16 novembre 2008

Le dicO


Pierre Desproges disait que l’on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui. Il avait bien raison. L’humour peut être parfois la source de quelques déconvenues totalement inattendues. Vous allez voir. En 1998, le quotidien El País avait publié à l’occasion de la San Isidro, et par épisodes, un dictionnaire humoristique de la fraude taurine, absolument féroce.
Ce Dico avait été commis par Fernando Taboada et Ángel Guillén, de Jerez de la Frontera, le pays de Rafael de Paula. Deux aficionados, Andalous, comme seule et unique circonstance atténuante à ce pamphlet aux odeurs de souffre. J’avais rapidement pris contact avec les deux lascars pour leur proposer une traduction et une publication chez nous. L’accueil fut chaleureux. Les seuls que ça n’a pas fait rigoler sont ceux à qui j’avais proposé l’édition de la chose. Certains ont fait mine de tergiverser, me proposant une publication plus ou moins confidentielle, plus privée même que confidentielle. Un truc de fou. Comme je peux avoir très mauvais caractère, ou plutôt, comme je ne me sens obligé à rien en matière de gesticulations et de contorsions, j’avais laissé tomber l’idée. Le temps a passé, j’ai depuis perdu de vue nos deux Andalous sulfureux, y no pasa nada. C’est en mettant un peu d’ordre dans de vieux CD que je j’ai remis la main sur ce dictionnaire oublié, censuré même ! Dix ans plus tard je me dis : merde ! Ce qui était bon pour le País, en pleine San Isidro, ne l’était donc pas pour notre douce France. Allez comprendre. Jean-PedrO ayant cassé sa pipe, notre nouveau feuilleton dominical va désormais consister en la mise en ligne de définitions du dictionnaire humoristique de la fraude taurine. Je souligne, humoristique, histoire que tout le monde soit bien conscient avant, pour qu’on ne vienne nous dire ensuite… Chaque dimanche, nous vous proposerons quelques définitions, pas forcément par ordre alphabétique, pas forcément dans un ordre pré-établi, juste comme ça, au hasard des entrées et de nos humeurs.
Sinon, le truc avec les Gambas, c'est de ne pas les faire trop cuire, et ce n'est pas évident. Il faut que la chair de la queue reste légèrement translucide, cuite, mais légèrement translucide. Pas évident je vous dis. Hier, aux halles de Nîmes, une grosse bonne surprise, une rareté chez nous : des gambas fraîches de chez fraîches, pêchées la veille, à Carry-le-Rouet. Des gambas grises comme des Santa Coloma. Avec la différence notable qu'en matière maritime tout ce qui est rare est cher, très cher et très recherché. Ça n'a pas la puissance gustative des incommensurables gambas de Roses, mais c'est tout de même du luxe. Du produit, du produit, du produit... Campos y Plancha... Thomas a pleinement raison lorsqu'il dit que le toro est l'Espagne. Mais l'Espagne, c'est aussi le pata negra bien sûr, les gambas de Roses, le Vega Sicilia, les espardenyes, et tellement d'autres bonheurs. ¡Arriba España!... Oups... Allez, je vous laisse avec les Andalous...

CRÍTICO TAURINO. Expresión paradójica. O se es un crítico o se es un taurino.
Expression paradoxale. Soit on est critique, soit on est taurin.

PERIODISTA (journaliste). Único miembro de la cuadrilla que no hace el paseíllo. A juzgar por los repetidos elogios con los que rellena sus crónicas, resulta ser el que más aprovecha los toros, pues saca faena de donde realmente no ha habido nada reseñable.
Unique membre de la cuadrilla qui ne fait pas le paseo. A en juger par les éloges répétées avec lesquelles il remplit ses chroniques, il s’avère être celui qui a le plus de facilités pour profiter de tous les toros car il parvient à mettre en relief une faena de laquelle il n’y avait pourtant vraiment rien à tirer.

ALTERNATIVA. Ceremonia en la que un matador da la bienvenida al toricantano a la camorra taurina. Curiosamente a aquél se le conoce por El Padrino.
Cérémonie au cours de laquelle un matador souhaite la bienvenue au toricantano à l’occasion de son entrée dans la camora taurine. Curieusement, ce matador est désigné sous le nom de parrain.

CASTOREÑO. Sombrero actual de los verdaderos matadores de toros.
Sombrero actuel des véritables matadors de toros.

CENICIENTOS. Pueblo cercano a Madrid que tiene el privilegio de contar con la única plaza portátil de España a la que las figuras se niegan a ir.
Village proche de Madrid qui a le privilège de posséder l’unique arène portative d’Espagne où les vedettes refusent d’aller.

TRES EN UNO. Forma frecuente de perpetrar el tercio de varas, mediante la cual se administran al animal tres puyazos en un solo viaje.
Forme fréquente de perpétrer le tercio de varas, grâce à laquelle sont administrées à l’animal trois piques au cours d’un seul voyage.