07 novembre 2008

Mondovino


Chez CyR, on n'a pas toujours le même avis mais on a des amis. El Gandarien, figure nîmoise haute en bouclettes et en roulettes, nous livre un parallèle intéressant sur le thème de Mondovino. Voilà une façon de continuer à débattre de bonnes choses quand l'automne a renvoyé à leurs souvenirs aficionados et vendangeurs ; et alors que dans les campos et les caves mûrissent toros et bouteilles. Autant de matière première à dégustation, débats et querelles pour les mois à venir. Toutefois, qu'il me permette, en toute amitié et franchise de ne pas être complètement d'accord avec sa conclusion. Bonne lecture !

Vagabondant au milieu de ses vignes ensoleillées, le vieux Hubert de Montille, producteur de Bourogne depuis moult générations, ne jure que par son terroir. Sans terroir, le vin n’est que piquette de boutiquiers. Pour lui, le vin est une passion, une vie, toute tricherie est impensable. Même vendanger du haut d’un vieux John Deere le tuerait et ses ancêtres avec.

Malheureusement, pour lui, la triche est devenu la règle, les goûts des buveurs ont été façonnés, éduqués, par trop de poudre aux yeux et les chéquiers s’orientent inévitablement vers les créations alcoolisées de financiers opportunistes. La viticulture était un sport de riches, elle est devenue un marché dans lequel le vieux Français pique du nez. Assoiffés par les dollars, le clan des Mondavi sait tricher pour grandir. Soudoyant les critiques gastronomiques, fricotant avec le plus influent de tous : Parker, des guides Parker®, ils ajoutent à tour de bras sucre et copeaux de bois en fond de fût pour coller au goût préfabriqué du public, quand ils ne collent pas, par souci marketing, des étiquettes différentes sur un même vin.

De son coté, le vieux Montille n’est pas croyant, mais il a foi en ce qu’il fait. Le regarde lumineux, il ne conçoit pas le vin en largeur qui vous claque à la gueule comme un feu d’artifice et qui vous lâche d’un trait une fois le vernis évaporé. Le vin doit être long pour laisser un souvenir infini aux papilles et à l’esprit. Il fuit le goût mondialisé, labélisé par l’incompétence de présidents de jurys distribuant médailles d’or à tout bout de champs.

Le vieux bourguignon et le magnat Mondavi s’entretuent verbalement (dans le meilleur des cas) sur l’hôtel de la philosophie du vin, mais ils sont tous deux producteurs, à leur manière. Et pendant ce temps, que se passe-t-il ? Une autre guerre plus pernicieuse n’est-elle pas en train de se jouer ?

D’Hubert de Montille ou de Mondavi, qui a raison, qui a tort, qui gagne, qui perd en définitive ? Ne sont-ils pas en train de se tromper de combat ? Loin des querelles de clochers, c’est probablement et malheureusement Heineken, dont le chiffre d’affaire s’est accru de 17 % sur les 6 derniers mois, qui raflera la mise !

Vagabondant au milieu du campo ensoleillé, le jeune chroniqueur de CyR, aficionado depuis moult générations, ne jure que par la caste. Sans caste, le toro n’est que vachette de boutiquiers. Pour lui, le toro est une passion, une vie, toute tricherie est impensable. Même une pique plantée trop loin du morrillo le tuerait et ses ancêtres avec.

Malheureusement pour lui, la triche est devenue la règle, les goûts des publics de plage ont été façonnés, éduqués par trop de poudre aux yeux et les chéquiers s’orientent inévitablement vers les créations opportunistes de toros-tout-mous. L’élevage de toros était un sport de riches, il est devenu un marché dans lequel la race pique du nez.

Assoiffés par les euros, les commerçants du toreo savent tricher pour grandir. Soudoyant les critiques taurins, fricotant avec les plus influent des apoderados ou autres empresas, ils coupent à tour de bras les pointes trop effilées pour coller au goût préfabriqué du public, quand ils ne cachent pas, par souci marketing, les cornes hivernales sous de vulgaires capotes.

De leur coté, les vieux aficionados ne sont pas croyants mais ils ont la foi en ce qu’ils vivent dans l’arène. Le regard lumineux, ils ne conçoivent pas le toro à la pique unique qui vous claque à la gueule dans une grande carioca et vous lâche d’un trait une fois le vernis évaporé, à grand coups de muleta. Le toro doit être brave pour laisser un souvenir infini aux mirettes et à l’esprit. Les vieux aficionados fuient le goût mondialisé, standardisé par l’incompétence de présidents de palco distribuant oreilles à tout bout de champs.

Les inconditionnels du toro bravo et les inventeurs du toro de star s’entretuent verbalement (dans le meilleur des cas) sur l’hôtel de la philosophie du toreo, mais ils sont tous deux aficionados à leur manière. Et pendant ce temps, que se passe-t-il ? Une autre guerre plus pernicieuse n’est-elle pas en train de se jouer ?

Des intégristes du tercio de varas ou des vendeurs de toros-bonbons, qui a raison, qui a tort, qui gagne, qui perd en définitive ? Ne sont-ils pas en train de se tromper de combat ? Loin des querelles de clochers, c’est probablement et malheureusement, les anti-corridas hystériques et leur chanteur bobo, qui rafleront la mise !