaire, encore une, pour certains, presque la goutte de trop. Curieusement c’est Vicente Zabala de Serna, une fois n’est pas coutume, qui a le mieux enfoncé le clou et dit les choses après la dernière sortie des gris bien pâles de la famille Martín.
J’écris bien "famille", car ils sont de plus en plus nombreux les aficionados à penser que le virage pris par la mythique vacada serait plus de la responsabilité du rejeton que de celle d’un sorcier vieillissant, qui a tout prouvé, et dont on a du mal à croire qu’il puisse se satisfaire d’envoyer à Madrid pareils soldes de fin de saison. Cinq cuatreños cinq, pas un de plus et très limites de présentation. Un lot de Victorino coupé à l’eau d’un remiendo de Carriquiri. Une peine.
J’avais évoqué la chose deux jours auparavant avec l’incombustible Jorge Laverón, dans la pénombre fraîche de La Venencia.
Jorge m’a tout d’abord sauté dessus avec Tomasito, enfin, maintenant, Thomas je ne sais plus quoi. Tomasito quoi.
¡Ya teneis un torero François! Este Thomas… etc., etc… Grosse côte pour Tomasito du côté de La Venencia.

Puis, dans la conversation, forcément l’évocation des corridas à venir.
- Tu crois que Morante va venir ?
- Aucune idée. Je n’ai même pas lu le journal.

Intervention d’un troisième larron.
- Moi, avec ce qu’il a au pouce, je ne viens pas, je me retire.
- Toi ? Tu te retires ? Mais tu te retires d’où ? Toi tu n’es à nulle part ! Va plutôt nous chercher ta media de manzanilla.


Il commençait à se faire tard, nous ne savions toujours pas si Morante allait venir, mais la manzanilla était fraîche et une envie de cèpes se faisait naissante.
Bien. Donc, samedi, peut-être Morante, et dimanche, la famille Martín.
- Victorino. Il a tout de même mis pas mal d’eau dans son vin il me semble. Tu en dis quoi Jorge ?
- Mucha agua François… mucha agua.

Débarque Chiqui Abril, un habitué du coin. Il veut m’inviter à un vernissage. Les cèpes vont devoir patienter. Nous étions jeudi. Et j’ai bien compris que mes quatre jours n’allaient pas être suffisants pour tout faire.
Ils sont trop forts à La Venencia, un sens de l’organisation hors du commun. Un certain Montserrat de Pablo vient de publier un livre de photographies prises depuis les hauteurs du tendido cero. Pour le titre il ne s’est pas foulé : "desde el « 0 » fotografías". Pour les photos c’est difficile à dire.
Les textes sont de Jorge. Je ne sais pas s’il s’est foulé lui, mais je suis certain que je vais y réfléchir à trois fois avant de lui demander d’écrire sur mes clichés. ¡Vaya guasa Jorge! ¡Vaya guasa!
Par contre, pour les à-côtés, c’est du grandiose. Voici ce qu’annonce le dos du carton d’invitation.

INAUGURACIÓN
Jueves 1 de octubre a las 20h.

INAUGURACIÓN I
Viernes 2 a las 19 h.

APERITIVO
Sábado 3 a las 13h.

REINAUGURACIÓN II
Miércoles 7 a las 19 h.

REINAUGURACIÓN III
Viernes 9 a las 19h.

APERITIVO DE CLAUSURA
Sábado 10 a las 13 h.

Ça ne s'invente pas, sauf à La Venencia. Muchas copas Jorge, muchas copas. J'en étais où moi ? Ah oui, Zabalita, la famille Martín. Comment dire ? Agua, mucha agua, demasiado. Beaucoup trop et sin gas.

Madrid, 4 octobre 2009


>>> Une galerie est accessible en rubrique RUEDOS du site.

madrid

Madrid-plage


Take me down, Little Susie, Take me down,
I know you think you're the queen of the underground
1

Connaissez vous l'histoire du gars de L'Estaque qui va à Pékin en train ? Je vous la fais courte... Aux guichets des différentes gares, personne ne sachant vraiment où est Pékin, on l'envoie de Marseille à Lyon, de Lyon à Paris, de Paris à Berlin, et ainsi de suite suivant votre inspiration et votre talent pour raconter les histoires : les étapes finissent par le mener à Pékin. Après avoir visité la ville, notre héros se rend à la gare de Pékin pour acheter un billet retour : "L'Estaque s'il vous plaît !" et l'employé Pékinois de lui répondre du tac au tac : "L'Estaque-ville ou L'Estaque-plage ?" (c'est là que vous riez).

En forme de comédie aigre-douce, de farce à l'italienne (hilarante mais glauque), la Plaza la plus importante du Monde, celle de Las Ventas, fut le théâtre d'une feria surprenante en ce chaud week-end d'automne. Un genre de corrida-bouffe pour beignets, enveloppée de gros noeuds roses. Broadway sur Alcalá. Samedi, les Núñez del Cuvillo, anovillados, sont livrés sans mauvaises intentions apparentes, les deux "artistes" du cartel ont le génie d'en voir suffisamment pour finir sous une tendre bronca : je te siffle pour la forme, "Va je ne te hais point." Pour les détails Apariciens et Morantistas, Las Ventas eut les yeux de Chimène et la mansuétude de Raimu pour Ginette Leclerc.
Ginette Leclerc...

Moins salopes, plus ingénues : "Ah ouais elle est trop belle celle-là !" s'exclamait un groupe de jeunes filles ce soir au Zenith dans un enthousiasme sincère et juvénile aux premiers accords de quelques chansons de Pete Doherty. La lycéenne était de sortie, la moiteur de saison.
"Trroooop bien !" : 2 "r" et 4 "o", pas moins. Allez savoir pourquoi, j'imaginais les mêmes ou leurs cousines à Madrid, égrenant passes après passes le rosaire du répertoire Castellien, samedi soir. J'ai décidément l'esprit tordu.
Madrid s'offrait un été indien, le 3è Núñez del Cuvillo une alegría dans la charge, Castella sa science de la rentabilisation, à faire pâlir un fonds de pension, et un résumé extensif de sa tauromachie technique et assurée : débuts par cambio dans le dos, naturelles templées, muleta intacte, verticalité décroisée sur deux séries de la gauche. Puis chariot de remates entre les cornes dès la 4e série en guise de sucre. Tourbillons de pendules à complication (ou l'inverse), redondos inversés ajustés à faire se pâmer Nîmes et délirer Arles, estocade efficace dans le rincón. Exit Chimène, la retenue toute castillane, à bas les mantilles, Las Ventas sentait la pisse au sens groupie du terme2. Deux oreilles tombent du palco, on demande un rappel pour le toro gentil. Tout était offert : la tauromachie moderne, la noblesse en sirop de maïs, la foule en délire, le deuxième trophée, là même où l'on consentait encore à les compter. En marketing, ça se dit BOGOF (Buy one get one free), deux pour le prix d'une, offre spéciale.

De Lima, on m'avait donc directement expédié à Madrid-plage, ces Péruviens sont forts comme des Pékinois ! Ahuri et jet-laggé, j'étais le père de famille largué face à la grande qui sort du concert en transes. "Mais tu peux pas comprendre !"
Chienne de vie, je n'ai même pas 30 ans.

1 Dead Flowers - The Rolling Stones
2 A ne pas confondre avec le sens Jean-Pierre Marielle du mot : "Aaaah, toi tu sens la pisse, pas l'eau bénite !" (in les Galettes de Pont-Aven - Dialogue allongé avec Andréa Ferréol).

10 septembre 2009

Palhas para Otoño


Pour ceux qui sont intéressés – et comment ne pas l’être !? – vous avez sur le blog de Rosa Jiménez Cano un reportage photographique sur les toros portugais de Palha qui seront combattus à la fin du mois à Madrid, pour le premier week-end de la féria d’automne. Ça en devient même émouvant en les contemplant que de se dire qu’il s’agit d’un des derniers élevages, avec Dolorès Aguirre, à être capable d’encaisser régulièrement des tercios de varas dignes de ce nom. Vive les piques ! N’en déplaise aux modernistes dégénérés. Y ojalá…

30 août 2009

Histoires de sobreros


La première est celle de ‘Reganchado’1, jeune frère et compagnon de corral du bel ‘Oreganer’ qui aura, lui, joué son rôle de sobrero jusqu’au bout, un jour d'août 2008. Car si ‘Reganchado’ passa l’hiver au campo, il vint finalement compléter comme titulaire un lot de son fer, el de María del Carmen Camacho. Ironie du sorteo, celui-ci le désigna sixième toro de la tarde du 15 août dernier à Las Ventas. Destin peu banal d’un animal qui aurait eu six printemps à l’automne prochain.

La seconde concerne ‘Buscón’, un toro de l'élevage charro d’Ana María Cascón. En l’espace de quelques semaines, ‘Buscón’2 eut tout le loisir d’arpenter les couloirs des arènes de Madrid avant de, lui aussi, figurer dans « le six de départ » aux côtés des noirs gracilianos de « Cojos de Robliza ». Convaincu qu’on lui faisait là une fleur, il gratifia son éleveur d’un combat si intense que les rares aficionados présents, les deux mules et la présidence l’honorèrent d’un tour de piste.

La troisième, enfin, évoque le souvenir de ‘Solitario’ — un nom prédestiné pour un sobrero. L’heureux ganadero dut être bien embêté à mesure qu’il voyait grandir celui qui allait devenir un tío propre à dépareiller, par le haut, n’importe quel lot. Au début de l’été madrilène, rien d’étonnant à ce que ‘Solitario’ ait fait sensation lors de son apparition. ‘Solitario’, c’était « un « barbas » de Navalrosal qui, quel hasard !, exhiba force et puissance tout au long de son combat »3. Une étoile filante dans la galaxie taurine...

1 ‘Reganchado’ (Núñez), n° 61, né en octobre 2003, toro negro bragado meano de 586 kilos.
2 Né en juin 2005, ‘Buscón’ était curieusement annoncé sobrero d’une corrida le 10 mai 2009 ! Mais le 23 août, jour de sa sortie, sa date de naissance était juillet 2005. Sans doute une erreur quelque part...
3 D’après Bastonito. Un « barbas » équivaut au toro con toda la barba — celui qui « a (presque) tout pour lui ».

Images © Juan ‘Manon’ Pelegrín
‘Buscón’ (Atanasio Fernández), n° 34, né en ? 2005, toro negro de 598 kilos ‘Solitario’ (Núñez), n° 19, né en décembre 2003, toro negro lombardo bragado meano coletero de 526 kilos.

En plus Sur le blog Larga Cambiada, deux autres photos de ‘Solitario’ : l’une de Manuel Durán Blázquez et l’autre, en noir & blanc, de Paloma Aguilar.

10 juin 2009

Un souvenir, des souvenirs


Depuis quelques jours, il est question de Palha, de Luis Francisco Esplá et de Las Ventas. Pour ne pas être en reste, je vais moi aussi vous parler de « ces trois-là ». En octobre 2003, je ne me rends pas à Madrid pour la première fois et uniquement pour visiter l’exposition consacrée à Manuel Padorno. Non, je viens voir les toros de Palha et le matador Luis Francisco Esplá, à Las Ventas.

Ce dimanche 5 (tiens un 5), j’assiste à ma première corrida madrilène et ce malgré — ou surtout à cause — une précédente course de Palha (le 5 juin 2002 lors de la San Isidro, tiens un 5 juin) malmenée lors des reconocimientos vétérinaires (trois toros refusés), sortie incomplète (un carmen borrero complétait le lot), très inégalement présentée (certains protestés dès leur entrée) et si catastrophique de comportement que d’aucuns soupçonnaient les palhas d’être malades... Et dire que la légendaire ganadería portugaise faisait son retour à Madrid en corrida formelle1 après quelque chose comme une trentaine d’années d’absence. Au soir de ce 5 juin funeste, João Folque de Mendoça, le propriétaire de l’élevage à la devise bleue et blanche, broyait du noir ; il était pour un temps devenu la risée du monde des toros et son fer n'avait jamais aussi bien porté sa croix que ce jour-là. À cause disais-je de cet incroyable rendez-vous mille fois manqué, je me promis d’être présent sur les tendidos venteños quand sonnerait l’heure du rachat. « Folque » avait lui-même programmé le réveil au... dimanche 5 octobre 2003. À 17 heures 30.

Avant de revenir sur cette tarde, permettez que je jette un coup d’œil appuyé dans mon rétroviseur portugais — oui, j’ai un rétroviseur portugais. Dimanche 31 mai 1998 à Nîmes, toros de Palha : je ne me souviens de rien ! Ça commence bien. Le 13 septembre de la même année, l’amphithéâtre arlésien, géré par Hubert Yonnet, voyait débarquer six tigres féroces pour autant de combats d’un autre temps. À Vic, lors de la première Pentecôte de ce siècle, un curieux fourgon publicitaire vantait, à grand renfort d’images vidéo, d’affiches et de tracts, la corrida d’Aire du 18 juin 2000 organisée par Folque de Mendoça — vieille et sauvage affiche tirée des archives de l’élevage, photos des six rustres « buffles », débarquement public et longue lettre2 un brin mielleuse adressée « À l’afición française », rien de moins. Le dimanche 16 juillet suivant à Céret, les palhas exhibaient des flancs, des cuisses et des épaules ornés de marques et de signes surprenants : six estampes pariétales chassées pour leurs oreilles. À Nîmes, le 30 mai 2004, deux toros de Palha officiellement déclarés aféités3 provoquèrent dans le mundillo français une polémique sans fin au cours de laquelle João Folque de Mendoça et son entourage ne ménagèrent pas leur peine pour noyer le poisson. Enfin, le 31 mai dernier à Vic-Fezensac, ‘Camarito’ (ci-dessous)...

Après cette parenthèse, revenons sur la course du 5 octobre 2003. Je voulais voir Esplá à Madrid, à la Feria de Otoño ; et puis le proprio n’avait pas encore ouvert la « grosse » caisse à outils... Pris dans la cohue de l’apartado matinal, je me rappelle seulement avoir entraperçu du bois, beaucoup de bois, rien que du bois... et des poils noirs aussi. Comme évoqué plus haut, la dernière course madrilène du fer fut un petardo ganadero majuscule et « Môsieur » avait à cœur de se racheter. Sauf qu’il prit une nouvelle fois les aficionados pour des pommes en se disant qu’à Madrid ils aimaient les cornes ; alors il rassembla toutes les cornes de sa ganadería et les posa sur les têtes des toros qui devaient sortir ce 5 octobre ! Ceux-là portaient certes des armures à faire frémir mais question trapío... Bref, ceci dit et sauf à vouloir à tout prix chercher des poux, la présentation d’ensemble du lot se montrait digne de Madrid.

Las Ventas se remplissait lentement, sûrement et bruyamment jusqu’à afficher « No hay billetes ». Il n’y avait peut-être plus de billets mais il y avait du vent, un vent frais et violent poussant des nuages gris et menaçants. Il ne manquait que la pluie... et les palhas à qui il ne restait plus qu’à sortir en piste, bien sagement, les uns après les autres. Quand Luis Francisco Esplá, Eduardo Dávila Miura et Jesús Millán finirent de défiler, un rayon de soleil réchauffait encore l’atmosphère. Pour un court instant car il ne s’agissait que d’une brève piqûre de courage avant l’orage, avant que les six masses sombres surarmées des bords du Tage — ‘Gradilho’, ‘Zamaro’, ‘Mejicano’, ‘Cigala’, ‘Peluquero’ et ‘Lagarto’ — viennent chacune à leur tour assombrir le tableau. Et lorsque, en éclaireur, ‘Gradilho’ déboula du toril avec ses 120 (135 ? 150 ?) centimètres de pointe à pointe, nous comprîmes tous vite qu’il n’était là ni pour éclairer quoi que ce soit ni pour nous tricoter une petite laine ! Dommage, parce que moi j’avais froid ; d’ailleurs, et veuillez m’excuser par avance pour cette lamentable transition, je suis certain que Joël Bartolotti eut froid lui aussi...

De retour en France, l’actuel directeur de la revue TOROS prit sa plume clairvoyante et écrivit ce qu’on ne lit plus guère de nos jours, extraits4 : « Solides, forts, armés (voire très armés), de trapío et braves même si l’on excepte le quatrième, manso et surtout distrait. [...] Face à ces toros de respect, nous vîmes trop de toreros d’irrespect, particulièrement ceux à cheval qui se comportèrent honteusement, perpétrant à dessein des puyazos en arrière propres à tuer la plupart des toros modernes et la fiesta elle-même. Vous aurez compris que cette course, brave au premier tiers, fut délibérément massacrée par les hommes au castoreño, lors de la première rencontre mais aussi lors de la deuxième, voire encore lors de la troisième pour les trois cornus qui la subirent. En ces temps de picotazos pour la forme, cette odieuse sangría n’eut que plus de relief. 15 varas longues, dures, traseras et en carioca furent la réponse à des assauts souvent vifs, fiers et braves. Les cuadrillas, à la dérive, supportèrent, comme elles purent, accrochages des leurres, accélérations et poursuites, angoisses et fatigues auxquels elles ne sont plus habituées. Le maestro L. F. Esplá lui-même, pourtant à son affaire par gros temps, en perdit le sourire et subit même deux désarmés au capote, deux autres à la muleta avant de sauter même dans le callejón au quatrième. Rien de tout cela ne pouvait rassurer une torería absente. [...] Les palhas avaient tous cinq ans ou presque et les idées de leur âge. Un était de la race ancienne et un de Torrealta, deux issus d’un croisement B. Ibán et deux purs Ibán dont ‘Peluquero’. »

La suite : un tonnerre d'applaudissements pour ce « grand brave » de ‘Peluquero’ sorti en 5 (tiens un 5) et le mayoral appelé à saluer à trois mètres du burladero en signe de réconfort...
Le reste : les bregas et banderilles supérieures de Domingo Navarro et El Boni mais aussi la terrible impuissance de Dávila Miura et la peur panique de Millán.
Pour finir : le plaisir rare d’avoir vécu une course de toros importante et vu un Luis Francisco Esplá chef de lidia égal à lui-même. ¡Gracias y adiós Torero!

1 Donc hors « concours ».
2 Dans laquelle il était beaucoup trop question d’éthique pour que cela sonnât vrai...
3 Voir le rapport d’expertise effectué par le professeur Sautet à l'École Nationale Vétérinaire de Toulouse le 28 juin 2005 (source ANDA).
4 TOROS n° 1713 du 9 octobre 2003.

En plus La galerie de la tarde du 5 octobre 2003, signée Burladerodos, et le site de l'association culturelle Círculo Amigos de Palha méritent une visite...

Images Le recto d’un montage photo personnel (Madrid – 05.10.2003) ‘Camarito’ passant de l’ombre à la lumière (Vic – 31.05.2009) © Camposyruedos Le verso... Yo no soy fotógrafo...

07 juin 2009

Pedro Bravo, La opción b, Esplá, One way…


Ça tombe bien, très bien. Il y a déjà un moment que je voulais attirer votre attention sur un blog un peu particulier, un blog pas spécialement taurin, mais un blog muy de Madrid, le blog de Pedro Bravo : La opción b.
Pedro est un un ami de Manon, journaliste professionnel, un vrai, lui. Pedro je l’ai croisé pour la première fois un dimanche de juin dans le repère de la pandilla, à deux pas de Las Ventas, quelques instants avant que Juan n’aille shooter pour son incontournable « Entre toros y toros » tellement mal plagié par Mundochoto.
Il y avait là Martín et Marisa, Bego, Pepe Carlos, Bernard, Benjamin, Madame Doña Pepina del Toro, et Juan évidemment, et d’autres encore. Martín ne l'a pas écrit mais dans la nuit de vendredi à samedi, il a été à deux doigts d'aller se baigner à Cibeles, comme pour les grands soirs du Real !
Pedro Bravo est journaliste et anime un blog, La opción b, incontournable. Goûtez-y et vous verrez. Il est tout à la fois journaliste et écrivain. Il collabore actuellement à GQ, ELLE, Calle 20, El País, Interviú et va bientôt publier son premier roman : La opción b. Fastoche !
Vendredi dernier, Pedro, comme beaucoup d’entre nous n’était pas à Las Ventas. Mais, de tous ceux qui n’y étaient pas, c’est probablement celui qui a le mieux écrit sur cette absence, Joaquín Vidal mis à part, cela va de soi. Gracias Pedro por permitirme maltratar tu texto, traduciéndolo en francés. Un abrazo.

Esplá
Par Pedro Bravo, La opción B
Hier je n’ai pas pu y être. J’avais un problème à résoudre qui devait être résolu.
Hier je n’ai pas pu y être, et cependant, j’y étais, car Iñigo me racontait par SMS ce qui se passait.
Ce qui s’est passé est désormais connu de tous, 'Eole' et 'Beato' ont permis qu’Esplá vive la despedida de Madrid qu’il méritait. Celle qui devait être.
Bien qu’au début j’étais plus emmerdé qu’autre chose d’avoir raté ça, mes sentiments ont vite évolué. Je me suis réjoui pour Iñigo, qui y était. Pour Tom et pour Lourdes, de bons amis de Bambino.
Je me suis réjoui pour Juan, qui a pour lui tant d’admiration. Je me suis réjoui pour tous les amis que j’avais sur les tendidos, je me suis réjoui pour l’afición, mais par-dessus tout, j’étais heureux pour Esplá.
Une bonne part de la naissance de mon afición est due à Esplá. Il n’y a dans ma famille aucune tradition tauromachique, d’aucune part.
J’ai commencé à aimer les toros en les regardant à la télé et en lisant Joaquín Vidal.
Et ils ont commencé à m’amener aux arènes alors que j’étais enfant, accompagné par un ami de mon père, aficionado, et ensuite seul la plupart du temps, généralement pour des corridas de banderilleros. Víctor Mendes, El Soro, Morenito de Maracay. Toujours Esplá.
Sans avoir la moindre idée de tout cela, quelque chose me disait qu’Esplá était le modèle. Quelqu’un à qui se fier. Un homme que j’admirais. Un torero auquel il fallait rester fidèle, ce que j’ai été depuis lors.
Tout ce que j’ai appris depuis, peu ou beaucoup, a eu Esplá pour référence essentielle.
Une autre référence aura été, et continue d’être, Joaquín Vidal.
Deux noms pour parler d’un même sujet. Les toros, compris comme histoire, tradition, sentiment, pureté, sens, goût, respect, courage, honnêteté, profondeur, sagesse, humilité, art.
Hier je n’ai pas pu aller à Las Ventas mais j’y étais, par les yeux d’Iñigo, les applaudissements de Lourdes, les olés de Tom et le viseur de Juan.
Eux, et de nombreux aficionados peuvent discuter d’un sujet ou d’un autre, mais coïncident toujours sur un point. Esplá. Parce que Esplá représente tout ce que nous aimons dans la Fiesta. Parce que Esplá est la Fiesta.
Hier, lorsque Iñigo me racontait la sortie en triomphe du maître, je me suis réjoui pour Esplá et pour les aficionados.
Aujourd’hui, je suis toujours content mais un peu triste. Un peu comme le jour où est décédé Joaquín Vidal, j’ai compris que venait de disparaître une partie de l’afición qui m’amène aux arènes, un motif de moins pour persister dans ce merveilleux anachronisme. Et par les temps qui courent, les motifs pour persister ne sont pas légion. Mais cela est une autre question.
Ce qui est important, c’est qu'hier, Esplá est parti de Madrid comme il le devait. En triomphe, par la Grande Porte. Parce que la vie est juste avec qui est juste avec la vie. Parce que la Fiesta honore celui qui honore la Fiesta.
Viva la Fiesta. Viva Esplá.

La photo ne peut être que de Manon.

06 juin 2009

Gracias, Maestro, Gracias, Madrid


El final más feliz
Par Bastonito
Permettez-moi de ne pas raconter ce qui s’est passé hier à Las Ventas ; et consentez que celui qui bafouille ces quelques lignes maladroites après avoir passé la nuit dehors à parler de sentiments et non de faits, considèrerait comme obscène de réduire la prestation de Luis Francisco Esplá à une simple description chronologique des faits.
Laissons les comptes pour ceux qui préfèrent la quantité à la qualité, pour les comptables du toreo, car aujourd’hui nous allons parler de tout un Matador de Toros, en lettres majuscules, qui a fait ses adieux à l’afición de la capitale.
Hier, dans la piste de Madrid, il n’y avait pas simplement 'Beato', de Victoriano del Río – un morceau de toro, de presque cinq ans, 620 kg, et deux poignards, codicioso et pastueño – et Luis Francisco Esplá – un morceau de torero, la cinquantenaire, 62 kgs et deux narines, intelligent comme pas deux.
Il y avait également la mesquinerie envieuse de ceux qui aujourd’hui encore disent « Oui, mais… »
Il y avait dans l’air le souvenir de l’horrible cornada de Céret, il y a deux ans, qui l’avait envoyé dans l’autre monde pour un instant ; le souvenir de la traversée du désert lorsque les organisateurs l’on mis sur la touche pour avoir défendu des compañeros lâches qui l’avaient désigné comme représentant, avant de lui tourner le dos au moment crucial ; le souvenir de la « corrida du siècle », et la faena extraordinaire par naturelles à cette alimaña de Victorino qui avait blessé El Califa ; le jour de la despedida d’un autre grand maestro, Manolo Vázquez ; l’hommage à Joaquín Vidal...
Nous ne savons pas le raconter, ce n’est à la portée de presque personne, et, précisément, la chronique de Joaquín Vidal, le seul qui aujourd’hui nous manque – tu as raison Miguel.
Pour différentes raisons, nous nous retrouvons sans nos maîtres ; et derrière eux, il n’apparaît personne avec la catégorie suffisante pour s’élever à leur hauteur et servir d’exemple aux générations futures.
Hier, 5 juin 2009, une page de l’histoire de la tauromachie a été écrite, elle sera également la dernière de la biographie madrilène d’un torero, Luis Francisco Esplá, qui depuis quelques années n’avait pas donné l’opportunité aux capitalistes de le porter en triomphe des arènes.
Exceptionnellement il l’a consenti ce jour lorsqu’une fille lui a dit : "Anda, papá, déjate, por favor..." et il fut élevé vers les cieux, par son propre fils, Alejandro, entouré d’une multitude d’aficionados plein de ferveur et de toreros quasiment en extase
Alors que la procession traversait la Porte de Madrid, en direction de la rue Alcalá, les aficionados continuaient d’applaudir, les yeux pleins de larmes, ce Monsieur de lumière qu’ils voyaient encore sur les écrans des téléviseurs des coursives.
Ensuite, quelques gin-fizz au Chicote et une tertulia taurina – une vraie, avec les amis – jusqu’à cinq heures et demie du matin.
De tout cela, il nous restera un souvenir impérissable dont nous serons pour toujours reconnaissants à Luis Francisco Esplá et à l’esprit de la plaza de Madrid, qui continue à être la seule et unique capable de produire pareilles sensations, qui, hier, nous ont tous transportés.
Merci, Maestro, Merci, Madrid.

Et la photo est évidemment de Juan Pelegrín.

Madrid, Esplá, Manon... Vidal...


Esplá, Madrid.
Madrid, Esplá… Rendez-vous sur le blog de Manon…
L’afición est de bonne humeur… blog de Manon… pour nous le raconter.
Madrid, Esplá, Manon... Ricaaardo !
L’afición est de bonne humeur et triste à la fois… Comme le souligne le blog Cornada para todos, dommage que l'autre Maestro, Joaquín Vidal, ne soit pas là pour nous le raconter.
C'est en pareilles circonstances que l'on prend réellement conscience du vide.
Putain, la chronique... Vous imaginez, ce matin, samedi 6 juin 2009, la chronique de Vidal sur Esplá ? Rien que de ne pas la lire j'en ai les larmes aux yeux... Un monde, une galaxie entière, l'univers oui...
Adiós Maestros... L'un emporte aussi un peu l'autre.

05 juin 2009

Un souvenir


João Folque de Mendoça, malgré les années, conserve sa trougne de môme et deux dents légèrement en avant. João Folque de Mendoça élève des toros de combat au Portugal. João Folque de Mendoça s’occupe et s’est occupé de la gestion d’arènes en France (Aire, Alès, Tyrosse…) avec plus ou moins de bonheur, avec plus ou moins de rigueur. João Folque de Mendoça est détesté, essentiellement pour cela, par une grande partie du mundillo français qui se colle de grands abrazos dans le callejón en écoutant jouer le « Se Canto » avant chaque paseo pour rappeler à tous le souvenir exsangue de cet observatoire souffreteux aussi risible que la mauvaise foi démontrée par certains à l’encontre de 'Camarito' de Palha. C’est lui le toro de la féria de Vic, car 'Camarito' a réussi à devenir en trois piques dantesques (plus une de tienta) ce que l’immense majorité des toros de lidia ne parviendront jamais à effleurer : un souvenir.
En 2009, la vacada portugaise laissera un autre souvenir, important, pour ceux qui ont assisté au calvaire intégral de la San Isidro.
Madrid, première arène du monde, Madrid cátedra del toreo. Un mois de féria, et rien. Rien jusqu’à Morante. Et après Morante, rien jusqu’à la corrida de Palha, et après Palha, rien. Juan Pelegrín l’a remarquablement mis exergue sur son blog.

Le mundillo Français n’aime pas João Folque, le mundillo espagnol guère plus. A l’ultime seconde de cette corrida madrilène, Israel Lancho porte une estocade qui devait le libérer de cet Himalaya trop haut pour lui et qui ne fut que le début d’un cauchemar qu’il pensait enfin terminé. Un coup de corne de cheval, qui aurait pu lui être fatal.
Lancho est amené à l’infirmerie. Quelques minutes plus tard, l’afición reconnaissante pour l'ensemble de la corrida demande au mayoral portugais de venir saluer.
Et c’est de là qu’est partie la polémique ibérique, inutile et déplacée. Le ton est donné par l’apoderado de Lancho. La suite est orchestrée par les portails taurins bodegueros, et accompagnée jusque dans les pages de l’ABC via la plume de Zabalita de la Serna. Indignes.
Le ganadero est traité de Moruchero portugés, expression aux relents nauséeux. Ceux-la mêmes qui le désignent ainsi à la vindicte populaire sont pourtant les mêmes qui ont apposé leur signature en bas d’un contrat pour gagner de l’argent et envoyer Israel Lancho se frotter à une corrida pour laquelle il n’était sans doute pas préparé. Ce sont ceux-là qui ont envoyé Lancho au casse pipe, pas João Folque de Mendoça.
Le mundillo espagnol ne doit pas aimer Folque de Mendoça beaucoup plus que le mundillo français. Les raisons en sont sans doute différentes. João Folque de Mendoça est un des derniers ganaderos, non pas romantiques, mais un des derniers à élever des toros qui ont une vertu dont le mundillo ne veut plus rien savoir et que seuls goûtent quelques aficionados, et encore pas tous : la force.
En 2009, 'Camarito' à Vic, et le corridón de Madrid pour la San Isidro resteront dans le souvenir des aficionados qui y ont assisté. Obrigadissimo Senhor Folque.
Laurent Larrieu & Solysombra

28 mai 2009

Israel Lancho gravement blessé par un toro de Palha à Las Ventas


Post de Bastonito dans Taurofilia du jeudi 28 mai 2009. Israel Lancho gravement blessé par un toro de Palha à Las Ventas

Le propriétaire de l’élevage de Palha, João Folque de Mendoça, a envoyé hier à Madrid une sacrée course. Il s’agissait de six bêtes très bien présentées, encastées, offrant de la variété dans le jeu et dotées de suffisamment de puissance pour supporter, debout sur leurs pattes, l’ensemble du combat, ce dont ne peuvent se prévaloir la plupart des ganaderías de la féria choisies pour les sommités de la hiérarchie des toreros qui sait compter sur l’aide inestimable du tandem Choperita/Florito et sur le consentement de la Communauté de Madrid.
A dire vrai, monsieur Folque n’est pas le genre d’individu ou d’impresario taurin que j’adule, mais, en tant qu’éleveur, il ne cesse de monter dans mon estime et c’est au fond ce qui importe.
Globalement, la corrida fit montre de vivacité lors des premiers tiers et de noblesse dans le dernier. A cet instant il me semble important de préciser qu’il y a lieu bien évidemment de ne pas confondre la noblesse avec la niaiserie. Les Palha étaient nobles lorsque les choses étaient bien faites mais ils ne permettaient pas le moindre faux pas. C’est précisément pourquoi personne ne s’est ennuyé durant tout le spectacle malgré la maladresse des matadors qui s’évertuèrent à étouffer la charge des six toros.
L’épouvantable accrochage vécu par Israel Lancho, lors de la mise à mort du sixième est venu ternir un après-midi qui s’est achèvé par le salut du mayoral en piste en réponse à l’insistante demande d’une Afición reconnaissante. Pour le reste, mieux vaut ne pas s’étendre sur ce que firent ou ne firent pas les matadors.

Le docteur García Padrós se montre beaucoup plus laconique que son père dans la rédaction de ses actes médicaux. Il indique que : "Israel Lancho souffre d’une blessure par corne dont l’orifice d’entrée se situe dans l’hémisphère thoracique gauche. La plaie d’une une trajectoire ascendante de 20 centimètres perfore la cavité thoracique jusqu’à son orifice de sortie établi dans le cinquième espace intercostal entraînant un pneumo et un hémothorax. Le pronostic vital est grave. L’intervention s’est déroulée sous anesthésie générale puis le patient a été transféré vers la clinique Vigen del Mar."
Bastonito traduit par JotaC & la photo est évidemment de Manon.

08 mai 2009

Madrid : hommage à César Rincón & expo de Javier Arroyo


La Unión de Abonados y Aficionados Taurinos de Madrid anuncia la celebración de un acto cultural de recuerdo y homenaje a César Rincón el domingo 17 de mayo , a las 12,30 horas , en el Aula Antonio Bienvenida de la plaza de Las Ventas . Participarán personalidades destacadas del mundo taurino.
La exposición fotográfica “De Blanco y Azabache” de Javier Arroyo se mostrará a partir del 4 de Mayo en el Aula Cultural
“Antonio Bienvenida” de la Plaza de Toros de Las Ventas.

El fotógrafo castellonense Javier Arroyo muestra desde el dia 4 hasta el 13 de Mayo en el Aula Cultural “Antonio Bienvenida” de la Plaza de Toros de Las Ventas la exposición “De Blanco y Azabache”, en colaboración con el Centro de Asuntos Taurinos de la Comunidad de Madrid. El horario de 10 a 13,30 horas (mañanas) y de 17 a 19 horas (tardes, excepto los días de festejo, que sólo podrá visitarse desde una hora antes del comienzo del mismo).
La exposición consta de 27 fotografías en blanco y negro con formato de 80x60 impresas sobre un papel cien por cien algodón con pigmentos minerales y 3 fotografías de 60x90 impresas digitalmente en azulejo esmaltado en forma de mosaico, siendo una novedad mundial ya que la tecnología que se aplica es para la decoración integral en pavimentos y revestimientos cerámicos.

Arroyo comenta sobre sus fotografías “la intuición juega un papel importante en mis imágenes, ya que parto de la hipótesis de una escena compartida y donde los actores son los verdaderos protagonistas de una obra llena de luces y sombras”, a lo que añade, “ la profundidad de las imágenes, invitan a viajar en el tiempo y recorrer diferentes historias de unas vidas marcadas por el toro. Una mirada sutil, humanista e intimista, sin invadir la privacidad, reflejando escenas cotidianas y rituales de nuestra cultura”.

Las instantáneas que se muestran en la exposición están realizadas entre los periodos comprendidos de 2003 y 2007.
Anteriormente al proyecto “De Blanco y Azabache” Javier Arroyo ha desarrollado otros como son “La Sombra del Toro” , “Gaudí, arte y modernismo” y “ París siglo XXI” etc.
La exposición fotográfica comenzó su itinerancia el pasado año 2008 en Sevilla y posteriormente parte de la geografía española, Alicante Valencia, Huelva, Bilbao, Salamanca, Castellón y ahora Las Ventas-Sala Cultural “Antonio Bienvenida”

>>> www.deblancoyazabache.blogspot.com.

01 mai 2009

Moreno de Silva confirme (III)


Les saltillitos de Moreno Silva qui ont ouvert hier le cycle de la féria madrilène 2009 ont mis le niveau très haut. Pas de par leur trapío, car quatre des six ressemblaient à des anchois, mais par la caste débordante dont ils ont fait preuve dans tous les tiers.
Les aficionados qui n’ont pas assisté à la novillada de l’an passé sont venus sceptiques, voulant voir si ce que nous leur avons raconté l’année dernière était vrai.
Beaucoup d’entre eux, de par leur jeune âge, ou car ils n’étaient même pas conçus à l’époque, n’ont pas connu les corridas de Charcoblanco, au milieu des années 70. Ils ont découvert la Fiesta alors que la ganadería de José Joaquín Moreno de Silva était décimée par la tuberculose et pratiquement en voie de disparition.
Si quelqu’un à Madrid veut savoir ce qu’est la ligne la plus pure de la caste Vistahermosa, celle qui n’a pas été croisée, pas même avec ses dérivés, depuis le début du XIXème siècle, il sait maintenant qu’il en trouvera les derniers restes chez José Joaquín Moreno de Silva et Enrique Moreno de la Cova Maestre (ganadería de Saltillo).
Les Albaserrada de Victorino ou les Santa Coloma dans leurs différentes branches n’étant pas autre chose que des Saltillo light.

Mais laissons-là nos divagations et continuons avec le spectacle d’hier. Nous disions que quatre des novillos paraissaient des anchois : il s’agit des trois premiers et du cinquième. Un éleveur scrupuleux ne peut pas se présenter de cette manière dans la première arène du monde, et nous nous devons de lui en faire le reproche sans faux-semblants et sans demi-mesure.
La bonne présentation et la caste ne sont pas incompatibles, vous le savez bien.
En outre, en comparaison avec l’année dernière, il a manqué à cette novillada de la puissance.
Attention ! Ce n’est pas qu’elle n’en n’a pas eu, c’est juste qu’elle en a eu beaucoup moins.
J’attribue ces deux carences (trapío et puissance) au fait que le bétail de l’an passé a été lidié début septembre avec un âge moyen de 44,8 mois, et ceux-là ont été combattus fin avril avec une herbe de moins et 39,5 mois en moyenne. Cinq mois et une herbe se font grandement sentir chez le bétail de combat, et encore plus lorsqu’il s’agit de novillos. Je crois que si on avait gardé ces novillos pour la féria d’automne, leur présentation n’aurait pas donné lieu à critique et leur puissance aurait été bien supérieure, avec pour résultat probablement une apothéose.

Ceci étant, refaisons maintenant sonner les cloches pour célébrer la noblesse encastée des six novillos de José Joaquín Moreno de Silva. Si quelqu’un s’est ennuyé hier à Las Ventas, il ne faut plus qu’il revienne aux arènes, c’est juste que Dieu ne l'a pas fait pour être aficionado !
Quelle manière de charger ! Quelle manière de faire l’avion, et quelle façon d’humilier ! Les six, je me répète, les six novillos ont été nobles, les six novillos ont accompli leur devoir sous les piques (certains plus que d’autres) les six répétaient leurs charges et... — ¡ay!, ce qui ne plaît pas aux taurins — les six se souvenaient de ce qui venait de se passer si on ne leur faisait pas les choses correctement.

Tous les novillos, ont été ovationnés à l’arrastre, à l’exception du cinquième simplement applaudi, et une vuelta a été demandée pour le sixième. Ce fut à mon sens excessif.
Cet animal est allé quatre fois au cheval en sortant seul deux fois et à la quatrième pique, à laquelle il est venu de loin il a marqué un temps d’arrêt avant de reprendre sa course. Il est mort acculé aux planches et au troisième tiers il s’est montré plus court que ses frères probablement par suite de l’effort fait au premier.
Au niveau du comportement, j’ai préféré le premier, le troisième ou le quatrième, et s’il s’agissait de primer l’ensemble de la novillada — ce qui était amplement mérité — il y avait pour cela l’ovation finale qui a été recueillie par le mayoral.

Quant aux novilleros il n’y a pas grand-chose à en dire, simplement les remercier d’avoir essayé et, dans le cas de Venegas, de nous avoir montré le sixième face au picador et d’avoir eu une conduite plus que correcte avec le capote tout au long de l’après-midi.
Des cuadrillas, la brega de Rafael González au second fut extraordinaire et on a beaucoup applaudi El Bala (fils) au moment de piquer le sixième.

Texte Bastonito & photographies Manon.