31 mars 2012

Patas blancas mais moins


De retour du campo, il fait beau. On a souvent croisé la pluie ici, un mauve sombre, mauvais, dont l’œil ne peut prendre l’entière mesure. Mais aujourd’hui le ciel est parfaitement bleu. On rentre. On traverse le Campo Charro par la vieille route nationale. Je crois qu’on a le temps. On se souvient. On est bien, là. On roule lentement, on s’arrête, on redémarre. Fraile (Juan Luis), Antonio Pérez, Hoyo de la Gitana, Charro de LLen, Sánchez-Fabrés, Tabernero de Pinto, Ramón Flores, Esteban Isidro, Barcial.
Arturo Cobaleda a arrêté la clope ça fait quatre ans. Un paquet de Marlboro prend la poussière dans le 4x4. J’imagine qu’il est vide. Sa femme est morte de ça.
« Barcialejo » n’a pas changé. Les novillos ont de l’espace sous les vieilles encinas. Les cuatreños attendent en se goinfrant dans des auges de béton. De la tôle les enferme. Le cercado comme vision de l’élevage de toros bravos mériterait un livre.
Arturo nous montre un grand toro noir, costaud, plus haut que les autres. C’est le résultat d’un croisement entre les Barcial et du bétail d’origine Conde de la Corte acheté à un ganadero de « segunda » de la zone. Du Conde de la Corte, il n’y en a pas des masses par ici. On a nos idées. Arturo préfère ne pas leur donner d’aboutissement. À chacun ses secrets.
Devant un becerro au pelage hallucinant, il arrête la voiture et nous explique. Le Barcial va au cheval, il adore ça mais après il a tendance à s’arrêter. Le croisement n’aime pas le cheval. Il a insisté sur ça. Mais après, à la muleta, il peut prendre cent muletazos. Le Barcial, les toreros n’en veulent pas et lui (le croisement) il se laisse faire, alors…
Je n’ai pas réussi à saisir ce qu’il pouvait ressentir. Sacrifier à la mode. Survivre en mourant. Il n’avait pas l’air affligé. Sa voix ne tressaillait pas. Il avait peut-être envie de s’en griller une. Le paquet de Marlboro était là. Vide.

>>> Retrouvez, sur le site à la rubrique « Campos », une galerie consacrée à Barcial.

Photographie Novillos de Barcial au campo, mars 2012 © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com

30 mars 2012

Erratum-sur-l'Adour (ou pas)


Dans un récent post consacré aux carteles 2012 d'Aire-sur-l'Adour, nous annoncions une course de Hubert Yonnet pour la traditionnelle novillada de la Fête des Arsouillos le 1er mai. C'est en tout cas ce qui était écrit dans le communiqué de presse envoyé par les Aturins.
Or, après lecture du site de l'Association des éleveurs français de taureaux de combat (A.E.F.T.C), il semblerait que les novillos qui seront combattus ce jour-là dans l'ancienne capitale d'Alaric II (Wisigoth) appartiennent en vérité à l'élevage des Héritiers de Christophe Yonnet. Autant dire que si la nouvelle est confirmée, il s'agit d'une sacrément bonne nouvelle car les bichos élevés par Charlotte et Quinquin Yonnet ne souffrent ni le manque de trapío ni le manque de caste à en croire ceux qui ont assisté à la novillada de Collioure en 2011. Enhorabuena à Aire-sur-l'Adour qui se tourne sérieusement vers le toro cette année !

Photographie Un novillo des Héritiers de Christophe Yonnet combattu à Collioure en 2011 © François Bruschet/Camposyruedos.com.

Concours Toros de France 2012

Concours Toros de France 2012
Neuf corridas et une novillada constitueront les épreuves du concours Toros de France 2012 :
— le 1er avril 2012 à Vergèze, corrida de Hubert Yonnet ;
— le 8 avril à Arles, corrida de Jalabert (vainqueur sortant) ;
— le 28 avril à Saint-Martin-de-Crau, corrida de Pagès-Mailhan ;
— le 1er mai à Aire-sur-l'Adour, novillada des Héritiers de Christophe Yonnet ;
— le 1er mai à Palavas-les-Flots, corrida de Robert Margé ;
— le 20 mai à Alès, corrida de Blohorn ;
— le 27 mai à Vic-Fezensac, corrida de La Cruz (Granier) ;
— le 3 juin à Mauguio, corrida de Las Dos Hermanas (Laugier) ;
— le 8 juillet à Eauze, corrida de Jalabert et
— le 25 août à Mimizan, corrida de Camino de Santiago (Darré).

L'élevage vainqueur de l'édition 2012 sera invité à présenter une corrida de toros dans le cadre de la Féria d'Arles 2013.

Hé, toro !


Je l'écrivais à mes compères, pamplonicos ou non, ce cartel de la Feria del Toro 2012 me plaît bien.

Rouge comme il faut, classique finalement, et puis surtout centré sur l'élément essentiel : le toro ! On dirait un Aguirre.

¡Viva San Fermín! Ya falta menos…

>>> Le site du peintre Diego Ramos : http://www.diego-ramos.com/.

29 mars 2012

À vendre…


Pour cause d’indisponibilité, deux abonnements « San Isidro 2012 - Tendido 7 - Fila 16 » (du jeudi 10 au jeudi 31 mai inclus).

Les personnes intéressées peuvent nous contacter à l’adresse suivante ; nous ferons suivre.

>>> Du coup, nous profitons de l’occasion pour vous rediriger vers les carteles de la Feria de San Isidro 2012.

Du recorte, chez nous aussi


28 mars 2012

Orthez, samedi 21 juillet 2012


Vaches de Fernando Palha © Laurent Larrieu

Communiqué

« Fernando Palha à Orthez !
Plus que quelques mois pour savourer la future journée taurine d'Orthez 2012. Une nouvelle fois, le toro sera le centre de nos espérances aficionadas.
Maintenant que vous avez découvert les toros d'António José da Veiga Teixeira, voici un léger avant-goût de ce que vous prépare l'“extra-ordinaire” Dom Fernando de Castro Van Zeller Pereira Palha. Le retour de ses fauves en spectacle piqué est un événement, d'autant plus que Fernando Palha fêtera ses quatre-vingts printemps en 2012.
Gageons que le public orthézien saura lui réserver un accueil de seigneur !
Rendez-vous samedi 21 juillet 2012 pour cette journée taurine événement à Orthez. »


NOTA. —
Suite au récent décès de Roger Dumont, on s'étonne de voir l'hommage que lui devait la commission taurine d'Orthez figurer non sur le blog de ladite commission mais sur celui, personnel, de Xavier Klein… en sa qualité de « Président de la Commission Taurine d'Orthez »… Cosas de mundillo.

27 mars 2012

In Memoriam


Page extraite du très beau livre Torerías dans lequel les photographies sont l'œuvre de Gabriel Martínez et les textes signés Roger Dumont.
Roger Dumont fut chroniqueur à Toros, entre autres, écrivain, amoureux du toro brave et, même, il y a fort longtemps, en charge de la programmation orthézienne…

>>> Gabriel Martínez & Roger Dumont, Torerías, J&D Éditions, Biarritz, 1994.

25 mars 2012

Fanny


Nos lectrices sont toujours aussi formidables. Et belles. Ici, c'est Fanny… qui ne peut s'en défaire.


22 mars 2012

21 mars 2012

Bar La Plaza


Et voilà, je vais encore être obligé d’écrire le mot « cul » dans un texte.

De ma vie, rien n’aurait dû me conduire un jour à Dueñas. Non rien. Rien si ce n’est le hasard de sortir là de l’autovía. Comme ça parce qu’il faisait beau et que c’était notre heure. On a suivi le panneau « Casco viejo ». On s’est garé face à l’église. On s’est assis au milieu de la place. La jeunesse a foutu le camp. Avec un bac à sable, ça faisait aire de jeux pour cannes et prothèses de hanche. C’est un pueblo castillan où l’ombre vaut de l’or, où la ride est fashion et le dentier tendance. Tu comptes : deux prostates sur trois ont fait leur jubilé ; la ménopause, c’était le bon vieux temps. Aujourd’hui, trois ouvriers enlèvent un nid de cigognes qui menace de chuter du haut de l’église : c’est jour de fête sur la place. Des pipas ? Non, faut des dents pour torturer des pipas.

Sous les arcades il y a un bar. Le Bar La Plaza. Faut pas chercher plus loin, pourquoi se compliquer ? C’est le bar de la place, le seul, alors autant être clair tout de suite. Et puis c’est pas la peine d’aller faire croire autre chose, de tenter l’exotisme, de faire dans le poétique. Il m’a demandé ce qu’on voulait. J’y ai répondu : « Un café solo », les autres ont suivi, un par un.

Faut que je plante le décor. Faut vous imaginer. Faut voyager, c’est un voyage un bar. C’est un bar. Avec un zinc et un barman. Y a un client à l’extrémité du comptoir. Il feuillette le diario. Il a le teint gris, la quarantaine qui se lasse. C’est pas la lumière, c’est lui. C’est propre ici. Bien tenu, faut l’écrire, ça donne une idée. On voit la place et les vieux dessus depuis le bar. Ça a son charme. Sur les murs, ils ont collé de grands dessins noirs sur fond blanc. Des gars pas clairs, des moustachus méchants, ça se sent, des mafieux, le « milieu » avec des flingots et des feutres années trente. Un décor Warner Bros. On s’étonne. C’était carnaval y a pas longtemps. C’était le thème. Même le toro d’Osborne est dans le film : « Soborne », ils l’ont écrit. Il nous explique l’entourloupe sémantique avec une bouteille d’Osborne. T’inverse le « o » et le « s » et t’as soborne. Tu comprends ? La corruption, ces trucs-là, tu vois ? Je vois, je vois. « ¿Los servicios por favor? » C’est par là, après la porte faut monter l’escalier. Je suis passé devant la quarantaine lassée. Il m’a pas regardé. J’ai poussé la porte.

Oh pute borgne ! Nom d’un cul ! C’était le cas de le dire. Je me le suis dit. Des culs partout accrochés au mur. Des culs géants, des culs disproportionnés, des culs qui faisaient le paon, des culs en campagne militaire, des culs offerts, héroïques, des culs stendalhiens quoi ! et des corps lascifs, aux proportions étonnement normales. C’était le couloir royaume du callipyge. Comme s’ils sortaient du mur tous ces culs, un glory hole en contrepied, le bégaiement de saint Luc. J’ai été pissé quand même. Mais c’est quoi tous ces culs ? Ça lui a plu que je m’intéresse. Je l’ai senti. C’est un artiste colombien influencé par Botero. Tu m’étonnes. Mais qu’au niveau du cul, tu vois. Ça serait dur de pas voir. Même García Márquez est son mécène ! Ben ma canaille, m’aurait étonné que le vieux García Márquez n’ait pas soutenu un projet si culotté. Je me permets. Il m’a dit que je pouvais prendre toutes les photos que je voulais.

Les copains ont été voir. Je leur ai dit que j’allais être obligé d’écrire encore une fois le mot « cul » dans un texte. C’est à croire que c’était fait exprès. C’était pas fini.
« Vous faites quoi ici ?, il s’est aventuré.
— On vient voir des toros, on rentre du Portugal.
— ¡Aficionados!
Sí señor, aficionados.
— Moi aussi je suis très aficionado !
Fier il a dit ça. Vraiment.
— Et même vous savez qui est le parrain de ma fille ? »

Euh, non mais je sens bien que tu vas nous le dire très bientôt. Ça a pas loupé. Morante de la Puebla !!! Je mets trois points d’exclamation pour faire comprendre l’intonation. Il n’était plus fier, il était torero. On n’était pas étonné ; on n’y croyait pas. Il a ouvert son ordinateur et on a vu Morante au baptême. Parrain le Morante, vrai de vrai. On était à Dueñas, à côté de Palencia, près de rien finalement. Évidemment « Morante de la Puebla c’est le meilleur. Tu comprends, il est hors catégorie. Lui il est là et les autres ils sont là, c’est pas pareil. » On faisait oui de la tête. « Tu vois, y a lui, il est là, et y a José Tomás, lui il est là, et puis y a les autres. » J’avais mis trop de sucre dans mon café. Je me suis dit ça à ce moment-là mais j’ai fait oui de la tête. « Mais attention les amis, José Tomás, me quedo con lo de antes, ¡claro ! Parce que moi, je l’ai suivi l’an dernier. C’est plus pareil José Tomás. Je reste avec celui d’avant. Tenez, l’an dernier je l’ai vu à Palencia. Regardez, je vous montre une photo. » Là il cherche. Des centaines de dossiers, que des photographies de corridas. « Là, celle-là, regardez ! C’est moi avec José Tomás dans le patio de caballos. Juste avant la photo, le banderillero, là, on voit son bras, m’a dit : "Carlos, ¡no lo toques!" Quoi "no lo toques" ? Ça veut dire quoi, ça ? Ne le touche pas ! Il est translucide José Tomás ou quoi ? Non mais regardez sa tête sur la photo, regardez. » Il souffle d’un air dépité. Il vient de voir un extraterrestre, un pas beau il nous fait comprendre. « Bon, José Tomás je l’ai suivi moi. J’ai même été jusqu’à Barcelone le voir José Tomás. Alors là, Barcelone, c’est un autre monde. » Carlos se place bien face à nous. Il est chaud, il va nous montrer. « Le toro à Barcelone d’abord il lui font ça. » Carlos fait un geste de la main qui ne laisse pas de doute sur ce qu’a pu subir l’intégrité cornue de la bestiole. « Et puis après, on lui donne des pastillas. » Il lève la tête, ouvre la bouche et avale un médicament fictif. Le show est lancé. « Et après, attendez c’est pas tout, après, le toro il entre dans l’arène comme ça. » Carlos déploie ses ailes et mime l’hirondelle qui s’envole au printemps. Jouissif ! Non, vraiment. « Et là tu vois, après tout ça, le José Tomás, le translucide, il peut en faire des passes… » Un instant, un silence, Carlos hésite, on bade, il regarde à droite, à gauche : « Il peut même lui mettre un doigt dans le cul au toro, il sent rien le bestiau, rien, il aime ça même peut-être ! » Un doigt dans le cul ! J’ai encore écrit « cul ». C’était obligé.

On est parti amis. « Hasta luego, hasta pronto, hasta el culo. » Merci Carlos.

Au moment où l’on ouvrait la porte, le client a relevé la tête : « Moi, je suis antitaurin, mais tout le monde s’en fout ! »

Entrons dans l'arène


Bibliothèque taurine (échantillon).

Vendredi 23 mars 2012, à partir de 18 heures, nous entrons en piste.

Répondant à l'invitation conjointe de la librairie Torcatis et de l'Arène blanche, nous effectuerons un paseo en forme de tertulia dans une ville qui, autrefois, fut taurine au premier chef : Perpignan.

Dans cette Catalogne qui perd sa mémoire tauromachique au gré des destructions de plazas — la dernière en date étant celle de Collioure —, il sera agréable de feuilleter ensemble quelques pages des deux premiers tomes de Campos y Ruedos dans sa version papier en attendant la parution du prochain volume prévue pour la fin du printemps.
Nous vous convions à venir échanger en notre compagnie ; nous parlerons de toros. De toros d'ici et d'ailleurs D'ailleurs, nous en parlons déjà par images interposées. En effet, 80 ans séparent les deux clichés posés sur l'étagère qui illustre ce post. Quatre-vingts ans de tauromachie catalane entre la demi-véronique de Fernando Robleño, donnée à un Escolar Gil l'année dernière à Céret, sous le regard dubitatif et photographique d'un Palha combattu le 7 juin 1931 dans les arènes de Perpignan.

Aficionats d'aquí, sou convidats. Va per vostè !

>>> Librairie Torcatis & L'Arène blanche, 2e étage de la librairie sise au 10, rue de Mailly à Perpignan.

18 mars 2012

Trace


Sans autre intention que de me grappiller quelques souvenirs du très bel hommage à Nimeño II, j’ai profité d’un dimanche gris et triste pour marcher un peu dans les rues désertes de la ville.
J’ai bien ramené quelques photographies mais très peu, de nombreux collages ayant été… nettoyés.
Du coup, je vous ai pris cette trace avec l’iPhone…

>>> Vous pourrez vous régaler de la série entière de ces réalisations sur la page Facebook du Toril d’artistes.

16 mars 2012

En peu de mots #05


Avec notamment Michel Subor © Le Pacte
Le dernier hiver

De retour du campo, il faut de nouveau se colleter avec le quotidien ; on a presque envie de rien. On reçoit les nouvelles, aussi tristes soient-elles, sans émotion particulière ; on subit.

Au milieu d'un chapelet de messages, j'ouvre machinalement, comme chaque semaine, la lettre d'informations des cinémas Rex — le nom du chien chez Infante da Câmara —, dans laquelle, une fois n'est pas coutume, le synopsis d'un film à voir retient mon attention : « Quelque part sur un plateau isolé. Johann a repris la ferme de son père. Il y consacre tout son temps et toute son énergie. Aux portes de l'hiver, l'équilibre fragile de son exploitation est menacé. Johann se replie sur lui-même, fuit les êtres qui l'entourent. Prisonnier de son héritage, il continue à accomplir les mêmes gestes et tente d'aimer comme il peut l'univers dans lequel il vit, au moment même où ce monde est sur le point de disparaître. »

15 mars 2012

Corrales chez Pablo


Communiqué

Le vendredi 16 mars à 19 h 30, rincón taurin à la Bodega Pablo Romero (12, rue Émile-Jamais à Nîmes) sur le thème « Barcelone, le dernier rempart d’une région taurine : la Catalogne ».

Invité : Luis Corrales, ex-président de la Plateforme de défense de la Fiesta.
Après des études de langue et de civilisation à la Sorbonne, ce Guadalajareño décide de s’installer à Barcelone. En 2002, il y crée le Club taurin José Tomás. Les turbulences antitaurines poussent l’Afición catalane à se regrouper et former la Plateforme de défense de la Fiesta, que Luis Corrales présidera de 2005 à 2009.
Nous aborderons avec lui la lente agonie de la Catalogne taurine et les enseignements que nous devons en tirer.

Entrée libre | Tapas et vins seront servis avant et après les débats

14 mars 2012

Taurodelta m'a « tuer »…


Mariano Cifuentes n’y va pas par quatre chemins.
C’est Taurodelta (Choperita, Matilla & Simon Casas donc) qui vient de mettre à mort une bonne moitié de ce qu’il reste de l’encaste Coquilla. Mariano l'explique sur son blog
En résumé, jusqu’à il y a peu, celui-ci vendait chaque année 42 jeunes toros pour les classes pratiques de l’École taurine de Madrid. Cela lui permettait de maintenir l'élevage. Pas de s’enrichir, non, mais de maintenir. 
Cette année, rien. Taurodelta a changé. Cette année, avec la nouvelle Taurodelta, personne n’a daigné répondre, décrocher ou rappeler Mariano Cifuentes. 
Pour l’avoir visité il n'y a pas encore un an, nous pouvons témoigner que Mariano ne faisait pas ceci pour l’argent mais par afición. Par pure afición, mais il faut bien équilibrer les comptes et sans ventes pas d’équilibre. 
Alors ces 25 añojos oubliés lui auront été fatals.
C’est tout. C'est aussi simple que cela. Terminé. Fini.
Merci Taurodelta, merci Choperita, merci Matilla, merci Casas. 
Au moins nous avons des noms ! Mais qui en doutait ? 
Il y a de quoi grincer des dents, sévèrement. 

Mariano Cifuentes, lui, remercie, nous remercie, remercie la blogosphère et l’Afición impuissante qui furent son seul soutien ces derniers jours : « Messieurs les organisateurs du monde taurin en général, "Los coquillas de Cifuentes" ont, durant quatre jours, fait vaciller la blogosphère taurine mais aucun d’entre vous, même par courtoisie, n’a daigné appeler pour m’offrir une aide quelconque. Pas davantage ceux du G10 non plus, trop occupés avec leurs problèmes de droits de télé, mais qui auraient indubitablement pu s’associer aux désirs des aficionados. Seuls vous, aficionados, m’avez appuyé, de toutes vos forces et même parfois en me proposant des solutions économiques (pour ceux qui en ont les moyens) afin que "Los coquillas de Cifuentes" ne disparaissent pas. Mais je vous le dis du fond du cœur, je l’ai longuement médité et, bien que très ému ces jours-ci par tous vos messages, commentaires, courriers et appels, j’en reviens toujours au même point : si je les élève mais que je ne les vends pas, je coule. J’en arrive à la conclusion que si nous avons survécu ces huit dernières années nous le devons à Don Felipe Díaz Murillo qui nous a appuyés avec les moyens dont il disposait pour que nous puissions vendre nos camadas de mâles et qu’il nous évite l’irrémédiable. Mais je vous apporte une bonne nouvelle, pas celle que vous attendez évidemment : depuis hier lundi, je suis en contact avec le Centro Etnográfico y Bibliográfico Virtual del Toro de Lidia pour récupérer la semence des reproducteurs et des embryons de vaches, et, ainsi, "Los coquillas de Cifuentes" seront conservés et, qui sait !, dans quelques années peut-être le Santa Colama reviendra à la mode. »

12 mars 2012

Hoy lunes


Pensamientos… malos. Estamos contigo Mariano…


11 mars 2012

Ça jette un froid


Matin d'hiver au campo.
Depuis trois mois, il tourne et retourne indéfiniment la même idée dans sa tête, sans vouloir se rendre à l'évidence, espérant sans doute un miracle, un de plus, encore un. Depuis trois mois, il attend que passe l'hiver, il attend que trépasse le froid, il attend que s'éloigne la malchance et, surtout, il attend que tombe enfin la pluie. Il attend le printemps, vert comme l'espérance, et qu'on vienne, pourquoi pas, acheter ses toros. Il attend depuis trois mois comme il attend depuis trente ans mais cette année, il n'y aura pas de printemps.
Les Coquilla de Mariano Cifuentes vont partir à l'abattoir et il nous explique pourquoi :

« Dans un premier temps, j'ai pensé réduire mon élevage de moitié en attendant que la situation s'améliore, mais la sécheresse qui perdure, l'augmentation subite du prix de la nourriture pour le bétail et celle du fourrage m'ont contraint à ouvrir les yeux sur la réalité économique. Il est actuellement impossible d'élever un veau jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de taureau de combat quand on connaît le prix qu'il coûte et celui auquel on le vend. À la fin, c'est comme si on l'offrait.
S'il faut en plus se prémunir contre le nouveau virus Schmallenberg qui n'aura pas de vaccin efficace avant deux ans…
La sécheresse tenace que supportent actuellement les éleveurs est un très grave problème qui s'ajoute aux autres difficultés. Les éleveurs subissent une perte de rentabilité supplémentaire puisque la forte augmentation des coûts de production n'est pas répercutée sur le prix de vente des produits.
Dans certaines exploitations, on commence même à abreuver le bétail grâce à des citernes d'eau. Or conditionner l'eau est ce qu'il y a de plus cher, il suffit pour s'en convaincre d'acheter une simple bouteille d'eau minérale. 
Ma décision a été mûrement réfléchie, il s'agit en définitive de mettre un terme à trente années d'un labeur incessant.
Aujourd'hui, vendredi 9 mars 2012, j'ai décidé, pour les raisons précédemment énoncées, d'en finir avec mon élevage et, dès lundi 12, très tôt, un premier camion quittera "Encina Hermosa" pour conduire les mâles de l'élevage à l'abattoir.
Durant le reste de la semaine, d'autres camions emporteront toutes les vaches jusqu'à ce qu'il ne reste aucun des 560 animaux présents dans l'élevage.
Cette décision radicale est entièrement assumée, nous partons discrètement, les poches vides mais la tête haute, sans la moindre dette, car poursuivre dans de telles conditions serait périlleux et nous mènerait directement vers de nombreuses déconvenues.
Je sais que, dès que disparaîtra l'élevage, rien ne sera plus comme avant à "Encina Hermosa", j'aurai la fâcheuse impression d'avoir perdu trente ans de ma vie, trente ans que je ne retrouverai plus ! Mais je sais aussi, que pendant ces mêmes années, j'ai défendu bec et ongles le mythique encaste Coquilla que nous nous rappellerons tous !
Je manque en ce moment de force et d'énergie pour affronter toutes ces complications en même temps. C'est sans doute dû à la malchance dont je vous ai parlé dans un message précédent. En quelques mois nous n'avons connu que des revers tout en continuant d'élever nos toros sans jamais savoir si on nous les achèterait. Toutes ces difficultés accumulées ont fini par nous étrangler chaque jour davantage.
Imaginez lundi lorsque j'assisterai au chargement du camion, avant de le regarder s'éloigner d'"Encina Hermosa", emportant avec lui toutes les illusions que j'avais fondées sur la prochaine saison. David et Abel, n'ai-je pas raison !
Un ganadero élève ses toros en pensant à l'arène, pas à l'abattoir. C'est pourquoi, conscient de leur destin, je préfère prendre cette pénible décision une fois pour toutes. Je connais des éleveurs qui répètent la même opération depuis deux ou trois ans déjà. »

Safari ganadero de 2012 (à suivre…).

Une fois de plus, une fois encore, l'histoire se répète et ça jette un froid. Une fois de plus, une fois encore, c'est rageant, touchant, désarmant, désespérant et ça jette un froid. L'élevage de Mariano Cifuentes va rejoindre la rubrique nécrologique des élevages brusquement disparus et ça jette un froid. Ça jette un froid et ça met en colère parce qu'une fois encore nous assistons, impuissants, au même scénario. Un élevage s'éteint, un encaste se fragilise, devient minoritaire, anecdotique, chaque fois plus anecdotique et chaque fois plus minoritaire, jusqu'à se marginaliser, jusqu'à s'évanouir, définitivement. Que reste-t-il des Coquilla ? Et qu'en restera-t-il dans quelques mois ?
Ce darwinisme ganadero est sans espoir. Il suit une logique économique qui s'appuie sur une évolution si stéréotypée qu'elle lamine tout sur son passage et impose un modèle unique de toro et de torero.
C'est lassant et insupportable parce que nous n'avons aucun argument nouveau à opposer. C'est lassant et insupportable parce qu'il n y a rien de plus à dire. Si ce n'est répéter inlassablement notre absolu rejet de cette vision monolithique d'une tauromachie qui nie la différence et impose la monotonie. C'est insupportable parce que c'est sinistrement redondant. Oui, redondant ! Aussi redondant, médiocre et éculé qu'un vieux cartel insipide indéfiniment reconduit. Aussi redondants, médiocres et éculés que ces programmes de férias mille fois programmés, promesses de succès succédanés successivement resucés. Aussi redondantes, médiocres et éculées que ces pérégrinations de toreros « G-déifiés », mille fois passants et repassants devant les mêmes animaux sans grâce, mille fois graciés.
Une fois de plus, une fois encore, l'histoire se répète. Ce matin,  lundi 12 mars 2012, à « Encina Hermosa », en Estrémadure, Mariano Cifuentes a froid.

10 mars 2012

Merde…


Ces dernières années, les virées au campo ont fini par se transformer en tournées d'adieux. Hier, vendredi, c'est Mariano Cifuentes qui nous a annoncé par l'intermédiaire de son blog l'envoi de ses Coquilla à l'abattoir dès lundi. 
L'Estrémadure souffre de sa pire sécheresse depuis 130 ans et le prix des denrées alimentaires semble avoir explosé, plongeant le ganadero dans une situation extrêmement difficile. On comprend à la lecture de l'article de Mariano que ses toros se vendent mal et à vil prix. Voilà la raison profonde de la décision et la triste preuve que malgré les moyens astucieux que Mariano s'était donné (journées camperas pour prácticos, activité constante sur le Net via son blog et Facebook), le seul vrai nerf de la guerre reste la demande des empresas à des prix décents. 
Il m'est douloureux d'imaginer qu'un personnage tel que Mariano Cifuentes, pétri d'afición et d'illusions pour son élevage, ait fini par prendre pareille décision. En mai dernier, il nous avait reçus à « Encina Hermosa » et fait visiter les cercados au son du pasodoble puis son musée personnel où s'entassent des  milliers d'archives soigneusement classées. Je le répète, j'ai peine à croire que pareille énergie et un tel bonheur d'être ganadero aient pu finir par baisser les bras. 

Photographie À « Encina Hermosa », mai 2011. 

08 mars 2012

'Ruiseñor'


« Entonces eres tú, “El Blanco”. ¿Sabes que el mayoral me ha hablado mucho de ti? Viene a verme todos los días, me observa y me habla. Me ha dicho que me habías elegido y que eres uno de los más grandes recortadores. ¿Qué es un recortador? Yo, tan sólo conozco las praderas, el sol del sur y la sombra de las encinas. El mayoral evita explicarme lo que es un recortador. Quizás tiene miedo de hablar demasiado y enseñarme…
“Blanco”, me cuidan bien aquí. Me han separado de mis cinco hermanos de sangre. Es verdad que desde que me elegiste, me miraban mal. La envidia seguramente. Pero han puesto estas malditas fundas sobre mis pitones. Se supone que es para no dañarlos o hincarlos en la carne de mis congéneres. ¡Mentiras! Es para preservarte a ti, “Blanco”, para que no cojas miedo a la vista de mis astas, porque debajo de estas feas protuberancias se esconden dos navajas afiladas como espadas de Toledo.
Acércate “Blanco”, te gusto ¿verdad? Esto también me lo han dicho. Mira las marcas de fuego que se dibujan en mi lado derecho: el hierro de Hato Blanco y este magnífico “7” en mi paletilla. El numero de la suerte o el guarismo que certifica mi edad de razón. ¿No te asusta? En este año 2012, es un número maldito en el campo. Me observas y te gusta mi manera de andar, tranquilo como si nada, descolgado, con el hocico a ras de suelo. Y mi trapío “Blanco”; tengo buenas hechuras ¿verdad? Eso me viene de mi padre y de su procedencia Guateles. De mi madre he heredado su mirada noble.
Ahora acércate un poco más, “Blanco”. Entra en el círculo prohibido y desata mi rabia. Enciende la llama que brilla en mis ojos negros. Entonces hincharé el morrillo y tensaré mis músculos. ¡Cómo cambian las apariencias en una fracción de segundo! Noto tu corazón que se acelera. Aquí tienes el retrato del que va a atormentar tus noches y alimentar tus pensamientos. No te vayas, tengo una última cosa que decirte.
Me llamo 'Ruiseñor', y pertenezco a una gran reata. Dentro de poco haré temblar la arena y la plaza entera contendrá su respiración. Soy la fuerza, la bravura, el pilar de vuestras tradiciones, y tengo que honrar a mi familia y a mi ganadero porque debo defender mi reputación. Cinco años esperando este momento. Tengo ganas de que llegue el gran día. Nuestro gran día… »

Fotografía 'Ruiseñor' y Ramon Bellver 'El Blanco', febrero 2012 © Florent Lucas

Journée de la femme


06 mars 2012

Toros en Aire


Programmation très intéressante et place au toro cette année 2012 à Aire-sur-l'Adour (40).
Ainsi, la traditionnelle novillada du 1er-Mai — « Fête des Arsouillos » — permettra de retrouver les Yonnet qui avaient été plutôt pas mal à quatre ans en octobre 2011 en ces mêmes lieux.
La corrida des fêtes patronales aura quant à elle lieu le dimanche 17 juin 2012, et ce sont les pupilles de Pagès-Mailhan qui seront alors à l'honneur.

Carteles complets de la temporada aturine :

Mardi 1er mai 2012
Novillos de Hubert Yonnet pour Mathieu Guillon, Fabio Castañeda et Christian Valencia

Dimanche 17 juin 2012
Toros de Pagès-Mailhan pour José Pedro Prados 'El Fundi', Guillermo Albán et Manuel Escribano

En matinée, novillada sans picadors de 3 novillos pour 2 novilleros organisée par la Junta des Peñas.

05 mars 2012

'Ruiseñor'


« C'est donc toi, “El Blanco”. Tu sais que le mayoral m'a beaucoup parlé de toi. Il vient me voir tous les jours, m'observe et me parle. Il m'a dit que tu m'avais choisi et que tu étais un des plus grands recortadores. C'est quoi un recortador ? Moi, je ne connais que les étendues vertes, le soleil du sud et l'ombre des chênes verts. Le mayoral se garde bien de m'expliquer la signification du mot, peut-être a-t-il peur d'en dire trop et que j'apprenne…
“Blanco”, on s'occupe bien de moi, ici. On m'a séparé de mes cinq frères de sang. Il est vrai que depuis que je t'ai tapé dans l'œil, ils me regardaient de travers. La jalousie, certainement. Par contre, on m'a mis ces maudites fundas sur les cornes. Il paraît que c'est pour éviter qu'elles ne s'abîment ou que je ne les plonge dans le flanc de mes congénères. Foutaises ! C'est pour te préserver, “Blanco”, pour que tu ne prennes par peur à la vue de mes armes, car sous ces maudites boursouflures se cachent deux dagues effilées comme des épées de Tolède.
Approche-toi, “Blanco”, je te plais, n'est-ce pas ? Ça aussi on me l'a dit. Regarde les marques de feu qui ornent mon flanc droit : le fer de Hato Blanco et ce magnifique “7” sur mon épaule. Le chiffre de la chance ou celui qui témoigne de mon âge de raison. Ça ne t'effraie pas ? En cette année 2012, c'est pourtant un chiffre maudit au campo. Tu m'observes et tu apprécies ma façon de marcher, tranquille comme si de rien n'était avec le mufle au ras du sol. Et mon physique, “Blanco” ; je suis plutôt bien roulé. Je tiens ça de mon père et de ma lignée Guateles. De ma mère j'ai hérité de la noblesse de son regard.
Maintenant, approche encore un peu, “Blanco”. Rentre dans le cercle interdit et provoque ma colère. Allume la flamme qui brille au fond de mes yeux noirs. Alors, je gonflerai le morrillo et tendrai mes muscles. Comme les apparences peuvent changer en une fraction de seconde ! Je sens ton cœur qui s'accélère. Voici désormais le portrait de celui qui va hanter tes nuits et peupler tes pensées. Ne t'en va pas, j'ai encore une dernière chose à te dire.
Je m'appelle 'Ruiseñor', je proviens d'une grande lignée. Bientôt mes sabots feront trembler le sable et les arènes tout entières retiendront leur souffle. Je suis la force, la bravoure, la raison d'être de vos traditions, et je ferai honneur à ma famille et mon éleveur car j'ai une réputation à défendre. Cinq ans que j'attends ce moment. J'ai hâte que vienne le grand jour. Notre grand jour… »

Photographie 
'Ruiseñor' et Ramón Bellver 'El Blanco', février 2012 © Florent Lucas

03 mars 2012

Humour noir


Céret, dimanche 15 juillet 2007, dernière passe avant le drame.


Brindis : action de dédier une faena à une personne, une assemblée, une entité.

La scène se déroule à Céret lors du premier colloque du cercle ATYP', samedi 18 février 2012. Après avoir retrouvé ses papiers, Luis Francisco Esplá prend la parole et souligne qu'il ne vient pas participer à une conférence de plus. Il a accepté de venir parce qu'il a un engagement éthique avec l'Afición de Céret. Et c'est justement d'éthique dont il est venu  parler.
« Avant de commencer, je veux dire que je suis ici parce que j'avais envie de revenir à Céret. Un jour, Jean-Louis [Fourquet, président historique de l'ADAC, NDLR] a eu l'idée de faire venir Esplá, et j'ai tellement été enchanté que j'ai failli y rester… pour toujours… Si je ne suis pas resté ici, c'est grâce à mon ami Jean-Pierre », dit-il en désignant Jean-Pierre Mau, organisateur du colloque et, surtout, médecin anesthésiste des arènes. Applaudissements dans la salle.
Rions un peu, c'est beau comme du Desproges.

¡Olé, los artistas!

En peu de mots #04


                                                          © Front de libération vicois
Avis de fête sur Vic

Délesté des billets estampillés CTV que je ne prendrai pas cette année, je garde mon slip kangourou, enfile bonnet de poloïste et lunettes de soudeur, gonfle crânement le torse et saute dans l'eau en me pinçant le nez avant de battre fort des pieds au cul du plus beau des pinardiers : celui du FLV. Pour les joyeux drilles du Front de libération vicois et leur chouette équipage : « Hip hip hip ! hourra ! »