04 novembre 2008

Voyage au bout de l'afición (IV)


LA INTERROGACIÓN

En nous en retournant d’où nous étions partis à bord d’un vieux tout-terrain de la Guardia Civil, le fils du ganadero nous conduisit près d’un attroupement de bétail d’origine Domecq par Aldeanueva. Nous ne lui avions pas demandé de les voir. D’ailleurs, il ne les regarda même pas et nous n’en fîmes aucun cas. Le temps nous était compté mais le chemin cheminait par là. Tout simplement. C’est que le fils du ganadero les connaît par cœur les endroits, les passages, les ornières où placer les roues, entre tel monticule et tel talus, entre telle pierre et tel rocher, entre tel chêne et telle touffe de genêts. À croire qu’il occupe ses journées à les chercher, à les soigner, à les contempler, à les montrer... Encore qu’il ne doit pas y défiler grand monde à "Casasola de la Encomienda" pour venir y admirer, à l’ombre d’un imposant pigeonnier, les purs coquillas du fils du ganadero.

Le ganadero, justement. En voilà un qui, ne nous y trompons pas, contribue plus sûrement que n’importe laquelle des empresas « de première » à maintenir vivace, à son modeste niveau et contre vents et marées — un mundillo sans idées et des critiques à sa solde —, la diversité des encastes, le charme et l’intérêt de la corrida voire la légitimité même de la Fiesta.

Aussi, à celles et ceux qui s’aventureraient du côté de Garcirrey et qui s’interrogeraient, peu de temps après leur arrivée, sur le large sourire gominé avec lequel le fils du ganadero les aura reçus, je leur rappellerai gentiment que de prononcer « Coquilla » suffit à vous ouvrir en grand ses bras, son tacot de la Guardia et les portes de sa finca. Pour le reste, se laisser guider, profiter, se taire et écouter le fils du ganadero. Et surtout ne pas s’essayer à faire l’intéressant en évoquant avec lui l’oubli récent d’une vénérable revue française dans son papier « Des Coquillas retrouvés » (TOROS n° 1836 du 19 septembre 2008). Le sourire pourrait bien s’effacer... et la coquille se refermer.

En plus Les vaches et les erales sur la galerie du site La fiche élevage sur Terre de toros.

Image Le fameux fer. Tout un symbole... © C’est comme le Port Salut, c’est écrit dessus !