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28 septembre 2013

Rêver un peu


Demain, à Las Ventas, aura lieu une novillada concours de ganaderías dites d’« encastes minoritaires ». Si le principe de novillada concours peut être discutable et discuté (on imagine que le comportement type d’un animal choisi par un ganadero doit s’exprimer quand l’animal est considéré comme adulte), si l’expression « encastes minoritaires » est un doux euphémisme au regard de l’état déplorable et uniformisé de la cabaña brava actuelle, il convient de noter que, à l’intérieur même d’une dénomination réduisant de beaucoup les attendus et les possibles, la plaza madrilène a réussi à composer une affiche ganadera vraiment originale et sortant des sentiers battus. Le résultat sera ce qu’il sera : s’il est négatif, gageons que les critiques s’en donneront à cœur joie pour expliquer que ces élevages ne correspondent pas au toro espéré actuellement (sans prendre en considération les camadas très réduites de certains d’entre eux, qui ne sont maintenus que par pure passion par leur propriétaire et qui ne « lidient » que très rarement) ; s’il est positif, tout sera oublié dès les premières lueurs de la temporada 2014.

Écartées toutes ces prévisions de mauvais temps, force est de reconnaître que présenter le même jour un Juan Luis Fraile, un Sánchez-Cobaleda, un José Joaquín Moreno de Silva, un Manuel Quintas, un Paloma Sánchez-Rico de Terrones et un La Interrogación n’est pas chose habituelle ni classique. Autant les trois premiers sont assez connus des aficionados et extrêmement intéressants, autant les trois derniers sont la bonne surprise du jour pour qui goûte la nouveauté. Les Sánchez-Rico de Terrones ont foulé le sable parentissois cet été, divisant les opinions. Les Quintas sont des berrendos en negro que Goyo et ses frères élèvent à l’abri des regards, comme un trésor dans lequel coule un peu de feu le sang Jijón. Enfin, après les abandons de Mariano Cifuentes, Sánchez-Fabrés et Sánchez-Arjona, l’avenir de la rame Coquilla semblait définitivement scellé, même si le fer El Añadio conserve encore quelques vaches. C’était sans compter sur l’obstination (pour combien de temps encore ?) du jeune ganadero Antonio Martín-Tabernero Ramos, de Casasola de la Encomienda, qui élève — à côté de bestioles plus modernes — les derniers purs Coquilla (origine Matías Bernardo ‘El Raboso’) du campo sur lesquels un étrange point d’interrogation inversé fait office de fer.

Et si la grande vertu de cette novillada était finalement de nous faire rêver…


Photographie Un novillo de Quintas, en 2011. — Laurent Larrieu/Camposyruedos.com

04 novembre 2008

Voyage au bout de l'afición (IV)


LA INTERROGACIÓN

En nous en retournant d’où nous étions partis à bord d’un vieux tout-terrain de la Guardia Civil, le fils du ganadero nous conduisit près d’un attroupement de bétail d’origine Domecq par Aldeanueva. Nous ne lui avions pas demandé de les voir. D’ailleurs, il ne les regarda même pas et nous n’en fîmes aucun cas. Le temps nous était compté mais le chemin cheminait par là. Tout simplement. C’est que le fils du ganadero les connaît par cœur les endroits, les passages, les ornières où placer les roues, entre tel monticule et tel talus, entre telle pierre et tel rocher, entre tel chêne et telle touffe de genêts. À croire qu’il occupe ses journées à les chercher, à les soigner, à les contempler, à les montrer... Encore qu’il ne doit pas y défiler grand monde à "Casasola de la Encomienda" pour venir y admirer, à l’ombre d’un imposant pigeonnier, les purs coquillas du fils du ganadero.

Le ganadero, justement. En voilà un qui, ne nous y trompons pas, contribue plus sûrement que n’importe laquelle des empresas « de première » à maintenir vivace, à son modeste niveau et contre vents et marées — un mundillo sans idées et des critiques à sa solde —, la diversité des encastes, le charme et l’intérêt de la corrida voire la légitimité même de la Fiesta.

Aussi, à celles et ceux qui s’aventureraient du côté de Garcirrey et qui s’interrogeraient, peu de temps après leur arrivée, sur le large sourire gominé avec lequel le fils du ganadero les aura reçus, je leur rappellerai gentiment que de prononcer « Coquilla » suffit à vous ouvrir en grand ses bras, son tacot de la Guardia et les portes de sa finca. Pour le reste, se laisser guider, profiter, se taire et écouter le fils du ganadero. Et surtout ne pas s’essayer à faire l’intéressant en évoquant avec lui l’oubli récent d’une vénérable revue française dans son papier « Des Coquillas retrouvés » (TOROS n° 1836 du 19 septembre 2008). Le sourire pourrait bien s’effacer... et la coquille se refermer.

En plus Les vaches et les erales sur la galerie du site La fiche élevage sur Terre de toros.

Image Le fameux fer. Tout un symbole... © C’est comme le Port Salut, c’est écrit dessus !