19 août 2013

La Vilavella (II)


Vous n’irez probablement jamais à La Vilavella, pour la Sant Roc, rue Sant Roc.

Ce n’est pas qu’on vous empêchera d’approcher. C’est juste qu’approcher, si vous n’êtes pas recortador, coureur d’encierro, torero, raseteur, ou un truc dans le genre, ça peut être mortel, vraiment mortel.

Florent habite à côté et grâce à ses connaissances, quelques portes lui sont ouvertes. Pas des portes, plutôt des balcons, jusqu’au moment où, marre des balcons, il descend.

À La Vilavella, dans ce couloir, sinon de la mort du moins de la folie, les habitants vénèrent un élevage, celui de Cuadri. Ça ne date pas d’aujourd'hui, et Flo nous raconte : « La Vilavella (Sant Roc) et Cuadri, c’est une véritable histoire d’amour depuis les années 1990. Les habitants de la rue Sant Roc font des tee-shirts aux couleurs de Cuadri, peignent le fer de Cuadri sur leur porte et chantent en l’honneur de Fernando Cuadri. Véridique, il y a de quoi halluciner. Si Cuadri est célèbre dans le bous al carrer, c’est grâce à La Vilavella. Aux débuts des années 1990, les toros de Cuadri sont vendus à des “cebaderos” de la zone de Valence, mais personne n’en voulait. Et puis ils ont commencé à débarquer dans la rue Sant Roc, et quelques toros sont devenus célèbres. Depuis, Cuadri vend tout ce qu’il veut dans les rues. Ça fait donc vingt ans que les Cuadri sont au cartel de La Vilavella, chaque année avec un ou deux toros, comme le sont ou l’ont été Concha y Sierra, Miura, Pablo Romero, Torrestrella, Isaías y Tulio Vázquez et Felipe Bartolomé.

« Malheureusement, cette année, les toros de Cuadri déçoivent.

« J’en ai vu quatre ou cinq (La Vilavella, Faura, La Pobla de Farnals), et le manque de caste est préoccupant. La sauvagerie et la charge lourde du Cuadri n’ont pas brillé. La plupart des toros ont été arrêtés, se sont défendus et n’ont pas inspiré autant de peur que de coutume. Ils continuent d’exploser les barrières et les portes, mais manquent cruellement d’envie d’en découdre. Le Cuadri d’hier a passé un bon moment le cul contre un mur et la langue pendante. »


Photographies Florent Lucas