A la lecture du titre du présent post, vous avez certainement pensé très fort : "Mais bon sang, qu'est-ce qu'ils sont allés fabriquer là-bas ?!" Et si j'ajoute que celui qui officiait trastos en main, sous la direction du torero honoraire devenu éleveur, n'était autre qu'Antonio Ferrera, votre étonnement n'en sera sans doute que plus grand.
La ganadería "Hermanos Rubio Martínez", dirigée par Antonio Rubio "Macandro", fut formée au tout début des années 1990 avec des bêtes Tornay Maldonado ; en 1993, les frères acquièrent auprès de Joaquín Barral un lot de vaches portant les fers de Manuel González et González Sánchez-Dalp, ajoutant des reproducteurs d'origine Martín Berrocal. Bref, rien de très excitant, et pour tout avouer nous n'avons même pas fait le tour des enclos, un regard circulaire sans quitter le bord de la route ayant suffi à satisfaire une curiosité mesurée.
Non, nous ne sommes pas soudainement tombés amoureux de l'encaste Domecq, à l'encontre de laquelle nous n'avons toutefois aucun a priori négatif, il n'est sans doute pas inutile de le souligner de temps à autre. C'est seulement que ce jour-là il y a avait tentadero, et que ma foi un tentadero c'est rarement ennuyeux. Et c'était d'autant moins ennuyeux que ce jour-là, notre cher Tendido69 himself, en chair et en os (surtout en chair, au bout de quelques jours de goinfrerie sévillane), mèche au vent et lèvres en avant, devait quitter le charme douillet et protecteur du burladero pour se lancer à l'assaut de l'une des vaches soumises au test. Oui, Tendido69 !
Pour le photographe, la difficulté majeure de ce genre d'exercice, c'est de parvenir à étouffer ses éclats de rire afin de réussir à déclencher en gardant le sujet dans le cadre mouvant du viseur. C'est pas facile, croyez-en mon expérience ; essayez de prendre une photographie avec les épaules prises de soubresauts, et vous le constaterez par vous-mêmes.
Et c'est là que ô surprise ! ô stupéfaction !, notre cher chroniqueur se met à nous tirer des passes sur les deux cornes, courant la main, pecho gonflé et en mettant la jambe. Si, si ! L'assistance, y compris l'éleveur lui-même, en fut interloquée, la surprise le disputant au ravissement ; ce dernier alla même jusqu'à proposer à notre práctico de s'essayer face au novillo prévu par la suite (refus poli, pour des raisons qu'il conviendra de découvrir).
D'aucuns pourront chipoter en prétendant que le jeans et la mèche, ça fait pas trop torero. Certes, certes... Mais avouez qu'entre ladite tenue, que nous qualifierons pudiquement de civile, et l'affreux traje de luces de Ferrera, dont même un maletilla des sixties n'aurait pas voulu, ça se discute.
Bref, venons en au fait ; c'est donc officiel : il y a désormais dans les rangs de Camposyruedos un torero. Un vrai de vrai. Un qui risque sa vie au fil des cornes, qui en découd avec les bêtes et tout et tout. Ça pourrait nous faire une belle jambe. Sauf que c'est très important, figurez-vous, pour un site taurin, de compter parmi ses collaborateurs fidèles un torero. En effet, comme on nous le répète à satiété, c'est même la condition indispensable pour jouir de la légitimité nécessaire pour parler de toros.
Eh bien maintenant, c'est fait. Voilà. Nous pourrons donc ouvrir notre gueule quand bon nous semblera. Sous réserve bien sûr de s'en être préalablement entretenu avec notre caution technique, notre éminence ès bébêtes à cornes.
Vous trouverez la galerie consacrée aux faits d'armes de Tendido69, et accessoirement à ceux d'Antonio Ferrera, dans la rubrique CAMPOS du site.
Encore bravo, Fred. Va por ti.