Arturo Cobaleda a arrêté la clope ça fait quatre ans. Un paquet de Marlboro prend la poussière dans le 4x4. J’imagine qu’il est vide. Sa femme est morte de ça.
« Barcialejo » n’a pas changé. Les novillos ont de l’espace sous les vieilles encinas. Les cuatreños attendent en se goinfrant dans des auges de béton. De la tôle les enferme. Le cercado comme vision de l’élevage de toros bravos mériterait un livre.
Arturo nous montre un grand toro noir, costaud, plus haut que les autres. C’est le résultat d’un croisement entre les Barcial et du bétail d’origine Conde de la Corte acheté à un ganadero de « segunda » de la zone. Du Conde de la Corte, il n’y en a pas des masses par ici. On a nos idées. Arturo préfère ne pas leur donner d’aboutissement. À chacun ses secrets.
Devant un becerro au pelage hallucinant, il arrête la voiture et nous explique. Le Barcial va au cheval, il adore ça mais après il a tendance à s’arrêter. Le croisement n’aime pas le cheval. Il a insisté sur ça. Mais après, à la muleta, il peut prendre cent muletazos. Le Barcial, les toreros n’en veulent pas et lui (le croisement) il se laisse faire, alors…
Je n’ai pas réussi à saisir ce qu’il pouvait ressentir. Sacrifier à la mode. Survivre en mourant. Il n’avait pas l’air affligé. Sa voix ne tressaillait pas. Il avait peut-être envie de s’en griller une. Le paquet de Marlboro était là. Vide.
>>> Retrouvez, sur le site à la rubrique « Campos », une galerie consacrée à Barcial.
Photographie Novillos de Barcial au campo, mars 2012 © Laurent Larrieu/Camposyruedos.com