Lors de l’herradero, après avoir marqué au fer le veau, les hommes réalisent dans la foulée, à l’aide d’un couteau, la marque des oreilles (señal). Jusqu’alors, jusqu’à ses huit mois environ, jusqu’à ce jour d’automne, jusqu’à l’épreuve du fer et ce baptème du sang, le becerro n’avait jamais connu moment aussi douloureux.
Au campo, dans le cas où une bête viendrait à s’échapper, « les éleveurs, mayorales et vachers, connaissant la señal des élevages voisins du leur1 », sont capables de dire, même quand « le poil d’hiver cache tout ou partie de la marque du fer », à quelle ganadería appartient tel ou tel animal. En effet, « pour voir la marque du fer, le toro doit se mettre de profil et du bon côté, ce qui est loin d’être évident ; en revanche, la señal se voit toujours2, car le toro a pour habitude de faire face3. »
Bien que la señal ne soit pas indispensable, elle a son importance, notamment parce qu’« une oreille entière ne fait pas bon effet ».
1 Luis Fernández Salcedo (1901-1986) in La Vida privada del toro (Egartorre, 3e éd., 1996). Les citations suivantes, entre guillemets, en sont tirées.
2 À l’époque de Salcedo, les crotales n’existaient pas… Ces boucles d’identification, accrochées aux oreilles du veau très peu de temps après sa naissance, sont normalement retirées pendant l’herradero, et conservées, avant de pratiquer la señal.
3 Suele dar la cara dans le texte.
Images ‘Paladín’, de Raso de Portillo, dans les corrals des arènes de Bayonne. Señal : zarcillo, oreille droite, et media luna. — Laurent Larrieu • Scan d’une planche du Cossío.