Ça tombe bien, très bien. Il y a déjà un moment que je voulais attirer votre attention sur un blog un peu particulier, un blog pas spécialement taurin, mais un blog muy de Madrid, le blog de Pedro Bravo : La opción b.
Pedro est un un ami de Manon, journaliste professionnel, un vrai, lui. Pedro je l’ai croisé pour la première fois un dimanche de juin dans le repère de la pandilla, à deux pas de Las Ventas, quelques instants avant que Juan n’aille shooter pour son incontournable « Entre toros y toros » tellement mal plagié par Mundochoto.
Il y avait là Martín et Marisa, Bego, Pepe Carlos, Bernard, Benjamin, Madame Doña Pepina del Toro, et Juan évidemment, et d’autres encore. Martín ne l'a pas écrit mais dans la nuit de vendredi à samedi, il a été à deux doigts d'aller se baigner à Cibeles, comme pour les grands soirs du Real !
Pedro Bravo est journaliste et anime un blog, La opción b, incontournable. Goûtez-y et vous verrez. Il est tout à la fois journaliste et écrivain. Il collabore actuellement à GQ, ELLE, Calle 20, El País, Interviú et va bientôt publier son premier roman : La opción b. Fastoche !
Vendredi dernier, Pedro, comme beaucoup d’entre nous n’était pas à Las Ventas. Mais, de tous ceux qui n’y étaient pas, c’est probablement celui qui a le mieux écrit sur cette absence, Joaquín Vidal mis à part, cela va de soi. Gracias Pedro por permitirme maltratar tu texto, traduciéndolo en francés. Un abrazo.
Esplá
Par Pedro Bravo, La opción B
Hier je n’ai pas pu y être. J’avais un problème à résoudre qui devait être résolu.
Hier je n’ai pas pu y être, et cependant, j’y étais, car Iñigo me racontait par SMS ce qui se passait.
Ce qui s’est passé est désormais connu de tous, 'Eole' et 'Beato' ont permis qu’Esplá vive la despedida de Madrid qu’il méritait. Celle qui devait être.
Bien qu’au début j’étais plus emmerdé qu’autre chose d’avoir raté ça, mes sentiments ont vite évolué. Je me suis réjoui pour Iñigo, qui y était. Pour Tom et pour Lourdes, de bons amis de Bambino.
Je me suis réjoui pour Juan, qui a pour lui tant d’admiration. Je me suis réjoui pour tous les amis que j’avais sur les tendidos, je me suis réjoui pour l’afición, mais par-dessus tout, j’étais heureux pour Esplá.
Une bonne part de la naissance de mon afición est due à Esplá. Il n’y a dans ma famille aucune tradition tauromachique, d’aucune part.
J’ai commencé à aimer les toros en les regardant à la télé et en lisant Joaquín Vidal.
Et ils ont commencé à m’amener aux arènes alors que j’étais enfant, accompagné par un ami de mon père, aficionado, et ensuite seul la plupart du temps, généralement pour des corridas de banderilleros. Víctor Mendes, El Soro, Morenito de Maracay. Toujours Esplá.
Sans avoir la moindre idée de tout cela, quelque chose me disait qu’Esplá était le modèle. Quelqu’un à qui se fier. Un homme que j’admirais. Un torero auquel il fallait rester fidèle, ce que j’ai été depuis lors.
Tout ce que j’ai appris depuis, peu ou beaucoup, a eu Esplá pour référence essentielle.
Une autre référence aura été, et continue d’être, Joaquín Vidal.
Deux noms pour parler d’un même sujet. Les toros, compris comme histoire, tradition, sentiment, pureté, sens, goût, respect, courage, honnêteté, profondeur, sagesse, humilité, art.
Hier je n’ai pas pu aller à Las Ventas mais j’y étais, par les yeux d’Iñigo, les applaudissements de Lourdes, les olés de Tom et le viseur de Juan.
Eux, et de nombreux aficionados peuvent discuter d’un sujet ou d’un autre, mais coïncident toujours sur un point. Esplá. Parce que Esplá représente tout ce que nous aimons dans la Fiesta. Parce que Esplá est la Fiesta.
Hier, lorsque Iñigo me racontait la sortie en triomphe du maître, je me suis réjoui pour Esplá et pour les aficionados.
Aujourd’hui, je suis toujours content mais un peu triste. Un peu comme le jour où est décédé Joaquín Vidal, j’ai compris que venait de disparaître une partie de l’afición qui m’amène aux arènes, un motif de moins pour persister dans ce merveilleux anachronisme. Et par les temps qui courent, les motifs pour persister ne sont pas légion. Mais cela est une autre question.
Ce qui est important, c’est qu'hier, Esplá est parti de Madrid comme il le devait. En triomphe, par la Grande Porte. Parce que la vie est juste avec qui est juste avec la vie. Parce que la Fiesta honore celui qui honore la Fiesta.
Viva la Fiesta. Viva Esplá.
La photo ne peut être que de Manon.