05 mai 2009

Toiros


Récemment, le photographe espagnol David Cordero proposait sur son site une galerie d’un élevage portugais avec pour seule et unique information son nom : Irmãos Dias. Dans la foulée, Toro, torero y afición mentionnait l’existence de la galerie avec pour seule et unique information : le site de David Cordero... On tourne en rond ! Et toujours pas la moindre allusion quant à l’origine de ce surprenant bétail ; vous restez sur votre faim.

Se cantonner à un seul rappel historique tel que l’UCTL — ici la Associação Portuguesa de Criadores de Toiros de Lide — en distille dans son annuaire ne serait pas très consciencieux... N’étant pas spécialiste (euphémisme) de généalogie taurine, ni même super passionné par elle je dois vous avouer, je vais vous refiler quelques bribes d’informations récoltées à droite et à gauche — quel écheveau ! — et vous vous débrouillerez avec... Inutile de vous dire que le doute est ici plus que jamais permis, comme le conditionnel. Les obsédés de pureté génétique — au campo, vous y croyez, vous, au « pur machin » ou au « pur bidule » ? —, d’exactitude généalogique et/ou de vérité scientifique passeront leur chemin...

On commence par où ? Peut-être par préciser que l’appellation « encaste português », trouvée sur un certain nombre de sites taurins lusitaniens qui se la repassent, n’a pour elle que de tenir en deux mots. Pour le reste... Remarquez que vous risquez de ne pas être beaucoup plus avancés à la fin de ce papier !

Ceci dit, l’annuaire de l’Associação annonce l’élevage Irmãos Dias Norberto Pedroso1, élevage qui aurait été formé à partir de bêtes de Manuel Duarte Oliveira, Condessa da Junqueira et Emílio Infante da Câmara. Jusque-là, c’est très portugais (sans doute des restes de casta Vazqueña, du Parladé, etc.) et... très vague. Il y a une date aussi : 1910.
Norberto de Vasconcellos Mascarenhas Pedroso (Chamusca 1877 – Chamusca 1968) aurait, selon José Manuel de la Cruz Velasco2, construit son élevage à partir de bétail de Doña Casimira Fernández « Viuda de Soler »3 (1902-1920) — soit du Jijón (Marqués de la Conquista) avec adjonction, dans l’ordre, d’un semental Ibarra, de bêtes Campos Varela (Jijón + Vistahermosa), Lizaso (du navarrais) et, pour finir, d’un semental du Conde de la Corte (1920)4 —, du bétail de la « Viuda de Soler », disais-je, associé à du Pinto Barreiros (1925), soit un mélange de Santa Coloma par Félix Suárez, de Gamero Cívico et de Conde de la Corte.
D’ailleurs, ces deux origines, dans le cas par exemple d’une élimination de la première et de son remplacement par la seconde, ne sont pas incompatibles. Bref, vous prenez ce qu’il vous plaît, vous secouez et vous obtenez... des bêtes exotiques à l’allure unique.

Quoi ?, vous leur trouvez un petit air de famille avec les voisins... albaserradas ? Eh bien, dites-le, il n’y a rien d’aberrant à cela... Car à s’attarder sur la fiche de l’élevage voisin de Vale do Sorraia (propriété de la famille Ribeiro Telles) proposée par l’Associação, on y lit certes comme il se doit des origines fort complexes et « mystérieuses » (dont, entre autres, un rafraîchissement avec des bêtes d’Irmãos Dias, tiens, tiens, annoncées Norberto Pedroso sans citer Pinto Barreiros !) mais enrichies, toujours d’après José Manuel de la Cruz Velasco, d’un apport ultérieur d’« albaserradas y santacolomas ». D’albaserradas ? Notez bien que "Las Tiesas" n’est pas très éloignée du Portugal...
Attendez encore un peu, j’ai oublié de vous conter une chose : José Manuel de la Cruz Velasco écrit dans son article que Vale do Sorraia est « de procedencia Pinto Barreiros y Norberto Pedroso (procedencia de Vda. de Soler y Pinto Barreiros, con posterior adición de albaserradas y santacolomas). » ! Si la parenthèse est correctement refermée, je ne vous dis pas l’angoisse. Et à défaut de pouvoir poser la question à feu Norberto, on tâchera tout de même, à l’occasion, de demander des précisions à De la Cruz Velasco... ou au ganadero.

1 On en trouverait des traces chez Fernando Palha... Selon Pierre Dupuy, cette origine aurait disparu — ça démarre bien ! In Joël Bartolotti & Pierre Dupuy, TOROS, Regards sur la tauromachie, La Renaissance du Livre, 1999, pp. 98-99.
2 José Manuel de la Cruz Velasco, « Empeño ganadero », El Aficionado n°25, Avril 2007, pp. 19-25.
3 Tableau tiré du blog Casta Jijona.
4 Bernard Carrère, Les Élevages de taureaux de combat, Origine et évolution, Éditions Jean Lacoste, 2001.

En plus Élevage Irmãos Dias (Benavente) > Diaporama Aficionados da Moita Élevage Vale do Sorraia (Coruche) > Blog de Manuel Ribeiro Telles Bastos animé par João Costa Pereira.

Images Un irmãos dias un poil basto... Capture d’écran du site de © David Cordero Un fin et précieux toiro de Vale do Sorraia par João Costa Pereira © Tauromania Malgré le goût douteux de l'affiche, je ne résiste pas au plaisir de vous présenter les six vaz monteiros qui seront combattus le 10 mai prochain à Salvaterra de Magos. Vous aurez peut-être un peu de mal à retrouver chez certains les lignes de leurs grands frères cérétans lidiés en 2005 ; il paraîtrait qu'un semental encasté Saltillo...