Les toros sont seuls. Ne les écoutent attendre la mort que deux Vicois chargés seulement d’être là. Les deux se protègent de la chaleur sur un banc, dos aux toros, le regard dans le vague. Soudain, d’un corridor plus haut, une voix qui a vécu assassine sans complaisance ces instants de langueur ; c’est un copain des deux, du moins ils le connaissent :
— Alorrrs, y sont beaux vos torrros ?
Les "r" se multiplient et s'arrondissent pour ne plus former à l'oreille que la boucle d'un "l".
— Eh, t’as vu ceux-là, les Escolarrr Gil (prononcer Gil à la française) ?
— Ah ça, hil de pute, y sont beaux les Escolarrr. On les a vus à Alès* l’autrrre jourrr, les Escolarrr. Y z’étaient tous noirrrs, y avait pas un grrris, des bestioles durrres. Tous noirrrs y z’étaient, et durrrs. La noblesse là-dedans... Ah ! ah ! ah !
* A Alès, les toros n'étaient pas de D. José Escolar Gil mais de Dña. Dolores Aguirre Ybarra.